• Aucun résultat trouvé

Présentation de la Société Meunière et Avicole du Gabon (SMAG)

I- L’histoire de la SMAG : Éléments d’anthropologie des lieux de travail

2- Les temps, les espaces et les pratiques

La production parcellisée (différents temps, lieux et tâches), commande aussi les distinctions de force de travail : celle-ci est différemment recrutée, formée, payée, surveillée, etc., selon les unités de la production où elle est utilisée. On peut aussi repérer des différences significatives entre les lieux de la production pour ce qui concerne l’âge et l’ancienneté des ouvriers, leur qualification, les catégories de salaire, les taux d’accidents du travail, mais aussi les gestes et les rapports des ouvriers entre eux dans l’exécution de leur travail.

L’espace-machine, chaîne et magasin/atelier vont réapparaître comme des ensembles homogènes où les pratiques de travail (gestes, relations), les caractéristiques sociales et les trajectoires individuelles des personnes prennent un sens particulier, « local », dans le cadre des espaces-temps de la production.

Photo 2: Une vue de l’usine (cliché Biveghe Bi Ndong Wilfried), le 15 mars 2007, à 10 h 36

min.

L’image montre les installations qui abritent l’usine de la SMAG. Il s’agit ici de la facette avant de l’usine. Cette installation recouvre, non seulement l’usine de fabrication de

l’aliment pour bétails et de la farine, mais aussi les différents magasins (aliments et farines). De loin, nous pouvons voir le logo de l’entreprise, un coque qui fait office de symbole et de représentation de la SMAG.

Regardons l’usine. La description est importante, car elle met en relief l’occupation de l’espace en matière d’infrastructures et des ressources humaines. Approchons et entrons. L’installation est surprenante. Elle accroche le regard de celui qui passe par hasard sur cette route de la capitale et qui débouche sur le cœur de l’étroit quartier de Lalala, au milieu des habitats des riverains et d’une route qui comporte des « nids de poules » et du « goudron cassé », une vaste concession clôturée d’une barrière de près de 2 m, avec six silos de tôle ondulée. C’est la SMAG, où deux cent trente-cinq (235) ouvriers travaillent à la fabrication de la farine et de l’aliment pour bétail.

2.1- Machine

Les opérations de réception du blé, mélange, fermentation et filtration sont des processus entièrement automatisés. Les opérateurs commandent ou assistent le travail de transformation du produit par les machines. Du remplissage des « carrousels/cuves » de la salle de brassage jusqu’à l’arrivée des conduits dans la salle de mise en sac, c’est le fruit du produit transformé par étapes successives qui délimite l’univers d’un procès de travail dans lequel « la formation des valeurs d’échange » dépend du « temps-machine » plus que du « temps de travail vivant » nous rappel B. Coriat57. Le rythme de la production est fixé par celui des machines et des flux, dont la décision revient à la direction technique de l’usine, au chef de service et au laboratoire (qui, dans l’agencement des locaux, lui est immédiatement voisin).

57 A ce propos et pour en savoir plus, lire B. Coriat, « Ouvriers et automates. Procès de travail, économie du temps et théorie de la segmentation de la force de travail » : in J.P. de Gaudemar (éd.), Usines et ouvriers.

Tableau 3:SMAG, caractéristiques de la main-d’œuvre par service

DIFFERENTES CATEGORIES

Cat. Effecti f/Cat.

EFFECTIFS PAR SERVICE

101 102 105 106 201 203 501 701 708 A 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Agents d’exécution B 2 1 1 C1 12 1 1 6 2 2 C2 11 2 2 1 6 D1 8 1 2 1 1 3 D2 14 1 1 9 2 1 E1 13 2 1 2 5 1 2 E2 14 2 4 4 1 2 1 E3 20 1 1 8 7 1 2 F1 21 9 1 3 5 1 2 F2 14 3 5 2 2 2 F3 12 2 2 2 2 2 1 1 G1 13 2 3 3 1 1 2 1 G2 19 4 7 1 3 4 AM1 8 1 2 4 1 Agents de maîtrise AM2 7 2 1 3 1 AM3 14 2 3 1 6 AM4 9 3 1 1 A1 2 1 A2 2 1

A3 Cadres A4 1 B1 2 1 1 B2 1 1 B3 1 1 B4 C1 C2 H.C 14 2 2 2 7 1 T= 235 37 8 33 21 51 10 18 21 35

Sources : Projet d’Accord d’Établissement, signé à Libreville le 23 juillet 2009

101=moulin ; 102=issues ; 105=service entretien ; 106=sûreté et sécurité ; 201=élevage ; 203=usine aliment pour bétail (u.a.b) ; 501=transit ; 701=services généraux ; 708=service commercial.

