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Sources avérées et/ou potentielles de douleur chez les animaux d’élevage.

4.1. Sources de douleur liées aux systèmes de production et aux pratiques d’élevages

4.1.1. En élevage de ruminants

4.1.1.1. Présentation succincte de la filière de ruminants et des systèmes de production en France

4.1.1.2.2. L’écornage des veau

L’écornage concerne la quasi-totalité des veaux laitiers femelles destinés à l’élevage. La pratique de l’écornage en système allaitant est moins systématique et on ne dispose pas de chiffres sur la fréquence de cette pratique. L’écornage se pratique sur les animaux afin de limiter les risques de blessures dues au coup de cornes autant pour l’animal que pour l’homme. Cette pratique s’est développée conjointement au développement de la stabulation libre. Cela a aussi pour avantage de limiter la place nécessaire à l’auge entre deux animaux et donc d’optimiser le nombre de places à la table d’alimentation.

A ce jour, les opérations d’écornage des bovins reposent sur les Recommandations du Comité de la Convention européenne du 21/10/1988. L’article 17 précise que l’écornage par d’autres moyens que l’ablation chirurgicale des cornes (section des cornes) doit être interdit. Cependant des exceptions sont faites :

• pour des bovins de moins de 4 semaines de vie : écornage possible par cautérisation chimique ou thermique, sans anesthésie.

méthodes chirurgicales ou de la cautérisation par brûlure, sous anesthésie, par un vétérinaire ou une personne qualifiée.

La Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage recommande d’écorner les bovins avant 6 semaines de vie en respectant les méthodes préconisées. En cas d’écornage adulte, elle stipule de poser un garrot, d’utiliser du matériel hydraulique et d’administrer un antalgique à l’animal ou de préférence une anesthésie.

Le Tableau 3 rapporte les pratiques d’écornage des veaux laitiers par les éleveurs et vétérinaires au Canada. Des données françaises sont rapportées dans le chapitre 5.

Environ 2/3 des éleveurs tiennent compte de l'âge des veaux lorsqu'ils les écornent, alors qu'environ 9/10 des vétérinaires écornent des veaux de tout âge. De plus, environ 3/5 des éleveurs et des vétérinaires optent pour un écornage par cautérisation physique (méthode reconnue la moins douloureuse cf. infra). Cette même étude rapporte que les éleveurs qui emploient des anesthésiques locaux et des sédatifs analgésiques sont de loin minoritaires (environ 1/5 et 1/10, respectivement). L'inverse est constaté chez les vétérinaires (environ 9/10 et 3/5 respectivement).

La pratique de l’écornage sans anesthésie* ni analgésie* est reconnue douloureuse aussi bien chez le veau que chez l’adulte (Taschke & Folsch, 1997). L’existence de douleur est confirmée par des études ayant démontré une augmentation de la cortisolémie plusieurs heures après écornage, ainsi qu’une augmentation de comportements spécifiques évocateurs (battements d’oreilles, mouvements de la tête) (Faulkner & Weary, 2000; Mellor et al., 2002).

Parmi les différentes techniques utilisables et utilisées afin d’écorner les veaux, toutes ne sont pas équivalentes en termes de douleur engendrée. Ainsi, de nombreuses études rapportent que l’écornage par cautérisation à l’aide d’un fer chaud ou d’un fer électrique est moins douloureux que l’écornage à l’aide de pates ou de crayons chimiques (NaOH), lui- même moins douloureux que l’écornage à l’aide d’une cisaille (Stilwell et al., 2004a; Stilwell et al., 2004b; Sylvester et al., 1998).

Tableau 3. Etude comparative des pratiques des éleveurs de vaches laitières et de leurs vétérinaires relatives à l’écornage des veaux au Canada (Misch et al., 2007).

