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4-Entrée dans la vie professionnelle

Le thème de l’insertion professionnelle est traité ici sous l’angle de l’accès au premier emploi. Il est évident que pour les informateurs qui ont poursuivi leurs études scolaires ou professionnelles à Libreville par exemple, le premier emploi dans cette localité est aussi le premier emploi de leur vie active. Pour les autres par contre, la situation peut être quelque peu différente.

En général, on constate que plus le niveau d’étude est élevé, plus les individus s’orientent vers le salariat avec des choix de secteur d’activité assez précis. Ce choix peut se traduire par une période de chômage plus ou moins longue, mais la détermination et la possession d’un diplôme spécialisé donnent des raisons d’y croire, car l’aboutissement logique de l’enseignement scolaire est un emploi salarié. Le temps passé généralement entre la fin des études et le premier emploi se justifie par le souci et l’espoir d’obtenir un meilleur emploi. Les interlocuteurs les moins instruits à l’exemple des « souleveur de sac » n’ayant aucun diplôme spécialisé, sont par contre plus flexibles et toujours aptes à s’orienter vers tout ce qui s’offre à eux, surtout lorsque cet emploi les élève socialement.

88 Paul-Marie Nzoghe est ingénieure de technique. Il est fang de Mitzic, divorcé depuis deux ans. Il est père de dix enfants. Entretien réalisé le 26 juillet 2010 dans un bar au quartier Derrière la prison au tour d’un verre de bière.

4.1- Les premiers pas

Les itinéraires professionnels des enquêtés sont hétérogènes. Certains travailleurs ont commencé leur vie active dans le secteur public (administration, armée, diverses sociétés étatiques). D’autres reviennent des entreprises privées. Il y a enfin ceux qui sortent directement de l’école ou de l’université. Compte tenu de cette complexité d’itinéraires, j’ai jugé inutile de faire fi des emplois saisonniers ou occasionnels, pour ne tenir compte que des seuls emplois enregistrés aussi bien dans le secteur public que dans le privé.

J’ai tout de même écarté les activités secondaires ou informelles exercées en même temps qu’une activité principale. L’analyse scientifique de celles-ci aurait fait intervenir beaucoup d’approximations. On sait par exemple qu’un trafiquant de drogue ne se déclarerait jamais comme tel, même si cette activité lui avait permis, à un moment donné d’arrondir ses fins de mois. Le tableau suivant décrit la situation professionnelle à l’entrée dans la vie active.

Tableau 9:Entrée dans la vie professionnelle Enquêté Itinéraire professionnel

Enquêté 1 : 60 ans Sobraga Cimgabon Travailleur à la SMAG Enquête 2 : 37 ans Travailleur à la SMAG

Enquête 3 : 41 ans Chauffeur aux travaux publics Travailleur à la SMAG Enquête 4 : 36 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 5 : 34 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 6 : 39 ans Manutentionnaire à Sucaf Travailleur à la SMAG Enquêté 7 : 44 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 8 : 30 ans Travailleur à la SMAG Enquêté 9 : 34 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 10 : 39 ans Sodim TP Travailleur à la SMAG

Enquêté 11 : 40 ans Commis de bureau Manœuvre Travailleur à la SMAG Enquêté 12 : 29 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 13 : 44 ans Agro-Gabon Travailleur à la SMAG

Enquêté 14 : 42 ans Saigneur à Hévégab Travailleur à la SMAG Enquêté 15 : 25 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 16 : 28 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 18 : 32 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 19 : 39 ans Manœuvre à la Mairie de Libreville Travailleur à la SMAG Enquêté 20 : 21 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 21 : 35 ans Artisan Coursier Travailleur à la SMAG Enquêté 22 : 32 ans Travailleur à la SMAG

Enquêté 23 : 50 ans Gendarme Sous-traitant Travailleur à la SMAG Enquêté 24 : 25 ans Travailleur à la SMAG

Source : Enquêtes personnelles, Libreville, juillet-octobre 2011. À la lecture de ce tableau, trois tendances se dégagent :

La première concerne les travailleurs qui ont commencé leur vie active à la Société Meunière et Avicole du Gabon. Ils représentent 54,16 % de l’effectif total.

