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LE REFERENTIEL THEORIQUE DES CRITERES DE L’EVALUATION DE LA QUALITE ARCHITECTURALE

CHAPITRE IV : ETAT DE L’ART ET POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE

4.3 METHODES D’EVALUATION

4.3.2.1 LE REFERENTIEL THEORIQUE DES CRITERES DE L’EVALUATION DE LA QUALITE ARCHITECTURALE

4.3.2.1.2 OBJECTIFS DE L’ETUDE

« Qualité architecturale et innovation, I : méthode d’évaluation » est l’intitulé du premier ouvrage synthèse de l’étude menée par DEHAN Philippe (1999). L’objectif central de cette étude est d’essayer, sur un plan théorique, de permettre une méthodologie persuasive d’évaluation de l’architecture des objets bâtis, en particulier celle du logement. L’auteur s’est, d’abord, amplement interrogé sur la complexité du terme qualité en architecture et les jugements subjectifs qui lui sont inhérents. Par la multipolarité de l’architecture et de ses objets par rapport aux autres arts et aux autres produits artisanaux et industriels, les écarts des évaluations sont plus profonds entre les acteurs de cette discipline et ceux des autres arts,

* La maîtrise d’ouvrage privée a été étudiée par Anne Debarre (Cogedim, France Construction, V Habitat, George-V Promotion) ; la maîtrise d’ouvrage publique, par Frédérique de Gravelaine (Régie immobilière de la George-Ville de Paris, RIVP), Béatrice Mariolle (L’Effort Rémois) et Christian Moley (Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts, SCIC). Rainier Hoddé et Jean-Michel Léger ont exploré la production des architectes Lipa et Serge Goldstein, Yves Lion et Bernard Paurd ; Manuel Periáñez, celle de Jean Nouvel. Chacune de ces recherches à donné lieu à un rapport disponible au PUCA. Source : (DBARRE et al. 1999, p.09)

125 argumente-t-il. L’évaluation de l’architecture ne peut s’exprimer en tant qu’un discours

univoque réducteur d’un point de vue précis, mais plutôt au pluriel. Elle doit se manifester sous l’égide d’un inventaire multidimensionnel des différents lieux où se logent les qualités de l’architecture. Afin d’y parvenir, l’auteur propose la constitution d’un corpus plus explicite des critères d’évaluation. Une sorte de trame qui esquisse une cartographie des composants de la qualité architecturale et abordant ses multiples dimensions selon les différents points de vue. Cette démarche ne veut pas dire simplifier le système d’évaluation, son caractère étant composite est unanime, mais elle permet la simplicité de la lecture immédiate et simultanée des critères hétérogènes pour développer la culture du regard du spécialiste et surtout de lui permettre de partager son point de vue avec le non spécialiste (DEHAN, pp. 16-23).

4.3.2.1.3 METHODOLOGIE DE L’ETUDE

Le corpus composite et hétérogène des critères d’évaluation auquel veut aboutir l’auteur, n’est pour lui abordable que sur la base d’une décomposition fine de ses dimensions (critères de conception et facteurs du processus de production). Les premiers touchent directement au contenu et à la forme des objets ainsi qu’à la définition du programme, les seconds interviennent plutôt sur la qualité des opérations nécessaires à la conception et à la réalisation. Pour ce faire, d’abord, la logique vitruvienne classique tripartie (solidité, utilité et beauté) est mise à la base de la division des éléments de conception. La définition de critères à partir de ces trois branches principales en plus des critères : économie et valeur de l’art que l’auteur dénomme critères transversaux, constituent l’essence du travail. Dans le but d’argumenter sa position et ses choix, un état de l’art théorique très étayé a été élaboré.

L’auteur s’est enfoncé dans la littérature analytique de la définition des éléments de conception, de jugement de l’architecture et de sa qualité en général. Son choix est porté sur deux ensembles de travaux : les premiers à caractères théoriques mais pragmatiques œuvrant dans une approche développant une visée opératoire: L’équipe du CSTB(Centre scientifique et technique du bâtiment) : ANGIOLETTI R., GOBIN C., WECKSTEIN M. et DURAND E.

1996, Le prince de Galles 1990, LINCOURT Michel 1995, CHRISTOPHER A. 1977, ARNOLD F. 1996, et HERTZBERGER H. 1991. Chacun, à sa manière et par rapport à sa situation culturelle et professionnelle, développe une série de critères indépendamment des autres. Leurs avis se recoupent souvent sur plusieurs critères en commun, mais ils divergent dans quelques cas. Les seconds se classent selon une approche plus théorique que pratique.

Ils sont définis, de manière générale et philosophique, et ne sont pas directement utilisables

126 dans le projet mais sont indirectement intégrés au processus de conception et dépendent de la

culture du concepteur. L’auteur prend l’exemple des travaux de NORBERG-SCHULZ C.

dans Genius Loci (esprit du lieu) pour déterminer ces critères généraux. Le choix diversifié des différents courants d’architectes et d’auteurs est soigneusement élaboré en vu d’appuyer l’idée de l’influence des références aux systèmes de valeurs chez les évaluateurs sur les jugements qu’ils portent aux objets spatiaux. Ces valeurs ne sont pas partagées de manière uniforme par les acteurs ou les utilisateurs. Elles ont, en effet, un impact sur le poids du critère et les jugements mêmes. « Le système de valeurs modifie la force des critères d’évaluation dans le jugement, mais aussi le jugement lié au critère lui-même.» (DEHAN ; 1999, p.22).

