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4 Élements pour une périodisation et répartition spatiale des faciès

Dans le document Asa Koma (Page 134-139)

Pour résumer, nous disposons à ce jour de quatre repères chronologiques fiables ou à confirmer pour la région du Gobaad (fig. 72).

Le premier repère est celui correspondant au moment de l’apparition de la céramique dans le Gobaad, aspect pour lequel l’étude de nécropoles voisines des sites d’Asa Koma, d’Hara Idé 2 et de Tewqo Dhaba, à savoir les sépultures d’Ali Daba 10, 13 et 2 (fig. 42), réalisée dans le cadre du programme dirigé par X. Gutherz, apportent des informations intéres- santes. Ces dépôts funéraires complexes sont composés d’ossements humains (sépulture réduite) et animaux mêlés et brûlés, de parures sur dents ou sur os et d’industrie sur obsidienne. Ces dépôts, tout comme les abords immédiats des structures, n’ont fourni absolument aucun élément de poterie. La grande fosse d’Ali Daba 2 a pu être datée du début du IVe millénaire avant notre ère (5000 ± 40 B.P.,

soit 3940-3850 B.C.E. ; Duday et al., 2004). C’est peut-être là, mais bien sûr cela reste une hypothèse, un indicateur sur le terminus post quem de l’arrivée de la céramique dans ce secteur de la République de Djibouti (Gutherz, 2008 ; Cauliez

et al., 2008). Il est à noter également que la faune associée

aux inhumations est une faune non domestique, fait pou- vant éventuellement appuyer plus encore l’hypothèse selon laquelle les premières sociétés productrices se mettent en place après cette date (Lesur-Grebremariam, 2009 et 2010 ; travaux de J. Lesur dans Gutherz et al., accepté a et accepté b). Enfin autre indice, dans le pays voisin, en Éthiopie, au nord comme au sud, la céramique n’apparaît pas non plus avant le IVe millénaire BC (Gutherz et al., 2002 ; Fernandez,

2003 ; Gonzalez-Ruibal, 2005 ; Phillipson, 2005 ; Fernandez

et al., 2007 ; Finneran, 2007 ; Hildebrand et Brandt, 2010 ;

Hildebrand et al., 2010).

En deuxième point de repère, il y a le style d’Hara Idé, qui, bien qu’encore insuffisamment documenté en termes de datations radiométriques, pourrait graviter autour du milieu du IIIe millénaire B.C.E.

En troisième point de repère, il y a le style d’Asa Koma/ Wakrita, dont on sait grâce à trois mesures radiométriques récentes que sa datation pourrait se positionner autour du début du IIe millénaire B.C.E.

Enfin, le quatrième repère est matérialisé par les pro- ductions historiques dont on sait qu’elles ne datent pas antérieurement au xvie siècle C.E., moment d’une impor-

tante phase d’aridification incitant à la mise en place du système nomade.

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Jessie Cauliez, Xavier Gutherz et Jean-Michel Pène

À la reconnaissance d’au moins trois faciès distincts, les observations typo-stylistiques et techniques matérialisent tout aussi bien les témoins d’une continuité entre le faciès d’Hara Idé et celui de Tewqo Dhaba, que paradoxalement des affinités entre celui-ci et les productions d’Asa Koma et d’avec celles dites récentes. Par conséquent, il ne nous est à ce jour en aucun cas possible d’envisager une filiation directe, ni même un intervalle de temps pendant lequel les styles sont identifiés, encore moins une plage d’écart entre chaque style. Le style de Tewqo Dhaba au vu de ces observations peut aussi bien être synchrone du faciès d’Hara Idé, que successif à celui-ci, voire postérieur au faciès d’Asa Koma et dans ce cas proche dans le temps des productions récentes. Dans cette configuration, le faciès d’Asa Koma apparaît systématiquement comme à part, marquant comme une rupture temporaire dans les traditions techniques et stylistiques néolithiques.

Un des résultats de ce travail réside aussi dans la mise en évidence de nombreux styles. Que nous dit alors la répar- tition spatiale des sites dans la région en fonction de leur attribution à un faciès particulier ? Fait notable, chaque faciès est très bien délimité dans une zone qui ne se super- pose jamais à celle d’un autre faciès (fig. 72).

