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L'intervention de Yazid Oulab fait de sormais re fe rence pour les interventions suivantes, tant comme le souligne Martine Lahondes, « il n'a pas été nécessaire d'écrire les choses ». En effet, pre cise-t-elle, « il est naturellement très ouvert, il a l'accueil facile, son atelier était toujours

ouvert… Il y avait depuis le début l'idée d'être en écho avec les habitants, avec lui c'est clair et tout de suite évocateur, la ramification avec les habitants arrive de suite à l’œil ». Si on peut

retenir la capacite de Yazid Oulab a rendre son art accessible, il nous semble que ce qui caracte rise avant tout la qualite de son intervention, re side moins dans l’œuvre produite, que dans les interactions que l'artiste a su cre er avec les habitants, comme avec le personnel de Logirem. Une interaction qui, en laissant une trace, en favorisant la re flexion, en engageant une e volution des pratiques, constitue la re elle finalite de l'action. Re affirme e comme telle dans les appels a candidatures, elle rele guerait ainsi au second plan, des principes de production et d'acceptation d'une œuvre, a appre hender pluto t comme des conse quences possibles de ces interventions.

Comparons les appels a candidatures et les messages qu'ils contiennent :

Appel à candidatures 2008

« La re sidence participe a la vie culturelle locale et poursuit ainsi sa de marche de sensibilisation a l'art contemporain. Cet espace est conçu comme une occasion de rencontres et d'e changes entre l'artiste, le territoire, ses acteurs et la population locale. La cre ation d’œuvre(s) qui pourra re sulter de cette interaction sera le point d'orgue du travail accompli en re sidence ».

L'appel fait pleinement place au principe de cre ation artistique, comme en te moigne la souplesse du vocabulaire employe (« occasion », « pourra résulter », « point d'orgue ») encourageant l'artiste a faire preuve de spontane ite et a libe rer sa cre ativite . De la me me façon, la de marche est globalement incitative, tout en exposant clairement l'objectif de la re sidence : « participation à la vie culturelle locale et démarche de sensibilisation à l'art

contemporain ». Des objectifs qui incitent encore une fois l'artiste a s'impliquer sur le

territoire et aupre s des habitants. La re sidence est pre sente e ici comme le « moyen » de favoriser les interactions avec l'ensemble des acteurs. Ici, donc, c'est le principe d'interaction qui prime, en cela l’œuvre produite (sa nature, sa qualite ) doit e tre perçue non pas comme une finalite , mais comme une conse quence possible de ces interactions (le « point d'orgue »). Plus que l’œuvre en elle-me me, on valorise pluto t un processus « de rencontres et d'échange » qui participe pleinement, nous semble-t-il, du processus d'introduction de l'art contemporain en cite , et donc d'une de marche de de mocratisation.

Appel à candidatures 2015-2016

« Cet appel concerne la mise a disposition d'un atelier et d'un logement pour 12 mois, permettant la cre ation d'une œuvre d'art au sein de la cite de la Bricarde en lien avec ses habitants. (…) Il s'agit pour l'anne e a venir de permettre conjointement la mise en œuvre d'un projet artistique personnel tout en renforçant une action de sensibilisation sur le territoire. La re sidence au sein de la cite s'inscrit dans un projet de territoire a forte dimension participative sur un temps long : 12 mois de re sidence. Ce temps de travail devra donner lieu a la cre ation d'une œuvre/ trace. (...)

Les objectifs de la re sidence :

- Le soutien a la cre ation contemporaine par la mise a disposition d'un atelier

- La cre ation et l'inscription d'une trace visible du se jour et de la re sidence au sein de l'espace public.

