• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

2.2 Méthodologie

2.2.5 Terrains, outils, collecte et traitement des données

Cette section décrit et analyse les terrains de la recherche, tout autant qu'elle présente les outils et techniques de collecte et de traitement de données employés.

2.2.5.1 Les terrains de la recherche

Figure 1.2 : Carte de situation des terrains de la recherche

Cette recherche porte sur deux terrains : le Bénin et le Sénégal. Il est à préciser que le Bénin est le terrain principal et le Sénégal un terrain secondaire qui permet d'éclairer le premier. Ce choix se justifie par des constats et perceptions déduits après quelques entretiens avec des experts, des acteurs du secteur et une première revue de la littérature. De tradition institutionnelle française, le Sénégal apparaît en Afrique de l’Ouest comme une sorte de modèle dans les politiques actuelles de régulation des télécommunications. A contrario, le Bénin semble plutôt être un exemple en constitution, malgré la présence des mêmes institutions mais l’absence, jusqu’en 2015, d’un cadre juridique légal et unifié dans le domaine des télécommunications.

En ce qui concerne la production de contenus numériques culturels utilisant comme support le téléphone mobile, le Sénégal est devenu depuis quelques années une plateforme de leur développement. Ainsi, se tient-il au Sénégal diverses activités de développement de contenus numériques mobiles et ceci au moyen d’applications mobiles destinées à répondre à des besoins locaux95. Ce genre d’initiatives est relativement récent au Bénin (2014) et reste donc

assez embryonnaire.

Nous considérons le Bénin, cas périphérique en construction, en référence avec le Sénégal perçu comme un modèle en Afrique francophone. Le travail a été effectué dans les villes de Dakar et Saint-Louis (Sénégal) et Cotonou (Bénin). Dakar, capitale du Sénégal, concentre la plupart des institutions publiques, entreprises, associations de consommateurs et groupes de développeurs d’applications mobiles opérant au Sénégal, et Cotonou (centre économique et non capitale) joue le même rôle au Bénin. Quant à Saint-Louis du Sénégal nous y avons rencontré quelques geeks (Peyron 2014). Ces terrains offrent l'opportunité d'une analyse critique, localisée mais en même temps globale de l’état de la gouvernance des télécommunications en Afrique, notamment subsaharienne, et ceci, à partir de deux entrées. La première est une entrée top- down par les politiques publiques de régulation des télécommunications mobiles. La seconde est une entrée bottom-up qui prend en compte à la fois les groupes d'intérêt de la société civile organisée et l’action des producteurs de contenus numériques culturels basés sur l’usage du téléphone mobile comme support.

Cette thèse postule, d’une part, que l’imbrication des rapports économiques, sociaux, politiques, culturels et technologiques produit un modèle de régulation fragmenté entre trois catégories majeures d’acteurs (État, marché et groupes d’intérêt). D’autre part, elle postule que les groupes

95 Sans être exhaustifs, citons au Sénégal : SenGeoSante qui est un localisateur de pharmacie, Donor qui met en

lien donneur de sang et hôpitaux ou encore Code de la Route; au Kenya : Mkulima Calculator qui permet aux cultivateurs de déterminer la date de plantation des cultures et d’optimiser leurs rendements.

d’intérêt tentent de revenir dans le modèle de gouvernance au moyen de protestations diverses ou par la production de contenus numériques dans le domaine des télécommunications.

2.2.5.2 Cueillette des données

Les outils de cueillette des données, joints en annexe, sont : des guides d’entretien semi- directifs adaptés en fonction des catégories précitées, la grille de cueillette des documents officiels et la grille d’observation des activités de développement mobile. Ils détaillent les thématiques des entretiens en fonction des catégories des répondants. Ils ont été élaborés dans le cadre du projet de thèse et soumis au Comité d'éthique dont l'approbation a été obtenue avant la mise en œuvre sur le terrain. La cueillette des données était prévue initialement pour durer trois mois. Les entretiens ont été réalisés au Bénin entre février et mai 2014 et au Sénégal en avril 2014. Des entretiens complémentaires ont été effectués en février 2015 notamment avec des développeurs d'applications mobiles au Bénin. Enfin, des échanges permanents ont eu lieu avec quelques personnes ressources au Bénin comme au Sénégal et parfois en Europe notamment par e-mail, Skype et les médias sociaux (en particulier Facebook) en fonction de leur disponibilité jusqu'en 2016. Nous avons bénéficié aussi de divers échanges avec des personnes ressources du secteur des télécommunications tant au Bénin qu'au niveau international.

2.2.5.3 Analyse des données

L'analyse effectuée a tenu compte des éléments d’opérationnalisation indiqués dans les outils de recherche (joints en annexes). Nous avons analysé d’une part le contenu des documents de politiques publiques et d’articles de presse, et d’autre part le contenu des entretiens réalisés, tout en accordant une place de choix aux verbatim les plus illustratifs identifiés dans les propos des répondants, étant entendu que cette recherche est particulièrement empirique. Ceci a permis d'assurer une triangulation des données afin de réduire les biais potentiels qui pourraient être liés soit à un storytelling de certains acteurs qui se retrouvent parfois avec plusieurs rôles (enseignement, développement d'applications, entrepreneur ou startuper, etc.). Le risque de surinterprétation a quant à lui été minimisé par la triangulation, facilitée par ailleurs par notre expérience technique du secteur. La recherche a insisté sur l’intégration du point de vue des acteurs et l’analyse des interactions, entre autres. Ceci justifie donc de procéder à une analyse de contenu (Sabourin 2009), appuyée par les données de terrain.

2.2.5.4 Éthique de la recherche

Conformément à la Politique d'éthique en recherche de l'Institut national de la recherche scientifique, le projet de la présente recherche a fait l'objet d'une instruction au Comité d'éthique de la recherche (CER) dont le quitus a été obtenu avant que ne soit entamés les travaux de terrain. De ce point de vue, les différents outils de recherche ont été soumis au CER qui les a analysés, demandé parfois des compléments d'information avant de statuer et délivrer l'autorisation nécessaire. Sur le terrain, nous avons suivi le protocole prévu, expliqué à chaque fois les objectifs de la recherche aux répondants, obtenus leur consentement, généralement oral, et respecté également le souhait de ceux qui n'ont pas voulu être enregistré ou cité nommément dans le travail. En ce qui concerne le traitement des données nous avons procédé à la codification systématique des répondants -tel que décrit dans la méthodologie-, afin d'assurer les règles de confidentialité, à l'exception de propos publics documentés soit par des rapports, articles de presse ou articles de recherche dont la source est mentionnée à chaque fois.