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Traitement des autres mammifères

Dans le document Asa Koma (Page 188-196)

4 Utilisation animale

4.4  Traitement des autres mammifères

Parmi les autres mammifères, le chacal est le taxon dominant. À partir de l’analyse des fréquences des parties du squelette, on observe que toutes les parties du corps sont représentées avec un fort pourcentage de crâne et particulièrement de la mandibule (fig. 3). Le squelette axial présente, quant à lui, des taux assez variables mais défici- taires d’une manière générale. L’occurrence des ceintures et des membres est globalement bonne mais avec un déficit

Fig. 3 —

Profils de représentation des parties squelettiques des canidés d’Asa Koma. (max : maxillaire ; mand : mandibule ; vert : vertèbres ; cerv : cervicales ; tho : thoraciques ; lomb : lombaires ; caud : caudales ; hum : humérus ; MC : métacarpe ; calca : calcanéus ; MT : métatarse ; phal 1 : phalange proximale ; phal 2 : phalange intermédiaire ; phal 3 : phalange distale).

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

crâne max mand atlas axis

vert cerv vert tho vert lomb vert sacrées vert caud

côte

scapula

hum

radius ulna carpe MC coxal fémur patella tibia talus calca tarse M

T

phal 1 phal 2 phal 3

%

Parties du squelette NMI = 6

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Joséphine Lesur, Vincent Charpentier, Agathe Jacquet et Wim Van Neer

du carpe et du tarse (hors talus et calcanéus). De plus, les pourcentages des extrémités sont relativement faibles. En outre, les fréquences des parties squelettiques présentent des déficits partiellement attribuables à la dégradation post-dépositionnelle qui complique la reconnaissance des éventuels choix anthropiques. Il semble malgré tout que la totalité des carcasses des animaux aient été apportées sur le site. Les raisons de cet apport peuvent être multiples. D’une part, leur acquisition peut correspondre à un besoin alimentaire. Ainsi, malgré les déficits dus à la dégradation taphonomique, il semble que nous ayons une représenta- tion relativement bonne des membres et donc des parties charnues de l’animal. Par ailleurs, 7 % des restes de canidés présentent des brûlures d’extrémités, suggérant une cuisson par rôtissage. D’autre part, le léger déficit des phalanges pourrait suggérer un traitement des peaux pour lequel les extrémités sont parfois laissées au sein des peaux jusqu’au moment du tannage à proprement parler (Lesur-Gebre- mariam 2008). Enfin, le chacal étant un prédateur parfois charognard, il a pu être chassé en vue de la protection du site, des denrées (poissons séchant, par exemple) et des occupants.

Les bovidés sauvages, quant à eux, sont présents à travers trois espèces (guib harnaché, gazelle dorcas et dik-dik de Salt). Pour ce dernier, l’unique os le représentant n’a livré aucune information quant à son utilisation. Par ailleurs, si l’on regarde la distribution des parties squelettiques du guib harnaché), on observe une représentation relativement bonne de toutes les régions anatomiques avec une nette domination du talus, du calcanéus et des ceintures (scapula et coxal) (fig. 4). La forte présence des parties charnues des membres suggère leur consommation. Les déficits les plus notables concernent les phalanges et les vertèbres. Comme pour le bœuf, la faiblesse du NMI (4) nous empêche d’aller bien avant dans les interprétations. Le manque de vertèbres ou de certains os longs est imputable à la fonte post-dépositionnelle et à la forte fragmentation. Le seul

fait notable est la quasi-absence de phalanges qui sont des éléments résistants, ce qui pourrait signifier un traitement particulier des extrémités peut-être en rapport avec la récupération de la peau.

Les autres taxons n’ont pas livré assez de restes pour permettre un traitement similaire des données. Nous pou- vons simplement noter, pour la gazelle dorcas et le lièvre (c’est-à-dire pour les deux espèces les mieux représentées), une nette domination des membres et une assez bonne occurrence des restes dentaires.

4.5 La parure

Les éléments de parure d’Asa Koma ont fait l’objet de plusieurs études depuis leur découverte. Une première étude a été réalisée par Sylvie Amblard (Gutherz et al. 1996) puis celle ci a été reprise et complétée par Vincent Charpentier en 2009 dans le cadre de la préparation de cette monogra- phie. Dernièrement, Agathe Jacquet a de nouveau étudié ces objets dans un cadre plus large concernant l’étude de la parure néolithique du bassin du Gobaad et du site de Loubak Ali dans la région d’Ali Sabieh. Cette dernière étude a permis d’apporter des éléments nouveaux et d’établir une typologie des éléments de parure de ces deux régions (Jacquet, 2014) (fig. 5).

