A partir des r´esultats ´etablis au cours des paragraphes pr´ec´edents, l’hamiltonien total du syst`eme vibron-phonon s’´ecrit :
H =X
n
ωˆ0b†nbn−Ab†2nb2n
+X
n6=m
~Bnm/2b†nb†mbnbm
+X
n6=m
Φ(1)nmb†nbm+ Φ(2)nmb†2nb2m+ Φ(3)nmb†n(b†nbn+b†mbm)bm (3.33)
+X
nq
∆nqa†q+ ∆∗nqaq
b†nbn+
∆0nqa†q+ ∆0∗nqaq
b†2nb2n+X
q
Ωq(a†qaq+ 1/2) Cette ´equation montre clairement que la dynamique des vibrons est d´ecrite par l’ha-miltonien de Hubbard g´en´eralis´e (Eq. (2.33)). Les vibrons ne sont plus isol´es mais ils interagissent maintenant avec un ensemble de phonons harmoniques. Le cou-plage vibron-phonon, comme expliqu´e pr´ec´edemment, traduit une modulation de la
fr´equence et de l’anharmonicit´e de chaque mode interne. Pour traiter cette interac-tion de fa¸con non perturbative, nous allons g´en´eraliser la proc´edure de V. Pouthier initialement introduite pour caract´eriser les vibrons dans les h´elices-α [25]. Cette proc´edure est bas´ee sur la r´ealisation d’un changement de point de vue au cours duquel est introduite la notion de vibron-polaron `a travers la modification de la transformation de Lang et Firsov [48]. Cependant, dans le souci de rendre aussi clair que possible le principe de notre m´ethode, nous allons tout d’abord consid´erer le cas trivial d’un unique mode interne occupant le site n d’un r´eseau et coupl´e `a un bain de phonons harmoniques. La g´en´eralisation au cas d’un ensemble de N modes internes sera expos´ee par la suite.
Dans ce contexte, l’hamiltonien du n-i`eme mode interne anharmonique est d´efini par :
hn = (ω0−2A)b†nbn−Ab†2nb2n+X
q
Ωq(a†qaq+ 1/2)
+X
q
∆nqa†q+ ∆∗nqaq
b†nbn+
∆0nqa†q+ ∆0∗nqaq b†2nb2n
(3.34)
Bien que laissant invariant le nombre de vibrons, l’Eq. (3.34) montre que l’hamilto-nien ne conserve pas le nombre de phonons. En effet, du point de vue des phonons, le couplage avec les vibrons traduit la pr´esence d’une perturbation montrant une d´ependance lin´eaire par rapport aux degr´es de libert´e externes. L’intensit´e de cette perturbation est fonction du nombre de vibrons pr´esents sur le site n et elle s’an-nule lorsque aucun vibron n’est excit´e. Or, il est bien connu `a travers l’´etude d’un oscillateur quantique perturb´e lin´eairement qu’un tel couplage ne modifie pas la fr´ e-quence des phonons mais entraˆıne une translation des coordonn´ees externes [49, 50].
