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CHAPITRE IV : ETAT DE L’ART ET POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE

4.3.2.3.5.1 TYPES DE MAITRE D’ŒUVRE

4.3.2.3.5 PARADIGMES ORGANISATIONNELS

Ces contraintes, nouvelles et traditionnelles, conduisent à des organisations adaptées de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre en vue de préserver un standard de qualité ciblé. Elles les encouragent à s’unir dans des organisations, parfois juste pour faire sortir l’opération et dans bien d’autres cas « innovatrices » cherchant un plus dans leur registre de qualité. C’est le génie du savoir-faire enseigné par l’expérience qui dessine les différents canons de la créativité professionnelle, offrant des paradigmes organisationnels pour des démarches qualité dans le domaine de l’habitat et donc de l’architecture en général. Le couple maître d’ouvrage-maître d’œuvre se voit s’inscrire dans une combinaison matricielle d’organisation diversifiée selon les cas étudiés. En fonction des axes et des moyens d’actions qu’ils possèdent, ils conçoivent l’organisation adéquate. Ainsi l’architecte représentant la maîtrise d’œuvre en force, est soit l’architecte mû par son commanditaire, ou l’architecte stratège ou bien l’architecte moteur (BIAU.V et LAUTIER F. ; pp. 57-71).

4.3.2.3.5.1 TYPES DE MAITRE D’ŒUVRE

4.3.2.3.5.1.1 LE MU PAR LE MAITRE D’OUVRAGE

Complètement solidaire avec le maître d’ouvrage, ce type de maîtrise d’œuvre définit le professionnalisme dans la précision, la justesse, la ponctualité, la disponibilité entière dans le suivi et l’exhaustivité dans les dossiers techniques qu’il doit fournir à son commanditaire. Il mesure la qualité par l’appréciation de son donneur d’ordre. Le renouvellement de son contrat dénote la satisfaction du maître d’ouvrage.

4.3.2.3.5.1.2 L’ARCHITECTE MOTEUR

A l’opposé, on découvre le type de maîtrise d’œuvre endossé par le maître d’ouvrage qui le responsabilise et lui octroie carte blanche dans le pilotage des opérations. Cette

136 confiance joue en faveur d’une grande liberté de l’architecte dans les qualités qu’il cible aussi

bien dans la conception qu’au niveau du chantier.

4.3.2.3.5.1.3 L’ARCHITECTE STRATEGE

C’est le type ayant la capacité de cerner l’environnement contraignant et d’assoir une stratégie pour faire « œuvre » malgré les difficultés rencontrées. Il développe une attitude partenariale et de dialogue bilatéral avec le maître d’ouvrage. Il devient son conseiller solidaire mais préservant ses positions par rapport à des situations particulières notamment celles de conceptions, de style ou de parti pris (BIAU.V et LAUTIER F. , pp.65-71)

4.3.2.3.5.2 TYPE DE MAITRE D’OUVRAGE

De même, les actions des maîtres d’ouvrage se distinguent par trois logiques dominantes : commerciale, gestionnaire et politique.

4.4.2.3.5.2.1 MAITRES D’OUVRAGE COMMERCIAL

Ce qui structure l’action de ce type de commanditaires est en premier plan la satisfaction de sa clientèle qui est au centre de ses préoccupations. Tous ses moyens sont orientés client. Une méfiance accrue envers, tout abord, la nouveauté dans les conceptions et les démarches constituant des risques sans intérêt important. Ce qui mène à une banalisation des nouvelles opérations, voire une grande timidité d’essais d’amélioration ou de satisfaction d’aspirations évoluées. Les architectes appelés à collaborer sont connus au même titre que les opérations antécédentes et rares sont ceux qui sont nouveaux et impliqués dans les nouvelles expériences.

4.3.2.3.5.2.2 MAITRE D’OUVRAGE GESTIONNAIRE

Il privilège, dans son action, la valorisation du feedback à partir de son patrimoine expérimental. Il se responsabilise sur la totalité du processus (production et gestion) et étale ses préoccupations à long terme, sur les plans économique, techniques et sociaux. Les choix faits généralement par les architectes se trouvent brimés par cette organisation qui donne plus de valeurs à certains aspects considérés comme garants de la qualité et la durabilité de son patrimoine et la satisfaction de sa clientèle. Mais au point de vue des architectes, ce pragmatisme bride souvent la créativité et l’innovation réciproque à l’amélioration des qualités.

