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La question de l’adaptabilité aux territoires

Le projet des Ateliers de la Cite , dans sa formulation actuelle, de signe une « résidence conçue

comme une occasion de rencontres entre un artiste, une population et un territoire, afin de créer des apports mutuels et une meilleure compréhension du processus de création d’un artiste d’art contemporain » (extrait de la convention de re sidence d’artiste Bric’art 2010, Pre ambule, p.1),

ne anmoins la pratique montre que les moments « conviviaux » de me diation mis en place par Sextant &+ ne sont pas transposables de façon indistincte de La Bricarde a Fonscolombes et que, a l’inverse, une adaptabilite a chaque territoire est d’autant plus ne cessaire.

Si le rapport au territoire, de fini comme « une relation complexe entre un groupe humain et

son environnement » (Raffestin, Bresso 1979) est une relation unique, il ne faut pas oublier la

singularite du territoire du projet des ateliers, auquel Sextant &+ doit faire face : celui des cite s. Pour cela nous rappelons l’expe rience de l’artiste Richard Baquie qui en 1988, dans le cadre d’une commande publique lie e a la « re habilitation » de la cite des Ce dres, construira l’œuvre « L’Aventure » a Malpasse dans le 13e arrondissement de Marseille. « L’Aventure » fut

installe e sur le carrefour entre le boulevard Bouge et la rue de Marathon et, pour des raisons multiples, l’œuvre se de grada rapidement - ou fut rapidement de grade e. Il en reste aujourd’hui quelques traces qui ne font sens que pour ceux qui connaissent l’histoire depuis le de but108.

Cette expe rience peut faire e cho avec celle expe rimente e par Sextant &+ dans les diffe rents contextes de La Bricarde et de Fonscolombes, car la question de l’adaptabilite des outils est aussi une question d’adaptation a l’architecture de la cite . Pour cela nous rappelons que La Bricarde est une cite dans le 15e arrondissement, constitue e de dix-sept ba timents situe s en

bordure du centre commercial Grand Littoral ; Fonscolombes est une cite dans le 3e arrondissement, constitue e de quinze ensembles de logements et ge re e par plusieurs po les de gestions, dont Logirem SA.

La Bricarde, malgre le fait que la plupart des ba timents soient dote s d’une vue imprenable sur la Me diterrane e est, dans les mots du charge de projet de Sextant &+, « un endroit

extrêmement enclavé » ; alors que Fonscolombes, cite labyrinthique avec trois entre es, est

« beaucoup plus ouverte sur le centre-ville ».

108 Document de travail autour de « l’Aventure », œuvre de Richard Baquie , de Alain Dufau. Pour e couter :

Penser pouvoir travailler de la me me façon, avec les me mes outils et le me me format de moments de rencontres dans les deux territoires, constitue une « erreur » reconnue par Sextant &+, mais aussi par la fondation d’entreprise Logirem. Re pliquer de façon naturelle un mode de fonctionnement mis au point de s 2008 a La Bricarde sur le territoire me connu de Fonscolombes montre une faille dans le mode ope ratoire de Sextant &+.

La reconnaissance de cette maladresse permet toutefois de prendre conscience des diffe rents modes de travail possibles a La Bricarde et a Fonscolombes, et de les valoriser : « A La

Bricarde on travaille beaucoup plus sur une sensibilisation à l’art contemporain, sur des trajets, sur des sorties » (extrait de l’entretien au charge de projet de Sextant &+). Comme les

promenades organise es dans la cite de La Bricarde en collaboration avec l’association Ho tel du Nord, afin de de couvrir le quartier et ses changements architecturaux depuis sa construction, suivi par une vide o projection de courts-me trages tourne s dans les quartiers Nord de Marseille et d’un de bat au local de Sextant &+ (ba timent F) le 13 de cembre 2014. Alors qu’a Fonscolombes les objectifs recherche s par Sextant &+ appartiennent a l’ordre du symbolique, voir hypersymbolique :

« L’objectif qu’on s’était fixé sur Fonscolombes c’était d’avoir une reconnaissance (non-

reconnaissance ce n’est pas le bon mot), mais d’être identifiés dans la cité de Fonscolombes et que notre action soit identifiée au terme d’un an, mais ça n’a pas fonctionné » (extrait

Donner a voir une action sur le territoire, ancrer sa propre pre sence, penser a une continuite , afin de devenir visible et e tre identifiable, tels sont les objectifs devenus prioritaires pour Sextant &+ sur ce territoire. Objectifs d’autant plus difficiles a atteindre par la configuration spatiale de favorable a une visibilite directe, des actions, mais aussi des artistes et des me diateurs. D’ou la mise a disposition pour Sextant &+, a la fin de 2015, d’un local pour proposer les activite s avec les enfants. Positionne juste en face de l’atelier des artistes en re sidences, il s’agit de l’ancien local de l’association Les Pas Perdus109. L’espoir est que cela

fonctionne comme l’expe rience positive d’un local fixe a La Bricarde, en tant que lieu polyvalent, antenne de la structure, lieu d’expositions, d’animations et de rencontres.

Conclusion

Travailler en termes de moments souligne un ro le proactif de Sextant &+ qui, ne l’oublions pas, doit faire face a la multiplicite des partenaires et des sollicitations du projet les Ateliers de la Cite (et ce programme en est un parmi d’autres). Un ro le issu d’un langage qui se veut manage rial, pour faire face a cette multitude d’acteurs et d’attentes, comme nous l’explique le charge de projet de Sextant &+ :

« Ce n’est pas pour déshumaniser cette action que je dis ça, mais dans des projets aux

partenariats multiples c’est aussi utiliser un langage managérial qui situe chacun. Je pense que dans la collaboration qu’on a avec la fondation d’entreprise Logirem avec qui on travaille autour de ce projet c’est de repenser, de trouver en permanence ce qui peut fonctionner ».