Par cons´equent, on montre facilement que l’hamiltonien hn est diagonalisable en effectuant une transformation de translation des op´erateurs phonons qui s’´ecrit :
Un= exp
Xnb†nbn+Xn0b†2nb2n (3.35) o`uXn et Xn0 sont d´efinis par :
Xn=X
q
∆nq
Ωq a†q−∆∗nq Ωq aq Xn0 =X
q
∆0nq
Ωq a†q−∆0∗nq Ωq aq
(3.36)
Sous cette transformation, les op´erateurs phonons subissent une translation :
˜
a†q =U a†qU†=a†q− ∆nq
Ωq b†nbn− ∆0nq Ωq b†2nb2n
˜
aq =U aqU†=aq− ∆∗nq
Ωq b†nbn− ∆0∗nq Ωq b†2nb2n
(3.37)
Par cons´equent, en n´egligeant les termes anharmoniques d’ordre sup´erieur `a deux, l’hamiltonien transform´e s’´ecrit :
h˜n= (ω0−2A−(1)nn)b†nbn−(A+(1)nn+2(2)nn)b†2nb2n−(2)nnb†3nb3n+X
q
Ωq(a†qaq+1/2) (3.38) avec
(1)nm =X
q
∆nq∆∗mq Ωq (2)nm =X
q
2 Re∆nq∆0∗mq Ωq
(3.39)
Dans ce nouveau point de vue, la transformation permet de s´eparer les variables internes des variables externes de fa¸con `a obtenir un hamiltonien qui conserve `a la fois les vibrons et les phonons. Par cons´equent, les ´etats propres de ˜hn sont des ´etats nombres de la forme :
|Ψi˜ =|νni ⊗Y
q
|nqi (3.40)
o`u νn est le nombre quantique vibrationnel du mode interne n et o`u nq d´esigne un ´etat nombre de phonons q. Les ´energies correspondantes se d´eduisent facilement en projetant l’hamiltonien (Eq. (3.38)) sur les ´etats propres Eq. (3.40). Ainsi, on observe que l’interaction vibron-phonon modifie fondamentalement les param`etres dynamiques du mode interne. Tout d’abord, elle entraˆıne une d´ecalage vers le rouge de la fr´equence interne et accroˆıt le param`etre d’anharmonicit´e. De plus, elle favo-rise l’´emergence de nouvelles contributions anharmoniques qui affectent les niveaux vibrationnels excit´esνn >3.
A ce stade, si la transformation conserve les valeurs propres de l’hamiltonien, elle produit un changement de repr´esentation. On peut alors s’interroger sur la nature physique des vrais ´etats quantiques |Ψi qui se d´eduisent des ´etats propres |Ψi˜ par la transformation inverse |Ψi = Un−1|Ψi. Ainsi, d’apr`˜ es l’Eq. (3.40), ces ´etats sont d´efinis par :
|Ψi=|νni ⊗exp{−Xnνn+Xn0νn(νn−1)}Y
q
|nqi (3.41) Si aucun vibron n’est excit´e sur le mode interne, les ´etats quantiques du syst`emes se r´eduisent aux ´etats nombres de phonons. Par contre, la cr´eation d’un ou plusieurs vibrons se manifeste par un changement important de l’´etat des phonons. En effet, compte tenu de l’expression des grandeursXn etXn0, de tels ´etats ne conservent pas la population de phonons et correspondent `a une superposition coh´erente d’´etats nombres de phonons. Cette superposition poss`ede un caract`ere local car elle d´epend explicitement de la position du siten sur lequel furent cr´e´es les vibrons. En ce sens, puisque dans un tel ´etat le nombre de phonons fluctue au sens des probabilit´es quantiques, cette superposition repr´esente un nuage virtuel de phonons qui habille
les vibrons. Un vibron habill´e par un nuage virtuel de phonons est alors appel´e un petit polaron [30, 33]. D’un point de vue physique, le m´ecanisme d’habillage traduit l’apparition d’une d´eformation du r´eseau. Cette d´eformation, spatialement localis´ee sur le site de cr´eation des vibrons, correspond au fait que la moyenne quantique de l’op´erateur d´eplacement un n’est plus nulle.
