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La transposition aux animaux de la définition de la douleur et des concepts associés

2.2.2.2 E N DE LA DOULEUR CHEZ L ’ ENFANT NON DEFICIENT 79

NCEPTS ET NOT2.2.3 CO IONS ASSOCIES A LA DOULEUR : LES FRONTIERES DE LA DOULEUR 81 

2.4. Transposition aux animau

2.4.1. La transposition aux animaux de la définition de la douleur et des concepts associés

La complexité de la sensation douloureuse chez le sujet humain peut s’analyser selon trois grandes composantes : sensorielle, émotionnelle et cognitive (cf Paragraphe 3.2. et Fig

e particulier car de nombreuses opérations d’a

nition de la douleur par l’IASP, par exemple « désagréable », s évoquant », ne sont pas applicables aux animaux qui, ne po

onnelle aversive, rep

, 1997; Zimmerman, 1986) :

la pression artérielle, vasoconstriction périphérique, modification transitoire du rythme res

lieu associé à l’expérience aversive, typologie comportementale modifiée : an

(rongeurs, primates). Elles so

e modalité sensorielle particulière. Ainsi, le neurobiologiste Patrick D. Wall éc

eur est mieux caractérisée comme un état d’attention à un besoin plutôt qu’une sensation) ;

ure 2). A partir de ces données il est possible de cerner le phénomène douloureux chez les espèces animales élevées par l’homme.

La transposition de la composante sensori-discriminative à certaines espèces animales ne semble pas poser de problèm

nalyse sensorielle sont partagées avec l’homme (localisation corporelle, intensité, durée, mémorisation contextuelle…). La transposition des concepts liés aux composantes émotionnelle, cognitive et comportementale n’est sans doute pas aussi. Encore aujourd’hui, les équivalents adaptés à la diversité des espèces animales n’ont pas encore été pleinement développés.

La douleur pour les animaux Les termes même de la défi « émotion », « décrite en terme

uvant communiquer verbalement, sont dans l’incapacité de faire part par le langage à un « récepteur humain » des caractéristiques de leur expérience sensorielle.

C’est ainsi que la définition de l’IASP a été modifiée dans une formulation plus adaptée aux animaux : « la douleur est une expérience sensorielle et émoti

résentée par la ‘conscience’ que l’animal a de la rupture ou de la menace de

rupture de l’intégrité de ses tissus » (Molony & Kent, 1997).

Chez l’homme comme chez de nombreux animaux, essentiellement vertébrés, l’expérience sensorielle douloureuse déclenche (Molony & Kent

- des réactions motrices de protection (i.e. retrait d’un membre) ;

- des réponses neuro-végétatives (i.e. accélération du rythme cardiaque, augmentation de piratoire,…) ;

- des réponses d’évitement apprises (i.e. aversion durable vis-à-vis d’un congénère, d’un prédateur ou d’un

imal craintif, diminution de l’exploration d’un lieu nouveau,…).

Les connaissances concernant les mécanismes génériques de la douleur proviennent essentiellement d’études réalisées sur des modèles mammaliens

nt pour la plupart déjà décrites et relativement bien identifiées chez les animaux de ferme, pour l’essentiel également des mammifères. C’est l’extension de ces connaissances aux vertébrés non mammaliens (oiseaux, poissons) et à fortiori aux non vertébrés, qui s’avère délicate à réaliser, et qui sera traitée dans ce chapitre sous l’angle de la phylogénèse et de l’ontogénèse.

Dès 1979, les neurophysiologistes reconnaissaient que la douleur possède des attributs qui en font un

rivait dans son ouvrage « De la relation entre blessure et douleur » (“On the Relation of

Injury to Pain”) (Wall, 1979) :

• Pain is better classified as an awareness of a need-state rather than as a

• It has more in common with the phenomena of hunger and thirst than it has with

seeing or hearing (elle a plus en commun avec le phénomène de faim ou de soif qu’avec la vision ou l’audition) ;

• It serves more to promote healing than to avoid injury (sa fonction consiste plus

à promouvoir la cicatrisation que d’éviter des blessures ultérieures) ;

• The period after injury is divided into the immediate, acute and chronic stages. In

se divise en

se

« a cessairement d’un « besoin », celui qui va

pe

aduite par « cinq ns par les « cinq principes » à respecter pour l’at

te été tra

tilisés le plus souvent dans leur se

le but est de traiter spécifiquement de la souffrance des

an on livre

« T

evage qu’à celui de l’expérimentation an

sociée à des états émotionnels hautement

each stage it is shown that pain has only a weak connection to injury, but a strong connection to the body state.(la période de temps après une blessure

un état immédiat, aigü et chronique. Pour chacun de ces stades il est établi que la douleur a seulement des rapports ténus avec la blessure, mais possède d’étroites relations avec l’état général du corps).

