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6 3 Fouille de la sépulture

Dans le document Asa Koma (Page 40-43)

Repérée en 1989, la sépulture 3 avait à nouveau été partiellement dégagée en 1994 à l’occasion du relevé de la grande coupe longitudinale de la grande tranchée. Il faut rappeler ici qu’avant de la qualifier avec certitude de sépul- ture, on savait seulement qu’il s’agissait d’un amas de blocs semblant combler une fosse et contenant à sa base quelques

fragments d’os humains. En 1989, la fouille intégrale de la sépulture 2 avait mis en évidence le creusement d’une fosse (occupant le carré A3) au sommet de la couche d’altération du substrat basaltique. C’est cette fosse qui abritait le corps de la jeune femme inhumée en position contractée. On avait alors observé que le rachis reposait en partie contre un gros bloc de basalte en bordure nord-ouest de la fosse. Ce bloc est apparu comme appartenant à une sorte de cairn. Le nettoyage entre les blocs dans la coupe nord-ouest du carré A3 fit alors apparaître de nouveaux ossements appartenant à un adulte âgé. On trouvera la description détaillée de cette sépulture dans le chapitre qui est consacré aux trois sépultures fouillées sur le site (Duday et Cros, ce volume, chapitre 7).

Cette dernière campagne permit de façon générale de compléter les observations déjà réalisées sur le terrain et elles parurent alors suffisantes pour que l’on puisse envisager de mettre un terme aux missions de fouilles sur ce site. Dans un autre contexte avec des conditions de fouille plus optimales il aurait sans doute été intéressant d’étendre encore ces décapages. L’occupation néolithique s’étend manifestement bien au-delà des surfaces fouillées qui atteignent 70 m2. On

peut considérer que les parties épargnées par nos travaux constituent une réserve archéologique exceptionnelle pour de futures recherches.

À l’issue des enregistrements de terrain qui ont été réa- lisés au cours de ces quelques missions successives, il nous est possible de restituer ici un plan général des structures découvertes. On doit à Yoann Thouvenot d’avoir réalisé ce plan d’après l’ensemble des relevés partiels qui lui ont été confiés (fig. 12).

6.4 Intervention de spécialistes

6.4.1 Micromorphologie

Un échantillonnage des divers dépôts rencontrés sur le site a été effectué par Dominique Sordoillet en vue d’une caractérisation sédimentologique (fig. 7). L’objectif était de recueillir les informations de terrain incluant des pré- lèvements afin de réaliser une étude micromorphologique portant sur quelques échantillons choisis. Cette étude devait permettre de retrouver l’origine des principaux matériaux constitutifs et leur mode de mise en place. Concernant l’ensemble inférieur, le prélèvement d’un échantillon lors de cet campagne (AK 96 M14) avait pour but de confirmer le caractère d’altérite de cette formation. Elle devait per- mettre d’autre part de caractériser les apports sédimentaires naturels dérivés du substrat et susceptibles de se retrouver dans les dépôts archéologiques.

L’analyse de lames prises dans les niveaux typiquement anthropiques avait pour but d’aborder les questions relatives à la fonction du site et au rythme d’occupation, la déter- mination des constituants anthropiques et l’étude de leur mode d’assemblage devant apporter des informations sur les activités humaines et sur le caractère en place ou rema- nié des dépôts. L’étude des cendres était destinée à fournir des indications sur la fonction des foyers. L’influence des facteurs naturels de sédimentation et de transformation

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Xavier Gutherz et Guedda Mohamed Ahmed

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13 12 11 10 09 08 07 06 05 04 03 02 01 00 -01 -

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Substr at 2 m 22 33 -20 38 37 32 T 35 24 37 47 33 22 56 58,5 55,5 A3 cér amique molett e fo yer / sédimen t brûlé fouilles 1996 fouilles 1988 / 1989 / 1994 pier res fr agmen t de meule fouilles 1986 AK 89.3 AK 89.2 AK 88 3.3 AK 88 3.2 AK 88 3.1 AK 88 3.0 Fig. 12 —