Pour illustrer cela, consid´erons l’´etat particulier obtenu `a partir de la cr´eation d’un vibron lorsque les phonons se trouvent dans l’´etat vide|∅i. Il est d´efini par :
|Ψi=|νn= 1i ⊗exp (
−X
q
∆nq
Ωq a†q−∆∗nq Ωq aq
)
|∅i (3.42)
Cette ´equation montre que les phonons sont port´es dans un ´etat coh´erent [51]. Plus pr´ecis´ement, le vibron est accompagn´e d’un nuage virtuel dans lequel chaque mode externeq se trouve dans un ´etat coh´erentβq =−∆nq/Ωq. Dans ce contexte, `a partir des Eqs. (3.20), (3.22) et (3.41), on montre facilement qu’un tel ´etat est associ´e `a une d´eformation locale du champ de phonons d´efinie par :
hΨ|un|Ψi=−2ReX
q
αqn s
~ 2MΩq
∆nq
Ωq (3.43)
La proc´edure que nous venons de d´ecrire est exacte pour un seul mode interne ou pour un ensemble de modes ind´ependants. Lorsque les interactions lat´erales entre modes internes ne peuvent plus ˆetre ignor´ees, on ne peut malheureusement pas trou-ver de transformation diagonalisant l’hamiltonien. Cependant, la g´en´eralisation de notre proc´edure permet de renormaliser une partie importante du couplage vibron-phonon en se pla¸cant dans le point de vue du petit polaron. Ainsi, le transformation de Lang et Firsov appliqu´ee au r´eseau de N modes internes apparaˆıt simplement comme le produit de N transformations ´el´ementaires : U =Q
nUn. Son application sur l’hamiltonien total Eq. (3.33) donne :
H˜ =X
n
ωˆ0−(1)nn
b†nbn−(A+(1)nn + 2(2)nn)b†2nb2n−(2)nnb†3nb3n
+X
n6=m
(Bnm/2−(1)nm)b†nb†mbnbm−(2)nmb†2nb†mb2nbm
(3.44)
+X
n6=m
Φ(1)nmΘ†n(Nn−1)Θm(Nm)b†nbm+ Φ(2)nmΘ†2n(Nn−3/2)Θ2m(Nm+ 1/2)b†2nb2m
+X
n6=m
Φ(3)nmΘ†n(Nn−1)Θm(Nm)b†n(b†nbn+b†mbm)bm+X
q
Ωq(a†qaq+ 1/2)
o`u les op´erateurs Θ†n, appel´es op´erateurs d’habillage, sont d´efinis en fonction des op´erateurs nombres de vibronsNn=b†nbn par :
Θ†n(Nn) = exp [Xn+ 2Xn0Nn] (3.45)
Comme dans le cas d’un mode interne isol´e, la renormalisation du couplage vibron-phonon `a travers la notion de petit polaron entraˆıne une red´efinition des param`etres anharmoniques qui gouvernent la dynamique interne. Cependant, l’Eq. (3.44) montre l’apparition d’un couplage r´esiduel entre les polarons et les phonons. Ce couplage, dont l’origine provient de l’interaction lat´erale entre modes internes, fait intervenir les op´erateurs d’habillage qui d´ependent des op´erateurs phonons d’une mani`ere for-tement non lin´eaire. En effet, le processus de d´elocalisation vibronique traduit la destruction d’un premier vibron sur un site et la cr´eation d’un second vibron sur un autre site. L’apparition des op´erateurs d’habillage dans l’Eq. (3.44) est alors le reflet du comportement du nuage virtuel de phonons qui accompagne la destruction ou la cr´eation d’un vibron. Durant de tels processus, on observe la projection d’un nuage virtuel de phonons sur un ´etat nombre de phonons. Ce type de m´ecanisme ne peut ˆetre d´efini qu’au sens des probabilit´es quantiques. Il conduit, dans le point de vue du polaron, `a des transitions entre les ´etats de phonons qui sont d´ecrites par les op´erateurs d’habillage.
