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Partie 1: Les XVIIe et XVIIIe provinces de Haute Egypte

A. Introduction générale

2. Territoires, villes et cultes

La répartition du territoire en quarante-deux districts s'est fixée dans les temples tardifs.

Transmis par des listes, que les scribes copièrent à partir de modèles que l'on suppose remonter aussi haut que l'Ancien Empire, les quarante-deux nomes réunis, vingt-deux au sud et vingt au nord, constituaient une sorte de tableau exhaustif du territoire égyptien148.

Pourtant, on s'en doute, le nombre, les capitales et bien sûr les limites des provinces n'ont cessé de varier, en fonction de l'évolution des structures sociales, politiques et agronomiques du moment149. Alors que les références aux dispositions ancestrales ne manquèrent jamais150, les rédacteurs de relevés agraires, d'onomastiques, d'inscriptions "historiques", tinrent compte des facteurs nouveaux, tels que la naissance, le déclin ou la croissance des villes.

Les scribes des temples ne firent pas de même. Travaillant en théologiens plutôt qu'en géographes, ils ne modifièrent les listes qu'avec beaucoup de réserve, livrant à la postérité des textes composés de données anciennes, dans la langue archaïque et difficile des archives.

Comme le résume si bien l'égyptologue français J. Yoyotte, "ces processions n'avaient guère plus de rapport avec la liste contemporaine des vrais nomes que les diocèses ecclésiastiques n'en ont avec nos départements républicains"151.

Le décalage entre les données géographiques des listes des temples et les indications topographiques "réelles", elles-mêmes souvent difficiles à interpréter, a donné bien du fil à

148 Une présentation détaillée des processions géographiques, évoquant notamment le problème du nombre de provinces inventoriées par les listes, figure plus bas, aux pages 33-37.

149 Sur les nomes aux époques tardives (nombre, dénomination et localisation), l'ouvrage de H. Gauthier, Les nomes de l'Egypte depuis Hérodote, Le Caire 1935, demeure aujourd'hui encore la référence principale. Sur la notion de nome notamment dans l'administration ptolémaïque, cf. J. Yoyotte dans Strabon, le voyage en Egypte, Paris 1997, p. 66-68, n. 19-22.

150 Cf. J. Yoyotte, "nomes", Dictionnaire de la civilisation égyptienne, Paris 1959 et 1970, p. 191 qui cite une inscription de la tombe de Khnoumhotep II, à Béni Hassan (no 3), dans le XVIe nome de Haute Egypte (Urk.

VII, 27, 11-16/Newberry, Beni Hasan I, pl. XXV, col. 38-45) qui dit: "Le roi Amménémès I (...) restaura ce qu'il trouva en désordre, séparant chaque ville de sa voisine; il fit que chaque ville connût sa frontière et il rétablit leurs bornes-limites, lesquelles furent aussi stables que le ciel. Il répartit leurs eaux d'après ce qui était dans les livres, évaluant leurs impôts d'après les écrits anciens". Pour Cl. Vandersleyen, L'Egypte et la vallée du Nil 2: De la fin de l'Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire, Paris 1995, p. 48, il n'est pas question, dans ce texte, d'une réforme administrative générale, mais d'une intervention ponctuelle visant à mettre un terme à des guerres d'influence entre des nomes de Moyenne Egypte. Nous reviendrons sur cette inscription plus bas car il y est fait allusion aux frontières du XVIIe.

151 Dictionnaire de la civilisation égyptienne, p. 192. L'étude ancienne sur les nomes de G. Steindorff, Die ägyptischen Gaue und ihre politische Entwicklung, Abh. der königl. sächs. Gesell. der Wiss. XXV, Leipzig 1909, pp. 863-897, demeure intéressante. Autre ouvrage classique, celui de W. Helck, Die altägyptischen Gaue, TAVO, Beihefte 5, Wiesbaden 1974, qui rassemble les données de la géographie religieuse et de la géographie administrative. La Géographie de l'Egypte ancienne de P. Montet (2 tomes, Paris 1961), traite de la géographie sacrée, celle transmise essentiellement par les inscriptions des temples tardifs.

retordre aux modernes. Les XVIIe et XVIIIe en sont, à cet égard, la plus parfaite illustration, puisque les deux provinces régulièrement, mais pas toujours, dénombrées dans les listes des temples, étaient, aux époques tardives, depuis longtemps regroupées dans une seule et même circonscription administrative.

