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Théorème de Kaplanski

Dans le document Etats, idéaux et axiomes de choix (Page 140-145)

5.8 Théorème de Kaplanski et Théorème de Kadison

5.8.1 Théorème de Kaplanski

5.8.1.1 Topologie associée à des semi-normes ([20, p.256] et Annexe B)

Soit E un K-espace vectoriel (K = R ou C).

Si (Nt)t∈T est une famille de semi-normes sur E, la topologie associée aux semi-normes

Nt est la topologie engendrée par toutes les semi-boules possibles associées à toutes ces semi-normes :

BNt(a, r) ∶= {x ∈ E ∣ Nt(x − a) < r}, t ∈ T, a ∈ E, r ∈ R+

Chacune des semi-normes Nt est continue pour cette topologie.

Remarque 5.8.1.

Étant donnés un ensemble X et B une famille de partie de X, on précise que la topo-logie engendrée par la famille B est constituée des réunions quelconques d’intersections finies d’éléments de B.

Exemple 5.8.1.

Si E est un K-espace vectoriel normé (K = R ou C), alors l’espace B(E) des opérateurs continus de E dans E peut-être muni de :

— la topologie τU OT, qui est la topologie associée à la norme uniforme d’opérateurs sur B(E), qui, on le rappelle, est définie pour tout u ∈ B(E) par ∣∣u∣∣ = sup

∣∣x∣∣≤1∣∣u(x)∣∣.

— la topologie τSOT, qui est la topologie associée aux semi-normes Nxu ↦ ∣∣u(x)∣∣

lorsque x décrit E.

— la topologie τW OT, qui est la topologie associée la famille de semi-normes Nx,f

u ↦ f (u(x)) lorsque x décrit E et f décrit E (Edésignant le dual continu de E).

On démontre que τW OTτSOTτU OT (Annexe B).

5.8.1.2 B(H) muni de la topologie τSOT vérifie la propriété CHB dans ZF

K désigne R ou C.

On énonce un résultat sur les formes sous-linéaires continues pour une topologie asso-ciée à une famille de semi-normes. On reprend pour cela un résultat de [51, p.267], qu’on adapte aisément aux formes sous-linéaires :

Soit E un K-espace vectoriel muni de la topologie τ engendrée par une famille de semi-normes (Nt)t∈T sur E. Soit p ∶ E → R une forme sous-linéaire. Alors p est τ -continue si et seulement si il existe M ≥ 0, k ∈ N et t1, . . . , tkT tels que :

x ∈ E ∣p(x)∣ ≤ M sup

i∈{1,...,k}Nti(x)

Remarque 5.8.2.

— On note Nla norme sur Rkdéfinie pour tout (a1, . . . , ak) ∈ Rkpar : N(a1, . . . , ak) = sup

i∈{1,...,k}ai∣.

Soit x ∈ E : on remarque alors que sup

i∈{1,...,k}Nti(x) = N(Nt1(x), . . . , Ntk(x)). Toutes

les normes de Rk étant équivalentes : si N est une norme quelconque sur Rk, il existe C ∈ R tel que NCN .

La proposition précédente se généralise donc : il existe k ∈ N, t1, . . . , tkT tel que

quelque soit la norme N sur Rk on puisse trouver un réel M ≥ 0 vérifiant :x ∈ E ∣p(x)∣ ≤ M × N (Nt1(x), . . . , Ntk(x))

— Soit E un K-espace vectoriel normé. On munit le K-espace vectoriel normé B(E) des applications linéaires continues de E dans E de la topologie τSOT. Étant donnée une forme sous-linéaire τSOT-continue sur B(E), la Proposition 5.8.1 assure qu’il existe k ∈ N, x1, . . . , xkE et M ≥ 0 tels que

u ∈ B(E) ∣p(u)∣ ≤ M × N (∣∣u(x1)∣∣, . . . , ∣∣u(x1)∣∣) où N est la norme hilbertienne de Rk.

Étant donné un R-espace vectoriel topologique E dont la topologie est notée τ , on rappelle la propriété CHBE :

CHBE : pour toute forme sous-linéaire p ∶ E → R τ -continue il existe une forme linéaire f ∶ E → R telle que f ≤ p.