Pour surmonter les difficult´es li´ees `a la pr´esence des op´erateurs d’habillage, l’´etape suivante de notre analyse consiste `a r´ealiser une th´eorie de champ moyen incluant les effets de la temp´erature. Dans ce contexte, on notera que la fr´equence des modes internes est beaucoup trop ´elev´ee pour qu’un vibron soit excit´e thermi-quement `a temp´erature ambiante. Ceci signifie que dans le r´eseau, seul le niveau fondamental `a z´ero vibron sera significativement peupl´e et la cr´eation d’un vibron ne pourra se faire que par l’interm´ediaire d’une source ext´erieure. Par exemple, un tel m´ecanisme sera produit lors d’une exp´erience d’optique par excitation laser, par une excitation locale avec un STM o`u encore grˆace `a la lib´eration d’´energie chimique lors d’un processus biologique comme l’hydrolyse de l’ATP. En revanche, les modes externes basse fr´equence sont facilement excit´es de fa¸con thermique. Par cons´equent, nous supposerons les modes externes `a l’´equilibre thermodynamique `a la temp´ era-ture T.
Dans une description habituelle du couplage d’un syst`eme avec un bain `a l’´ equi-libre, il est commun´ement admis qu’`a l’ordre le plus bas le syst`eme est gouvern´e par un hamiltonien effectif qui s’obtient en ajoutant `a l’hamiltonien non perturb´e la valeur moyenne sur le bain du couplage syst`eme-bain (voir par exemple [19, 20, 21, 22, 23, 24]). Dans notre cas, l’hamiltonien effectif des polaronsHef f =hH˜−Hpi s’´ecrit :
Hef f =X
n
ωˆ0−(1)nn
b†nbn−(A+(1)nn + 2(2)nn)b†2nb2n−(2)nnb†3nb3n
+X
n6=m
(Bnm/2−(1)nm)b†nb†mbnbm−(2)nmb†2nb†mb2nbm
(3.46)
+X
n6=m
Φ˜(1)nm(Nn, Nm)b†nbm+ ˜Φ(2)nm(Nn, Nm)b†2nb2m+X
n6=m
Φ˜(3)nm(Nn, Nm)b†n(b†nbn+b†mbm)bm
o`u le symbole h· · · i d´esigne la moyenne thermique sur les phonons et o`u les
para-m`etres ˜Φ(1)nm, ˜Φ(1)nm et ˜Φ(1)nm sont d´efinis par Φ˜(1)nm(Nn, Nm) = Φ(1)nm
Θ†n(Nn−1)Θm(Nm) Φ˜(2)nm(Nn, Nm) = Φ(2)nm
Θ†2n(Nn−3/2)Θ2m(Nm+ 1/2) Φ˜(3)nm(Nn, Nm) = Φ(3)nm
Θ†n(Nn−1)Θm(Nm)
(3.47)
L’hamiltonien Hef f d´ecrit la dynamique de vibrons anharmoniques habill´es par un nuage virtuel de phonons. Il inclut l’anharmonicit´e intramol´eculaire de fa¸con pertur-bative et permet de renormaliser une partie importante du couplage vibron-phonon.
Le coulage r´esiduel entre les polarons et les phonons est caract´eris´e par l’interaction
∆H = ˜H−Hef f−Hp qui sera suppos´ee suffisamment faible pour faire l’objet d’une th´eorie des perturbations.
Cet hamiltonien effectif, qui est l’objet central de ce travail, montre claire-ment l’interd´ependance entre l’anharmonicit´e intramol´eculaire et le couplage vibron-phonon. En effet, il poss`ede globalement la mˆeme structure que l’hamiltonien de Hubbard g´en´eralis´e Eq. (2.33). La diff´erence principale provient d’une red´efinition des param`etres dynamiques `a travers le m´ecanisme d’habillage. Ainsi, l’habillage accroˆıt le d´ecalage vers le rouge de la fr´equence interne et modifie les diff´erents param`etres anharmoniques. Il favorise des interactions polaron-polaron `a travers le recouvrement de leur nuage de phonons. De plus, il g´en`ere de nouvelles sources d’anharmonicit´e affectant les ´etats `a plus de deux quanta. Enfin, l’habillage modifie fondamentalement les diff´erentes contributions provenant de l’interaction lat´erale entre modes internes via les fonctions d’habillage ˜Φ(i)nm. Ces fonctions, qui tendent
`
a r´eduire le couplage lat´eral, limitent la capacit´e de d´elocalisation des polarons en augmentant leur masse effective : c’est l’effet d’auto-pi´egeage. On notera `a ce stade que la dynamique des polarons n’est pas gouvern´ee par la simple addition des deux sources non lin´eaires. En effet, l’anharmonicit´e intramol´eculaire modifie le m´ eca-nisme d’habillage `a travers la d´efinition des param`etres Xn et Xn0 si bien que des vibrons anharmoniques ressentent un habillage plus fort que des vibrons harmo-niques.