Plan génér al des fouilles cum ulant les résultats de toutes les campagne s a vec figur ation de l’ensemb le des aménagements anthropiques (fo yer s, sépultures, groupements de pier res non str ucturés). D AO Yoann Thouv

enot d’après les plans de div

er

s auteur

Historique des recherches sur le site d’Asa Koma

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post-sédimentaire devait être également approchée par la micromorphologie. Ces objectifs définis dès cette campagne de fouilles ont en fait été atteints beaucoup plus tard, c’est- à-dire en 2010, lorsque l’étude des lames minces réalisées à partir de prélèvements a pu enfin être réalisée. Dans ce volume, D. Sordoillet présente les résultats de cette étude qui sont déterminants pour la compréhension des activités qui ont pu se dérouler pendant l’occupation du site.

6.4.2 Anthracologie

La présence sur le terrain de l’anthracologue Stéphanie Thiebault au cours de cette campagne de fouilles avait pour but d’effectuer un relevé de la végétation actuelle sur et autour du site d’Asa Koma. Pour ce faire, Stéphanie Thiébault s’est servie des ouvrages de Audru et al. 1987 ; Audru et al. 1994 très bien documentés et a fait appel sur place aux connaissances de Guedda Mohamed Ahmed, chercheur à l’ISERST. Elle a également réalisé une récolte de bois actuels afin de constituer la première partie d’une collection de comparaison qui n’existait pas en France.

Enfin, dans le but d’analyser la raison de l’abondance des Chénopodiacées qui avait été mise en évidence dans le travail universitaire de Thiam El Hadji Ibrahima (1994) consacré à une première analyse des charbons de bois du site, des prélèvements systématiques de charbons dans les carrés fouillés ont été réalisés et en particulier lorsque ceux-ci contenaient des foyers à pierres chauffées. Il s’agissait de savoir si cette abondance n’était pas due à des phénomènes de fragmentation mais bien à une récolte (opportuniste ou préférentielle ?) de cette espèce. On trouvera l’analyse de ces prélèvements et la discussion qui en découle dans la suite de cet ouvrage (Newton, ce volume, chapitre 6).

6.4.2 Ichtyologie

S’agissant des restes osseux de poisson, l’intervention de Fabienne Pigière avait pour but de tester les méthodes de collecte de ces vestiges.

Pour assurer la représentation de toutes les espèces à leur juste proportion, il est indispensable de tamiser le sédiment. Cependant, un tamisage systématique du sédiment n’était pas réalisable dans les délais de la fouille et Fabienne Pigière a donc conçu une stratégie d’échantillonnage assurant la représentation qualitative et quantitative de l’ichtyofaune fossile.

On résumera ici les différentes étapes de la collecte des ossements de poissons. L’échantillonnage a été réalisé de manière aléatoire, par décapage, sur toute la surface fouillée. Le volume du sédiment ainsi prélevé était systématiquement déterminé. Le tamisage à sec des échantillons et le tri des refus de tamis ont été effectués sur le site. Des tamis de 1 mm et 0,5 mm ont été utilisés. Cette dernière maille four- nissant très peu d’ossements déterminables, les restes de poissons issus de ce tamis n’ont pas été prélevés. En fin de campagne on disposait donc, pour l’étude, des ossements de poissons provenant de 35 échantillons tamisés à la maille de 1 mm. Le chapitre consacré à l’étude de la faune et de l’usage qui en a été fait par les occupants du site a intégré comme il se doit ces données de terrain (cf. Lesur et al., ce volume, chapitre 5).

7 Après 1996

L’hiver 1996 a donc été la dernière étape d’une série de campagnes de fouilles réalisées depuis 1986 à Asa Koma sur des durées assez courtes allant de 10 à 20 jours au maximum. Nous devons cependant mentionner une dernière opération réalisée beaucoup plus tard, en 2010 qui permit de compléter les informations déjà recueillies sur le site. D’une part, un plan topographique des contours de la butte volcanique d’Asa Koma a été réalisé avec l’aide d’un GPS et les principales structures bâties postérieures à l’occupation néolithique ont été localisées sur ce plan (travaux X. G et J.-M. P.).