Le brassage est une opération commandée par un programme remis avant chaque

résideur par le chef de service au meunier-chef. Ce programme indique précisément les

dosages de produits et les températures et durées requises selon la qualité de l’aliment voulus. Le travail se fait en équipe autour de l’opérateur principal. Celui-ci, le meunier, généralement très qualifié et/ou expérimenté, dirige la production journalière sur un tableau de commande et de contrôle. Deux ou trois personnes l’assistent selon les besoins : ces aides-meuniers transportent et versent des sacs d’acide en poudre, des granulés et nettoient les cuves après le passage de chaque brassin, etc. Le travail est effectué en trois équipes, à feu continu, généralement de 7 h à 15 h de 15 h à 23 h et de 23 h -7 h. Les trois équipes se relaient au bout d’une semaine. Trente-sept personnes travaillent dans la section moulin : un cadre (meunier) et un agent d’exécution de catégorie G2 (meunier) sont au tableau de pilotage/commande, assistés de trois agents d’exécution de catégorie F3 et E1 (également meuniers) et quatre aides-meuniers. Les deux principaux ouvriers de la salle de pilotage de l’usine présentent les caractéristiques suivantes : le premier est agent de maîtrise AM1, a un salaire de base de 164.861 francs CFA par mois au taux de 2009. Il a été recruté en 1993 à l’âge de 30 ans. Il

avait auparavant travaillé à Hévégab58 Mitzic59 pendant 5 ans comme mécanicien puis opérateur machine dans une brasserie. Le second est considéré, par le directeur technique du moulin, comme faisant partie de l’encadrement bien qu’il soit de la catégorie G2 (c’est-à-dire la catégorie immédiatement en dessous de la première catégorie des agents de maîtrise). Il a été recruté en 2001 à l’âge de 35 ans, après avoir travaillé trois ans comme mécanicien à la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Il a passé ses deux premières années au moulin comme « aide-meunier » à la salle de filtration (catégorie 2) avant d’être envoyé à la salle de brassage où il a rapidement gravi les catégories, passant même directement, en 2005, de la catégorie F1 à la catégorie G. Les trois autres Meunier assistant ou remplaçant parfois les deux premiers, sont âgés de 39 et de 34 ans. Ils sont titulaires de Certificat d’Études primaires et ont une formation professionnelle mécanique antérieure à leur embauche (l’un comme frigoriste, l’autre comme soudeur). Les autres salariés de la salle de brassage, relativement jeunes (avec les deux autres composantes de l’espace-machine, les sections fermentation et filtration, les ouvriers ont la moyenne d’âge la plus basse), ont une formation scolaire (CEPE, parfois BEPC) et professionnelle apparemment prise en compte au moment de leur embauche bien que n’ayant pas de rapport technique direct avec le travail d’aide-meunier (apprentissage ou expérience dans les emplois suivants : saigneur, dactylographe, peintre, menuisier).

Le travail des opérateurs du service issues, petite et équipe et peu nombreux (rarement plus de huit personnes à la fois dans une même pièce), est rythmé par le temps de production du moulin, quatre heures, et déterminé par le fonctionnement des automatismes (mise en route, entretien, arrêt).

La fabrication de l’aliment pour bétail est une opération réputée délicate. Le chef de ce service, où travaillent 18 personnes, est un Français, présent presque en permanence. Il commande, règle, contrôle le travail et rectifie au besoin. Les ouvriers, qui l’assistent ou qui entretiennent les « résideurs » de garde des aliments filtrée, ont une formation scolaire (CEPE au moins, et souvent enseignement secondaire) et/ou professionnelle diverse (électricien, soudeur) qui vaut ici comme aussi le cas dans la salle de brassage de farine pour la familiarisation qu’elle représente avec les procédés techniques en général.