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Etats multi-quanta dans les ´ h´ elices-α : mod` ele 1D
Lors du chapitre pr´ec´edent, nous avons ´etabli un formalisme g´en´eral permettant de d´ecrire la dynamique quantique des vibrons d’un r´eseau mol´eculaire de basse dimension. L’originalit´e de notre approche r´eside dans le traitement des effets non lin´eaires qui proviennent `a la fois de l’anharmonicit´e intramol´eculaire de chaque mode interne et du couplage entre les vibrons et les phonons du r´eseau. Bien que ne modifiant pas significativement la nature des ´etats `a un vibron, ces non lin´earit´es jouent un rˆole essentiel sur les ´etats multi-quanta en favorisant l’´emergence d’inter-actions vibron-vibron. Elles entraˆınent ainsi la cr´eation d’´etats li´es qui apparaissent comme le pendant quantique du breather ou du soliton.
Dans ce contexte, le pr´esent chapitre, ainsi que les deux suivants, sont consacr´es `a une application de ce formalisme `a l’´etude des propri´et´es vibrationnelles des prot´eines de structures secondaires en h´elice-α. A travers successivement un mod`ele 1D et 3D, le but de cette ´etude est de comprendre la nature des ´etats `a un et `a deux vibrons et d’´eclairer nos connaissances sur la comp´etition entre les anharmonicit´es intrins`eques et extrins`eques et sur l’interd´ependance entre le non lin´eaire et la dimensionalit´e du r´eseau. De plus, si la d´etermination des ´etats vibroniques est essentielle pour caract´eriser le rˆole des vibrons comme transporteurs d’´energie, elle nous permettra
´egalement d’interpr´eter certaines exp´eriences par l’interm´ediaire de la construction du spectre pompe-sonde.
Ainsi, dans ce chapitre, nous allons appliquer notre formalisme `a la description de la dynamique des vibrons du mode amide-I dans le cadre du mod`ele 1D initia-lement introduit par A.S. Davydov. Tout d’abord, nous pr´esenterons les ´etats `a un et `a deux polarons `a travers l’utilisation de la th´eorie de champ moyen. Ensuite, nous discuterons les diff´erents m´ecanismes de relaxation dans le cadre d’une th´eorie perturbative du couplage polaron-phonon.
C
C
C
C Cα
Cα
Cα
Cα
Cα N
N
N
N O
O
O
O H
H
H
H Ψ
Φ
Fig. 4.1 -Chaˆıne polypeptidique caract´eris´ee par l’enchaˆınement des diff´erents plans des groupements amide
4.1 Description de l’h´ elice-α
Une chaˆıne polypeptidique est form´ee d’une succession de r´esidus d’acide amin´e
−NH−Cα −CO− reli´es par des liaisons peptidiques, o`u les Cα sont les carbones porteurs des chaˆınes lat´erales [1]. A cause de la rigidit´e de la liaison peptidique, la structure d’une chaˆıne est caract´eris´ee par l’orientation successive des diff´erents plans des groupements amide CO−NH (Fig. 4.1).