2.1. Le XVIIIe: Het-nesout, Het-benou, Het-red, Ou-Nemty

On admet généralement que le XVIIe nome s'étend sur le rive ouest du Nil et le XVIIIe, sur la rive est (voir les cartes de l'annexe 2)152. La région de Moyenne Egypte qui s'étend du Nord de Minieh jusqu'au XXe nome aphroditopolite offre, on l'a vu, une rive orientale très escarpée qui ne laisse que peu d'espace pour les cultures. Le fait que la plus grande partie, sinon tout le territoire du XVIIIe nome soit localisé sur la rive droite du Nil, sans constituer un cas unique153, a certainement joué un rôle important dans son histoire. Sans grandes ressources agricoles, le nome occupait toutefois une situation stratégique pour la surveillance du Nil, ce que les forteresses de la région de Tinah et de El-Hibe viennent confirmer154.

152 J. Vandier, Le papyrus Jumilhac, p. 55. Pour W. Helck, LÄ II, col. 391, Gaue, p. 116, la plus grande partie du territoire du XVIIIe nome était à l'est avec toutefois une petite enclave sur la rive ouest. En raison de la superficie que lui attribue la chapelle blanche de Sésostris Ier (6 itérous, 3 milles), P. Montet, Géographie II, p.

179 doute que le nome ait été tout entier sur la rive droite, du moins à cette époque. Selon lui, le nome possédait sur la rive gauche, un vaste territoire borné au sud par le XVIIe nome et au nord par le XXe et dont la limite occidentale était le Bahr Youssef. Pour estimer cette surface, P. Montet, Géographie, pp. 9-10, part du principe que l'itérou (atour) et les milles sont, dans la chapelle blanche, des mesures de surface qui équivalent respectivement à 110 km2 1/4 (l'itérou longueur au carré) et 27 km2 057, ce qui indique pour le XVIIIe nome, une surface d'env. 743 km2. Le même calcul pour le XVIIe nome (4 itérou, 3 milles) indique environ 522 km2 de surface. Pour W. Helck, Gaue, p. 13-15, et tous les autres auteurs que j'ai pu consulter, l'iterou est, comme ailleurs, une mesure de longueur qui équivaut à 20'000 coudées (env. 10,5 km). Six iterous valent donc 120'000 coudées à environ 0,523 m, (les chiffres de la coudée locale sont détruits), ce qui donne à peu près 63 km auxquels il faut ajouter 3 milles (3 x 523m), soit, au total, une longueur d'environ 64,569 km, cf. Helck, Gaue, p.

118, F. Gomaà, TAVO, Beihefte 66/1 (1986), p. 343, A. Schlott-Schwab, Ausmasse, ÄAT 3 (1981), pp. 123-126.

Selon le même principe de calcul, la longueur du XVIIe nome (4 iterous, 3 milles) est de 43,569 km. A Basse Epoque apparaît un iterou plus long. E. Graefe, CdE 46, no 91, (1971), pp. 244-249, sur la base d'indications provenant d'une tombe d'époque saïte (TT 196), démontre l'existence d'un iterou de 12,8 km, une mesure très proche des 12,6 km attestés par le P. dém. Heidelberg 1289, et qui équivaut à 24'000 coudées (52,5 cm). Pour une attestation supplémentaire de l'iterou de 12,6 km, cf. H. Beinlich, "Das Iteru-Mass nach dem "Buch vom Fayum", MDAIK 43 (1987), pp. 1-5.

153 En Moyenne Egypte, les territoires canoniques du XIIe (en face d'Assiout) et du XXIIe sont tout entiers sur la rive orientale.

154 La forteresse de Tinah située presque à la hauteur de Minia ne doit pas être confondue avec le site de Tehne/Akoris situé à une dizaine de kilomètres plus au nord. Sur le site de Tehne et de sa ville Akoris, cf. R.

Gundlach, "Tehne (Akoris)", LÄ VI (1986), col. 304-305, D. Kessler, TAVO, Beihefte 30 (1981), pp. 253-290.