Le présent texte rassemble donc une série d’études qui permettent aujourd’hui de proposer une synthèse complète sur ces éléments de parure. (fig. 6 à 12)

4.5.1 La parure en matière dure d’origine animale La parure en os

La parure en os est représentée par deux objets allongés interprétés comme des épingles ou des labrets (fig. 7, n° 12 et 13). Un premier objet se rattache au type 54 de Camps-Fabrer (1968b). Celui-ci est de forme cylindrique (7 x 6mm) et est fracturé en biais sur sa longueur (34mm). Son extrémité

0 10 20 30 40 50 60 70 80

crâne max mand atlas axis

vert cerv vert tho vert lomb vert sacrées vert caud

côte

scapula

hum

radius ulna carpe MC coxal fémur patella tibia talus calca tarse M

T

phal 1 phal 2 phal 3

%

Parties du squelette

NMI = 4

Fig. 4 —

Profils de représentation des parties squelettiques des guibs harnachés d’Asa Koma. (max : maxillaire ; mand : mandibule ; vert : vertèbres ; cerv : cervicales ; tho : thoraciques ; lomb : lombaires ; caud : caudales ; hum : humérus ; MC : métacarpe ; calca : calcanéus ; MT : métatarse ; phal 1 : phalange proximale ; phal 2 : phalange intermédiaire ; phal 3 : phalange distale).

La faune d’Asa Koma : élevage, pêche et chasse dans la plaine du Gobaad

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Fig. 5 —

Typologie des éléments de parure provenant d’Asa Koma et d’autres sites néolithiques de la région d’As Eyla ayant fait l’objet de fouilles ou de prospections (DAO A. Jacquet).

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non fracturée est tronquée par une surface plano-convexe finement polie.

Une autre épingle à tête globuleuse correspond au type 35 de Camps-Fabrer (1968b). Celle-ci est de section circulaire (4,5 x 4,7mm) et mesure 55 mm de long. La tête d’épingle est matérialisée par une boule au sommet plano convexe, bien dégagée du fût. Ces objets ne sont pas sans rappeler ceux mis au jour sur le site voisin de Wakrita. Leur rôle est difficile à déterminer avec certitude. Toutefois, Barge-Mahieu et al. (1996) suggèrent qu’il pourrait s’agir d’éléments de parure. Ceux ci ont pu être utilisés comme des « labrets » de lèvre ou de nez comme il en existe encore chez certains peuples africains (D. Paulme, J. Brosse, 1956). Ils ont également pu être utilisés comme épingles à vêtements ou comme poin- çons pour le travail du cuir.

La parure d’origine marine et dulcicole

Il y a encore peu, les coquilles marines tenaient une place importante au sein de la parure traditionnelle des popu- lations de la Corne de l’Afrique (Revoil 1882). À Asa Koma, l’essentiel de la parure en coquille aquatique est réalisée à partir de gastéropodes, tous d’origine marine.

Cette parure en coquillage est représentée par 12 espèces différentes dont une seulement est d’origine dulcicole, l’Unio

sp. Les trois espèces de bivalves sont Unio sp., Pinctada sp. et Anadara antiquata. L’aspect naturel des coquilles a été peu

modifié et seule une perforation par percussion ou par pression a généralement été réalisée. Seul un Conus sp. a

subi plusieurs opérations techniques et a fait l’objet d’une véritable transformation, cela afin de produire dans son apex, une petite perle cylindrique. Ces perles ont également été mises au jour sur les sites contemporains ou légèrement antérieurs de la région du Gobaad et se retrouvent et en abondance sur le site de Loubak Ali dans la région d’Ali Sabieh, plus proche du littoral.

L’Unio sp. est un bivalve dulcicole d’origine locale et se présente à l’état naturel dans l’habitat. Celui-ci pourrait avoir été transformé sur place.

