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CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE 110

3.2 La collecte de données

3.2.2 La communauté

Pour choisir les organismes communautaires que nous avons interviewés, notre critère de base a été le suivant : il fallait que ces organismes soient de la communauté sud-asiatique et qu’ils œuvrent auprès des jeunes de cette communauté avec un mandat scolaire. Après 31 entrevues avec le commissaire scolaire, les intervenants scolaires, les élèves et les parents, et après une recherche assez vaste dans les documents municipaux et ministériels existant sur les organismes communautaires sud-asiatiques (MICC, 2009; Laurence et Perreault, 2010), nous n’avons trouvé qu’un seul organisme qui répondait à nos critères : le Centre du tutorat d’A1 (A1 Tutorial)13. Nous avons donc changé nos critères de recrutement pour les organismes. Nous voulions qu’ils soient de la communauté sud-asiatique ou de la communauté civile et

13 De même, Fioré (2008), dans sa typologie des associations sud-asiatiques répertoriées dans la région

qu’ils œuvrent, avec un mandat social et/ou scolaire auprès des jeunes originaires de l’Asie du Sud. Même en élargissant nos critères, nous n’avons pu identifier que trois autres organismes : le Centre Jeunesse Unie, la Maison des Jeunes de Parc-Extension; La Maisonnée, Service d’aide et de liaison pour immigrants et le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques (CCFSA).

Les entrevues avec ces organismes visaient à :

ƒ connaître l’opinion des intervenants de ces organismes sur divers aspects liés à l’expérience socioscolaire et à la réussite scolaire des jeunes de la communauté sud- asiatique fréquentant l’école secondaire de langue française;

ƒ recueillir les perceptions de ces agents quant à l’opinion des parents sud-asiatiques sur ces mêmes aspects, à leur implication dans les études de leurs enfants, ainsi qu’aux caractéristiques socioculturelles des familles et de la communauté;

ƒ solliciter leur soutien dans le recrutement des parents qualifiés à participer dans la recherche.

Le tableau XV montre la liste des intervenants communautaires interviewés. Tableau XV

Caractéristiques des intervenants communautaires

Organisme affilié Poste de la personne

interviewée 1 Le Centre du tutorat d’A1 (A1 Tutorial) Tuteur

2 Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques (CCFSA)

Intervenante du Projet Jeune sud-asiatique 3 La Maisonnée, Service d’aide et de liaison pour

immigrants Intervenant social

4 Le Centre Jeunesse Unie, la Maison des Jeunes de Parc-

Extension Directeur

Nous expliquerons davantage les raisons pour lesquelles nous avons sélectionné chacun des organismes et chacun des intervenants dans les sous-parties qui suivent.

3.2.2.1 Le Centre du tutorat d’A1

Le Centre du tutorat d’A1 (A1 Tutorial) a été fondé par un membre de la communauté bengalie en 2008. On y offre non seulement des services d’aides aux devoirs aux élèves, mais on va un peu plus loin en travaillant en étroite collaboration avec eux « afin qu’ils puissent accomplir plus que ce qu’ils pensaient qu’ils pouvaient » (site du centre). Le Centre intervient auprès des élèves du primaire et du secondaire et les aide dans différentes matières : mathématiques, sciences, géographie, histoire, français et anglais. Il offre également un programme spécifique de préparation pour l’examen d’admission à l’école secondaire. « Attending this program will make the student become clear of what is expected in the High School Admissions Tests and prepare them to do well obtain a good score so that they may attend the High school of their choice », peut-on lire sur le site du Centre du tutorat d’A1.

3.2.2.2 Le Centre Jeunesse Unie, la Maison des Jeunes de Parc-Extension

Le Centre Communautaire Jeunesse Unie de Parc Extension, plus communément appelé Jeunesse Unie, est la maison des jeunes du quartier Parc Extension et offre ses services depuis 22 ans (1989). Parmi les missions de l’organisme, on trouve entre autres :

ƒ opérer une Maison de jeunes accueillant les jeunes de 12 à 18 ans vivant dans le quartier Parc-Extension dans le but de contribuer directement à améliorer la qualité la vie de ces jeunes qui peuvent vivre dans la pauvreté et éprouver des problèmes affectifs, familiaux, scolaires, sociaux ou relationnels;

ƒ contribuer au développement personnel et social des jeunes par le biais de services de soutien éducatif, de relation d’aide et d’accompagnement individuel et de groupe, ainsi que par l’organisation d’activités culturelles et récréatives;

ƒ sensibiliser les parents aux besoins des jeunes et aux réalités qu’ils vivent.

Jeunesse Unie organise des activités éducatives comme des soirées de discussion, des ateliers d’expression jeunesse, des ateliers d’initiation à l’infographie, au cinéma, à la danse Hip-hop créative. L’organisme propose aussi un volet d’accompagnement formel qui offre, entre autres, de l’aide aux devoirs.

Tel que le montre le tableau XVI, un jeune sur deux qui fréquente le Centre Jeunesse Unie est de première génération et plus d’un sur cinq est né dans un pays sud-asiatique (majoritairement au Pakistan). Les deux tiers de ces jeunes sont des garçons.

