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La classification des troubles du langage est une tâche difficile. Il existe à l’heure actuelle un flou dans cette classification, marquée par des changements récurrents, qui reflètent le manque de connaissances actuel sur les causes de ce/ces troubles.

2.1. Terminologie et définition

Le trouble du langage regroupe l'ensemble des altérations des capacités linguistiques et communicationnelles que peut présenter un patient. Ce type de trouble peut toucher le langage écrit ou oral.

Le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) publié par l’American Psychiatric Association est l’outil de référence en matière de diagnostic des troubles neuro-développementaux. La version la plus récente, le DSM5 (American Psychiatric Association (APA) 2013), utilise le terme générique « troubles de la communication » pour regrouper :

- les troubles du langage,

- les troubles de la parole et de la phonologie, - le trouble du bégaiement,

- le trouble de la communication sociale pragmatique : ce diagnostic s'applique aux personnes qui ont des problèmes de communication sociale verbale et non verbale, entraînant des limitations dans la participation sociale et la réussite scolaire ou la performance au travail mais qui ne présentent pas les comportements stéréotypés ou répétitifs et les intérêts restreints caractéristiques des troubles du spectre de l'autisme. - les troubles de la communication non spécifiés.

En plus de cette classification, la 5e version du manuel a adopté un nouveau terme générique pour désigner les troubles spécifiques d’une fonction cognitive, qu'il s'agisse d'un trouble du langage oral, du langage écrit, de la capacité à se repérer dans l'espace ou encore d'un trouble de l'attention : les « troubles spécifiques de l’apprentissage ». Ces troubles sont considérés comme spécifiques car n’altérant qu’une seule fonction cognitive, les autres capacités intellectuelles étant préservées. Sont ainsi concernés les retards de langage et la dysphasie, la dyslexie, mais également la dyscalculie et la dysorthographie, les dyspraxies, le THADA (hyperactivité), la phobie scolaire, la précocité intellectuelle. Ils sont également connus sous le nom de troubles « DYS » dans le milieu de la rééducation et le milieu scolaire. Lorsque la

fonction cognitive altérée est le langage, on parle de trouble spécifique du langage (specific

language impairment ou SLI en anglais), terme privilégié dans les publications de recherche.

2.2. Troubles du langage oral : troubles spécifiques et non spécifiques

Cliniquement, un trouble du langage oral se définit comme un retard significatif dans l'utilisation et/ou la compréhension du langage verbal. Lorsqu’il s’agit d’un trouble spécifique du langage oral, on parle le plus souvent de dysphasie. Un trouble du langage peut également être associé à une autre pathologie à spectre cognitif altéré beaucoup plus large, en particulier l’autisme.

Le trouble du langage oral, spécifique (dysphasie) ou non spécifique, est le plus souvent caractérisé par un retard de l’acquisition du langage oral. On parle de retard de l'acquisition du langage lorsqu'il existe un décalage dans la chronologie normale de l'apprentissage de l'enfant (Bishop and Norbury 2008). En France, on estime que 4 à 8 % des enfants sont concernés, soit un enfant par classe environ. Le retard de l’acquisition du langage est évalué par rapport au niveau moyen de développement du langage pour un âge donné.

Développement normal En cas de retard de langage

Apparition du 1er mot Entre 10 et 18 mois Après 24 mois (2 ans)

Assemblage de deux mots Entre 12 et 20 mois Au-delà de 36 mois (3 ans)

Utilisation des pronoms, dont

le « je » Vers 3 ans 4 ans ou plus

Langage courant Vers 4 ans 5 ans ou plus

La quatrième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV, American Psychiatric Association (APA) 1994) employait la distinction « expressif-réceptif » pour décrire les différents symptômes des troubles du langage oral. Bien que cette classification ne soit plus d’actualité depuis la plus récente version (DSM5, American Psychiatric Association (APA) 2013), elle reste pertinente pour décrire les déficits observés dans les troubles du langage oral.

Selon le DSM-IV, un trouble du langage de type expressif affecte les capacités d'expression de l’enfant, qui sont en deçà du niveau moyen observé à cet âge. L’enfant montre alors des

paroles et/ou un discours incompréhensibles. Son discours a un style télégraphique, caractérisé par l’omission de certains mots ou constitué de mots isolés. Le vocabulaire est pauvre, les erreurs grammaticales fréquentes, et l’enfant présente de faibles compétences narratives.

Un trouble du langage réceptif affecte les capacités de compréhension, qui sont inférieures à celles des autres enfants de son âge. La compréhension du message oral est alors partielle, l’enfant a du mal à suivre des consignes, à comprendre des mots et des phrases. Il présente de grandes difficultés à répondre aux questions et à trouver les mots justes. En général, son langage expressif en sera affecté, d’où la présence récurrente de troubles mixtes expressifs-réceptifs.

Le trouble du langage oral peut affecter la forme du langage (phonologie, morphologie et syntaxe), être un trouble de fond ou de sens (sémantique) ou un trouble lié à son utilisation (pragmatique) ou une combinaison de ces différents aspects (American Speech-Language-Hearing Association 1993). La pragmatique s'intéresse à l'aspect social de l'utilisation du langage. Ainsi, malgré l’évolution de la classification des troubles du langage oral, notamment observée dans le DSM, il est important de constater que le terme générique « dysphasie réceptive » regroupe finalement tous les troubles du langage oral réceptif, quel que soit le niveau de traitement de la parole affecté, phonologique, morphologique, syntaxique, sémantique ou pragmatique. Cette observation reflète d’une part la méconnaissance de l’origine de cette/ces pathologies, et d’autre part la connaissance seulement partielle des mécanismes de perception de la parole.

2.3. Troubles du langage écrit : la dyslexie

La dyslexie est un trouble neuro-développemental de l’apprentissage du langage écrit qui se manifeste indépendamment du contexte éducatif, social, ou psycho-affectif de l'enfant (American Psychiatric Association (APA) 2013) et qui touche entre 3 % et 7 % des enfants scolarisés (World Health Organization ICD-10. 2008). Cette pathologie se caractérise par des difficultés de lecture en l'absence de tout déficit sensoriel visuel ou auditif de bas niveau, de toute déficience intellectuelle ou manque d’opportunité éducative ou d’intérêt. De façon concrète, les personnes atteintes de dyslexie montrent une lecture lente ou laborieuse, et inexacte de certains de mots. Au-delà de l’aspect déchiffrage, ils montrent également des difficultés à comprendre la signification de ce qui est lu, même dans le cas où la lecture se fait

correctement, ainsi que des difficultés d’orthographe et des difficultés dans l’expression écrite (erreurs de ponctuation ou grammaticales, manque de clarté de l’expression des idées).