La deuxième concerne des travailleurs ayant exercé une première activité avant d’intégrer la SMAG. Ils représentent 33,33 %.

La dernière concerne ceux ayant exercé au moins deux activités avant leur admission à la SMAG. Ils ne représentent que 12,5 % de l’effectif.

Certains travailleurs de la première catégorie justifient leur arrivée à la Société Meunière et Avicole du Gabon (comme premier emploi) par la durée des études et leur spécialisation dans le domaine agricole. À ce sujet, un cadre de l’élevage me rapporte son histoire professionnelle :

« Mon admission à la SMAG n’est pas le fruit du hasard. C’est la suite logique de mes études. En effet, après mon bac D, je voulais être cadre dans une entreprise agricole. Pour y arriver, il me fallait partir à l’École Polytechnique de Masuku de Franceville afin d’obtenir un diplôme d’école qui prépare aux métiers de l’agriculture. À la fin de mes études, j’ai obtenu un stage grâce à mon oncle qui travaillait déjà à la SMAG. À la fin du stage, j’ai été retenu (…) »89.

D’autres par contre considèrent leur admission à la SMAG comme un « vol d’air » qui leur a permis de sortir du désespoir. Car en l’absence d’une formation spécialisée, le choix semble difficile à faire.

89 Jean-Fidèle Moussavou est punu de l’Ogooué Lolo. La SMAG est sont premier emploi depuis la fin de ses études en 2009. Il est marié avec trois enfants. Entretien enregistré à son domicile à Lalala à droite le 29 août 2011.

« Ce n’est pas par vocation que je suis entré à la SMAG. C’est parce que je n’avais pas pu aller ailleurs »90

.

Me confie un manutentionnaire du magasin œuf, Osso Cédric

Les travailleurs des deuxièmes et troisièmes catégories ont un itinéraire en dents de scie. Cette instabilité professionnelle s’explique par des motifs économiques (licenciements, fermeture d’entreprise ou d’usine), mais aussi par l’insatisfaction qui ressort des premières activités professionnelles (conditions de travail, salaires, etc.). Je cite un agent d’exécution qui illustre bien ce propos :

« J’ai commencé ma vie professionnelle comme saigneur dans les plantations d’hévéa culture à Mitzic, où je suis resté deux ans. Je touchais un salaire de misère et les conditions de travail de jour comme de nuit (car je me levais à 4 h du matin) me rongeaient chaque jour davantage. C’est pour cela que j’ai quitté ce travail pour faire de la manutention à Cimgabon »91.

4.2- L’entrée à la SMAG

Il est question d’examiner les modalités d’entrée à la SMAG, car les conditions d’instruction et de formation exigées autrefois se sont différenciées selon le niveau auquel les nouveaux travailleurs sont appelés à travailler et selon leur possibilité de carrière.

Un recul historique me permet de dire que l’accession du Gabon à l’indépendance a amené ce nouvel État à se doter d’une organisation nationale, quoique influencée par le régime antérieur et servie par un personnel en majorité national. Ce personnel fut constitué par les quelques anciens ayant servi sous le régime colonial et par le très petit nombre de nouvelle élite intellectuelle formée dans les grandes écoles de l’ancienne métropole.

C’est pourquoi en raison de l’insuffisance du personnel qualifié et la nécessité de faire fonctionner les institutions étatiques, que les dirigeants augmentèrent rapidement le nombre

90

Cédric Osso est agent d’exécution au magasin œuf. Il est de l’ethnie miène de la province de l’Estuaire, célibataire avec deux enfants.

