• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE 110

3.3 Le traitement et l’analyse des données

En ce qui concerne l’analyse de nos données qualitatives, nous avons longuement réfléchi et hésité avant d’adopter une procédure de traitement de données, à savoir s’il fallait coder ou ne pas coder. À l’étape du devis de recherche, le codage à partir des questions de recherche avec le logiciel d’analyse qualitative QDA-Miner nous semblait évident. Cependant, une fois les données colligées, nous nous sommes questionnée sur la pertinence du codage en utilisant le logiciel. Tel que nous l’avons démontré au chapitre précédent à travers la revue de plusieurs recherches, les facteurs influençant la réussite scolaire sont très interreliés. Nos données sur diverses dynamiques ont des relations complexes les unes avec les autres et il nous a semblé que le logiciel risquait de produire une classification peu approfondie.

C’est pour ces raisons que nous avons décidé d’utiliser la démarche d’analyse structurale (« traitement manuel »). Cette démarche s’est déroulée en deux étapes. Nous avons d’abord procédé à la « segmentation » et la « décontextualisation » des données, puis, dans un deuxième temps, nous les avons « catégorisées » et « recontextualisées » (Tesch, 1990). Ainsi, après avoir retranscrit tous les enregistrements audio des entretiens in extenso, nous avons lu et relu les documents pour bien saisir leur message. Ensuite, nous avons repris chaque ligne et chaque paragraphe et, en suivant nos questions de recherche, nous avons codifié des données. Tel que l’écrit Savoie-Zajc (2000), « la tâche de l’analyse consiste alors à photocopier des extraits d’entrevues, à les découper, à les coller sur des fiches afin de rassembler ceux qui expriment une similitude thématique, à élaborer un système de codes (couleurs, signes divers) pour créer des repères visuels » (p. 102). Puis, une fois des thèmes repérés, l’étape de « recontextualisation » a commencé. Il s’agissait de dégager les catégories d’analyse, de les restructurer et d’en livrer le sens en rapport avec la problématique et avec le cadre conceptuel de recherche.

Quant à l’analyse des données quantitatives, étant donné le nombre restreint de nos questionnaires, il n’a pas été possible de faire des analyses de régression qui auraient permis d’établir des corrélations entre les différentes variables. Nous nous sommes donc limitée aux répartitions en pourcentage ou en fréquence des différentes catégories présentées dans les

questions du questionnaire qui se trouvaient toutes en parallèle avec les questions de recherche et avec celles des canevas d’entrevues.

Une fois les données qualitatives et quantitatives codifiées et classifiées selon des questions de recherche, il nous restait à les juxtaposer. Les spécialistes des méthodes mixtes proposent différentes approches à cet égard (Greene et al., 1989 ; Patton, 1990 ; Creswell, 1999). Dans le domaine de l’éducation, nous avons retenu le modèle de Tashakkori et Teddlie (2003) qui proposent trois approches : 1) l’approche complémentaire; 2) l’approche par tension dialectique et 3) l’approche par assimilation.

Nous avons adopté à la fois l’approche complémentaire et l’approche par tension dialectique pour l’analyse de nos données dont la coexistence est complètement possible (Pluye et al., 2009). Dans la première approche, les résultats qualitatifs et quantitatifs sont présentés séparément. Cependant, il se peut qu’un élément qualitatif contribue à un élément quantitatif, ou vice-versa. Par exemple, comme dans notre cas, les résultats qualitatifs et quantitatifs sont énoncés séparément, mais d’une manière complémentaire, c’est-à-dire qu’au moins une phrase suggère que les résultats qualitatifs et quantitatifs sont complémentaires. Dans l’approche par tension dialectique aussi les résultats qualitatifs et quantitatifs sont présentés séparément16. Cependant, des divergences existent entre les résultats qualitatifs et quantitatifs. Par exemple, comme dans notre cas, des divergences entre les résultats qualitatifs et quantitatifs sont clairement énoncées, et au moins une phrase suggérerait soit la raison de la divergence ou comment on pourrait en approfondir la compréhension (Teddlie et Tashakkori, 2003, cités dans Pluye et al., 2009).

Dans sa classification de modèles de méthodes mixtes, Creswell (2003) propose quatre types : 1) la triangulation, 2) le design de complémentarité, 3) le design explicatif et 4) le design exploratoire. Par ailleurs, en comprenant les deux approches que nous avons choisies dans le modèle de Teddlie et Tashakkori, le design de complémentarité représente parfaitement notre approche de traitement et d’analyse de données quantitatives et qualitatives.

16 Contrairement à l'approche par assimilation qui suggère que les résultats qualitatifs et quantitatifs soient

Figure I

Le design de complémentarité

Source : Aldebert et Rouzies (2011, p. 6).

Comme l’indique la figure I, dans cette approche, les différents types de données sont analysés l’un après l’autre. Nous souhaitions en effet rapprocher les données quantitatives et qualitatives afin de fournir une analyse complète des questions de recherche. Cette approche nous a permis de prendre en compte différentes facettes d’un phénomène afin d’en obtenir une compréhension plus riche (Aldebert et Rouzies, 2011).

Étant donné la souplesse de l’approche qualitative et sa capacité de s’occuper d’objets complexes et hétérogènes, les données qui sont ressorties des entrevues (des propos des sujets) ont été beaucoup plus vastes et présentaient un éventail beaucoup plus large de thèmes que celles qui sont ressorties du questionnaire fermé. Ainsi, tel que l’on verra dans les chapitres d’analyse, lorsqu’un thème est étudié, dans la majorité des cas, c’est à partir des données qualitatives. En ce qui a trait aux thèmes des questions de recherche, les données quantitatives coexistent en parallèle de ces données qualitatives, et les complètent ou les contredisent. Cependant, certains thèmes ressortent exclusivement des données qualitatives et aucune donnée quantitative ne vient les infirmer ou les confirmer, et ce particulièrement dans le cas des dynamiques systémiques et communautaires, qui concernaient moins les parents. Ainsi, nous pouvons préciser que dans le continuum qualitative-quantitative (Johnson et al., 2007), notre recherche est dans la catégorie des recherches mixtes qualitativement dominées.

Résultats de données QUAN

x qual

Interprétation sur les résultats QUAN (qual) Résultats de données QUAL x quan OU

Interprétation sur les résultats QUAL

Figure II

La graphique de trois paradigmes de recherches majeurs comprenant les sous-types de la méthodologie mixte

Source : Johnson et al. (2007, p. 124)