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Les défilés des génies protecteurs d'Egypte

Partie 1: Les XVIIe et XVIIIe provinces de Haute Egypte

B. Les territoires cynopolites dans les inscriptions géographiques des temples

6. Les défilés des génies protecteurs d'Egypte

6.1. Description générale

G1: Edfou I, 197,2-3 (Ptolémée IV Philopator) G2: Dendara X, 120,10-121,6 (Cléopâtre VII)

G3: Deir el-Medineh no 77 (Ptolémée VI Philométor)

Les génies protecteurs sont originaires de l'Egypte toute entière. Leur fonction, décrite dans deux textes programmes à Edfou, est d'exécuter les ordres d'Osiris, de le protéger et de faire régner l'ordre et le silence dans les nécropoles du pays623.

Associés à Edfou comme à Dendara aux génies de Pharbaïtos, ils partagent avec ceux-ci une mission à la fois protectrice et défensive624. A Edfou, qui livre la plus ancienne version, les génies occupent la frise sud de la première chapelle de Sokar dont ils gardent l'entrée.

Disposés sur deux registres, la Haute Egypte au-dessus de la Basse Egypte, les génies sont au nombre de deux fois vingt-et-un. Ce nombre est atteint par omission des nomes oxyrhinchite (XIXe HE) et athribite (Xe BE) et par dédoublement du nome xoïte (VIe BE) et saïte (Ve BE)625. Généralement armés d'un ou de deux couteaux, les dieux peuvent aussi empoigner une lance (XIIe BE), un flagellum (Ve HE) ou un sceptre ouas (IVe HE). Il est fort probable que ces attributs fassent référence aux divinités principales de ces nomes, en l'occurence Onouris, Min et Amon-Rê626.

Le défilé de Dendara occupe le troisième registre de la chapelle osirienne ouest no 2. La disposition des textes est surprenante: les génies de Haute Egypte défilent sur les parois nord et est, ceux de Basse Egypte sur les parois est et ouest. Selon S. Cauville, cette disposition singulière semble s'expliquer par une mauvaise interprétation des textes d'Edfou: les prêtres auraient pris la moitié sud-ouest de la paroi d'Edfou pour la Haute Egypte et la moitié sud-est pour la Basse Egypte. En outre, sans doute par manque de place, les XIIe, XVe et XVIe

623 Texte programme de Haute Egypte: E. I, 199,16-17 et 196,9-10. Texte programme de Basse Egypte: E. I, 194,10-11 et 191,3-4. On trouvera une traduction de ces textes chez S. Cauville, BdE 118 (1997), p. 51, suivie aux pages 51-55, d'une description générale des défilés des agathodémons.

624 A Edfou, les génies de Pharbaïtos occupent les frises des parois est et nord et font ainsi pendant aux génies protecteurs qui défilent sur la frise de la paroi sud. A Dendara, les génies protecteurs sont placés au-dessus des génies de Pharbaïtos.

625 L'omission du Xe BE, fort rare, n'est pas vraiment explicable, cf. S. Cauville, BdE 118 (1997), p. 52.

626 Cf. planche XXIVa qui est incluse dans notre document G1. On remarquera que le génie coptite porte le flagellum exactement comme Min, le bras levé en arrière.

nomes de Basse Egypte qui, à Edfou, sont placés en fin de paroi, sont omis à Dendara. Si l'on ajoute à ces éléments le dédoublement du nome pharbaïtique, on atteint un total de dix-huit génies au nord contre vingt-et-un au sud627.

Comme à Edfou, certains génies ne sont pas armés de couteaux. C'est le cas des représentants des nomes latopolite (IIIe HE) et saïte (Ve BE) qui, par référence probablement aux messagers de Nekhbet-Neith, empoignent un arc et des flèches628. De même, on retrouve le génie du nome coptite (Ve HE) tenant un flagellum dans une main. Devant chaque dieu figure un coffre fermé, à deux battants. Comme le remarque S. Cauville, rien n'indique que ces coffres contenaient une relique d'Osiris.