Dans l’hypothèse de la synchronie même partielle de ces faciès, c’est donc un paysage polymorphe qui émerge dans la région du Gobaad, dans lequel il n’y a pas d’espaces communs à plusieurs styles. Ce constat peut traduire l’autonomie des groupes producteurs ou consommateurs et une identité culturelle marquée. Cela étant, les similarités observées entre chaque style, s’ils sont en partie synchrones, peuvent aussi démontrer un fort degré d’interdépendance et des interactions denses. D’ailleurs, cette multiplication de styles nettement circonscrits ne doit pas cacher l’existence d’un fonds céramique commun à tous les faciès (fig. 71). Il traduit

Fig. 72 —

Processus de néolithisation dans la Corne de l’Afrique. L’exemple de la République de Djibouti. Premier essai de périodisation céramique (DAO J. Cauliez). 14 15 16 17 18 19 37 38 2022 21 23 2425 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 39 Complexe funéraire acéramique d’Ali Daba IV millénaire B.C. II B.C.Milieu Faciès d’Hara Idé Charnière III -II B.C. Faciès de Tewqo Dhaba ? Premier indice de l’utilisation de la céramique Apparition ? Bovinés et caprinés domestiques

XVI siècle A.C.

Inhumation combinée à des dépôts de faune non domestiquée Dernier indice de production de la céramique. Disparition ? Phase d’aridification Retour à un système nomade Aujourd’hui XIII siècle A.C.

Plus de tradition potière. Importation de jarres à eau éthiopiennes Site d’Handoga Production de céramique Système semi-nomade NÉOLITHISATION PROCESSUS DE NÉOLITHISATION EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI. PREMIER ESSAI DE PÉRIODISATION CÉRAMIQUE Faciès d’Asa Koma/Wakrita Faciès de Tewqo Dhaba ? e e e e e e

Asa Koma et les traditions céramiques néolithiques de la région du Gobaad

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une continuité locale des traditions potières céramiques et surtout l’existence d’un même bassin culturel. Ainsi, les assemblages, tous styles confondus, peuvent montrer des récurrences et une véritable homogénéité typo-technologique, pouvant être synonymes de synchronie ou représentatives du fait que les faciès ont pu se succéder rapidement dans une plage de temps qui ne permet pas l’enregistrement de transformations importantes. Nous pensons notamment aux morphologies des vases qui demeurent dans l’ensemble des faciès simples et dérivées de la sphère ou du cylindre, à la prédominance des formes fermées et à l’exclusivité des contenants à fond arrondi, à l’absence de grands vases de stockage, à la place centrale accordée au décor dans les cortèges (souvent avoisinant les 75 % du NMI), à l’absence d’ornement en relief ou de moyen de préhension et aux techniques de montage au colombin.

Dans l’hypothèse de l’asynchronie, la diversité des styles traduit une occupation constante et dense de la région, avec un déplacement régulier des villages. Les points de conver- gence observés entre les divers faciès peuvent traduire un possible renouvellement des styles en termes d’évolution sur place ; la formation de chaque style pourrait être le fruit de la continuité du style directement précédent. Cela signale l’importance des héritages culturels dans les traditions techniques et stylistiques céramiques. L’existence du fonds commun peut être aussi le témoignage d’une stabilité dans le domaine des productions céramiques dans un grand intervalle de temps. En revanche les aires couvertes par les styles ne reproduiraient pas l’emprise des styles antérieurs. Les limites d’extension sont systématiquement modifiées sans même le partage d’une zone similaire. Cette absence de continuité géographique est difficile pour le moment à interpréter sur le plan anthropologique et en termes de logique d’occupation. Il nous faut pour cela encore attendre l’analyse corrélée des autres artefacts et des modes sépulcraux.

5 La région du Gobaad, réinsertion dans

le cadre plus large de la Corne de l’Afrique

La région du Gobaad est un axe de passage entre la basse vallée de l’Awash, en Éthiopie, et le bassin de Dikhil. Elle forme, à une échelle supérieure, par une série de bas- sins jusqu’au littoral de l’Océan indien, un pivot dans les apports venus de la Péninsule arabique et probablement du sud du continent asiatique. Transferts, interactions et mouvements sont donc possibles dans ce secteur rattaché à la vaste dépression Afar. Pour autant, la néolithisation s’y est produite très tardivement au contraire de régions dynamiques comme l’Égypte ou le Soudan, juste voisines à l’ouest et au nord. Ici, la néolithisation a été plus précoce. Dans le Sahara et notamment dans la région de Khartoum par exemple, un important foyer de domestication du bœuf est attesté dès le Ve millénaire avant notre ère et les