L’auteur insiste ici sur la notion selon laquelle la douleur diffère des autres modalités nsorielles en ce sens qu’elle avertit ou alerte avant tout sur un certain état du corps (une

uscultation »), et qu’elle s’accompagne donc né

rmettre ou tendre d’assurer une forme de protection et de récupération. La santé et la souffrance pour les animaux

Si l’on cherche à étendre les définitions de la santé à l’animal, on constate qu’à l’instar de la règle dite des « five freedoms » (Brambell, 1965), improprement tr

libertés » (il serait préférable d’en rendre le se

teindre : l'absence de faim et de soif ; le confort physique ; la bonne santé et l'absence de blessure ou de douleur ; la possibilité d’exprimer le comportement normal de l’espèce.

En effet l’évolution des mentalités et des législations qui aboutit à la notion contemporaine de « bien-être animal » présente des analogies avec le processus qui a abouti à définir la santé pour l’homme ; comme si les concepts développés pour l’homme avaient ensui

nsposés aux animaux (voir également paragraphe 2.3.4).

Il est frappant de constater que les mêmes termes ont pu être employés lorsqu’il s’agit de la question du « bien-être des animaux », générant ainsi des situations dans lesquelles les débateurs se retrouvent comme « enfermés » par des mots u

ns courant car les mécanismes impliqués peuvent être de complexités différentes, selon que le discours concerne en première intention l’homme ou les animaux, ou que l’approche est celle d’un utilisateur ou d’un « défenseur » des animaux (Burgat, 1997; Fraser, 2008; Rollin, 1998; Vilmer, 2008).

Cette section met ainsi l’accent sur les liens entre douleur et souffrance, en effet :

i) de nombreux auteurs utilisent les deux termes de manière interchangeable, y compris

dans des ouvrages dont

imaux ; c’est le cas du spécialiste américain d’éthique animale, B. Rollin dans s

he Unheeded cry » (Des pleurs non entendues), dont le sous titre est « conscience animale, douleur animale et science » (Rollin, 1998),

ii) les préoccupations concernant la question de savoir si la douleur est déclenchée ou

non par une pratique donnée dominent les discussions relatives au bien être animal ; ces questions s’appliquant tout aussi bien au cas de l’él

imale. Cependant, hormis des philosophes comme P. Ricœur (1994) qui s’est avant tout attaché à l’homme, assez peu d’auteurs venus des disciplines scientifiques se sont intéressés à la condition des animaux d’élevage tout en s’efforçant de cerner les différences pratiques entre douleur et souffrance (Fraser, 2008; Harrison, 1964).

Ceci souligne combien le sens des mots utilisés pour décrire ces deux ordres de sensations peut amener à des contresens si l’on ne prend pas précisément en compte le contexte dans lequel ils peuvent être utilisés.

S’inscrivant dans une perspective évolutionniste, G. Aitken (2008) a développé un argumentaire destiné à différencier douleur et souffrance. Après d’autres auteurs, Aitken constate que la souffrance est toujours as