Le défilé de Deir el-Medineh ne compte que douze génies répartis de part et d'autre de la porte donnant accès à la salle C. Sur le montant gauche, on trouve, de haut en bas, les représentants des nomes I à III HE et V à VII HE, sur le montant droit, les nomes VIII et IX HE, XVI et XVII HE, XX HE et I BE. Ils sont agenouillés, vêtus d'une sorte de linceul et tiennent un couteau dans leurs mains.

Hormis la représentante d'Hérakléopolis à tête léonine, les génies sont tous masculins. Ils ont des têtes animales ou humaines qui se correspondent d'une version à l'autre, à part à Edfou où un bélier (XVIIIe HE) et trois hommes (IVe, XIIIe et XVIIe BE) sont remplacés par un faucon. Les cornes du génie hiéracocéphale du XVIIIe nome montrent que la prédilection du clergé d'Edfou pour les cultes horiens n'a su totalement oblitérer les caractéristiques d'origine de ce génie.

Les noms des dieux semblent procéder d'une tradition très ancienne et ne sont, de ce fait, pas toujours très compréhensibles. S. Cauville signale des glissements de sens et des changements phonétiques entre les versions d'Edfou et de Dendara. Dans la version tentyrite, le nom est suivi du lieu d'origine du génie et d'une description de son action à Dendara. Suit un discours du génie dans lequel il déclare venir de son lieu d'origine pour prendre place à Dendara afin de protéger Osiris contre Seth. Les versions d'Edfou et de Deir el-Medineh livrent uniquement les noms des génies, sans indiquer leur lieu d'origine. Les noms de la version de Deir el-Medineh sont souvent plus courts que ceux d'Edfou et de Dendara.

627 Pour permettre à ses lecteurs de suivre son raisonnement, S. Cauville a fait figurer dans son commentaire deux plans qui indiquent la disposition des génies à Edfou et Dendara, cf. S. Cauville, BdE 118 (1997), pp. 52-53.

628 La suggestion est de S. Cauville, BdE 118 (1997), p. 53.

6.2. Géographie et théologie des XVIIe et XVIIIe nomes

Le génie du XVIIe est dans les trois versions une divinité cynocéphale armé de couteaux. Son nom est:

- "Le Maître du flagellum, issu du Lourd-de-terre (?)" à Edfou, - "Le Maître du flagellum" à Deir el-Medineh,

- "Le Maître du flagellum, issu de l'hippopotame" à Dendara.

L'association du nekhakha et d'Anubis theriomorphe est très fréquemment attestée dans l'iconographie. Le génie étant cynocéphale, il ne me semble pas déraisonnable de supposer un lien entre son nom et le dieu/l'enseigne du XVIIe. Ce lien peut être mis en évidence par exemple pour le génie du nome latopolite dont le nom "l'archer" évoque le rôle de la déesse Nekhbet629. La version tentyrite précise que le génie a été engendré par l'hippopotame. Dans le texte apollonopolite, le pachyderme ne détermine pas le mot dns, comme à Dendara, mais peut-être que que l'expression dns-tA décrit le même animal630. Il n'est pas exclu non plus que le dns tentyrite soit une réinterprétation de l'énigmatique expression apollonopolite. En effet, la désignation dns pour l'hippopotame n'est pas attestée avant l'époque tardive ce qui remet fortement en cause l'ancienneté de cette partie du nom631. Le terme désigne le plus fréquemment l'hippopotame maléfique, à savoir Seth632. Cette filiation supposée séthienne du génie n'est peut-être pas sans relation avec sa ville d'origine, Saka, dont on a vu qu'elle hébergeait un lieu de culte de Seth.

Le génie est décrit comme un "champion qui transperce le Mauvais", à savoir Seth sous sa forme d'hippopotame633. Lorsqu'on connaît la filiation du génie, on ne croira guère à un hasard dans le choix de ce terme 634. Le traitement infligé à Seth par le "Maître du flagellum"

629 Sur le sens de certains de ces noms, cf. S. Cauville, BdE 118 (1997), p. 53.

630 Ou s'agit-il du "pays de Denes"?

631 Wb. V, 469, 12-14 avec six attestations à Edfou et une à Dendara.

632 Il peut aussi s'appliquer à la gazelle ainsi qu'à la déesse hippopotame d'Atfih, cf. A. Behrmann, Das Nilpferd in der Vorstellungswelt der Alten Ägypter II, Frankfurt am Main, 1996, p. 197, note 893. En revanche, il semble que la tortue ne puisse être désignée par ce terme, cf. A. Gutbub, Hommages à Serge Sauneron (1927-1976) I, Le Caire 1979, p. 397, n. 1.