58 Hévégab est une entreprise d’hévéaculture, la plantation de Mitzic créée en 1981, est la première du pays. Avec, à ce jour, 5 000 hectares d'hévéas, elle est aussi la plus productive au Gabon.

59 Mitzic est en effet l’un des cinq départements du Woleu-Ntem, et en République gabonaise. Il est limité au nord par Oyem à l’est par la région de l’Ogooué-Ivindo, à l’ouest par la ville Medouneu et au sud par la province du Moyen Ogooué. À 415 km de Libreville et 108 km de la ville d’Oyem, Mitzic est le type même de la ville fang, en bordure de route. Ancienne base militaire française, cette bourgade garde quelques vestiges de cette époque. L'ancienne caserne, d'architecture coloniale, transformée aujourd'hui en lycée et un monument aux morts en pleine brousse, sont les témoins de ce passé.

Les services Moulin et U.A.B, constituent le poumon économique de la SMAG. À l’entrée des dits services, une minuscule salle abrite le tableau de surveillance des automates, reconnaissable instantanément aux nombreuses petites diodes qui s’allument et s’éteignent selon les différentes étapes de la programmation pendant la fabrication. En général, l’outillage qui équipe ses deux services de l’usine de manière globale, figure parmi les plus sophistiqués, pour ce type d’activité. C’est ce qu’affirment ces propos du responsable de ce service, Codjia Émile Christian :

« (…) Nous fabriquons essentiellement de l’aliment pour bétail avec les équipes

qui tournent en accès continus. Et dans chaque équipe, nous avons un chef d’équipe qui dirige les différentes fabrications journalières. Une fois les aliments fabriqués, et transformés en produits finis, nous les avons en stockage dans le magasin commercial, c’est prêt pour l’expédition et la vente aux différents clients. Tel est notre rôle ; veiller à la qualité des aliments, afin de garder l’image très haute que nous avons déjà auprès de la différente clientèle du pays (…) Notre usine est semi-automatique, donc, les différentes programmations sont introduites dans un automate avec les quantités journalières. Même si l’usine est semi-automatique, cela n’exclut pas la présence de l’homme qui, lui va suivre l’évolution des différents produits »60

.

Un automate du service UAB qui sert à la programmation journalière des aliments pour bétail. Chaque jour, environ 64 tonnes d’aliments sont produites, soit 32 tonnes par équipe.

60Émile Christian Codjia est cadre à la Société Meunière et avicole du Gabon. Responsable de l’usine d’aliments pour bataille (UAB).

Photo 3: Un automate (cliché Biveghe Bi Ndong Wilfried), la SMAG, 27 juillet 2010.

Sur cette photo, nous voyons un automate du magasin aliment. Cet appareil est un semi-automatique, il est souvent assisté par le chef d’équipe de l’usine de fabrication d’aliment pour bétails. Cet automate est la pièce maîtresse de cette usine, la production d’aliment y est programmée de manière quotidiennement selon les besoins du marché.

Des matières premières, en grande partie importées d’Europe, et notamment de France, sont ici transformées et traitées dans l’usine. À travers les autres salles de l’usine s’étire une chaîne de travail, semblable sans doute à beaucoup d’autres : des ouvriers sont postés le long d’un tapis roulant sur lequel est effectué le premier type de produits. Une seconde marchandise est conditionnée sur une autre machine, située dans une salle isolée pour des raisons de normes sanitaires. Si les responsables des services UAB et du Moulin revendiquent « l’exemplarité » de leur service, ce n’est cependant pas uniquement pour des raisons des supports matériels de l’activité, notable dans un environnement où de nombreuses entreprises, quelle que soit l’origine de leurs capitaux, fonctionnent avec un équipement totalement obsolète. La nouvelle minoterie de la Société Meunière et Avicole du Gabon a été créée en septembre 2001 avec des équipements flambants neufs. Et les responsables de l’usine se vantent d’être les premiers à piloter l’usine avec ce nouveau matériel.

Par ces trois sections de fabrication de la farine et de l’aliment pour bétail, les salaires se répartissent également au-dessus et en dessous de la catégorie E3, avec une ancienneté de 5 ans et demi. Les ouvriers de la salle tirage, que je vais maintenant présenter, ont une même répartition des salaires, mais une ancienneté moyenne de 7 ans.