91 Faustin Ebang était recruté à la SMAG du comme manutentionnaire. En ce moment grâce à une formation sur le tas, il est déjà conducteur d’hister. Faustin Ebang est fang du Nord Gabon, précisément de la ville de Bitam et il est du clan essandone.

de leurs employés. Cette augmentation hâtive s’opéra bien évidemment au détriment de la qualité, notamment en raison de l’hétérogénéité de ces états qui, ne correspondant pas généralement à des nations pleinement intégrées ni même à une volonté commune d’unité, ne purent résister aux forces centrifuges des particularismes locaux ou ethniques, au régionalisme et au tribalisme, nous dit l’économiste gabonais Martin Edzodzomo Ela92

. De même, certaines promotions ou nominations se faisaient au détriment du critère « mérité » ou de « compétence » ; même si une phrase à la mode revient pratiquement dans tous les discours officiels : « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Or, j’assistais quotidiennement à des interventions parfois musclées pour placer un frère à un poste, pour nommer un cousin à une hiérarchie supérieure, etc. Ces interventions, parce qu’effectuées le plus souvent au détriment de la qualification sur le critère dominant de la relation familiale ou politique, relèguent au second plan les intérêts des institutions gabonaises. Elles visent à attribuer des postes de responsabilités à des gens sans formation requise.

En revanche depuis les années 2000, la Société Meunière et Avicole du Gabon exige une formation initiale plus poussée et, de plus en plus souvent, plus spécialisée dans les postes techniques. La plupart des nouveaux travailleurs ont un bagage assez général.

Le déséquilibre des qualifications est aujourd’hui très important. Ce qui fait que les travailleurs les moins qualifiés se trouvent en situation précaire. La requalification devient un impératif, et la capacité du personnel à acquérir de nouvelles compétences, un facteur stratégique essentiel.

En effet, dans la Société Meunière et avicole du Gabon, il y a eu des recrutements massifs vers les années 1970 avec un niveau d’instruction souvent inférieur à la classe de 3ème

. C’est ce que témoignent les propos de ce syndicaliste :

« (…) La SMAG était un vrai village. Les 80 % des employés étaient tous de

Lalala. Pour eux, la société leur appartient. Le terrain sur lequel la société est installée est sur leur territoire. En fait, dans les années 1960, cette parcelle du territoire avait été cédée aux colons par le père de l’actuel DG de la société. À l’arrivée des Blancs, la famille qui occupe des postes de responsabilité aujourd’hui dans la SMAG a côtoyé les Blancs. Les Blancs pour remercier cette famille recrutent leur lignée. Et ce sont eux qui ont occupé les postes de responsabilité depuis la création de la société. Aujourd’hui, ils considèrent la

92

Martin Edzodzomo Ela, De la démocratie au Gabon : les fondements d’un renouveau national, Paris, Karthala, 1993, p. 30.

société comme un patrimoine familial. Il fut une époque, nous avions un « grand cadre » dans la société qui avait un niveau 5ème, c’était un membre de leur famille. Il ne savait pas faire grande chose que signer des papiers. Chaque membre de cette famille, avant d’aller en retraite, souhaite laisser son fils dans l’entreprise. Dans leur l’esprit, la SMAG est un village, leur affaire. Cette situation a changé un peu quand l’État a décidé de prendre le contrôle d’une partie des parts (…) »93

.

La conséquence immédiate c’est qu’aujourd’hui, un quart de l’effectif des travailleurs du secteur de la production avicole ne possède aucun diplôme d’enseignement secondaire ou professionnel.

La dernière décennie se caractérise par l’évaluation du niveau de recrutement. L’arrivée de nouveaux métiers conduit à de nouvelles politiques de recrutement différentes des politiques antérieures.

Avec le recrutement de personnes à haut niveau de formation initiale, je suis amené à souligner certains problèmes qui pourraient devenir source de tension. En effet, ces recrutements pourraient réduire la possibilité d’ascension pour le personnel en place. Ne risque-t-on pas d’avoir une gestion dualiste de la main-d’œuvre ?

En général, les nouveaux personnels sont porteurs d’attitudes plus offensives que les anciens qui les mènent à tenter d'élargir leur champ de compétence et qui les rendent aussi beaucoup plus mobiles sur le plan professionnel. On assiste alors à des chevauchements entre des hiérarchies fondées sur l’ancienneté et d’autres sur l’acquisition rapide de compétences professionnelles. La mise en place de système de carrière à deux vitesses profiterait inévitablement aux jeunes et rendrait les anciens amers.