633PW, 530, signale que la plus ancienne mention de ce terme, déterminé par un hippopotame, figure dans la tombe d'Amenemhat (TT 82, XVIIe dy.) où Nhs est l'hippopotame Seth chassé par Horus.

634 On remarquera tout de même que ce vocable, moins souvent utilisé que NbD "le Malfaisant", apparaît aussi dans d'autres notices sans lien particulier avec les hippopotames, cf. par exemple la notice relative à notre génie du XVIIIe.

correspond à ce que nous avions déjà lu, ailleurs à Dendara, à propos du XVIIe nome: Seth est ligoté par l'extrémité de ses membres, Anubet le découpe, puis il est placé sous Osiris635.

Le génie du XVIIIe nome a une tête de bélier à Dendara et une tête de faucon à cornes à Edfou. Son nom est:

- "L'enfant du ciel dans l'oeil-oudjat" à Edfou,

- "Le Conducteur du ciel dans la demeure de l'oeil-oudjat" à Dendara.

Le conducteur du/dans le ciel abA n/m pt est une épithète d'Oupouaout, mais aussi d'Anubis636. Appliquée à Oupouaout, elle se réfère à sa forme septentrionale, par opposition à l'épithète abA tAwy "le conducteur des Deux Terres" qui désigne l'Oupouaout de Haute Egypte, le patron de Lycopolis637. Dans les temples tardifs, l'épithète "Conducteur dans le ciel" apparaît trois fois en relation avec Anubis, deux fois dans les chapelles osiriennes de Dendara et une fois sur le soubassement exérieur de Philae638. Un examen de ces mentions montre qu'elles sont typiques de l'Anubis du XVIIIe639, une origine qui correspond à celle de notre génie dans le défilé tentyrite.

La variante apollonopolite "l'enfant du ciel dans l'oeil-oudjat" fait également référence aux espaces célestes. Ce nom fait penser à des expressions du type "nourrisson dans l'oeil gauche"640 qui désigne la lune lorsqu'elle commence à croître. Mais l'oeil oudjat est aussi un

635 Voir l'annexe 4 A où sont rassemblés les textes qui évoquent Anubet.

636 Pour la lecture abA plutôt que sxm, cf. ALex 78.0681 qui se fonde sur les graphies complètes CT V, 99a et 112g (= spell 397). On remarquera que, dans les deux passages, l'épithète abA tAwy est citée en relation avec Anubis. Pour la lecture sxm, cf. Ph. 147,4, où le sceptre est suivi des unilitères s et x.

637 Pour l'Oupouaout du Nord (Wp-wAwt MHw), conducteur dans le ciel, cf. par exemple, D. X, 83,5. L'épithète abA pt est rapportée à l'Oupouaout du nord dès le Nouvel Empire, cf. H. Bonnet, RÄRG, p. 843. On remarquera les deux épithètes peuvent aussi être inversées. C'est le cas dans un papyrus tardif publié par J. F. Quack, "Ein neuer funerärer Text der Spätzeit (pHohenzollern-Sigmaringen II", ZÄS 127 (2000), pl. X, l. 34-35 où

