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REGARDS SUR LES SAVOIR-FAIRE EN FAVEUR D’UNE QUALITE CONCOURUE

CHAPITRE IV : ETAT DE L’ART ET POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE

4.3.2.3 REGARDS SUR LES SAVOIR-FAIRE EN FAVEUR D’UNE QUALITE CONCOURUE

4.3.2.3.1 CONTEXTE ET OBJECTIF DE L’ETUDE

Une autre recherche a été menée par BIAU Véronique et LAUTIER François dans un cadre très similaire à celui expliqué ci haut synthétisée dans l’ouvrage « Enjeux, critères et moyens de la qualité dans les opérations de logement». Cette étude, explore les capacités qu’octroient les décantations expérimentales à la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage pour palier aux aléas et aux contraintes qu’ils rencontrent dans leurs opérations. Elle explore, en

133 particulier, les savoir-faire qui expriment les moyens consacrés et les critères mis en jeux

ciblant un processus et un produit de qualité. Cette étude s’attache aux actions des acteurs et aux valeurs de qualités qu’ils voulaient atteindre dans leurs réalisations, plutôt que de juger les qualités de leurs travaux. L’objectif ne cible pas l’établissement de normes, de critères ou de moyens de qualité dans les opérations de logements mais la comparaison des procédures et démarches de leurs acteurs principaux (maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage) dans le processus de production. Ce n’est pas aussi la qualité intrinsèque de l’objet architectural qui intéresse l’étude mais c’est la diversité des conduites aux cours de ces opérations qui est approfondie. Cette dissemblance dans la gestion des projets d’habitat sert d’enseignements dans le domaine pratique de la qualité en général et de son amélioration dans les futures opérations.

4.3.2.3.2 DEMARCHE

La recherche se limite aux logements collectifs et se base sur la diversité des démarches des maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage interrogés. Outre les cinq représentants de la maîtrise d’ouvrage et les trois architectes représentants de la maîtrise d’œuvre ayant été rencontrés et interviewés sur leurs réalisations dans sept opérations, trois autres réunions ont été faites avec des groupes régionaux de l’AMO (assistance à la maîtrise d’ouvrage) de France. La recherche se concentre sur les contraintes contextuelles rencontrées sur le terrain en rapport avec les projets d’habitat, leurs diagnostics, et les comportements des acteurs impliqués pour les surpasser et d’en garantir la qualité, du moins de les faires « sortir ». Elle étudie, en particulier l’innovation dans les actions menées, à savoir la définition des critères, les moyens consacrés et les organisations que chacun d’eux évalue comme les meilleures cautions de la qualité attendue. En réalité, sans qu’ils ne l’explicitent, ni rentrer dans les cadres normatifs de type iso 9001 ou autres, les acteurs font une auto évaluation continue de leurs démarches qualité par leurs savoir-faire. En synthèse, trois thèmes principaux ont été explorés: critères de qualité, contraintes rencontrées, organisations et moyens.

4.3.2.3.3 CRITERES ET JUGEMENT DE QUALITE

On ne peut dissocier la notion de jugement de la qualité de celle de ses critères. Cela est aussi bien présent dans les divers produits qu’en architecture. Seulement, le produit architectural est présenté en tant qu’une œuvre, différente de l’objet consommable. « …C’est un objet d’art, créé par un auteur… » (HEINICH N. ; 2001, p. 89) cité in « Enjeux, critères et moyens de la qualité dans les opérations de logement » écrit par (BIAU.V et LAUTIER F.,