céramiques apparaissent vers le VIIe millénaire avant notre

ère. L’explication donnée à ce décalage chronologique met au premier plan un déterminisme géographique (Gutherz, 2013). Les hauts-plateaux éthiopiens, sorte de barrière

naturelle montagneuse, auraient matérialisé un obstacle dans la diffusion d’une économie de production plus à l’in- térieur des terres et notamment en République de Djibouti (Gutherz, 2008, p. 147).

Comment lire alors dans cette configuration les produits céramiques néolithiques de la Corne de l’Afrique et plus spécialement de la région du Gobaad à Djibouti?

Si nous privilégions pour le Gobaad la piste d’un jalon dans les mouvements de diffusion, les produits céramiques devraient être le reflet d’influences culturelles multiples de la part des centres dynamiques septentrionaux ou occidentaux, que constituent le Soudan à l’ouest, le Yémen au nord et le Kenya au sud. La circulation d’obsidienne est d’ailleurs un marqueur, puisqu’elle est avérée dès le IVe millénaire avant

notre ère entre les deux côtes de la Mer Rouge (Inizan et Francavuglia, 2002 ; Khalidi, 2010). R. Fattovich a pu aussi démontrer que les céramiques découvertes sur de nombreux gisements des régions voisines de Djibouti et en particulier yéménites datés de l’âge du Bronze (Maigret et al., 1990) étaient très proches de celles du Gash Group de Mahal Tegli- nos au Soudan, près de Kassala (2300-1800 B.C.E.). Beaucoup moins diversifiées que les productions djiboutiennes, les séries du Gash Group (Fattovich, 1988, 1993), appelées pour ces rapprochements, rassemblent des céramiques décorées de lignes d’impressions au poinçon circulaire, des décors organisés en figures en pendentifs de rubans verticaux incisés remplis d’impressions rappelant le style d’Asa Koma, ainsi que des trames losangées, des décors de chevrons, des lèvres ornées et des ornements de bandes horizontales de hachures obliques, autant d’éléments présents dans la totalité des styles que nous venons de définir (fig. 73 et 74). Initialement, le Gash Group présente des affinités dans la céramique avec le groupe C nubien (2300-1300 B.C.E.) situé aux confins de l’Égypte et du Soudan et avec le groupe Kerma (2500-1400 B.C.E.) installé à hauteur de la haute Nubie. Ces correspondances ont déjà permis d’avancer que la Corne de l’Afrique dépendait de longue date d’apports venus de la vallée du Nil par le biais du nord de l’Érythrée, en particu- lier pour ce qui concerne l’agriculture et l’élevage (Gutherz et Joussaume, 2000, p. 298). Ceci étant, les proximités sont maigres et pour ainsi dire, la documentation, particuliè- rement indigente pour ces secteurs, ne facilite en rien les confrontations. F. Jesse a publié dans le Journal of African

Archaeology la céramique découverte dans le Ouadi Hariq

au nord-ouest du Soudan (Jesse et al., 2004). Elle l’attribue à l’horizon Handessi du Sahara oriental (2200-1100 B.C.) ; ce dernier est caractérisé par des groupes humains prati- quant le pastoralisme et dont le troupeau était composé de bovinés et de petit bétail (moutons et chèvres). Tout n’est bien sûr pas comparable. Les formes sont plus complexes, les décors s’agencent différemment, mais s’y retrouvent tout de même les thèmes du chevron et du losange pleins d’impressions, les bandes horizontales incisées encadrant des impressions, les bandes de hachures obliques au peigne, reconnus dans les faciès d’Asa Koma, d’Hara Idé ou de Tewqo Dhaba. Pour l’heure donc, le Soudan semble receler le plus de sites révélant des liens d’affinités typologiques, stylis- tiques et technologiques (des décors) avec les collections djiboutiennes. Mais sorte de fonds commun, les éléments