M. Drew-Baer, Le nome Hermopolite: Toponymes et Sites, American Studies in Papyrology 21 (1979), pp. 191-296. La ville d'Akoris connue sous différents noms (Mr-nfr(t), Pr-imn-mAy-xnt, ¦A-dhnt) faisait probablement partie, à l'Ancien Empire, du XVIIe et au Moyen Empire du XVIIIe. Au Nouvel Empire et aux époques tardives, la ville fait partie du nome hermopolite. L'attribution par le P.Jumilhac de Mr-nfr au XVIIIe reflète probablement la situation ancienne. La ville rendait un culte aux dieux Amon et Sobek. Le site de el-Hibe (¦Aw-DAit), localisé d'abord dans le XVIIIe nome, puis dans le XXe, a conservé une forteresse de la XXIe dynastie

C'est sur la plus grande enclave du XVIIIe nome, longue de 12 kilomètres, que s'élevait sa capitale: Het-nesout. Sa localisation à Kôm el-Ahmar Saouâris, à 5 km au sud de Chârûnah, a été rendue possible par des inscriptions trouvées sur le site155. La chapelle blanche de Sésostris Ier nous apprend que la ville était considérée comme la capitale du nome et que son patron était le dieu faucon Nemty (voir notre annexe 3 B).

Les diverses campagnes de fouilles effectuées par l'Université de Tübingen sur le site ont pu mettre en évidence une occupation plus ou moins continue de la nécropole de la fin de l'Ancien Empire jusque dans l'Antiquité tardive156. Les légendes des tombeaux rupestres de l'Ancien Empire se sont montrées très instructives concernant les anciens cultes locaux. Ainsi sur la fausse-porte d'un certain Iouhy trouve-t-on la mention de "Nemty maître de Het-nesout"

et d'"Anubis maître de Het-benou"157. Dans la tombe de Bekheni, Nemty est à nouveau

"maître de Het-nesout" tandis qu'Anubis est présenté comme le patron de Ht-rd158 et de Ht-rd-bnw159. C'est très probablement de la tombe de Bebi que provient la stèle que Grenfell et Hunt découvrirent in situ et qui présente le propriétaire comme un "imakhou auprès d'Anubis maître de Het-benou"160. La même épithète est attestée encore dans les tombes de Sabi et de Nemty-nefer161. Ipy, dont la tombe voisine celle de Bebi, est "serviteur du dieu Igaï" et

"imakhou auprès de Nemty, Igaï et Anubis"162.

Ces quelques mentions nous apprennent que les cultes de Nemty et d'Anubis sont implantés dès l'Ancien Empire sur le territoire du XVIIIe nome, le premier à Het-nesout, le second à Het-benou. Le fait que les deux localités figurent à plusieurs reprises dans les mêmes tombes

ainsi que les ruines d'une ville avec des restes d'un petit temple dédié à Amon de l'époque de Chéchanq Ier, cf.

E. Graefe, "el-Hibe", LÄ II (1977), col. 1180-1181.

155 A. Gardiner, P.Wilbour II, p. 52; Onomastica II, 106*-108*; PM IV, 125-126; F. Gomaà, "Hut-nesut", LÄ III (1980), col. 88-89; J. Vandier, Le papyrus Jumilhac, pp. 43-44.

156 L. Gestermann et al., "al-Kôm al-ahmar/Sarûna 1988", GM 104 (1988), p. 57. Lors d'une expédition en Moyenne Egypte au début du XXe siècle, les papyrologues B.P. Grenfell et A.S. Hunt visitèrent, à Chârûnah, des tombes de l'Ancien, du Nouvel Empire et de l'époque ptolémaïque. Le récit de leur visite est publié dans

"Excavations at Hîbeh, Cynopolis and Oxyrhynchus", B. Graeco-Roman Branch, EEF, Archaeological Report 1902-1903, London, pp. 1-9 et en particulier p. 4. Quelques années auparavant, G. Daressy visita également la nécropole, relevant les inscriptions de la tombe ptolémaïque de Padiamon, cf. Rec.Trav. 16 (1894), pp. 44-45.