134 2004). L’œuvre et son auteur constituent une entité indissociable. Une œuvre qui se crée en

unique pièce non substituable. Mais qui est cet auteur ? L’œuvre s’attribue généralement à l’architecte seul ou au maître d’œuvre (appellation juridique). Mais dans la réalité, l’œuvre concrètement réalisée, parcoure de longues étapes avant de l’être. Durant ce processus, divers acteurs s’impliquent dans sa genèse et donc c’est le concours principalement de l’architecte en coordination avec son équipe de maîtrise d’œuvre, le maître d’ouvrage, les élus, l’entreprise de réalisation et peut être l’usager et d’autres partenaires indirectes, tels les fabricants de matériaux, les fournisseurs, etc. Les critères de jugement des qualités de l’œuvre architecturale s’inscrivent dans la prépondérance des aspects d’esthétique et de beauté, en général, avec une très forte attention prêtée au cadre utilitaire : fonctionnel, technique et économique. Avec le contexte prégnant des exigences de la société contemporaine traduites par les normes environnementales et l’influence des contraintes conjoncturelles, les enjeux de l’évaluation de l’architecture d’un bâtiment se complexifient plus encore. Contrairement aux autres produits de consommation publique, les critères des jugements restituent, en permanence, les exigences utilitaires techniques et économiques comme aspects dominants de la qualité attendue par le consommateur (BIAU.V et LAUTIER F.; 2004, p.24).

4.3.2.3.4 CONTRAINTES RENCONTREES (STIMULATEURS DE NOUVELLES ORGANISATIONS)

S’ajoutent aussi, pour creuser, encore plus, l’écart entre le domaine de la création architecturale et la production industrielle, les contraintes rencontrées par le couple maître d’œuvre-maître d’ouvrage et les réalisateurs. Des contraintes lourdes de conséquences dans le temps et la gestion : la réglementation qui change sans préavis, au cours mêmes des processus. Des élus nouvellement installés peuvent, par exemple, porter des changements sur les COS ou les CES, dans le foncier de quelques parties de la ville où des opérations de construction de logements sont en cours de demande de permis de construire. Cela peut avoir un impact positif ou négatif selon les situations.

Les normes qui se rapportent au respect de l’environnement naturel, à la santé, au patrimoine urbain et beaucoup d’autres rentrant dans les exigences du développement durable sont de plus exigeantes et pèsent, de plus en plus, sur le déroulement des projets en terme de temps, argent et gestion. L’acquisition des terrains pour la construction est importante dans la réussite des opérations de logements. La rareté, la cherté, la position par rapport à la ville, la morphologie, l’incommodité, les difficultés techniques du site, et autres paramètres du choix ou des possibilités d’appropriation du terrain causent des contraintes sérieuses dans la

135 rapidité et la facilité de la gestion. L’état juridique de ces terrains et les litiges qui peuvent

surgir par les riverains constituent l’obstacle le plus important pouvant causer le refus du permis de construire. La fluctuation des prix en fonction de l’évolution des coûts de la matière première et des marchés plus rémunérateurs et l’inadaptation des crédits de l’état aux moments cruciaux du montage financier des opérations vont aussi à l’encontre d’une démarche qui se veut de qualité (BIAU.V et LAUTIER F. ; pp. 21-49).

4.3.2.3.5 PARADIGMES ORGANISATIONNELS

Ces contraintes, nouvelles et traditionnelles, conduisent à des organisations adaptées de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre en vue de préserver un standard de qualité ciblé. Elles les encouragent à s’unir dans des organisations, parfois juste pour faire sortir l’opération et dans bien d’autres cas « innovatrices » cherchant un plus dans leur registre de qualité. C’est le génie du savoir-faire enseigné par l’expérience qui dessine les différents canons de la créativité professionnelle, offrant des paradigmes organisationnels pour des démarches qualité dans le domaine de l’habitat et donc de l’architecture en général. Le couple maître d’ouvrage-maître d’œuvre se voit s’inscrire dans une combinaison matricielle d’organisation diversifiée selon les cas étudiés. En fonction des axes et des moyens d’actions qu’ils possèdent, ils conçoivent l’organisation adéquate. Ainsi l’architecte représentant la maîtrise d’œuvre en force, est soit l’architecte mû par son commanditaire, ou l’architecte stratège ou bien l’architecte moteur (BIAU.V et LAUTIER F. ; pp. 57-71).