Aucun élément ne permet d’attester le travail des coquilles marines dans l’habitat d’Asa Koma, ce qui laisse supposer que ces coquilles ont été introduites sous forme de produit finis. Les 180 km qui séparent le site du littoral permettent de supposer différents modes d’acquisition, que ce soit des expéditions vers les rivages de Djibouti ou des échanges intercommunautaires.

a Les bivalves

· Unio sp. : les Unio sp. sont représentés par six valves gauches ou droites entières de petites dimensions et plusieurs frag- ments. Cinq des six valves portent une perforation longue irrégulière réalisée par percussion ou par perforation à partir de la face interne de la coquille (fig. 7, n° 5). · Pinctada sp. : il s’agit d’un élément de nacre à bords paral-

lèles dont une extrémité a été abrasée et arrondie (fig. 7, n° 9). Une perforation cylindrique occupe la partie distale de cette pendeloque fragmentée haute de 26 mm et large de 21 mm. Des pendeloques en nacre ont également été mises au jour sur des sites contemporains ou légèrement antérieurs dans la région du Gobaad et de Loubak Ali où elles abondent.

· Anadara Antiquata sp. : trois Anadara Antiquata sp., dont deux sont perforés sur leur crochet complètent l’assemblage (fig. 7, n° 10). La fonction de ces objets en tant que parure n’est pas attestée. Ils ne portent aucune trace d’usure et pourraient constituer des outils (cf. chap. 4.6.2.1). · Indéterminé : un fragment de bivalve marin roulé porte

les vestiges d’une perforation bipolaire en son centre (fig. 7, n° 6). De petites incisions centrifuges ont été réalisées par rainurage sur tout le pourtour de la per- foration afin de préparer la surface à perforer. L’objet a toutes les caractéristiques d’un disque convexe dont une partie aurait été brisée. Son observation à la loupe binoculaire révèle un important travail d’abrasion sur tout le pourtour et la courbure interne

b Les gastéropodes

· Engina Mendicaria sp. est le coquillage le mieux représenté de l’assemblage. Les coquilles ont été perforées par percussion sur leur zone dorsale (fig. 7, n° 1). Une des coquilles présente un aménagement différent. Une première tentative de per- foration par abrasion a été réalisée sur la partie supérieure du gastéropode créant ainsi un méplat qui laisse voir le squelette des spires. Puis une perforation a été réalisée par percussion sur la zone dorsale, semblable aux autres coquilles. Les perforations ont un contour relativement irrégulier mais ont subi pour la plupart une ovalisation due à l’usure causée par le lien de suspension et qui témoigne Fig. 6 —

Inventaire des éléments de parure étudiés du site d’Asa Koma.

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Fig. 7 —

Principaux éléments de parure d’origine marine, dulcicole et terrestre. 1 à 10 : coquillages marins et lacustres (1 : Engina Mendicaria ; 2 :

Nerita sp. ; 3 : Columbella sp. ; 4 : Cypraea sp. 5 : Unio sp.; 6 : coquillage indéterminé; 7: Conidae sp. ; 8 : Trochus sp. ; 9 : Pinctada sp. ; 10 : Anadara

Antiquata sp.). 11 : pendeloque en test d’œuf d’autruche.12 et 13 : éléments de parure en os. 14 : fragment de bracelet en quartz. (photos et DAO A. Jacquet).

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du port de l’objet. Ces parures sont communes à tous les sites du bassin du Gobaad et de Loubak Ali.

Dans de nombreux sites, les perforations sont généralement réalisées par abrasion transversale à l’axe de la coquille, puis élargies à l’aide d’une mèche ou d’un perçoir. Cette pratique est reconnue dans le Néolithique soudanais d’El Kadada (Gauthier, 1987:65) et dans le seul atelier de fabrication de parure néolithique en Engina Mendicaria sp. reconnu à Al Haddah en Arabie (Charpentier et al., 1997). · Nerita sp. : Trois nérites de dimensions variables présentent une perforation dorsale sub-circulaire (fig. 7, n° 2). Ces trois coquilles ont subi des traitements différents.

L’une d’elles n’est représentée que par la lèvre du gas- téropode, tandis que les deux autres sont entières. Une a été perforée par abrasion tandis que les deux autres ont été perforées par percussion. Enfin la troisième a subi un important travail de polissage sur sa partie supérieure. De multiples stries multidirectionnelles ont été observées et la perforation porte une échancrure qui traduit également sont port.

· Cypraea sp. : trois Cypraea sp. sont brisées et seules les lèvres denticulées ont été mises au jour (fig. 7, n° 4). Notons que ces coquilles sont communes à tous les sites néolithiques de la région.