157 F. Gomaà qui, à son tour, visita la nécropole en 1981 releva les noms et titres de sept propriétaires de tombes de l'Ancien Empire ainsi que les noms divins qui s'y trouvaient mentionnés, cf. F. Gomaà, "Bemerkungen zur Nekropole von el-kom el-Ahmar Sawaris", WdO XIV (1983), pp. 134-146 et surtout pp. 137-138 pour le tombeau de IwHi.

158 F. Gomaà, op. cit., p. 138.

159 F. Gomaà, R. Müller-Wollermann, W. Schenkel, Mittelägypten zwischen Samalût und dem Gabal Abû Sîr, TAVO, Beihefte 69, Wiesbaden 1991, p. 76 qui précise que cette dernière épithète apparaît aussi dans la tombe inédite de MTny (Q 10).

160 B. Grenfell et A. Hunt, op. cit., p. 4 et pl. au début.

161 F. Gomaà, R. Müller-Wollermann, W. Schenkel, op. cit., p. 75. Cette dernière tombe, inédite, n'a pas été recensée par F. Gomaà dans son article du WdO.

est un bon indice de leur proximité géographique. La combinaison Ht-rd-bnw, attestée à deux reprises, fait apparaître un lien géographique entre Het-red et Het-benou, deux lieux de culte du dieu Anubis163.

La moisson archéologique pour le Moyen et le Nouvel Empire s'avère nettement moins riche que pour les époques précédentes164. Heureusement des sources extérieures nous renseignent sur la région165. Deux sceaux du palais d'Amenhotep III livrent les premières attestations d'Horus maître de Het-nesout166. Le texte de couronnement d'Horemheb, gravé au dos du groupe 1379 de Turin, nous apprend qu'Horemheb avait été désigné comme futur roi par Horus de Het-nesout, patron de sa ville d'origine167. A l'époque ramesside, Het-Nesout est cité par le papyrus Wilbour168, lequel, on le rappelle, contient un relevé, sous Ramsès V, des terres arables situées en Moyenne Egypte. C'est à nouveau le dieu Horus qui y est présenté comme le patron local169. Autre région ou ville170 du territoire du XVIIIe nome à être mentionné par le papyrus: ou-Nemty, auquel sont rattachés le dieu Nemty et la déesse Hathor maîtresse des Deux Terres.

La stèle de Pi(ankh)y rapporte que Tefnakht, après avoir pénétré les nomes de l'orient (spAwt iAbtt), se voit ouvrir les portes de Het-benou, el-Hibe, Het-nesout et Atfih, métropole du XXIIe nome voisin171. L'ordre de succession de ces toponymes qui ne suit pas une progression du sud au nord - Het-nesout devrait être nommé avant el-Hibe et non après -

162 F. Gomaà, op. cit., p. 140. Igaï est une antique divinité de Dakhleh et du Fayoum, cf. H. Fischer, JNES 16 (1957), p. 230-235; LÄ III (1980), col. 123-124 (sans notre référence bien sûr).

163 Pour F. Gomaà, WdO XIV (1983), p. 141 et TAVO 69 (1991), p. 76, red est une forme ancienne de Het-redjou "Le Temple-des-humeurs", un toponyme fréquemment cité dans les processions géographiques tardives en relation avec le XVIIIe nome. En l'absence d'autres arguments qu'une homophonie partielle entre les deux toponymes, l'hypothèse d'une identification entre Het-red et Het-redjou me semble sujette à caution.

164 Le site de Kôm el-ahmar Saouâris continue toutefois d'être occupé comme l'attestent notamment des restes de constructions de l'époque amarnienne ainsi que des blocs au nom de Ramsès II ayant très probablement appartenu à un temple, cf. L. Gestermann et al., GM 104 (1988), p. 56; GM 111 (1989), p. 13.

165 Cf. J. Vandier, Le papyrus Jumilhac, pp. 43-44 et L. Gestermann, "Neue Spuren des ptolemäischen Tempels am Kôm al-ahmar bei Sârûna", MDAIK 48 (1992), p. 32.