Plus que viser des objectifs, il s’agit donc de trouver des manie res de travailler toujours renouvele es ; a partir du moment ou il n’y a pas de formules pre e tablies, les activite s artistiques et de me diation peuvent repartir a chaque fois de ze ro, en avançant par ajustements progressifs. Comment e tre toujours cre atifs, notamment sur les modes de communication et d’interpellation ? Quel est le ro le a faire jouer aux habitants ? Ce sont deux questions a la base de la re flexion de Sextant &+ sur son travail aujourd’hui.

"Depuis le de but du projet, Sextant et plus travaille en collaboration avec la Fondation d'entreprise Logirem. Un appui important a la Fondation e tait assure par les salarie s de Logirem faisant partie du groupe Cultur'M. Ce groupe, ne a l'occasion de Marseille Provence 2013, est un groupe de salarie s qui be ne volement organisent des sorties et des activite s culturelles propose es ensuite a l'ensemble des salarie s. Ce groupe se compose d'une dizaine de salarie s issus du sie ge et du "terrain" (collaborateurs travaillant en agence).

Le principe e tait simple : les salarie s de Culturem en charge de l’art contemporain assuraient autrefois la coope ration avec Sextant &+ (a l’e poque, nous le rappelons, il y avait un autre charge de projet que celui d’aujourd’hui). Le lien ainsi constitue entre la fondation d’entreprise Logirem et Sextant &+, permettait d’associer directement les salarie s au choix des artistes et de participer aux re unions de conception. La valeur ajoute e repre sente e par ce groupe de salarie s e troitement lie s au projet des re sidences, re sidait justement dans un savoir-faire technique, mais pas que. Par exemple, lors de la premie re re sidence a La Bricarde

de l’artiste Yazid Oulab, les salarie s du Cercle participaient aux re unions re gulie res pour connaî tre l’avancement du projet, savoir comment la fondation d’entreprise Logirem e tait perçue et comment le projet e tait monte et faisait le lien avec les habitants, car « c’est très

important aussi de savoir si les habitants avaient été suffisamment sollicités par rapport au projet artistique » (extrait de l’entretien d’un salarie Logirem, sie ge, Cercle Culturem).

Ensuite les salarie s ont continue a accompagner toutes les re sidences, en intervenant souvent sur des questions de se curite , jusqu’a celle de Gethan&Myles de 2013, mais le mode de travail « en concertation » qui avait e te e tabli a e te ve cu par Sextant &+ comme un « freinage » sur l’activite artistique. La re fe rence va ici notamment au cas de l’œuvre « Les jardins des Inclinaisons » de Charlie Jeffery. Une œuvre compose e de grosses pierres blanches - mate riel habituellement utilise pour e viter les implantations sauvages, les intrusions motorise es ou encore les squats. Les alertes des salarie s sur la de valorisation de la force potentielle d’une telle œuvre (assimile e aux roches du service technique de Logirem, avec toute la symbolique d’empe chement qu’elles ve hiculent) n’ont pas e te entendues ni par l’artiste ni par Sextant &+. Signe d’une rupture dans le ro le de « facilitateurs » imagine par les salarie s du Cercle.vérifier

sources vérifier aussi sextant et autonomie

Aujourd’hui Sextant &+ travaille toujours en lien direct avec la fondation d’entreprise Logirem, mais de façon autonome, en ge rant toutes les phases du projet artistique. Bien que sur le terrain, a la rencontre des personnes implique es dans le projet, nous avons pu constater un bon rapport, une ambiance de travail de tendue (notamment entre la responsable Fondation et Me ce nat de la fondation d’entreprise Logirem et le nouveau charge de projet de Sextant &+), les salarie s rencontre s se posent la question sur le mode de fonctionnement de Sextant &+ aujourd’hui : s’agit-il d’une autonomie ou pluto t d’une prestation de service ? Le fait qu’ils maî trisent toutes les phases du projet artistique semble amener a un affaiblissement d’un mode ope ratoire en « coope ration » avec la fondation d’entreprise Logirem et surtout avec le Cercle des salarie s. Ne anmoins, le travail d’accompagnement des artistes mene au quotidien par Sextant &+ est juge « impeccable » par les artistes me mes qui peuvent compter sur la pre sence du responsable de production et/ou de la me diatrice pour la re solution de toutes sortes de questions, me me pratiques, lie es a la vie et au travail dans les cite s.

Cela fait partie du mode de fonctionnement de Sextant &+, indirectement visible en termes d’objectifs, et pluto t base sur « des moments qui fonctionnent et des moments beaucoup plus

contenus » (extrait d’entretien avec le charge de projet). Un exemple de moments qui ont

constitue des e checs, et sur lequel nous reviendrons pour parler des publics absents du projet, se retrouve a la journe e de visite des ateliers et des œuvres installe es a La Bricarde a l’occasion des journe es du Printemps de l’Art Contemporain en mai 2015.

LES PUBLICS DES ATELIERS DE LA CITE : QUELLE CATEGORISATION ?

L’observation directe des activite s de Sextant &+ nous a permis d’analyser la varie te des publics (au pluriel) du projet Les Ateliers de la Cite et d’observer des façons diffe rentes d’e tre publics. Nous allons pre senter les quatre cate gories de publics identifie s : attendus, inattendus, absents et potentiels.