L’´etablissement de liaisons hydrog`ene dans une chaˆıne est d´eterminant pour la stabilit´e de sa structure et lorsque le nombre de liaisons ´etablies entre r´esidus d’une mˆeme prot´eine est maximal, deux structures secondaires ´emergent : les feuillets-β et les h´elices-α. Ces derni`eres correspondent `a un enroulement p´eriodique de la chaˆıne en une h´elice droite si bien que les h´elices-α constituent des structures quasi-1D.
La structure en h´elice-α a ´et´e d´ecouverte par Linus Pauling et Robert Corey au d´ebut des ann´ees 1950 [2, 3]. Ils ont montr´e qu’une telle structure ´etait form´ee par l’enroulement de 3.6 r´esidus d’acide amin´e par tour d’h´elice et d’une translation de 1.5 ˚A par r´esidu le long de l’axe de l’h´elice soit une translation de 5.4 ˚A par tour (Fig. 4.2). Dans une telle configuration, le groupement carbonyle de chaque r´esidu peptidique est reli´e par une liaison hydrog`ene avec le groupement amine du quatri`eme r´esidu suivant. Mais si l’on consid`ere non pas les r´esidus peptidiques mais le groupement amide centr´e autour de la liaison peptidique rigide alors chaque groupement amide est reli´e par une liaison hydrog`ene avec le troisi`eme groupement amide suivant. Ainsi comme le montre la Fig. (4.3), une h´elice-αpeut ˆetre repr´esent´ee comme l’imbrication de trois chaˆınes de liaisons hydrog`ene.
Pour faciliter la repr´esentation de l’h´elice et notamment la visiblit´e des trois chaˆınes imbriqu´ees, il est utile d’introduire une repr´esentation diagrammatique si-milaire `a celle propos´ee par Pauling et Corey [3]. Dans cette repr´esentation (Fig. 4.4), les carbones Cαsup´erieurs sont directement li´es aux azotesN inf´erieurs d´ecal´es d’un groupement amide vers la droite. Ainsi, chaque groupement amide est reli´e, d’une part, aux deux groupements amide plus proches voisins `a travers des carbones Cαet,
Fig. 4.2 - H´elice-α : Structure en h´elice
Fig. 4.3 - H´elice-α : S´eparation en trois sous-r´eseaux
O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H O C
N H Cα
Cα
Cα
Cα Cα
Cα
Cα
Cα Cα
Cα
Cα
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Fig. 4.4 - H´elice-α : Repr´esentation diagrammatique
d’autre part, aux groupements amide troisi`emes plus proches voisins `a travers une liaison hydrog`ene. Par cons´equent, le r´eseau mol´eculaire que constitue une h´elice-α se d´ecompose en trois sous-r´eseaux 1D de liaisons hydrog`ene interconnect´es.
Le transport d’´energie vibrationnelle dans les h´elices-αpeut ˆetre r´ealis´e `a travers deux principaux modes : le mode amide-I correspondant essentiellement `a l’´etirement de la liaison C=O et le mode amide-A associ´e `a l’´etirement de la liaison N−H. Ce transport est domin´e par des ph´enom`enes non lin´eaires dont l’origine provient d’une part de l’anharmonicit´e intramol´eculaire et d’autre part du fort couplage avec les modes basse fr´equence du squelette de l’h´elice. Dans ce contexte, la liaison hydrog`ene qui gouverne la structure de l’h´elice joue un rˆole pr´epond´erant. En effet, puisque qu’elle relie les groupements amide d’un mˆeme sous-r´eseau, elle favorise l’´emergence d’effets non lin´eaires dans chaque sous-r´eseau. Ainsi, l’id´ee de A.S. Davydov fut de consid´erer dans une premi`ere approche le transport vibrationnel au sein d’un seul sous-r´eseau [4]. Nous allons donc utiliser une approche similaire dans laquelle la dynamique de l’h´elice-α est mod´elis´ee par un r´eseau 1D contenant N groupements amide reli´es par un ensemble de liaisons hydrog`ene.