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Sources avérées et/ou potentielles de douleur chez les animaux d’élevage.

4.1. Sources de douleur liées aux systèmes de production et aux pratiques d’élevages

4.1.1. En élevage de ruminants

4.1.1.1. Présentation succincte de la filière de ruminants et des systèmes de production en France

4.1.1.2.1. Cas de la castration

Chez les bovins, compte-tenu des statistiques agricoles, on peut estimer que 5 à 9% des veaux mâles sont castrés. Les raisons invoquées pour castrer les bovins sont multiples. La première est de permettre en système herbager l’élevage conjoint sur des mêmes pâtures de jeunes femelles (génisses) et de mâles (en l’occurrence castrés : des bœufs). La castration diminue également l’agressivité et améliore la docilité des animaux mâles (Kent et al., 1995; Stafford & Mellor, 2007) de même qu’elle diminue les taux de testostérone et donc l’activité sexuelle des animaux (Fisher et al., 1996; Fisher et al., 2001; Stafford & Mellor, 2007; Stafford et al., 2002). Cela permet de maîtriser les accouplements et d’éviter les accouplements non désirés, de même que de diminuer les risques de transmission de maladies vénériennes. Enfin, la castration influe également sur la qualité des carcasses. Ainsi les carcasses des animaux castrés possèdent une viande plus tendre et plus persillée que des mâles entiers (Fisher et al., 2001; Kent et al., 1995); (Faulkner et al., 1992). Les raisons sont identiques chez les ovins.

Les méthodes permettant de castrer les veaux peuvent se classer en trois grandes catégories : la castration par écrasement (à l’aide de la pince de Burdizzo principalement), la castration par striction (à l’aide d’un élastique le plus souvent) ou la castration par exérèse chirurgicale, encore appelée méthode sanglante, à l’inverse des deux premières (Kent et al., 1995). Les différentes techniques et modalités d’utilisation par les éleveurs (qui sont autorisés à pratiquer cette intervention) et les vétérinaires dans différents pays sont retranscrites dans le tableau 1. Il semble que les éleveurs emploient préférentiellement la technique de castration à l'anneau élastique (Elastrator®), à l'exception des éleveurs du Royaume-Uni, quand bien-même leurs vétérinaires s'en détournent au profit de la castration à la pince Burdizzo, et dans une moindre mesure, chirurgicale.

La castration des bovins est reconnue comme une procédure douloureuse quelle que soit la technique utilisée et/ou l’âge de l’animal castré (Molony et al., 1995; Robertson et al., 1994; Stafford, 2007; Stafford et al., 2002). L’existence de douleur aiguë est déduite d’observations d’augmentation de la teneur en cortisol* et de postures et comportements anormaux, que ces derniers présentent une immobilité majeure ou au contraire une hyperactivité-hyperesthésie* (piétinement, coup de pieds) (Molony et al., 1995; Stafford et al., 2002; Ting et al., 2005). L’existence de douleur chronique est quant à elle déduite de l’observation de comportements spécifiques (en direction du site de castration : léchage de la plaie, mouvements de tête, mouvements de la queue) (Molony et al., 1995; Stafford et al., 2002; Thüer et al., 2007; Ting et al., 2003) ainsi que des anomalies de posture (Thüer et al., 2007).

Parmi les différentes techniques de castration, toutes ne sont pas équivalente en termes de douleur engendrée (Tableau 2). Une étude visant à comparer les différentes techniques

Il est démontré que la castration par l’anneau élastique est responsable d'une douleur chronique (Thüer et al., 2007), plus difficile à détecter et à gérer.