· Oliva sp. : une petite coquille d’Oliva sp. fragmentée a été perforée par percussion lancée au niveau de son apex. Cette technique de perforation a été observée sur toutes les parures en Oliva sp. issues des autres sites néolithiques de la région.

· Ancilla sp. : il s’agit de la plus petite parure de la série (6 mm). Tout comme l’Oliva sp., celle-ci présente une perforation apicale certainement réalisée par abrasion.

· Columbella sp. : une unique Columbella sp. à perforation sub-ovalaire pourrait être une Columbella aspersa, coquillage bien connu dans certains assemblages d’Arabie (fig. 7, n° 3). Contrairement à Ancilla sp., Engina Mendicaria ou Nerita

sp. omniprésentes dans les assemblages néolithiques de

la mer Érythrée, Columbella sp. appartient au cortège des coquillages de moindre importance.

· Conus sp. :

— Perle cylindrique : une perle cylindrique a été réalisée à partir des spires d’un Conus sp. de petite dimension. L’ensemble du dernier tour a été vraisemblablement scié afin de séparer les parties supérieure et inférieure du gastéropode. L’apex a ensuite été abrasé et perforé par rotation circulaire laissant ainsi une large perforation conique.

— Anneau : un anneau fragmenté a été réalisé dans la spire d’un Conus sp. Son apex a été profondément perforé, les deux faces et le bord totalement abrasés. Aucune marque de façonnage ne permet de déterminer si la spire a été découpée par percussion ou par incision. Cet anneau n’est fragmenté que d’un côté, l’autre extrémité étant également abrasée et arrondie. Cet objet n’est pas sans rappeler celui en os de plus petite dimension mis au jour au sein du tumulus funéraire d’Antakari 3 dont la phase la plus ancienne d’utilisation pourrait être contemporaine à l’occupation de l’habitat d’Asa Koma.

Cet anneau présente une toute petite ouverture de 3 mm de largeur et pourrait avoir été utilisé en comme boucle d’oreille ou de nez.

· Trochus sp. : un bracelet ou grand anneau en Trochus sp. a été réalisé dans l’une des spires du gastéropode (fig. 7, n° 8). L’objet, de section sub-ovalaire est très fragmenté et seule une petite partie de celui-ci compose l’assemblage. L’anneau a été séparé de la coquille par sciage ou par percussion puis a été abrasé sur tout son pourtour et sur chacune des faces afin de régulariser la surface.

La parure en œuf d’autruche

Les termes « rondelles », « grains », « éléments » d’enfi- lage ou perles discoïdes employés par les différents auteurs désignent tous les mêmes objets. Ceux-ci se présentent comme son nom l’indique sous la forme de petites rondelles à section rectangulaire ou ovalaire, de diamètres variables entre 4 mm et 16 mm, et possédant une perforation bico- nique ou plus rarement cylindrique. Celles-ci peuvent être de diverses couleurs variant des tons ivoirins aux tons gris parfois noirs lorsque qu’elles subissent l’action du feu.

Les perles discoïdes en test d’œuf d’autruche ont souvent été mentionnées par les archéologues dans les gisements néolithiques et mésolithiques africains. Celles-ci se sont très largement répandues dans le Sahara et en Afrique Mineure, depuis le Capsien jusqu’à l’époque punique ainsi que dans l’Afrique du Sud et de l’Est dans toutes les industries de lames de pierre et jusqu’à nos jours chez les Bushmens (Camps-Fabrer, 1960, 1962, 1966, 1994).

Les coquilles d’œuf d’autruche ont subi une forte éolisa- tion, parfois un encroûtement qui masque partiellement leur surface. Il est donc difficile de déterminer si les coquilles possèdent la surface lisse des œufs d’autruche du nord de l’Afrique (sous espèce Camelus, spatzi et syriacus) ou celles ponctuées de pores serrées caractéristiques de celles du sud (australis, massaicus, molydophanes) (Poplin, 1995).

En premier examen, les coquilles d’Asa Koma paraissent présenter une surface lisse, ponctuée de dépressions distantes. Comme attendu, elles se rapprochent donc des coquilles d’œuf d’autruche du nord de l’Afrique et différent notamment de celles des autruches somaliennes S. c. molydophanes à coquille crêpée (Evans 1900, cité par Poplin 1995).