Dans sa composition sélective de l’ensemble des facteurs de la qualité architecturale, DEHAN distingue deux types de corpus, le premier correspond aux groupes de critères résumés explicitement dans les ouvrages des quatre premiers auteurs cités ci-dessus. Pour le cas de CHRISTOPHER et le CSTB, ces listes synthétisent uniquement les éléments qui intéressent l’étude. Une liste est constituée, par contre, à partir d’une analyse sélective d’un propos plus littéraire et est présentée pour le cas d’ARNOLD Françoise et HERTZBERGER Herman. Le deuxième volet, générateur de facteurs de qualité, consiste au : processus de production synthétisé à partir d’information issues des multiples travaux et réalisations du PUCA depuis sa création (Figure 4.10) confrontées aux idéaux théoriques de NORBERG-SCHULZ Christian.

Le travail de la sélection des critères rencontre deux difficultés importantes : celle liée aux niveaux de la définition et de la précision des mêmes critères qui fluctuent dans les textes des différents auteurs. La seconde est liée à l’organisation hiérarchique et l’importance variable que donnent les auteurs aux mêmes critères. Afin de rendre lisible et opératoire cet

FIGURE 4.10 : Conception du corpus de critères de la qualité architecturale vue par DEHAN Source: Auteur 2014

127 inventaire foisonnant et éclectique, l’auteur propose la construction d’une analyse plus

structurée avec des catégories hiérarchisées. Une structure qui ne met pas les problèmes généraux au même niveau que leurs détails. Une structuration analytique allant du global vers les détails et qui fonctionne sous forme d’emboitement à la manière d’une poupée russe. Il distingue, alors trois catégories principales : critères de conception associés aux caractères matériels et formels, les critères associés à la définition du programme et la troisième renferme ceux liés au processus de production (Figure 4.11).

FIGURE 4.11 : Structure de composition de critère de qualité vue par DEHAN. Source: (DEHAN ; 1999, p.32)

128 4.3.2.2 UNE AUTRE DEMARCHE EVALUATIVE : MODELES PRAXIS

4.3.2.2.1 CONTEXTE ET OBJECTIF DE L’ETUDE

Capitaliser l’expérience est une participation incontestable dans la recherche pour la thématique : évaluation de la qualité en architecture. Statuer sur le bilan d’une réalisation architecturale après un certains temps d’usage est une démarche assez ancienne. Elle est parue sous le nom de l’évaluation du post occupé aux états unis (POE) aux débuts des années 1960.

Cette notion a été étayée aux premiers paragraphes de ce chapitre. L’expérience française dans ce domaine de recherche au niveau du PUCA, peut être classée dans ce faisceau d’études mais elle est fortement marquée par son originalité. Libérés de tout organigramme méthodique rigide et préétabli, les chercheurs auxquels les questions de la qualité architecturale et son évaluation sont confiées, immergent profondément dans les détails des pratiques des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre ainsi que ceux des réalisateurs. Ne se contentant pas de la simple description d’un état de fait patrimonial, l’investigation aspire prouver l’existence de lien de causalité entre les relations comportementales des acteurs du processus de production et les qualités réalisées. L’objectif ciblé dépasse l’identification des cellules des qualités et leur évaluation pour explorer les mécanismes qui les fabriquent.

4.3.2.2.2 DEMARCHES DE LA RECHERCHE

Le contenu de cette recherche est restitué dans un ouvrage baptisé « Qualité architecturale et innovation II. Etudes de Cas ». En se basant sur l’enquête et l’interview, les chercheurs auteurs de ce livre : MOLEY Christian, DE GRAVELAINE Frédérique, MARIOLLE Béatrice et DEBARRE Anne ont étudié 04 cas de maîtrise d’ouvrage promoteurs : la SCIC, RIVP, l’Effort Rémois et le groupe GeorgeV, Cogedim et France Construction. Les autres chercheurs : PERIAÑEZ Manuel, LEGER Jean-Michel et HODDE Rainier ont étudié les cas de 03 maîtres d’œuvre et leurs œuvres architecturales : NOUVEL Jean, LION Yves, SERGE et GOLDSTEIN Lipa, PAURD Bernard. Les maîtres d’ouvrage promoteurs et les maîtres d’œuvre interrogés sont soigneusement choisis de par leur réputation et leur position compétitive au marché de l’immobilier et de l’habitat en France. Le thème de recherche est de savoir comment chacun d’eux approche et pratique, à sa manière, la question de la qualité, son évaluation et son amélioration.

129 4.3.2.2.3 CAS D’ETUDE. VISIONS PROFESSIONNELLES DIVERSES ET

OBJECTIFS COMMUNS : « MAINTIEN OU DEVELOPPEMENTS DES