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convoqués pour ces comparaisons ne sont-ils pas présents sur une étendue extrêmement vaste et donc finalement peu discriminants dans toute tentative de confrontation ? À ce stade, nous sommes contraints de rappeler également que les données publiées sur les céramiques découvertes en Afrique de l’Est demeurent rares (Kenya, Yémen, Tanzanie), voire inexistantes à l’exception près des nombreux travaux sur le Soudan et des récentes recherches en Éthiopie. Ces données mettent surtout l’accent sur des pièces prises isolément et non en fonction de leur valeur d’association, extraites de leur assemblage dont la majeure partie n’est généralement pas décrite, ni même illustrée. Il demeure donc délicat d’intégrer ces données à nos propres résultats. C’est ainsi que le dépouillement bibliographique des ouvrages et des revues de référence comme le Journal of African Archaeology, l’African Archaeological Review, Nyame Akuma, L’Anthropologie, le Journal of World Prehistory, le Journal of Archaeological Science ou les actes de colloques d’importance comme ceux du Musée archéologique de Poznan, de la SAfA et du Panaf ou de l’U.I.S.P.P., pour n’en citer que quelques-uns, n’a pas suffi pour trouver des points d’ancrage à nos séries. C’est sans compter aussi sur le fait que les faciès djiboutiens s’insèrent dans une chronologie toute relative et qu’il est difficile, voire impossible alors d’établir des comparaisons valides. Nous l’espérons donc, les travaux à venir diminueront sans doute les échelles géographiques pour trouver un niveau de

résolution plus fin et par conséquent satisfaisant dans les comparaisons en se tournant vers l’Éthiopie ou la Somalie. Il est utile d’ailleurs d’évoquer à ce sujet que dans ces deux pays, les processus liés à la mise en place et au développe- ment des premières sociétés productrices semblent suivre des évolutions arythmiques ou relever de plusieurs cas de figures, ce qui complexifie plus encore la lecture que l’on peut faire des traditions potières à l’échelle de la Corne. En République de Djibouti, l’apparition des premières sociétés productrices est pour le moment calée vers le IVe millénaire

B.C.E. Si l’on prend le cas de l’Éthiopie, les situations au sein du pays sont multiples. Le plateau éthiopien semble être resté à l’écart de la néolithisation jusqu’à une période très tardive (au moins jusqu’au changement d’ère). Les études conduites à l’abri de Moche Borago (Gutherz et al., 2002 ; Lesur et al., 2007 ; Gutherz 2013) font ressortir par exemple une apparition tardive de la céramique dans la deuxième moitié du premier millénaire B.C.E. Les niveaux de base de cet abri ont en fait livré une datation de la fin du IVe ou du

début du IIIe millénaire B.C.E., mais correspondraient à une

fréquentation par des occupants privilégiant la chasse au buffle et n’utilisant pas la poterie, où rien n’évoque donc une économie de production. Au nord-ouest de l’Éthiopie, à la proximité du Soudan, des sites comme ceux récemment fouil- lés de K’aaba et Bel K’Urk’Umu (Assosa, Benishangul-Gumuz regional state), ont eux livré les témoins de l’occupation des

Fig. 73 —

Éléments de comparaison : la céramique de Mahal Teglinos

Asa Koma et les traditions céramiques néolithiques de la région du Gobaad

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lieux par les premiers bergers à des dates avoisinant les 3800 B.C.E. (Fernandez et al., 2007). Quand au sud-ouest du pays, céramiques et animaux domestiques apparaissent vers 500 B.C.E., c’est du moins ce qu’a confirmé le programme Kafa grâce la prospection de plus de dix gisements (Hildebrand et Brandt, 2010 ; Hildebrand et al., 2010). Que dire maintenant de la Somalie ? Les prospections menées ces dernières années au Somaliland, toujours dans le cadre du programme sur « les Premières sociétés de production dans la Corne de l’Afrique », n’ont permis de découvrir au pied des nombreux abris sous roche sondés comme celui exceptionnel de Las Geel, que quelques rares tessons à la surface du sol et d’attribution chronologique incertaine (Gutherz et al., 2003 ; Gutherz, 2013). Ce site est implanté dans un massif granitique et rassemble plus de 800 panneaux peints. Le style des figurations et la faune représentée dateraient le site au Néolithique. Des mesures chronométriques ont été faites dans les niveaux sondés au pied des représentations graphiques. Elles donnent comme intervalle 2880-2480 B.C.E. et 3500-3440 B.C.E. (ibid.). On ne sait toutefois pas si ces niveaux sondés sont à corréler directement avec l’art rupestre, bien que des bâtons d’ocre y aient été retrouvés et ont peut-être servi la décoration de ces plafonds. Des populations pastorales néolithiques très mobiles ont donc pu dans cette partie de la Corne ignorer ou délaisser tout simplement l’usage de la poterie, surtout qu’il n’y a à ce jour aucun autre site à poterie découvert au Somaliland. Dans toutes ces régions, les décalages dans l’apparition de l’usage de la poterie, mais plus encore dans la mise en place des premières sociétés pastorales montrent, en somme, que les situations diffèrent autant que les espaces géographiques.