D’autre part, la tourelle construite à une date indéter- minée au sommet de la butte a été démontée afin de voir si elle ne recouvrait pas des structures plus anciennes. Ce démontage et un sondage réalisé dans le sol sous-jacent ont montré qu’il s’agissait bien d’une construction récente, peut-être due à des militaires français, et que sa base repose à la surface du sol qui couronne les niveaux archéologiques. La préparation de la publication monographique inter- disciplinaire a ensuite pris de longues années et on peut en comprendre les raisons : manque de disponibilité de plusieurs membres de l’équipe, manque de moyens financiers permettant d’assurer une rémunération aux contributeurs sans statut d’emploi. Il faut cependant rappeler que le site est loin d’être resté inédit et inconnu de la communauté scientifique. En 1996, est paru un premier bilan des fouilles d’Asa Koma sous la forme d’un article de 42 pages dans le Journal des Africa-

nistes. Ce bilan s’appuyait sur les fouilles réalisées de 1986 à

1994. D’autres articles et une thèse de doctorat publiée ont permis de développer certains aspects des travaux réalisés sur le site et grâce aux données recueillies : l’économie de subsistance (Gutherz 1996), la faune et la domestication ani- male (Guérin et Faure 1996 ; Van Neer et Lesur 2004 ; Lesur 2007 ; Lesur-Gebremariam 2010), la céramique (Cauliez et al. 2008), l’adaptation aux contraintes environnementales (Lesur Gebremariam et al. 2010) ; la végétation et l’usage du bois (Newton et al. 2008). Ces travaux et la poursuite de recherches localisées dans le bassin du Gobaad, sur les rives de l’oued Dagadlé, dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour du site, ont permis de replacer les fouilles d’Asa Koma dans leur contexte chrono-culturel de la Préhistoire récente de la Corne de l’Afrique (Joussaume et al. 1991 ; Joussaume 1995 ; Gutherz et Joussaume, 2000 ; Gutherz 2008). En 2001, 2002 et 2003, des travaux ont été réalisés sur un site distant de 8 km d’Asa Koma, le site d’Hara Idé qui comprend des secteurs où se concentrent des structures de combustion et d’autres où se trouvent groupées quelques sépultures individuelles. La céramique qui y a été découverte s’apparente à un autre faciès que celui d’Asa Koma. Les fouilles conduites en 2005 et 2006 sur le site d’habitat de Wakrita, distant de 3 km seulement d’Asa Koma, ont en revanche permis de conforter les données recueillies sur ce dernier site, puisque cet habitat lui est contemporain et offre du point de vue de la culture matérielle et du point de vue de l’économie de subsistance de très fortes similitudes. Un peu plus tard, à partir des années 2010, deux autres sites correspondant à des habitats néolithiques ont pu faire l’objet de fouilles extensives et cette méthode a permis de décaper sur d’importantes surfaces des aménagements

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Xavier Gutherz et Guedda Mohamed Ahmed

comprenant de nombreux foyers empierrés et des traces de construction en bois matérialisées par des groupements de trous de calage de poteaux. Le site d’Antakari nord-est appartient à un troisième faciès céramique alors que celui d’Hedayto le Dora se rattache au faciès identifié à Hara Idé. La publication de 2008 (Cauliez et al., op. cit.) s’attache à décrire les principaux caractères de ces trois faciès céramiques. Pour ce qui est du volet funéraire du programme d’étude des cultures néolithiques du bassin du Gobaad, les fouilles de sépultures dirigées par Henri Duday de 2001 à 2006, puis celles qui sont actuellement conduites par Stéphane Hérouin ont été nombreuses et variées. Le chapitre 8 de ce volume établit un premier bilan.

Bibliographie

Liste des publications issues en partie ou en totalité

Dans le document Asa Koma (Page 40-43)