4.3- Modalités d’entrée à la SMAG

Par ce thème, l’objectif est de rechercher les conditions dans lesquelles certains de mes informateurs ont intégré la Société Meunière et avicole du Gabon. Les réponses obtenues peuvent se regrouper en trois types notamment par relation, par mutation interne et par sélection/stage. Ce qui donne le tableau suivant :

93 Faustin Bikey, agent commercial à la SMAG. Il s’occupe des saisies, des bons de livraison et des différentes factures au service commercial. Et responsable également des bons de livraison d’œufs. Il est aussi délégué du personnel. Il est originaire du Nord Gabon, marié et père de trois enfants.

Tableau 10: Modes d’entrée à la SMAG

Mode d’entrée Effectifs En % Relation/familial 19 79,16 Mutation interne 1 4,16

Sélection/stage 4 16,66

total 24 100 %

Source : Enquêtes personnelles, Libreville, août-octobre 2011.

Par relation

Par « relation », il ne faut pas forcément entendre clientélisme, pot de vin ou magouille. Le fait est qu’en Afrique en général, la rumeur et le « radio-trottoir » constituent les moyens de circulation de l’information le plus rapide et le plus « sûr » : les services de petites annonces et de sites internet d’offre d’emplois n’étant pas encore très développés (jobgabon.com créer en 2012).

Ce n’est d’ailleurs pas un fait typiquement africain, car suivant la pensée de Daniel Bertaux « les bons emplois porteurs ne se trouvent pas dans les petites annonces, mais s’obtiennent par relation ; être originaire du milieu social des classes moyennes ou de la bourgeoisie, c’est-à-dire du milieu des gens qui contrôlent l’embauche, c’est précisément se trouver dans le réseau de relations le long desquelles passent les informations sur les bonnes places. C’est aussi être en mesure de renvoyer l’ascenseur un jour, c’est-à-dire quand l’occasion se présentera, de rendre un service à qui vous en a rendu un »94

. Cette idée est reprise et réconfortée dans les récents travaux Nathalie Chauvac95.

Le sociologue américain Mark. Granovetter aborde dans le même sens en découvrant que le comportement économique de l’acteur s’inscrit dans des micro-structures sociales qui sont à comprendre comme des niveaux de médiation. Dans sa thèse de doctorat intitulée « geting a job », M. Granovetter s’intéresse à la façon dont un individu s’y prend pour trouver un emploi. Il découvre que ce n’est pas en lisant les petites annonces que l’on trouve des informations sur un emploi. L’information sur l’emploi se déplace le long de chaînes de relation entre groupes de personnes.

94 Daniel Bertaux, « Nouvelles perspectives sur la mobilité sociale en France », in Quality and 5 (1), pp 87-129. 95 Pour en savoir plus, lire la thèse de Nathalie Chauvac, L’embauche, une histoire de relations ? Réseaux et

dispositifs de médiation au cœur du marché de l’emploi, Thèse de sociologie université de Toulouse le Mirail,

La recherche d’emploi est inscrite dans le processus social qui va largement contraindre et influer sur ces résultats. Cela peut paraitre naïf de l’affirmer qu’au travers des relations, du copinage, du parrainage ou de la magouille que l’on trouve du travail. Néanmoins, il faut essayer de comprendre en quoi les liens domestiques développés au sein de la famille élargie jouent un rôle important sur la performance d’une économie.

On distingue donc deux groupes sociaux. « Le groupe des liens forts, ce que tisse l’appartenance familiale. Le groupe des liens faibles, ce que produit le fait d’avoir des amis, des collègues, des voisins, d’appartenir à des clubs, des associations politiques, d’anciens élèves, sportives, religieuses, culturelles »96.

L’originalité de la thèse de M. Granovetter se situe sur le fait qu’elle montre la force des liens faibles dans les mécanismes de recherche de l’information. Cette dernière circule rapidement et atteint un plus grand nombre de personnes. La force des liens faibles permet à un individu de passer d’un groupe à un autre.

En somme, les réseaux sociaux emboîtent le pas et prennent de l’avance sur les sources d’information formelle, à la lumière des résultats d’enquête reproduits dans le tableau récapitulatif ci-dessus.