rdial serait la

Ma

plaisants (Broom & Johnston, 1993; Dawkins, 1990; de Grazia, 1996), mais que cela ne renseigne pas sur la nature précise de la relation entre la globalité du vécu de souffrance et les sensations associées. En fait, les sensations et les émotions associées résultent d’une interprétation de la situation (Dantzer, 2002a; Dantzer, 2002b; Désiré et al., 2002; Scherer, 2001). Cette évaluation est fonction des capacités d’analyse et diffère en fonction du niveau de complexité du système nerveux de l’individu (la dimension phylogénétique) et de l’individu particulier qui perçoit la situation (la dimension individuelle résultant de l’humeur, du tempérament, des expériences sensorielles et des apprentissages antérieurs). Aussi le paramètre central qui détermine s’il y a souffrance ou non est lié à l’interprétation active d’une situation donnée, globalement vécue au présent (Mendl & Paul, 2008). Dans une perspective appliquée à l’homme, un tel énoncé peut être traduit par « ce que le sujet fait de cette situation là, s’il peut l’inscrire ou non dans une perspective d’action ayant un sens… » ; cette conception rejoint indirectement celle de la souffrance décrite par Ricoeur. Ayant posé comme préliminaire que pour un être humain, souffrir correspond au constat impuissant que « sa propre vie va mal », Aitken oriente le questionnement dans une perspective plus phylogénétique qui consiste à savoir si certaines espèces animales peuvent « faire l’expérience d’une vie qui va mal, instaurant un vécu global à tonalité dépressive avec la signification que l’axe central de vie est contrarié (thwarted) ». L’auteur répond que certaines espèces peuvent effectivement vivre une telle expérience ; il ajoute que le scepticisme vis-à- vis de la capacité de ces espèces à effectuer un tel constat tient à notre propre difficulté à identifier « ce qui importe fondamentalement à un animal », à décrire comment ils ressentent l’équivalent d’une « attente », d’une « crainte », plus qu’à une limitation d’élaboration de leurs systèmes nerveux. Ainsi, s’interroger sur la capacité des animaux à ressentir des émotions relevant d’une « souffrance » serait déplacé car propice à dresser d’inutiles obstacles vers la compréhension ce que peuvent être leurs représentations. Partant d’observations comportementales, il serait plus fructueux de prendre en compte ce qu’un animal donné est à même de ressentir, de tenter d’évaluer si son « projet d’expression comportementale primordiale est contrarié » en sachant que cela « lui importe ».

Ainsi la notion de « souffrance » prendrait un sens plus pertinent face à l’élaboration de conduites d’élevages plus respectueuses des besoins de lanimal. La souffrance, définie

comme la perte de toute possibilité d’expression d’un projet comportemental primo

conséquence d’une incapacité « à composer, à s’adapter, à faire avec » une situation imposée durablement ; ce type de situation peut également être décrit en termes de stress.

Aitken conclut son raisonnement sur des perspectives appliquées à la question du bien- être des animaux détenus par l’homme. Afin d’éviter leur souffrance, l’homme doit s’assurer que les animaux restent en lien avec leur « projet primordial » et « l’intention de l’exprimer ».

is en captivité les comportements de survie ont perdu leur utilité, et lorsque le stimulus déclencheur d’une séquence motrice est absent, le comportement correspondant ne s’exprimera pas et il sera impossible de déterminer si cette absence est plus liée au stimulus déclencheur qu’à la perte d’importance du comportement lui même. Il est donc important de concevoir l’environnement des animaux de manière à favoriser l’expression du mode de vie propre à une espèce, et ceci implique d’apporter les stimulations qui ont pu modeler l’évolution comportementale d’une espèce et de connaître son histoire évolutive. Cette démarche, intéressante au plan de théorique, est parallèle à celle de l’éthologiste M. Dawkins qui propose une attitude très pragmatique pour développer les bases d’une

« science de la souffrance animale » (Dawkins, 2008). Sa démarche, très

comportementaliste, implique d’observer « ce que les animaux préfèrent », donc d’identifier les renforcements positifs ou négatifs associés à des situations précises, sans pour autant devoir connaître la tonalité des états émotionnels ni découvrir quelle forme d’expérience consciente accompagne ces émotions. Il semblerait plus efficace de déterminer si les conditions de vie d’un animal i) lui permettent d’améliorer sa santé et ii) lui apportent ce qu’il recherche au plan comportemental. Ce positionnement zoocentré ne prend pas en compte toutes les contraintes inhérentes à l’élevage et, tout comme pour Aitken, évacue le questionnement relatif aux capacités cognitives d’une espèce donnée.

Il reste que indépendamment du point de vue anthropo- ou zoo-centré, des recouvrements possibles existent indiscutablement entre la douleur, considérée comme une atteinte exclusivement physique ou fonctionnelle, et la souffrance, appréhendée ex

uleur combine à la fois l’expérience d’une sensation physique et l’expérience d’une l’in

pe

clusivement dans la dimension d’atteinte d’un « projet central de vie » et qui relèverait exclusivement du domaine émotionnel. Les superpositions de sens existantes sont telles qu’il importe toujours de préciser le sens et le contexte dans lequel ces deux termes sont utilisés.

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