Tableau XVI

Lieu de naissance des jeunes fréquentant le Centre Jeunesse Unie

Lieu de naissance Nombre (%)

1 Canada 191 51,6

2 Pakistan 44 11,9

3 Inde 16 4,3

4 Sri Lanka 14 3,8

5 Bangladesh 11 3,0

Le personnel comprend trois intervenants (deux à temps plein, un à temps partiel), quatre professeurs et trois accompagnants à l’aide aux devoirs. L’organisme bénéficie également du soutien de bénévoles et de stagiaires (en psychoéducation et en ergothérapie, par exemple). Nous avons interviewé le directeur du Centre Jeunesse Unie qui occupe ce poste depuis 18 ans.

3.2.2.3 La Maisonnée, Service d’aide et de liaison pour immigrants

Créée en 1978, La Maisonnée est un organisme d’aide et de liaison de première ligne pour tous les immigrants, qui a commencé ses activités avec l’accueil des « boat people ». Elle est née de l’initiative de quelques bénévoles conscients des énormes besoins des familles vietnamiennes qui arrivaient alors au pays. La Maisonnée est allée accueillir les familles à l’aéroport, les a aidées à trouver un logement, à s’inscrire à des cours de français et à trouver un travail. Puis, à mesure qu’arrivaient d’autres vagues d’immigrants, venus entre autres d’Amérique latine et d’Afrique, La Maisonnée s’est adaptée aux besoins et aux spécificités de chaque communauté et a mis en place des services et des outils pour les accueillir le mieux possible. À l’heure actuelle, La Maisonnée reçoit entre 4 000 et 5 000 personnes par année et offre plusieurs services pour aider les nouveaux arrivants à s’établir au Québec. Plus spécifiquement, elle leur propose des services se rapportant à l’accueil et à l’établissement,

cours de français (cours gratuits à temps partiel), du soutien pour les parents et du coaching jeunesse. Finalement, l’organisme offre des services de francisation en partenariat avec le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC).

Sur les conseils de la direction de l’école A, nous avons rencontré un intervenant de La Maisonnée qui offre des services d’aide aux devoirs et de socialisation aux élèves nouveaux- arrivés de cette école depuis le début de l’année scolaire 2011-2012. Cet intervenant, lui- même d’origine immigrée, travaille à La Maisonnée depuis près de neuf ans. Le service d’aide aux devoirs, qui est offert dans les locaux de l’école A, a été mis en place car, depuis septembre 2011, on a regroupé les classes d’accueil de certaines écoles secondaires de la CSDM à cette école. Soulignons que les enseignants de l’école A offrent eux-mêmes tous les jours des services d’aide aux devoirs à leurs élèves. Le travail de l’intervenant de La Maisonnée est complémentaire. En effet, l’aide aux devoirs qu’il offre quatre fois par semaine se déroule en deux étapes. Il y a d’abord une première partie académique au cours de laquelle il aide les élèves à comprendre et à faire leurs devoirs. Puis, dans la deuxième partie, il écoute les jeunes et les accompagne dans des activités extrascolaires (ex. jouer avec eux aux échecs, au ping-pong, faire de la musique, du dessin, du bricolage, de la peinture), leur donnant ainsi l’occasion de socialiser, de mieux se connaître, de faire des activités, pour que les jeunes en viennent à s’approprier l’école.

3.2.2.4 Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques

Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques (CCFSA) est un organisme qui, depuis 30 ans, a pour vocation d’aider les femmes à utiliser pleinement leurs potentiels dans la société québécoise et canadienne en général, et à acquérir leur autonomie. Il offre, entre autres : ƒ des conseils pour les réfugiés et les nouveaux immigrants;

ƒ des cours de français et d’anglais avec un service de garderie; ƒ un service d’information général de référence;

ƒ des services d’interprétariat et de traduction; ƒ des renseignements sur les droits individuels;

ƒ des conseils dans le domaine matrimonial, familial, légal, de l’immigration et de la santé; ƒ des activités de groupe, des discussions, des séminaires, des séances d’information, etc.;

ƒ un réseau de soutien pour les victimes de violence;

ƒ le moyen d’apprendre et de converser les langues sud-asiatiques;

ƒ des rencontres-repas avec participation à la préparation de la nourriture, pour favoriser les contacts et l’intégration;

ƒ un service de bénévoles pour accompagner ceux qui en ont besoin;

ƒ des ateliers de recherche d’emploi, de formation professionnelle et d’entraînement au travail;

ƒ un service d’emploi d’été pour les étudiants;

ƒ des programmes sur les besoins des adolescents de la communauté sud-asiatique14.

Tous ces services sont gratuits et offerts en français, en anglais et dans les langues sud- asiatiques.

Le CCFSA n’est pas directement impliqué dans un volet scolaire (aide aux devoirs ou tutorat ou communication avec l’école, par exemple). Cependant, dans le cadre du projet South Asian Youth (Jeunesse sud-asiatique), les intervenantes de ce centre organisent, une fois par semaine, dans des écoles secondaires de la CSDM dont l’école A et B, des « séances d’autonomisation » sur les questions de l’identité et de l’estime de soi, dont peuvent bénéficier les jeunes filles dans leur vie quotidienne, y compris dans leur vie scolaire. Ces séances ont lieu à l’heure du dîner et ciblent les jeunes filles de première et de deuxième générations. Ajoutons que le CCFSA offre également des séances d’information sur le système scolaire québécois aux parents sud-asiatiques.

L’intervenante que nous avons rencontrée travaille au CCFSA depuis septembre 2010 et étudie en psychologie au niveau universitaire. Nous l’avons choisie principalement en raison de sa participation significative dans les « séances d’autonomisation ».