Pour la technique de Burdizzo, la pince doit être appliquée à 2 reprises sur chaque cordon spermatique, en respectant à chaque fois, un temps d'application de quelques secondes. Cette technique occasionne une douleur aiguë intense d’au moins 3 heures (Molony et al., 1995; Obritzhauser et al., 1998; Robertson et al., 1994; Stafford et al., 2002). Dès lors s'il n'emploie pas d'anesthésie locale, l'intervenant s'expose au risque de recevoir un coup de pied du bovin. Or la majorité des éleveurs n'emploient pas d'anesthésiques lorsqu'ils castrent les bovins. De plus, nombre d'entre eux castrent les animaux tardivement, alors qu'ils sont puissants. Par ailleurs, le coût de cette pince est prohibitif pour les éleveurs, et sans commune mesure avec celui d'un Elastrator® et d'un jeu d'élastiques. Enfin, il est reconnu que cette technique peut échouer (Kent et al., 1995; Stafford et al., 2000; Stafford et al., 2002). Ceci explique en partie la faible fréquence d'utilisation de la pince de Burdizzo par les éleveurs pour castrer les veaux.

La castration chirurgicale est tout aussi dangereuse, sinon plus, que la castration à la pince Burdizzo. En revanche, elle ne présente pas les inconvénients de cette dernière technique, puisqu'elle nécessite l'usage de matériel très peu onéreux et ne connaît aucun échec sauf complications de chirurgie. De plus c'est la technique de castration pour laquelle la douleur occasionnée est la plus brève (cf chapitre 5). Enfin, elle ne présente pas de difficulté technique majeure, guère plus que la castration à la pince de Burdizzo. Pourtant, les éleveurs qui utilisent cette technique sont encore moins nombreux que ceux qui castrent leurs veaux à la pince de Burdizzo.

L’âge de l’animal castré est également, pour une même technique un facteur de variation de la douleur engendrée. Ainsi, la castration est moins douloureuse pour un veau âgé d’une semaine en comparaison à un veau âgé de trois à six semaines (Robertson et al., 1994). De même, la douleur associée à la castration d’un veau âgé de 3 à 6 semaines est moindre que celle d’un veau âgé de 45 jours (Ting et al., 2005). Lorsque les éleveurs sollicitent leur vétérinaire pour castrer des veaux, elle est plus tardive que celle qu'ils effectuent eux- mêmes. Selon les pays, l'âge de castration est très variable, de quelques jours à plusieurs mois.

Les éleveurs qui emploient des anesthésiques pour castrer leurs veaux sont minoritaires (sauf en Suisse où leur emploi est obligatoire), voire rares (Nouvelle Zélande, France); (Guattéo et al., 2008; Stafford et al., 2000). A l'inverse, peu nombreux sont les vétérinaires qui ne s'en servent pas, au moins en Suisse.

Les données sont équivalentes chez le mouton chez qui la castration à la pince de Burdizzo est la méthode reconnue la moins douloureuse, notamment en comparaison de la méthode à l’élastique, pourtant plus pratiquée du fait de sa facilité (Melches et al., 2007).

Concernant la castration, les différentes techniques utilisées par les éleveurs (qui sont autorisés à pratiquer cette intervention) et les vétérinaires sont décrites dans le Tableau 1.

Auteurs (Kent et al., 1996) (Boesch et al., 2006) (Stafford et al., 2000)

Pays Royaume-Uni Suisse Nouvelle Zélande

Nombre d'éleveurs interrogés NC a 615 3788

Proportion d'éleveur effectuant

eux-mêmes la castration (%) NC 32,7 74 Chirurgicale 39/43 ε/11,2 18/NC A la pince de Burdizzo 43/57 ε/73,9 25/NC Technique de castration employée b A l'anneau élastique 32/0 ≈ 100/14,9 85/NC Anesthésiques locaux 15/NC 32,1/84,5 3/NC Anesthésiques utilisés b Sédatifs NC/NC 22,6/85,4 NC/NC

Age moyen de castration NC/NC 7j/34j 2,2

c ou 4,3

mois/NC

a Non Connu.

b Pour toutes les expressions du type X/Y, X représente le pourcentage d'éleveurs, Y celui de vétérinaires.

c 2,2 pour une castration à l'anneau élastique, 4,3 pour une castration chirurgicale.

Tableau 2. Effet de la technique de castration sur la durée du phénomène algiquea postopératoire chez le veau. (d'après Molony et al., 1995)

Technique de castration Durée (jours) a

Chirurgicale 9

Pince de Burdizzo 15

Anneau élastique 45

a Estimée sur la base de la durée pendant laquelle le comportement des veaux reste anormal après sa castration

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