2.2- La chaîne

La salle de tirage des sacs est entièrement organisée autour de la chaîne. Plus que les contrôles visuels, c’est la chaîne elle-même qui impose une rigoureuse discipline de travail : les espaces de travail et de circulation, les mouvements des différentes parties de chaque personne, les possibilités et temps de repos entre deux gestes, les espaces et temps de porales d’un ouvrier à l’autre sont ordonnés par la présence de la chaîne et sa vitesse. Une prime collective mensuelle de rendement est calculée à partir de la plus ou moins grande proximité d’un rendement théorique jamais obtenu, c’est-à-dire d’une cadence et d’une durée de travail par équipe jamais atteintes (compte tenu des temps « perdus » pour la mise en route et l’arrêt de la chaîne, le nettoyage et l’entretien des machines et de la salle, des pannes, des arrêts pour accidents — tapis coupés, etc.), soit : 500 francs CFA mensuels de prime pour chaque 1 % supplémentaire à partir de 80 % du rendement théorique de 32 tonnes par équipe et par huit heures.

Lorsque la chaîne avance, tout le corps de chaque opérateur est mobilisé pour l’accomplissement de quelques gestes précis définis par la place à laquelle correspond le poste de travail qu’il occupe. D’autre part, chaque poste est défini par un espace propre le long de la chaîne. Il peut inclure, ou non, la nécessité de circuler.

Le conducteur de ligne automatisée de blé : est un poste clé qui est occupé par deux

personnes qui fonctionne selon un système d’heure de quart (7 h-19 h et de 19 h-7 h). La première opération consiste à réceptionner les camions de citernes de blé qui revient du port d’Owendo pour l’acheminer dans les silos privés. La deuxième opération est basée sur le transfert du blé. Cette étape consiste à prendre le blé dans les silos privés afin de l’acheminer dans les silos de mélange destiné au moulin. Le but est de régler et de mettre en route une ligne de fabrication, puis d’assurer son bon fonctionnement dans le moulin. Le transfert du blé se fait en 8 h de temps, c’est-à-dire de 7 h à 15 h, et de 15 h à 23 h. Le conducteur de blé est un agent d’exécution hautement qualifié (catégorie F2). Car il sait qu’il doit utiliser des savoir-faire relevant à la fois de la mécanique, de l’informatique, de l’électricité, de l’électronique et de la pneumatique. Ses compétences, en matière de produit, de machines et de processus font de lui un professionnel très qualifié. En fait, les automates décident automatiquement, grâce à l’utilisation de certains logiciels, des transactions, à partir des données entrées également automatiquement.

Photo 4: Réception du blé

Photo 5: Conduction du blé (cliché Biveghe Bi Ndong Wilfried), la SMAG, août 2011, à

Ces photos présentent deux étapes de la réception du blé venant de France. Sur la première (une citerne de blé sur le pont), nous pouvons observer la première étape de réception du blé. Cette phase consiste à faire partir du blé du Port d’Owendo qui arrive des bateaux en provenance de la France. Arrivée dans l’entreprise (située à environ 10 km du Port d’Owendo), le camion est obligé de stationner sur un pont-bascule afin de vidanger tout le blé qui se trouve dans la citerne (environ 32 tonnes). Le but de cette étape est d’acheminer le blé dans les silos privés. Le transfert du blé se fait en 8 h de temps, c’est-à-dire de 7 h à 15 h, et de 15 h à 23 h.

L'autre étape du processus est l’acheminement du blé. Cette deuxième opération, appelée « transfert », consiste à prendre le blé dans les silos privés afin de l’acheminer dans les silos de mélange destiné au moulin. Le moulin va par la suite triller ce blé, le nettoyer puis l’envoyer dans les silos coqs. La particularité de cette opération est qu’elle se fait à l’aide des techniques nouvelles assistées par un agent d’exécution hautement qualifié (catégorie F). Sur la photo (5), le conducteur de ligne automatisée de blé rentre les différentes opérations et mélanges que doit suivre le blé. Cette particularité fait aussi en sorte que ce poste est occupé par deux personnes. Cela, selon une organisation de travail spécifique appelée « système de quart ». Ce système consiste à chacun d’effectuer une demi-journée complète de travail (12 h : 7 h à 19 h — 19 h à 7 h), ce qui permet de maintenir le service en continu (24 h/24 h).