Eleveurs (n = 161)

Vétérinaires (n = 65)

Cautérisation chimique (pâte) 9,0 3,7

Thermocautère à combustion 3,7 14,7 Cautérisation physique Thermocautère électrique 59,7 46,7 Curette 1,6 14,0 Gouge 8,5 1,7 Amputation Scie-fil 0,2 3,2

Gouge + thermocautère électrique 9,4 12,6 Technique d’écornage employée (% de veaux) Autre 7,9 3,4 < 4 semaines 14,0 1,5 Entre 4 et 8 semaines 23,0 1,5 > 8 semaines 27,5 9,0 Age du veau au moment de l’écornage (% des

.La coupe de queue chez les bovins

Cette pratique était autrefois fréquente chez les jeunes bovins élevés sur caillebotis* (système abandonné depuis) afin d’éviter les blessures de la queue et les gangrènes consécutives. Elle se pratique de façon chirurgicale ou le plus fréquemment par striction (pose d’un élastique). Elle n’est aujourd’hui quasiment plus pratiquée en France sauf dans certaines indications chirurgicales thérapeutiques.

Chez les bovins laitiers, la coupe de queue se pratique encore dans certains pays avec pour justification l’amélioration du confort du trayeur, l’amélioration de la propreté des bovins et la diminution du risque de transmission à l’homme de la leptospirose* (Aubry, 2005).

La coupe de queue (hors indication thérapeutique) est interdite en Suisse, en Allemagne, au Danemark, en Suède, au Royaume-Uni et dans quelques états d’Australie (AVMA, 2006). Cette pratique est toujours autorisée en France, y compris en cahier des charges biologique (avec l’écornage et la castration).

L’analyse de la littérature disponible indique que la coupe de queue chez le bovin ne confère aucun bénéfice à l’animal, ni à l’homme et est de plus pénalisante pour le bovin en période estivale et en période de forte présence de mouches (AVMA, 2006). La coupe de queue est reconnue comme étant à l’origine de douleur aiguë (Eicher & Dailey, 2002; Schreiner & Ruegg, 2002) et ce d’autant plus qu’elle est pratiquée sur des animaux âgés (Schreiner & Ruegg, 2002). Elle est également associée à de la douleur chronique (Lunam et al., 2002) (Eicher et al., 2006) notamment du fait de l’existence de névromes* se développant au lieu de la coupe surtout si celle-ci est pratiquée au couteau sur des génisses de plus de 12 mois (Barnett et al., 1999).

.La coupe de queue chez les ovins

La coupe de queue chez les ovins peut être pratiquée selon 3 grands types de procédures : chirurgicale (à l’aide d’un couteau le plus souvent), thermique (cautérisation par le chaud) ou par striction (le plus souvent par pose d’un élastique, plus ou moins suivie de la pose d’un clamp type pince de Burdizzo) (French et al., 1994; Kent et al., 1998; Kent et al., 1995). Elle se pratique en général sur des agneaux de moins de 15 jours d’âge. La méthode par striction par pose d’un élastique est la méthode la plus fréquemment utilisée (dans près de 90% des cas) (French et al., 1994). La coupe de queue est pratiquée principalement pour (i) diminuer les souillures dues aux fèces sur l’arrière train et par voie de conséquence les myiases* (French et al., 1994) et (ii) pour faciliter les manœuvres et éviter les complications obstétricales (Thomas et al., 2003). La queue doit être coupée de façon à tout de même couvrir l’anus et la face dorsale de la vulve (Kent et al., 2001). Toutes ces méthodes sont à l’origine de douleur aiguë (Kent et al., 1993; Mellor & Holmes, 1988; Mellor & Murray, 1989a; Mellor & Murray, 1989b; Molony et al., 1993; Wood et al., 1991) ainsi que de douleur chronique (French & Morgan, 1992). La coupe de queue à l’élastique est la méthode à l’origine de l’intensité de douleur semble-t-il la plus forte (Kent et al., 2001). La littérature rapporte que les agneaux à la queue coupée présentent une probabilité moindre d’infestation par les mouches lorsque ces dernières sont présentes, sans par contre que la coupe de queue n’ait d’effet sur la morbidité* ou la mortalité* des agneaux (French et al., 1994).

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