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Types  de  constructions  présentes  dans  l’input

CHAPITRE  4.   Variation  et  développement

8.   Liaison  et  forces  des  collocations  lexicales  dans  l’input

8.1.   Types  de  constructions  présentes  dans  l’input

Les contextes choisis sont les suivants : « verbe + X », « adjectif + X » et « mots invariables + X ». Ils sont volontairement plus généraux que la nomenclature adoptée depuis le départ pour nos analyses. Cela est fait dans le but d’obtenir une vision plus globale de la réalisation des LF.

194 Cela permet aussi de regrouper des contextes de liaisons dans une même catégorie afin d’avoir chez les parents et les enfants, davantage de contextes de réalisations de LF pour réaliser une étude quantitative convenable. Les données sont présentées par contexte. Pour chaque contexte, celles de chaque couple de parent apparaissent.

8.1.1. Contextes  «  verbe  +  X  »  parents  Prune  et  Salomé  

Ces contextes regroupent les catégories de LF : G, H et I. 277 contextes différents de LF du type « verbe + » ont été produits par les parents. Ils prouvent l’ouverture de cette classe. Parmi eux, seulement 12 types (mot 1 + X, par exemple : « c’est + ») ont engendré une réalisation de la LF. Très peu de types de LF sont donc réalisées et ce type de liaison semble donc en proie à la régularisation puisque 4% (12/277) des types « verbe + » sont réalisés. Je constate que deux types « c’est + » et « il est + » sont très forts parmi les LF réalisées, les autres types ne sont réalisées qu’une seule fois, sauf « es +» relativement réalisé.

La question est de savoir si ce maintien du type « c’est + X» est très présent avec des collocations différentes ou si comme le prétend Bybee, cela provient d’une construction « mot1-mot2 » spécifique. Pour vérifier cela, comme pour les LO, j’ai mesuré le taux de figement.

Parents Mot1 d'occurrences du mot1 Nombre

Nombre

d'occurrences des trois constructions les plus fréquentes

Taux de figement Parents de Salomé C’est 131 93 71% Il est 20 13 65% es 10 4 60% Parents de Prune C’est 175 123 70,2% Il est 33 22 66% es 8 4 50%

Tableau 16 : collocations « mot1-mot2 » les plus fréquentes pour le contexte « verbe + X » parmi les productions parentales

195 Dans les deux cas, l’hypothèse de Bybee se vérifie : c’est bien un voire deux mêmes générateurs très présents (c’est un / c’est une) qui engendrent le maintien de la LF pour le type « c’est + » dans 22 collocations différentes chez les parents de Prune et 27 chez les parents de Salomé.

8.1.2. Contextes  «  adjectif+  X  »  parents  Prune  et  Salomé  

69 contextes de type « adjectif + » ont été répertoriés sur l’ensemble des productions parentales. 52 contextes ont engendré une réalisation de LF. La liaison se maintient mieux dans ce contexte du fait que la classe soit moins ouverte.

12 types (par exemple : gros + ») génèrent l’ensemble des réalisations. Cela semble indiquer une plus grande variété de contextes d’adjectifs maintenus. Reste à voir si les collocations réalisées sont spécifiques et dépendantes de très peu de mots 1-mots 2 différents, dans ce cas le contexte « adjectif + » serait aussi en proie à régularisation. Le seul contexte supérieur à 10 occurrences pour les deux parents est « petit + ». Je me concentre donc uniquement sur ce dernier. Parents Mot1 Nombre d'occurrences du mot1 Nombre d'occurrences de la construction la plus fréquente Taux de figement

Parents de Salomé Petit + 12 4 33,3%

Parents de Prune Petit + 31 18 58%

Tableau 17 : collocation les plus fréquentes pour le contexte « adjectif + X » parmi les productions parentales

Pour les parents de Salomé, peu de contextes sont forts. En revanche, tous les contextes « petit + » sont produits par les parents. Ce contexte, que nombreuses grammaires répertorient comme obligatoire, apparaît comme tel chez les parents de Salomé. C’est sans doute la raison pour laquelle il apparaît comme présent de manière catégorique.

196 Pour les parents de Prune, un contexte « petit ours » apparaît très fort (16 réalisations). Il semble à lui seul permettre de poursuivre la réalisation du contexte « petit + ». Les autres collocations n’apparaissent pas de manière répétée.

8.1.3. Contextes  «  mots  invariables  +  »  réalisés  par  les  parents  Prune  et  Salomé  

241 contextes de mots invariables ont été relevés. On note 58 contextes où la LF est réalisée. Environ un quart seulement des contextes dans ce cas sont réalisés. Ce type de liaison n’est donc pas très productif. 9 types structurent la réalisation des LF dans ce contexte. Deux contextes sont très forts chez les deux parents : « quand + » et « tout + ».

Parents Mot1 Nombre d'occurrences du mot1 Nombre d'occurrences des deux constructions

les plus fréquentes

Taux de figement

Parents de Salomé Quand 22 13 59%

Parents de Salomé Tout 19 9 47%

Parents de Prune Quand 29 25 86%

Parentsde Prune Tout 4 2 50%

Tableau 18 : collocation les plus fréquentes pour le contexte « mots invariables +» parmi les productions parentales

Ces contextes se maintiennent car des collocations sont fortes dans tous les cas. Pour « quand + », seuls deux contextes que l’on retrouve chez les deux couples de parents sont très présents. Il s’agit de « quand on » (pour les parents de Salomé) et « quand il » (pour les parents de Prune) qui génèrent la réalisation de LF dans le contexte « quand + » (taux de figement de 59% chez les parents de Salomé et de 86% chez les parents de Prune).

197 Pour « tout + », la liaison est produite dans tous les cas par les deux couples de parents. Dans ce cas précis, pour les parents de Salomé, deux générateurs apparaissent très présents : « tout est » et « tout emmené ». Pour les parents de Prune, seul 4 contextes sont produits et parmi eux, on note 4 contextes différents. Cependant, le générateur commun à l’ensemble des productions parentales pourrait venir d’un même contexte provenant des LO, le contexte « tout à » avec « tout à l’heure » et « tout à fait ». Les observations à propos de ces deux expressions figées semblent conforter notre hypothèse. On constate la production de 23 réalisations de type « tout à » chez les parents de Prune et 10 réalisations de ce même contexte chez les parents de Salomé.

En effet, il apparaît 15 fois réalisés chez les parents de Salomé et 19 fois chez les parents de Prune. Dans ce cas encore, une collocation spécifique très forte, pourrait profiter au maintien du contexte « tout + ». En conclusion à ce travail, il apparaît deux éléments allant dans le sens de la théorie de Bybee.

Premièrement, ce sont bien des collocations spécifiques fortes qui résistent à la régularisation et favorise le maintien de la liaison dans des contextes lexicaux particuliers. Deuxièmement, comme elle le prétend, c’est davantage la fréquence de collocations lexicales que le classement de contextes syntaxiques généraux qui détermine le caractère variable ou non de la liaison. Ainsi, le contexte « mot invariable + » est classé parmi les LF. Cependant, c’est le contexte « expression figée », issu des LO qui permet grâce à « tout à » de générer la réalisation de la LF pour le contexte « tout + ». De la même manière, le contexte « petit + », est toujours réalisé comme obligatoire par les parents de Salomé alors que les avis divergent sur le fait de le ranger comme contexte variable ou catégorique (Mallet, 2008). L’autre question qui a motivé nos recherches concerne l’influence des collocations fortes des parents sur les productions enfantines.