Au fil des anne es, les re sidences et leurs temporalite s se sont multiplie es. Aussi l'appel a candidatures s'est-il complexifie et technicise pour pre ciser davantage les modalite s de l'action. La « mise à disposition d'un atelier et d'un logement », semble d'ailleurs en constituer l'objet principal, au risque d'e luder sa finalite initiale. Le principe d'interaction n'est d'ailleurs plus mentionne que sous la forme d'un « lien » entre l’œuvre et les habitants. On insiste e galement sur un contexte a respecter : « un projet de territoire à forte dimension

participative ». Toutefois, s'il n'est pas fait mention de la teneur ni des enjeux de cette

dimension - qui repose d'abord sur un principe d'interaction - le risque est que celle-ci devienne une injonction et perde de sa substance. Globalement, le vocabulaire employe est d'ailleurs plus directif (« le travail devra donner lieu »), et en ce sens, on insiste moins sur la notion de processus (rencontre, e change) que sur l'objectif de « création d'une œuvre/ trace », qui devient une finalite . Te moin de ce glissement, l'appel a candidatures 2014-2015 qui oscille encore entre deux objectifs : « Il s’agira pour l’artiste de s’immerger au cœur de la cité

afin de tisser des liens avec les habitants et de s’inspirer du territoire afin de créer une œuvre d’art dans les espaces extérieurs ».

Aussi, il nous semble que les futurs appels a candidatures pourraient revenir aux ide es fondamentales exprime es aux premie res heures du projet, en s'inspirant de la focale mise alors sur le principe de cre ation et sur les conditions de ploye es a cette fin, ou encore sur la primaute du principe d'interaction, dans un but induit de de mocratisation de l'art contemporain.

SYNTHESE ET PRECONISATIONS

Faire participer les habitants requiert, d'une façon ge ne rale, une prise de recul sur ses propres pratiques et perceptions (celles que l'on a du public comme de l'objet de la participation). En ce sens, il s'agit non pas de faire adhe rer les habitants au projet, mais bien de cre er les conditions pour que ceux-ci puissent, s'ils le souhaitent, s'y impliquer. La ne cessite d'un tel travail de de construction est d'autant plus visible dans le cas d'une action culturelle, tant celle-ci doit apporter la preuve de sa le gitimite , et doit dans le me me temps, parer aux freins symboliques inhe rents au monde de l'art et de la culture.

Dans un contexte social difficile, tel que celui de la Bricarde, la le gitimite d'une action comme « les Ateliers de la Cite » sera, en effet, ine luctablement remise en question, faute de re pondre a des besoins visibles ou imme diatement identifiables. Or c'est pre cise ment ce contexte qui rend ne cessaire la perpe tuation d'une telle action, et ce pour au moins trois raisons :

Tout d'abord, elle est l'opportunite d'y faire valoir un droit d'acce s a l'art et a la culture. En second lieu, et plus concre tement, elle peut constituer l'opportunite d'y faire valoir un droit d'acce s a l'art et a la culture.. En ce sens, cibler un public jeune, particulie rement vulne rable, nous semble constituer un enjeu majeur a prendre en compte dans le processus que forme l'ensemble des futures re sidences.

Enfin, elle proce de d'un long travail de requalification des identite s individuelles et collectives. Ici, le travail de proximite engage est un enjeu incontournable du PRU Castellane/ Bricarde qui, s'il vise a ame liorer le cadre de vie des habitants, reste un processus de transformation urbaine pouvant de stabiliser les perceptions comme l'identite du quartier. Pour conclure, nous avons montre comment l'action est soutenue par les acteurs institutionnels, comme par le personnel de l'entreprise, mais l'un des de fis consiste de sormais a recre er un maillage d'acteurs sur le terrain. L'enjeu est bien de renforcer l'action, de lui confe rer plus de le gitimite , tout en l'articulant avec d'autres actions (culturelles, socio- e ducatives, etc.). Au regard de la faible densite du tissu associatif, il faudra peut-e tre rechercher des appuis au-dela du pe rime tre de la cite . Ici, le PRU peut donc constituer un nouveau cadre d'intervention. Cela ne cessite, pour les porteurs du projet, de solliciter des partenaires potentiels afin d'amorcer une dynamique de mutualisation et de concertation, par exemple autour des actions destine es a la jeunesse.

Ci-dessous nous vous proposons une synthe se des enjeux et des pre conisations e voque es tout au long de ce rapport.