"Oupouaout de Haute Egypte, le conducteur du ciel" précède "Oupouaout de Basse Egypte, le conducteur des Deux Terres". Ce papyrus a aussi pour particularité de remplacer, par le participe sSm, le signe du sceptre qui a été lu sxm, abA et xrp par les modernes. Dans une note très détaillée (note ae, pp. 81-82), J. F. Quack montre que cette variante ne permet pas de trancher définitivement entre les différentes lectures. De même que sSm peut être une variante phonétique tardive de sxm (x>S), le verbe peut aussi être considéré comme une variante lexicale de abA "diriger, conduire" et même de xrp. Des deux possibilités, J. F. Quack préfère la seconde (Oupouaout en tant qu'ouvreur des chemins est un guide), même si une réponse définitive ne pourra être apportée qu'après examen d'un plus ample matériel. Remarquons que sSm tAwy "guide des Deux Terres" est également évoqué dans le P.Jumilhac VI,21-VII,1 comme épithète de l'Anubis memphite. Dans sa note 154, J. Vandier ne considère pas l'épithète comme une variante de sxm/abA tAwy, mais la met en relation avec un titre ancien des nomarques (sSm tA) attesté exceptionnellement comme épithète divine dans le Livre des Morts et à l'époque ptolémaïque. Dans son article des Mél. Mariette, BdE XXXII (1961), p. 115, J. Vandier reprend cette hypothèse pour, finalement, l'abandonner.

638 D. X, 79,12 (= notre document D4) et 328,6 (= notre document B7), Ph. 93,8 (= notre document B9).

639 Dans la chapelle osirienne ouest no 2 (D. X, 328,6 = notre document B7), "le Conducteur dans le ciel"

apparaît dans la notice du XVIIe nome, mais nous avons pu montrer, grâce au parallèle de Philae, que la portion de texte dans laquelle l'épithète apparaît est en réalité un emprunt à la notice du XVIIIe, cf. supra, p. 72.

640 Imty m iAbt, P. Evergète, pl. V, col. 14.

symbole de l'astre solaire. Or, d'après le dictionnaire lexical et iconographique sur les dieux, génies et démons de Chr. Leitz et son équipe641, l'expression sxm pt/sxm n pt qualifie très fréquemment le dieu solaire, en particulier Rê lorsqu'il se trouve dans sa 7ème heure642.

Dans le contexte cultuel du XVIIIe, l'oeil-oudjat évoque le nom d'un temple que les inscriptions géographiques et le P.Jumilhac présentent comme un lieu de culte d'Anubis et d'Horus643. On remarquera toutefois que la version tentyrite mentionne la demeure (pr) de l'oeil-oudjat et non son temple (Ht).

Le texte restant de la notice tentyrite, qui présente le génie dans ses fonctions habituelles de guerrier et de garde, ne peut être mis en relation particulière avec le XVIIIe.

641 Je remercie Chr. Leitz et ses collaborateurs pour la diligence avec laquelle ils m'ont fourni des renseignements sur les génies protecteurs des XVIIe et XVIIIe provinces.

642 Cf. par exemple D. X, 169,2 et pl. 60 qui montre le dieu sous la forme d'un babouin archer inscrit dans un disque solaire.

643 Dans les temples, le toponyme est mentionné en relation avec le XVIIIe, dans au moins deux versions du manuel de géographie liturgique (E. V, 186,4 = notre document F2 et E. VII, 326,7 = notre document F3), dans un défilé de divinités (D. X, 80,2 = notre document D4) et dans une procession de nomes (Dend., D. G.I. III, pl.

XCIII (B8). Selon le P.Jumilhac, le Temple-de-l'oeil-oudjat est une des désignations du pavillon divin d'Anubis, maître de la métropole de Dounâouy (VII,1-3 ), mais également un lieu de culte d'Horus à Het-nesout (XIX,11-12 et vignette XIX).

7. Autres

H1: Edfou VI, 70,3-6 (Ptolémée VIII Evergète II) H2: Dendara VIII,11,15 (cartouches vierges)

H3: Dendara X, 16,9-17,3 (Fin de l'époque ptolémaïque) H4: Dendara X, 369,13-15 (Fin de l'époque ptolémaïque) H5: Dendara XI, 60,9 (Fin de l'époque ptolémaïque)

H6: Dendara, chapelle de la barque, tableau 13, col. 3 (Ptolémée IX Sôter II)

On trouve quelques références isolées à des localités des territoires cynopolites dans des inscriptions qui n'entrent dans aucune des catégories de textes présentées jusqu'ici et qui ne nous apprennent rien sur les attributions d'Anubis qui seront traitées en deuxième partie de ce travail. Leurs témoignages sont rassemblés dans cette section.