137 4.3.2.3.5.2.3 MAITRE D’OUVRAGE POLITIQUE

L’éthique de l’intérêt public est le premier souci de ce type de maîtrise d’ouvrage. La mission qu’il s’assume dépasse l’assurance d’un logement satisfaisant pour s’impliquer dans la sphère urbaine. Bien construire et entretenir la ville, le paysage, l’environnement deviennent des préoccupations essentielles dans son organisation. Son action cible la maîtrise totale du processus et des moyens déployés. Mais, de certaine manière, il partage les objectifs et les enjeux attribués aux architectes. Ainsi, les qualités techniques et d’usage s’accompagnent de soucis équivalents prêtés aux qualités esthétiques sur le plan du bâti lui-même et celui de l’environnement immédiat voire de la ville (BIAU.V et LAUTIER F. , pp.57-64).

4.3.2.3.6 PARADIGMES CONSENSUELS COLLECTIFS

Diverses postures différentes les unes des autres issues des conceptions de la qualité sont tenues par les acteurs. Elles vont de la soumission totale aux normes et règlements aux modèles les plus innovants et les plus négociés. La convergence des objectifs, leurs actions et leurs moyens dans les opérations sont souvent confrontés à des contraintes et des positions conflictuelles. Les qualités perçues par les maîtres d’ouvrage ne sont pas toujours celles des maîtres d’œuvre. Ce clivage conduit à un consensus inévitable par le biais de négociation et d’intégration des points de vue afin d’ajuster les objectifs de qualité pendant tout le processus.

Les modèles de ces accords ne sont que le jeu matriciel combinatoire des différentes postures admises par le couple (maître d’ouvrage-maître d’œuvre) expliqué ci-haut. On voit ainsi les deux acteurs s’organiser soit : dans le cadre d’une autoévaluation continue (de type ISO 9001) : architecte mû par un maître d’ouvrage gestionnaire. Ou bien collaborer étroitement dans des ambitions commerciales de la maîtrise d’ouvrage et la soumission catégorique du maître d’œuvre : architecte mû par un maître d’ouvrage commercial. Sinon, collaborer aussi étroitement, mais dans une ambiance tendue dans la quelle chacun démontre son savoir-faire et prend une position forte afin de réussir l’opération qui constitue un test d’une nouvelle activité pour le maître d’ouvrage et une nouvelle expérience de conception avec le privé pour le maître d’œuvre : architecte stratège avec un maître d’ouvrage politique. Soit dans une posture où un maître d’ouvrage à volonté politique soutient sans frontières une maîtrise d’œuvre libérée : architecte moteur avec une maîtrise d’ouvrage politique (BIAU.V et LAUTIER F. , pp.102-105). (Tableau 4.1).

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4.3.3 L’EVALUATION RELATIVE DE LA QUALITE ARCHITECTURALE PAR LES POINTS DE VUE

D’un autre angle différent, mais puisant de ce foisonnement d’idées, HANROT Stéphane (professeur à l’école d’architecture de Marseille) propose une démarche évaluative qui tente d’atteindre au mieux, l’objectivité de l’appréciation de la qualité spatiale. Cette approche se base sur la relativité de l’évaluation qualitative par rapport aux points de vue des acteurs (architectes et autres) et aux différentes temporalités que traverse l’objet spatial dans son cycle de vie. C’est une démarche relativiste et comparative.

« L’évaluation de la qualité d’une architecture peut-elle être absolue ? Intuitivement, du fait de la nature hétérogène des aspects évalués, qualitatifs et quantitatifs, culturels et techniques, on répondrait volontiers que cela est peu probable. Réciproquement, qu’une évaluation prétende l’être, absolue, on répondrait qu’elle n’est en fait que l’expression d’un parti pris doctrinaire, qu’un abus d’expert qui entend, bien souvent, les critiques comme des agressions et le débat comme un conflit.

Pourtant cette intuition n’est pas forcément partagée. En conséquence, agressions et conflits brouillent les débats architecturaux, fragmentent et isolent les acteurs de la discipline (praticiens,

Tableau 4.1 : Articulation des objectifs de qualité de la maîtrise d’ouvrage et du maître d'œuvre dans les opérations étudiées présentées en gras italique.

Source: (BIAU.V et LAUTIER F., 2004 p.73)