166 W.C. Hayes, "Inscriptions from the Palace of Amenhotep III", JNES X (1951), p. 168 et fig. 32 (S77 + S78).

167 L. 12-14, cf. Sir A. Gardiner, "The Coronation of King Haremhab", JEA 39 (1953), pp. 13-31 et en part. p.

15 et pl. II.

168 P.Wilbour B2,6; 24,27.

169 A. Gardiner, P.Wilbour II, p. 53.

170 P. Montet, Géographie, p. 173, considère ou-Nemty comme un district, alors que Gardiner, P.Wilbour II, p.

52, considère ce toponyme comme une ville (il en a le déterminatif). Il est vrai qu'à la XIXe dynastie, le terme w comme le terme qaH étaient des équivalents de l'ancien spAt (cf. par exemple, Gardiner, Wilbour II, p. 40). La mention de "Nemty de ou-Nemty", dans la stèle Leyde VI, 1. 15, semble indiquer qu'il s'agissait d'un lieu (d'une ville) plutôt que d'un district. Le toponyme n'est pas situé avec certitude. Pour A. Gardiner, P.Wilbour II, p. 52, ou-Nemty était très probablement situé sur la rive droite, comme d'ailleurs les autres temples, villes, villages dont le nom incluait l'élément Nemty. Pour W. Helck, pp. 116-117, le "district" devait se trouver à l'ouest, dans une enclave. Mais comme il le constate lui-même, ce qu'il interprète comme un district, peut aussi n'être qu'une ville (cf. le ou-Nemty de la stèle de Leyde).

171 N. Grimal, Stèle de Pi(ankhy) § 3, l. 12-13.

n'apporte apparemment aucun renseignement sur la localisation des sites entre eux. Cette incertitude amène les commentateurs à situer Het-benou parfois au nord, parfois au sud de Het-nesout172.

Une stèle de donation datée de l'an 1 d'Amasis nomme Isis et Horus de Het-nesout173. Leur culte est confirmé par les monuments de Kôm el-Ahmar Saouâris qui, pour l'époque ptolémaïque, fournissent à nouveau les meilleurs témoignages sur les cultes locaux. Ainsi, la tombe de Padiamon dont Georges Daressy avait relevé les inscriptions de la porte à la fin du XIXe siècle174, signale qu'Osiris et Isis étaient tous deux vénérés à Het-nesout. Selon l'autobiographie de ce grand prêtre d'Horus, un cénotaphe d'Osiris et une nécropole de faucons étaient bâtis à proximité de sa tombe, où des momies de faucons et d'ibis ont effectivement été retrouvés175. Une nécropole de chiens et de bovins a également été mise en évidence176. D'autres prospections de la nécropole ont permis à l'équipe de Tübingen de mettre au jour des sarcophages anthropoïdes en pierre. Parmi les exemplaires inscrits, plusieurs appartiennent à des membres du clergé d'Horus et à leur famille177.

Au début du XXe siècle, l'archéologue polonais Thadée Smolenski, élève de Gaston Maspero, découvrit plusieurs blocs gravés de beaux reliefs et provenant d'un ancien temple ptolémaïque178. Ces blocs, qui ont rejoint depuis les collections des musées de Budapest et de Vienne179, avaient servi de remplois pour la construction d'une maison. Malgré les recherches menées sur place par V. Wessetzky et l'équipe de Tübingen, ainsi que la découverte de nouveaux blocs, le temple, dont G. Daressy avait pu voir les arasements, n'a pas encore pu être localisé180. Les blocs qui portent les cartouches de Ptolémée Ier et Ptolémée II

172 Situation au nord de Het-nesout: H. Kees, ZÄS 58 (1923), p. 100; A. Gardiner, Onomastica II, 107*. Au sud de Het-nesout: J. Vandier, Le papyrus Jumilhac, p. 41, F. Gomaà, notamment dans WdO XIV (1983), p. 143, D.

Kessler, SAK 9 (1981), carte, p. 251.

173 D. Meeks, "Les donations aux temples dans l'Egypte du Ier millénaire avant J.-C.", dans E. Lipinski éd., State and Temple Economy in Ancient Near East II, OLA 6 (1979), p. 679; A. Leahy, "The Earliest Dated Monument of Amasis and the End of the Reign of Apries", JEA 74 (1988), pp. 183-199 et surtout pp. 184-185.