«(…) Un jour, mon oncle qui travaille dans une compagnie d’assurances est venu à la maison un samedi soir me dire qu’un de ses amis avait besoin d’un agent. N’ayant pas les moyens de continuer mes études, il m’a recommandé auprès de mon patron. Celui-ci, après m’avoir indiqué ses attentes, m’a recruté à la Société Meunière et Avicole du Gabon»97.

Dans le même ordre d’idées, un agent d’exécution de la sécurité me rapporte son histoire professionnelle qui mérité d’être citée in extenso :

« Au sujet de mon embauche, disons que c’est un ami qui m’a amené, il est Directeur général adjoint de la SMAG je le connais depuis le village Mindzi dans le département de l’Okano Mitzic. En fait, je revenais d’une chasse avec mes

96

Mark Granovetter, « Les liens sociaux invisibles », Sciences Humaines Hors-série n°5 Mai-Juin 1994, pp 5-28.

97 Stévy Nkoghe, agent d’exécution au magasin œuf (trieur des œufs), il a 28 ans, célibataire un enfant, du clan Essenvouse du village Egne-Melen. Il originaire de la province du Woleu-Ntem.

chasseurs et avec tout ce que j’avais comme gibier, il me fallait impérativement un véhicule, le mien étant en panne. Et lui, il revenait de Libreville pour aller à Mitzic, c’est comme ça que j’ai été embarqué dans sa voiture. Après nous avons fait connaissance, puis en cours de route, il m’a demandé si je pouvais lui venir en aide, car il cherchait un guérisseur, un « nganga » parce qu’il avait dans la voiture son enfant qui était gravement malade et cette maladie ne se soignait pas à l’hôpital. Et moi, sans chercher à comprendre, je lui ai amené chez ma grande sœur Edzaya qui était spécialiste dans ce genre de chose et qui résidait le quartier Oborebor à Mitzic centre. Et finalement, elle s’était occupée de l’enfant jusqu'à la guérison complète. C’est par la suite qu’il a proposé de me faire un « cadeau ». Et ce cadeau n’était autre chose que de m’embaucher à la SMAG(…) et voilà pourquoi je suis là aujourd’hui !!! »98

.

On peut cependant remarquer que l’accès par des voies secondaires est l’apanage des employés à bas niveau d’éducation et qui intègrent la SMAG par pur hasard. Le récit de cet informateur est très révélateur à ce propos.

« Ce n’est pas par vocation que je suis entré à la SMAG. C’est mon oncle qui m’a

amené et je suis très content aujourd’hui. En réalité je ne sais ce que je serai devenu sans lui. Je commençais à être exaspéré de faire des petits boulots précaires exigeant beaucoup de force physique »99.

L’exemple de cet employé montre que l’accès à un tel métier pour celui qui ne s’y attendait presque pas est synonyme d’ascension sociale. D’où ce sentiment de satisfaction.

Sélection/stage

Les candidatures par sélection ou par les réponses à une annonce se font généralement par des individus, soit ils décident d’interrompre leurs études pour des raisons existentielles, soit ils ont terminé normalement leurs études (sanctionnées par un diplôme) et veulent

98 Joachin Eoughe Assame., il est agent de sécurité à la SMAG, 55 ans, marié père de dix enfants du clan Yéngüi. Il est fang, originaire du département de l’Okano Mitzic. Il travaille à la SMAG depuis 2000.

99

Marie Céline Lembeme est de l’ethnie Obamba, elle est opératrice de saisie au personnel, célibataire mère de quatre enfants.

s’insérer dans la vie active. Je prends l’exemple de deux informateurs, un magasinier de l’atelier et un technicien agricole de « l’usine issue » pour étayer cette assertion.

Pour le premier cas, il révèle ceci :

« Après mon baccalauréat B en 2001 au Lycée Richard Nguema Bekale d’Oyem, j’étais complètement désemparé et exténué. J’avais l’impression d’avoir fourni beaucoup d’efforts dans les conditions difficiles. Malgré cela, je me suis inscrit à l’université Omar Bongo où je suis resté trois ans sans bourse et sans faire un succès. J’avais perdu toute motivation, car les conditions de vie ne s’amélioraient