Théorème 5.8.1.

Soit H un espace de Hilbert. On munit le R-espace vectoriel B(H) des opérateurs continus de H dans H de la topologie τSOT. Alors, dans ZF, B(H) muni de cette topologie τSOT satisfait la propriété CHB.

Preuve :

Soit p ∶ B(H) → R une forme sous-linéaire τSOT-continue. Comme B(H) est muni de la topologie associée à une famille de semi-normes Nxu ↦ ∣∣u(x)∣∣ lorsque x décrit H,

on en déduit, grâce à la Remarque 5.8.2, qu’il existe k ∈ N, x1, . . . , xkH et M ≥ 0 tels

que :

u ∈ B(H) ∣p(u)∣ ≤ M × N (∣∣u(x1)∣∣, . . . , ∣∣u(x1)∣∣) où N est la norme hilbertienne de Rk.

On considère une forme bilinéaire symétrique positive sur B(H), notée ⟨., .⟩, définie pour tous u, v ∈ B(H) par :

u, v⟩ ∶=

k

i=1

u(xi), v(xi)⟩

Muni de ce semi-produit scalaire, B(H) est un espace semi-préhilbertien : la remarque

3.2.3 assure alors que, dans ZF, B(H) vérifie CHB pour la topologie de la semi-norme associée à ce semi-produit scalaire ⟨, ⟩. Comme p est τSOT-continue, l’inégalité précédente assure qu’elle est également continue pour la topologie de la semi-norme associée à ce semi-produit scalaire : il existe donc une forme linéaire f ∶ B(H) → R telle que f ≤ p.

Remarque 5.8.3.

Le R-espace vectoriel B(H) muni de la topologie τSOT est un R-espace vectoriel to-pologique localement convexe qui vérifie la propriété CHB et donc GHB (voir Section

3.2.4) : si C est un convexe fermé non vide de B(H) et K un convexe compact non vide de B(H) disjoint de C, alors il existe une forme R-linéaire f sur E telle que supKf < infCf .

5.8.1.3 Le théorème de Kaplanski, dans ZF

Le théorème de Kaplanski (Théorème 5.8.3) repose sur le résultat suivant (qui se fait dans ZF, d’après le Théorème 5.8.1) :

Théorème* 5.8.2. [51, p.128]

Soient H un espace de Hilbert et C un convexe de B(H). Alors C est τSOT-fermé si et seulement si C est τW OT-fermé.

Preuve :

La preuve de [51, p.128] repose sur le fait que B(H) muni de la topologie τSOT vérifie

CHB, ce qui, d’après le Théorème 5.8.1, se prouve dans ZF.

Théorème* 5.8.3 (Théorème de Kaplanski). [51, p.131]

Soient H un espace de Hilbert et A une C-sous algèbre unitaire de B(H). En notant

XS l’adhérence pour la topologie τSOT d’une partie X de B(H) on a : 1. Asa est τSOT-dense dans (AS)sa i.e. :

AsaS = (AS)sa

2. La boule unité fermée de Asa est τSOT-dense dans la boule unité fermée de (AS)sa.

Preuve :

On esquisse la preuve du premier point (voir [51, p.131]). — Montrons que (AS)saAsaS.

Soit u ∈ (AS)sa : il existe un net (ui)i∈I d’éléments de A qui converge vers u pour

L’involution étant continue pour la topologie τW OT ( [51, p.126]), et comme u hermitien, il vient (u

i)i∈I converge vers u pour la topologie τW OT, puis (Re(ui))i∈I

converge vers u pour la topologie τW OT. Ainsi u ∈ (Asa)

W

. Or Asa étant convexe, le Théorème5.8.2 assure que u ∈ (Asa)

S

= (Asa)

W

. — Montrons que AsaS⊆ (AS)sa

Si u est limite d’un net (ui)i∈I d’éléments de Asa pour la topologie τSOT, et donc pour la topologie τW OT, alors comme u

i =ui et que l’involution est continue pour la topologie τW OT, il vient que u = u donc u est hermitien. De plus u ∈ AS, ce qui

achève la preuve.