Dans une liste de capitales évoquée dans le contexte du mythe d'Horus, Het-nesout du nome de Dounâouy figure entre Hebenou (XVIe HE) et Hérakléopolis (XXe)644. Curieusement, entre la ville de Hebenou et Het-nesout figurent les emblèmes des XVIe et XVIIIe provinces.

Or, pour toutes les autres capitales, aucune référence n'est faite au nome. Faut-il comprendre ces deux signes comme des précisions du type "Het-nesout du nome de Dounâouy" ou les deux provinces apparaissent-elles dans la liste comme des éléments autonomes? L'absence des capitales des XVIIe et XIXe provinces s'explique très probablement par leur attachement au culte séthien.

Les montants du kiosque hathorique qui se trouve sur le toit du temple de Dendara sont décorés de divinités ornithomorphes provenant de différents lieux d'Egypte645. "Anubis maître de la métropole de Dounâouy" est le représentant de la XVIIIe province. Il est représenté avec une tête de chacal coiffée du pschent. Une fois de plus, le XVIIe nome n'est pas représenté.

Le toit de Dendara était le théâtre des fêtes de khoïak dont la procession de Sokar était l'un des moments forts. Celle-ci partait à Dendara de la cour est et rejoignait par le sud la cour ouest, imitant ainsi la course diurne du soleil. Comme nous le montre la procession de prêtres qui orne le soubassement de la chapelle est no 1, le clergé osirien de toute l'Egypte participait à cette festivité. Les prêtres du XVIIe portent l'image d'un canidé couché au bout de leur

644 E. VI, 70,3 = notre document H1.

645 D. VIII, 11,15 = notre document H2.

hampe646. Le premier, appelé "jeune homme" (Hwn) est également le prêtre spécifique du XVIIe dans la liste géographique du papyrus II de Tebtunis647. Les prêtres du XVIIIe tiennent un faucon coiffé de la couronne Tn. Le rapace n'a pas les ailes déployées, mais on remarquera que les emblèmes portés par les prêtres ne sont presque jamais identiques à ceux des nomes648. Le prêtre setem qui représente le XVIIIe est également le prêtre spécifique du nome de Dounâouy dans la grande procession d'Edfou ainsi que dans le papyrus II de Tebtunis649. Parmi les divinités protectrices qui protègent l'accès de la chapelle osirienne ouest no 2 figure

"Dounâouy le grand dieu dans Het-redjou" qui, perché sur un socle, est dépeint sous ses traits habituels de faucon aux ailes déployées650. Il s'intercale entre Thot d'Hermopolis et les quatre fils d'Horus dont les légendes très détruites ne permettent pas de savoir s'ils étaient rattachés à des localités précises651. Comme la plupart de ces entités protectrices, le rôle de Dounâouy est essentiellement offensif: "je [détache] les chairs de la peau de Seth, je donne ses morceaux à tous les dieux" déclare-t-il en faisant allusion au sacrifice de l'ennemi osirien. Le XVIIe n'est pas représenté, à moins qu'Anubet, qui n'est rattachée à aucun lieu, remplisse ici ce rôle652. Le prochain texte considéré n'est ni une litanie, ni un défilé de déesses, mais une liste d'Isis.

Présentée comme la première épouse royale d'Ounennefer, Isis y est assimilée à différentes déesses locales provenant d'une région comprise entre le sud jusqu'à la Moyenne Egypte653. Elle est Sothis à Eléphantine (Ier), Hededet à Edfou (II), Nekhbet à Hiérakonpolis (III), Tanenet qui prend place à Hermonthis (IV), Iounet à Dendara (VI), Heket à Abydos (VIII), Sechat dans la métropole de la province du lièvre (XV) et, enfin, "Ouadjyt la puissante dans la métropole du nome de Dounâouy". Ce texte recoupe notamment le témoignage du défilé des déesses du mammisi romain qui faisait, souvenons-nous, de Ouadjyt la maîtresse de Het-redjou, c'est-à-dire de Hardaï654.