Que dire enfin des styles que nous avons définis à l’échelle de la République de Djibouti? Qu’ils soient synchrones ou déployés sur plusieurs millénaires, les trois faciès identifiés, celui d’Asa Koma, d’Hara Idé et de Tewqo Dhaba, témoignent de l’importante diversité des ensembles céramiques pour un secteur, le Gobaad, évalué à près de cinq cent kilomètres carrés. Plus au nord au fond du golfe de Tadjourah, dans l’axe du rift d’Asal, d’autres styles ont de plus été décrits sur les sites côtiers du Ghoubbet (fig. 42) par B. Poisblaud pour le IIIe

millénaire avant notre ère. Reconnus sur les établissements de Wadar Guita, de Dankalelo Plage, d’Adayle, de Dankalelo Amo et d’Asar Ragid, ils matérialiseraient l’installation temporaire de groupes venus récolter le sel et pêcher si nous en jugeons par les microlithes et les pics triédriques en basalte ou en rhyolite retrouvés en nombre à la surface de tous les sites dont la majorité sont des amas coquilliers d’huîtres, des structures funéraires ou des aménagements circulaires en basalte interprétés comme des systèmes de calage de huttes en matériau périssable (Poisblaud, 1999). Les collections céramiques récoltées seraient surtout caracté- risées par des décorations imprimées au peigne, des motifs cannelés prenant la forme de lignes rectilignes ou brisées ou délimitant des bandes horizontales hachurées d’impressions peignées (Gutherz et Joussaume, 2000, p. 307). Les agréments ne couvrent pas les vases et sont plutôt épars. Impressions au poinçon ovalaire ou digitées composent également les corpus. Les formats de volumes modestes, tels que des écuelles et des gobelets, s’inscrivent dans des morphologies simples

toujours à fond rond (Poisblaud, 1999, p. 200-226). D’autres gisements ont également été prospectés et fouillés dans les montagnes du Day au nord du Ghoubbet, comme celui de Marrahogoup, de Kenanisi et d’Asghoumati. Contemporains ou légèrement postérieurs aux établissements du sud du Ghoubbet, ils seraient datés de la deuxième moitié du IIIe

millénaire avant notre ère par deux datations radiocarbones et la présence de formes très élaborées (Poisblaud, 2002, 2003). Ces morphologies de types coupes à socle et cruches à bec verseur sont rapprochées en effet par l’auteur de la Péninsule Arabique, séparée de Djibouti par une vingtaine de kilomètres seulement au débouché de la Mer Rouge dans le Golfe d’Aden. Le site d’Asghoumati, devenu éponyme de la culture de l’Asghoumatien présente désormais sur une vingtaine de sites dans les Monts Goda, livre également un cortège de formes simples globulaires peu profondes, des vases ouverts majoritaires, des décors en relief de bouton et des décors de lignes droites ou courbes estampées à la coquille et au poinçon. L’ornementation est très aérée, jamais couvrante et installée dans la partie supérieure du vase. Si B. Poisblaud envisage une possible filiation entre les styles définis sur les gisements du Ghoubbet et ceux de la Montagne du Day, car un motif, celui du chevron pseudo-excisé, est développé dans les deux secteurs, aucun lien n’est encore réellement établi (Poisblaud, 2002, p. 213 ; 2003). Aujourd’hui malheureusement, nulle comparaison n’a encore été faite entre les productions de nos trois faciès du Gobaad avec les éléments recueillis ces dernières années sur les sites du Ghoubbet et plus récemment avec ceux récoltés dans l’arrière-pays montagnard (chaîne du Day). Malgré cet écueil, nous retiendrons tout de même que pour un espace géographique restreint comme celui de la République de Djibouti, la densité de styles céramiques

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