5.8.1.4 Un résultat sur le bicommutant et une caractérisation des représen-tations irréductibles

Dans le but d’obtenir une caractérisation des représentations irréductibles (Théorème

5.8.4, page 142), on énonce quelques résultats sur les commutants :

On rappelle que si A est un anneau et C une partie de A, le commutant de C est l’ensemble C des éléments de A qui commutent avec les éléments de C. On remarque

que C est lui même un anneau.

Le bicommutant de C, noté C′′ est (C).

Proposition* 5.8.2. [20, p.280]

Soient H un espace de Hilbert et A une partie de B(H). Le commutant A de A est

fermé pour la topologie τW OT et donc pour la topologie τSOT.

Preuve :

Soit u un élément de l’adhérence de A pour la topologie τW OT : il existe un net (vi)i∈I

d’éléments de A qui converge vers u pour la topologie τW OT i.e.

x, y ∈ H, ⟨vi(x), y⟩ →

i∈Iu(x), y⟩

. Soit a ∈ A, montrons que au = ua.

Soient x, y ∈ H, on sait que ⟨avi(x), y⟩ = ⟨vi(x), ay⟩ converge vers ⟨u(x), ay⟩ =

au(x), y⟩. Donc le net (avi)i∈I converge vers au pour la topologie τW OT.

Or comme ∀i ∈ I, viA, le net (via)i∈I converge vers au pour la topologie τW OT. Ce

net converge aussi vers ua donc comme la topologie τW OT est séparée on obtient au = ua. Ainsi, l’élément u appartient à A.

Par conséquent A est τW OT-fermé donc τSOT-fermé.

Lemme* 5.8.1. [51, p.115]

Soient H un espace de Hilbert et n ∈ N. On peut identifier Mn(B(H)) à B(Hn)grâce aux applications suivantes, isomorphismes réciproques l’une de l’autre :

ϕ ∶ Mn(B(H)) → B(Hn) Uϕ(U ) ∶ HnHn XU X et ψ ∶ B(H n) → Mn(B(H)) f ↦ (pif ○ canj)i,j où :

— Pour tout i ∈ {1, . . . , n} on note pi l’application suivante :

piHnHn

(x1, . . . , xn) ↦ xi

— Pour tout j ∈ {1, . . . , n} on note canj l’application suivante :

canjHHn

x ↦ (0, . . . , x

jeme, 0, . . . , 0) Remarque 5.8.4.

— Si u ∈ B(H), on rappelle que l’on note u son opérateur adjoint.

— Tout élément U = (uij)i,j de Mn(B(H)) admet pour adjoint U= (u

ji)i,j.

— L’espace Hn est un espace de Hilbert pour le produit scalaire défini pour tout ⎛ ⎜ ⎝ x1 . . . xn ⎞ ⎟ ⎠ , ⎛ ⎜ ⎝ y1 . . . yn ⎞ ⎟ ⎠ ∈Hn par : ⟨ ⎛ ⎜ ⎝ x1 . . . xn ⎞ ⎟ ⎠ , ⎛ ⎜ ⎝ y1 . . . yn ⎞ ⎟ ⎠ ⟩ = nk=1xk, yk⟩.

Tout élément f de B(Hn) admet donc un opérateur adjoint f. C’est l’unique

opérateur de Hn dans Hn vérifiant :

X, Y ∈ Hnf (X), Y ⟩ = ⟨X, f(Y )⟩

Or, il existe un unique U ∈ Mn(B(H)) tel que f = ϕ(U ) et on vérifie aisément

que :

X, Y ∈ Hnf (X), Y ⟩ = ⟨X, ϕ(U)Y ⟩

Donc f= (ϕ(U )) =ϕ(U) : ϕ est donc un ∗-isomorphisme.

Remarque 5.8.5.

— si u ∈ B(H), on pose ˜u ∈ B(Hn)défini pour tout (x1, ..., xn) ∈Hnpar ˜u(x1, ..., xn) = (u(x1), ..., u(xn)). Dans ce cas, ψ(˜u) = u.̃IdH =u.In où In est la matrice identité de Mn(B(H)).

