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Nous venons de conside rer l’activite artistique de Sextant &+ en termes d’action sur un territoire, celui des cite s de La Bricarde et de Fonscolombes, compose es de plusieurs outils visant a proposer une production artistique aux habitants et a les sensibiliser a l’art en ge ne ral. A partir des exemples cite s, nous pouvons voir comment les actions mises en place par l’association transforment ces outils en moments.

L’ide e qui se profile est, en utilisant les mots du charge de projet de Sextant &+, « de donner

des temps de rencontres, de créer une forme de socialisation en dehors des réunions avec copropriétaires et autour de la construction d’une pièce, permettant d’envisager les espaces (de travail et de vie) différemment ». Les Ateliers de la Cite sont « un réseau d’initiatives non marquées, mais portées par des associations, des relais informels »105.

Ce travail dans l’informel accompagne, aiguille et permet a Sextant &+ de produire des œuvres, mais aussi des rencontres, des expe rimentations. Le terme « moment » est aussi inte ressant, car il vient caracte riser des temps de restitution. Encore une fois, ces moments parfois fonctionnent, d’autres fois ils constituent des e checs. Dans le cas de Fonscolombes par exemple, Sextant &+ a tente de cre er plusieurs de ces « moments » reste s longtemps infructueux jusqu’au dernier en date - les journe es portes ouvertes - qui a e te a leurs yeux un succe s.

L’autre singularite de l’activite de Sextant &+ re side dans le fait de placer un dispositif de re sidences d’artistes dans un contexte tre s particulier, celui du logement social. C’est-a -dire « sur un endroit où le bâti est aussi problématique qu’à La Bricarde, et surtout à la veille d’une

105 Extrait de la communication e crite par le charge de projet de Sextant &+ pour l’intervention a la table ronde « Des mondes sociaux aux mondes de l’art » de la journe e d’e tude du 26 fe vrier 2016.

réhabilitation106, donner un temps de rencontre autour de la construction d’une pièce, ça permet

aussi d’envisager justement ces espaces différemment» (extrait de l’entretien avec le charge de

projet Sextant &+).

Cette ide e de donner des temps de rencontre, de re union a e te de ja mise en pratique lors de la premie re re sidence a La Bricarde : en effet, pour l’inauguration de l’œuvre de Yazid Oulab, en mars 2009, un vernissage des œuvres vient clo turer la re sidence autour d’un buffet confectionne par quelques habitants volontaires. Elle re pond a une des contraintes de Sextant &+ impose e par l’accord signe avec la fondation d’entreprise Logirem : « cette

résidence suivra le rythme des rencontres et fêtes du quartier, tous moments de convivialité pouvant favoriser la rencontre entre l’artiste et les habitants, et notamment à des moments forts de la résidence : présentation de l’artiste, inauguration des œuvres » (dans le document « Une

cite des curiosite s / Re sidence d’artiste a La Bricarde / 2010-2013 » de la fondation d’entreprise Logirem / Sextant &+, p. 2).

La recherche de la convivialite constitue ainsi une nouvelle modalite de travail de Sextant &+, e vidente dans les cas de l’inauguration de l’œuvre « Le Parlement » de Stefan Eichhorn a La Bricarde107. Le 16 septembre 2015, l’association Femmes solidarite de La Bricarde a pris en

charge l’organisation du barbecue, dans son inte gralite . Le re sultat est visible : un « instant

de convivialité », comme l’ape ritif lors de la pre sentation du livre de Marielle Chabal, artiste

en re sidence a Fonscolombes, organise le 10 octobre 2015.

Si le barbecue a La Bricarde est le re sultat d’une initiative spontane e, « venue du bas », l’ape ritif a Fonscolombes appartient aux outils de me diation de Sextant &+. Cette diffe rence nous signale les relations diffe rentes avec le tissu associatif dans les deux cite s, conside re comme un e le ment fondateur de la re ussite du projet : « constituer un partenariat avec le tissu

associatif du secteur, très en amont de l’ouverture de la résidence permet une vraie compréhension du projet et donc une meilleure appropriation » (extrait du Bilan « Artiste en

re sidence » 2008-2009 de la fondation d’entreprise Logirem, p. 1). C’est le cas de La Bricarde, ou Sextant &+ peut compter sur un tissu associatif qui est pluto t partie prenante dans le projet : les « Jardins Partage s », Femmes Solidarite Bricarde, l’association de soutien scolaire, participent a l’organisation de diffe rentes activite s en lien avec le territoire (comme les sessions de travail, workshops, organise es avec le centre de formation Sigma et le centre social de La Bricarde). Mais ce n’est pas le cas a Fonscolombes, ou le travail de me diation commence timidement a cre er des liens avec le tissu associatif de la cite , en particulier avec l’association Amicale des locataires et avec l’association API (dans ce sens un workshop a e te organise a la Friche Belle de Mai avec le centre social de Fonscolombes). Il faudra certainement du temps,

106 La Bricarde fait partie du plan de l’ANRU Bricarde-Castellane qui va commencer dans les mois qui viennent. 107 On note ici que la sce ne artistique marseillaise a toujours cherche a jouer sur cette ide e de convivialite , dans sa the se sur l’art contemporain dans les anne es 90 a Marseille, Sylvia Girel indique que pour la re ception de l’art contemporain « la premie re circonstance favorable est lie e a la convivialite . Lorsqu’aux propositions artistiques s’ajoute la prise en compte de la notion de convivialite , et que l’objectif des diffuseurs consiste a rendre l’art attrayant, les publics se de placent et participent a la reconnaissance et a la me diatisation des lieux, des artistes et des œuvres […] Les exemples, qui vont dans ce sens et qui illustrent cette volonte de de sacraliser et “d’e gayer” le rapport a l’art, sont nombreux a Marseille. » (La Scène artistique marseillaise des années quatre-vingt-dix. Une

de la perse ve rance, pour que le lien puisse se construire gra ce par exemple a la mobilisation des professeurs des e coles pour mobiliser les parents a l’occasion de la journe e portes ouvertes, mais pour l’instant la question de l’adaptabilite des outils aux territoires se pose.