Le poste de la soutireuse est le plus valorisé et le plus surveillé. C’est là que se décide la cadence de l’ensemble de la chaîne. L’opérateur contrôle des commandes de marche/arrêt et de vitesse. Il surveille le déroulement de l’opération (remplissage des sacs de farine ou d’aliment), et doit récupérer à la sortie les sacs mal remplis ou non pour les remettre à l’entrée de la machine, si possible sans arrêter la chaîne. Celui qui tient ce poste est un agent d’exécution expérimenté, qui a déjà occupé plusieurs postes dans la chaîne et qui à dix-neuf ans d’ancienneté dans l’entreprise. Il est aidé et parfois remplacé pendant son repas au foyer, qu’il prend entre 10h15 et 10 h 45, ou 19 h et 19h30 et selon l’équipe, par un agent d’exécution plus âgé, proche de la retraite, qui tenait auparavant le même poste, mais qui est maintenant affecté à d’autres tâches au rythme moins vif, et par un jeune assistant qui apprend, par ce côtoiement, le travail à la soutireuse. Ce poste est également le plus visité par le chef d’équipe, le chef de service et la direction de l’usine. L’espace de l’opérateur de la soutireuse est délimité par une petite plate-forme d’environ 60 cm de hauteur et quatre mètres de longueur.

Le poste de la sortie de la pasteurisation consiste à aider le passage des sacs d’un tapis à un autre (lent, celle de la pasteurisation où les sacs restent environ deux quarts d’heure), d’autre (rapide, celle qui va vers la couseuse), notamment en redressant les sacs tombés lors de ce passage et en les alignant sur un tapis roulant plus rapide. À leur sortie de la pasteurisation, les sacs se bousculent et se couchent. On voit souvent, venant de cet endroit, un nuage de poussière de farine qui offusque la vue des salariés.

La couseuse est une machine à coudre de haute précision et efficiente. Elle assure la fermeture de tous types de sacs, prolongée par une quinzaine d’aiguilles tournantes qui, successivement passent contre quatre rouleaux de file, prennent le file arrivant au bout d’un bras métallique et coud les sacs qui passent par deux. L’opérateur tient dans la main droite une commande mobile marche/arrêt qui lui permet d’arrêter la machine, rapide, à tout moment en cas de défectuosité (sac mal cousu, sac coincé, etc.). La machine n’ayant pas de marche arrière, il doit redisposer manuellement les sacs mal ou non cousus sur le tapis roulant/chaîne qui arrive vers la machine. Il doit aussi réalimenter en permanence la machine en rouleau de ficelle et remplacé une aiguille cassée.

Quelques postes sont régulièrement attribués aux personnes. C’est le cas de la mireuse, de la soutireuse et de pasteurisation. Sur les six personnes que compte chaque équipe de l’usine d’aliment pour bétail (UAB), quatre personnes occupent régulièrement ces postes fixes. Un ouvrier, également fixe, assiste l’opérateur de la soutireuse. Deux autres personnes (il s’agit parfois d’ouvriers occasionnels, ou venant du service commercial) occupent les autres postes ou font divers travaux de manutention (transport des sacs, nettoyage, etc.).

Il n’est à priori demandé aux salariés de la salle de tirage aucune qualification professionnelle. Ceux qui savent lire peuvent prétendre, après un apprentissage « sur le tas », à un poste d’opérateur affecté régulièrement à la même machine. Devenant moins facilement interchangeables, ils obtiennent ainsi une certaine sécurité d’emploi et du travail du blanc tant recherché (si l’apprentissage du travail à la pasteurisation ne demande que quelques jours six à sept, celui de la soutireuse s’évalue en mois ou années de côtoiement). Les chefs d’équipe sont choisis parmi les opérateurs jugés les plus compétents. Au cours d’un examen, ils doivent montrer qu’ils connaissent le fonctionnement d’ensemble du tirage, qu’ils ont des notions de calcul (poids, volumes, surfaces) et de commandement. Il s’agit généralement d’anciens, mais la direction peut aussi promouvoir à ce poste des ouvriers plus jeunes, si elle les juge sûrs et efficaces, en leur faisant gravir plus vite les échelons salariaux.

La présence européenne est régulièrement manifestée dans la salle de tirage par le