Le façonnage de grains d’enfilage en coquille d’œuf d’au- truche est l’unique production de parure certifiée à Asa Koma, et elle concerne l’ensemble de la stratigraphie. Le mobilier sur coquille d’Asa Koma se compose de fragments bruts de plus ou moins grandes dimensions, de grains d’enfilage (perles discoïdes) à divers stades d’élaboration et d’une petite pendeloque fragmentée au niveau de sa perforation. Concernant leur utilisation, il semble que ces éléments de parure aient été très peu portés. En effet, l’observation à la loupe binoculaire n’a pas révélé de stigmates liés à l’usure. a Les « grains d’enfilage » en test d’œuf d’autruche

Interdite à Djibouti, la vente des œufs d’autruche, assu- rément importés de fermes d’élevage, se pratique de nos jours sous le manteau, mais la production de perles n’y a plus cours depuis longtemps. Elle perdure toutefois en Afrique orientale, œuvre généralement de femmes, qui composent

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ainsi une partie de leur dot (cf. Turkana du nord Kenya par exemple) (Donovan 1987). Quelques villages du Botswana dépendent d’ailleurs toujours de cette production : au sein d’ateliers spécialisées, des femmes fabriquent désormais des perles à partir d’œufs d’autruche domestique (Tapela 2001). Plusieurs études typologiques ont été entreprises sur ce type de parure. L. Jacobson s’est par exemple penché sur la variabilité des dimensions des perles de Namibie centrale (Jacobson 1987a et 1987b), mais ses résultats sont dans l’ensemble peu probants. Le croisement de l’outillage et de la chaîne opératoire paraît somme toute plus informatif.

Dans la première étude de ces parures (Gutherz et al., 1996), 116 perles discoïdes en test d’œuf d’autruche étaient mentionnées. Cependant, certaines de ces perles étaient manquantes lors de la dernière étude (Jacquet, 2014) et seules 77 perles (entières ou fragmentées) et préformes ont pu être réétudiées. Les chiffres ci-dessous font mention de cette dernière étude.

Les « grains d’enfilage » ou perles discoïdes constituent 53 % de l’ensemble de la parure d’Asa Koma. Les perles sont représentées par 4 stades d’élaboration. D’une part, 42 frag- ments de test d’œuf d’autruche ont été récoltés et conservés. D’autre part, 16 préformes discoïdes correspondent à la deuxième phase de fabrication. 44 perles discoïdes et 17 fragments correspondent à la fin de la chaîne opératoire. Parmi ces 44 perles, certaines sont simplement perforées (3e phase) tandis que d’autres ont été calibrées et polies

(4e phase).

Dans le tableau d’inventaire des parures, les fragments de test d’œuf d’autruche n’ont pas été pris en compte dans le nombre total d’objets de parure car, même s’il semble évident que ceux-ci sont un maillon de la chaîne opératoire, ils sont encore loin de pouvoir être qualifiés d’éléments de parure.

b Typologie et chaîne opératoire

Les perles discoïdes d’Asa Koma ont un diamètre qui varie entre 6 mm et 14 mm. 29 perles (entières) présentent un diamètre inférieur à 10 mm et 15 présentent un dia- mètre supérieur à 10 mm (fig. 8). Celles-ci ont une épaisseur moyenne de 1,7 mm et possèdent une perforation biconique de 2,6 mm de diamètre interne (trou de percement) et de 3,5 mm de diamètre externe (cône de perforation).

Les perles ont fait l’objet de petites retouches par enlè- vement sur tout leur pourtour afin de les mettre en forme. Ces petits enlèvements qui se présentent comme de petites esquilles ont été réalisés à partir de la face dans 61 % des cas à partie de la face externe uniquement tandis que 27 % des perles ont subi des enlèvements bilatéraux.

Les perles discoïdes d’Asa Koma n’expriment pas une grande standardisation comme c’est le cas sur certains sites du bassin du Gobaad tel que le monument funéraire d’Antakari 3. La présence des perles discoïdes à tous les stades de la chaîne opératoire de fabrication atteste d’une production locale. Cependant, aucune concentration de fragments, ébauches ou perles en tests associés à des outils n’a pu être identifié et aucune aire de fabrication n’a pu être définie pour ces éléments de parure.

La chaîne opératoire de fabrication a pu être retracée grâce à la présence des perles dans toutes leurs étapes de fabrication et aux nombreuses données archéologiques issues des sites néolithiques de l’Afrique du Nord et eth-

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