646 D. X, 16,9-17,3 = notre document H3.

647 J. Osing, Tebtunis I, pp. 234-235, note c).

648 Voir la liste établie par S. Cauville, BdE 118 (1997), pp. 11-12.

649 E. I, 342,11 = notre document A1 et J. Osing, Tebtunis I, pp. 235-236, note d).

650 D. X, 369,13-15 = notre document H4.

651 Les divinités ne sont pas disposées selon un ordre géographique identifiable. Même si elles sont présentées comme des entités protectrices venues de toutes les villes d'Egypte (D. X, 356,4-5), certaines ne sont rattachées à aucun lieu. D'autres sont affectées à la protection d'une heure et d'un jour donnés du calendrier lunaire. Pour un commentaire détaillé de ce cortège de divinités protectrices du domaine funéraire, cf. S. Cauville, BdE 118 (1997), pp. 168-174.

652 D. X, 362,11-13, pl. 198 et 229, cf. notre annexe 4.

653 D. XI, 60,9 = notre document H5.

654 Pour les autres attestations du culte d'Ouadjyt dans le XVIIIe, cf. supra, p. 81.

La métropole du XVIIIe, Hardaï, est à nouveau mentionnée à Dendara dans la chapelle de la barque en relation, cette fois, avec Horus655. La grande procession géographique d'Edfou ainsi que le P.Jumilhac présentent également Horus comme dieu principal de Hardaï en spécifiant toutefois que ce dieu y agit sous le nom et sous les traits d'Anubis656. Si la mention d'Horus comme maître de Hardaï n'étonne guère, sa présence parmi l'entourage divin d'Hathor, lors des cérémonies qui célèbrent le retour de la fille de Rê en Egypte, est plus difficile à expliquer. Parmi les participants, notons la présence d'Anubis maître du pays sacré qui, associé à Sokar qui prend place dans la chetyt, représente dans ce tableau la région memphite et tout particulièrement son domaine funéraire.

655 Dendara, chapelle de la barque, tableau 13, col. 3 = notre document H6.

656 E. I, 342,10 (= notre document A1). Pour les témoignages du P.Jumilhac, cf. notre annexe 6. De même dans le manuel de géographie liturgique du pronaos, le roi est "aimé d'Horus-Anubis maître de Hardaï", cf. E. III, 285,6-7 (= notre document F1).

8. Conclusion

L'examen des données concernant les XVIIe et XVIIIe provinces nous a conduit à considérer différentes catégories de textes à caractère géographique. L'accent a porté avant tout sur les compositions gravées dans les temples gréco-romains - en nombre très élevé - mais nous nous sommes rapidement aperçus qu'il aurait été de mauvaise méthode d'ignorer les données géographiques transmises par les papyri. Dans ce domaine, plus encore qu'en d'autres, l'analyse pointilleuse d'une donnée isolée conduit presque fatalement à des erreurs d'interprétation. L'exemple de la XVIIe province et en particulier de sa métropole traditionnelle Saka l'illustre parfaitement bien. Mentionnée, omise, vilipendée ou simplement remplacée par une ville horienne du XVIIIe, la ville de Saka en tant que fief séthien fit l'objet de différents traitements de la part des prêtres, traitements que seule une étude interne et

L'examen des données concernant les XVIIe et XVIIIe provinces nous a conduit à considérer différentes catégories de textes à caractère géographique. L'accent a porté avant tout sur les compositions gravées dans les temples gréco-romains - en nombre très élevé - mais nous nous sommes rapidement aperçus qu'il aurait été de mauvaise méthode d'ignorer les données géographiques transmises par les papyri. Dans ce domaine, plus encore qu'en d'autres, l'analyse pointilleuse d'une donnée isolée conduit presque fatalement à des erreurs d'interprétation. L'exemple de la XVIIe province et en particulier de sa métropole traditionnelle Saka l'illustre parfaitement bien. Mentionnée, omise, vilipendée ou simplement remplacée par une ville horienne du XVIIIe, la ville de Saka en tant que fief séthien fit l'objet de différents traitements de la part des prêtres, traitements que seule une étude interne et