174 G. Daressy, Rec.Trav. 16 (1894), pp. 44-45.

175 L. Gestermann et al., GM 98 (1987), pp. 36-38; GM 104 (1988), pp. 59-60. Les momies ont été retrouvées dans la tombe S 25. Le cénotaphe osirien n'a, en revanche, pas été formellement identifié.

176 J. Brinks et al., GM 86 (1985), p. 65 pour les momies de chiens et de bovins à proximité de la tombe S 14 et L. Gestermann et al., GM 98 (1987) pour des bovidés ensevelis dans la tombe R 16.

177 L. Gestermann, GM 98 (1987), pp. 34-35, GM 111 (1989), pp. 9-10.

178 M. Thadée Smolenski, "Les vestiges d'un temple ptolémaïque à Kom-el-Ahmar, près de Charouna", ASAE IX (1908), pp. 3-6.

179 V. Wessetzky, "Reliefs aus dem Tempel Ptolemaios' I. in Kom el Ahmar-Sharuna in der Budapester und Wiener Ägyptischen Sammlung", MDAIK 33 (1977), pp. 133-141 et pl. 44-47.

180 Ces nouveaux blocs viennent s'ajouter à ceux apparus sur le marché des antiquités dans les années 60; voir en dernier lieu L. Gestermann, "Neue Spuren des ptolemäischen Tempels am Kôm al-ahmar bei Sârûna", MDAIK 48 (1992), pp. 11-35 et pl. 2-6. On notera que lors de son passage à Chârunah, 13 ans avant l'arrivée de Th.

mentionnent et représentent différentes divinités: Hathor dame du lac, Osiris maître de Het-nesout, Ounennefer, Harsiesis maître de Het-Het-nesout, Horus au bras ferme181.

La documentation relative à Het-nesout montre une prédominance du culte de Nemty à l'Ancien Empire. La chapelle de Sésostris Ier, qui enregistre des données probablement antérieures au Moyen Empire, présente également Nemty comme le grand patron de la ville182. C'est à la XVIIIe dynastie qu'apparaissent les premières attestations d'Horus maître de Het-nesout. Son culte continuera à s'affirmer tout au long de la Basse Epoque et de la période ptolémaïque183.

L'effacement de Nemty au profit d'Horus à partir du Nouvel Empire184, coïncide, on l'a vu, avec la transformation de l'enseigne du XVIIIe. Quelles que soient les raisons de ce changement, il met en lumière les rapports très étroits qu'entretient l'enseigne de la province avec la divinité principale de sa métropole religieuse. D'un point de vue géographique, cela montre, une fois de plus, que la notion topographique exprimée par l'enseigne se confond avec le territoire de sa métropole religieuse.

2.2. Le XVIIe: Henou, Saka, Kis/Kereset, Chestit

Le XVIIe nome apparaît, on l'a vu, sur les monuments de l'Ancien Empire, dont la célèbre triade de Mykérinos. Il est généralement admis que son territoire s'étendait sur la rive ouest jouxtant au nord le nome oxhyrinchite. La chapelle blanche de Sésostris Ier fait de Henou sa capitale, une ville dont on ne connaît presque rien et dont le P.Jumilhac nous apprend qu'elle était étroitement associée à la ville de Saka185.

Smolenski, Georges Daressy avait encore pu voir les arasements du temple, cf. G. Daressy, Rec.Trav. 16 (1994), p. 44.

181 Ces divinités sont mentionnées sur les blocs I, II et VI de Smolenski republiés par V. Wessetzky. Pour Padiamon serviteur d'Harsiesis, cf. J. Brinks, L. Gestermann et al., GM 93 (1986), pp. 74-75. Les théonymes [Harsi]esis maître de Het-nesout, Osiris et Ounnenefer réapparaissent sur des blocs mis à jour par l'équipe de Tübingen, cf. J. Brinks, L. Gestermann et al, GM 93 (1986), ill. 2-4.

182 Pour D. Kessler, p. 227, la répartition géographique proposée par la chapelle blanche est celle de l'Ancien

182 Pour D. Kessler, p. 227, la répartition géographique proposée par la chapelle blanche est celle de l'Ancien