— Si A est une ∗-sous algèbre de B(H), on pose ˜A = {˜a ∣ a ∈ A} et dans ce cas, ˜A est

isomorphe à {aIna ∈ A} donc ˜A est isomorphe à (AIn)=Mn(A).

Proposition* 5.8.3. [51, p.115]

Soient H un espace de Hilbert et A une ∗-sous algèbre de B(H) tel que Id ∈ A. Alors A est dense dans A′′ pour la topologie τSOT i.e. AS =A′′ (où AS désigne l’adhérence de

A pour la topologie τSOT).

— La Proposition5.8.2assure que A′′est fermée pour la topologie τSOT donc ASA′′.

— Pour l’autre inclusion, nous évitons l’utilisation de l’axiome du choix. En effet, la preuve proposée dans [51, p.115] utilise le critère séquentiel suivant (qui nécessite de l’axiome du choix) : “Soient X un espace métrique X et A une partie de X, un élément x est dans l’adhérence de A si et seulement si x est limite d’une suite d’éléments de A”. Afin de ne pas utiliser ce critère, nous procédons en deux étapes : — ÉTAPE 1 :

Soient u ∈ A′′, ε > 0 et x ∈ H. Posons K = {v(x), v ∈ A} (adhérence de {v(x), v ∈

A} pour la topologie de la norme sur H). Comme K est un sous-espace vectoriel

fermé de H, on peut considérer la projection orthogonale PK sur K.

On remarque que K est stable par A. Soit a ∈ A : on a a[K] ⊆ K et comme

a A, on a aussi a[K] ⊆ K. Ainsi K est stable par a et a donc pKa = apK.

Donc pKA et comme u ∈ A′′, upK=pKu.

Comme x = Id(x) ∈ K il vient upK(x) = u(x) = pKu(x) donc u(x) ∈ K. Il existe

donc v ∈ A tel que ∣∣v(x) − u(x)∣∣ < ε — ÉTAPE 2 :

Soient u ∈ A′′, (x1, ..., xn) ∈Hn, ε > 0 et V ∶= {v ∈ B(H) ∣ ∀i ∈ {1, ..., n}, ∣∣u(xi) −

v(xi)∣∣ <ε}. Montrons que ce voisinage (pour la topologie τSOT) de u rencontre

A.

On pose ˜u ∈ B(Hn) défini pour tout (y1, . . . , yn)) ∈ Hn par ˜u(y1, . . . , yn) = (u(y1), . . . , u(yn)), et ˜A = {˜a, a ∈ A}.

L’application ˜u ∈ B(Hn) peut être identifiée à la matrice uIn de Mn(B(H))

(grâce au Lemme 5.8.1). Soit M ∈ Mn(A) alors comme u ∈ A′′, uIn commute

avec M donc uInMn(A). Ainsi comme Mn(A) est isomorphe à ˜A il vient

que ˜u ∈ ˜A′′donc en appliquant l’ÉTAPE 1 à ˜A, ˜u, (x1, ..., xn)et Hn, il existe ˜v ∈

˜

A tel que ∣∣˜v(x1, ...xn) −u(x˜ 1, ..., xn)∣∣<ε i.e. ∀i ∈ {1, ..., n}, ∣∣v(xi) −u(xi)∣∣ <ε.

On en déduit que V rencontre A donc A est dense dans A′′ pour la topologie

τSOT.

On peut maintenant énoncer la caractérisation suivante :

Théorème* 5.8.4. [51, p.120]

Soit A une C-sous algèbre de B(H). On considère l’injection canonique π ∶ A →

B(H) : (π, H) est une représentation de la C-algèbre A. La représentation (π, H) est

topologiquement irréductible si et seulement si A est τSOT-dense dans B(H).

Preuve :

Si la représentation (π, H) est irréductible, alors le commutant A de A est A= C Id

(Théorème 5.6.2) donc le commutant A′′ de A est A′′ = (C Id) = B(H). Comme A est

τSOT-dense dans A′′ (Proposition 5.8.3) on a le résultat.

Voir [51, p.120] pour la réciproque.

Dans le document Etats, idéaux et axiomes de choix (Page 140-145)