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tchèque 57 ans Divorcé, deux enfants Très endetté Vit en Allemagne depuis 1973 (All

1 – FAUX-PAS ÉCONOMIQUES

2ème témoignage : LA PENTE DESCENDANTE

H, tchèque 57 ans Divorcé, deux enfants Très endetté Vit en Allemagne depuis 1973 (All

02) --- « Je suis né en Tchécoslovaquie et je me disais, ici, tu n'as pas d'avenir, rien de bon ne t'attend. Tu dois partir. Comme je jouais au basket-ball, j'ai eu l'opportunité de partir aux Jeux Olympiques de Munich en 1972 par le biais de l'agence de voyages Sport-Tourist. Enfin, plus exactement à Ebersberg. Là-bas, on nous a répartis dans des appartements et des maisons privées. Il y avait cinq bus en tout, je crois.

Prendre la décision, c'était l'horreur : être un homme sans expérience, mais qui pense à l'avenir et se demander comment on va faire pour quitter l'Est, pour quitter le bus, si ça vaut vraiment le coup ? Et se demander aussi s'il faut rester en Allemagne ou quitter carrément l'Europe ? Pour moi franchement, ça n'a pas été facile…

Je voulais construire ma vie au plus vite et réussir, surtout financièrement, pour vivre comme les autres. J'ai décidé de partir loin. Du côté de mon père, ils vivent tous au Canada, à Vancouver. J'ai donc décidé de partir à Vancouver ou peu importe où, mais au Canada.

J'ai raconté ce projet au cousin de ma mère qui habitait à Ebermannstadt. Il m'a demandé ce que je comptais faire une fois là-bas, comment je m'imaginais ça… Et il m'a dit que ça ne m'apporterait rien de bon. Il m'a demandé si je voulais être bûcheron… En gros, il m'a foutu la frousse. Il m'a dit : « Tu n'as que des parents éloignés là-bas, juste un cousin du côté de ton père. C'est n'importe quoi ce que tu fais. Reste ici. En Allemagne, tu as beaucoup plus de famille ». Le vol était déjà prévu pour novembre – mais en fait, j'ai finalement décidé de rester en Allemagne. Et cette décision, que je regrette encore, était la mauvaise. C'était certainement mon destin. Cette décision a probablement détruit toute ma vie. Et justement les gens de la branche dans laquelle je m’étais imaginé travailler, où j'avais appris mon métier, m'ont dit que je ne possédais pas la nationalité allemande et que je ne pouvais pas travailler ici ! J'ai quand même trouvé un boulot chez Zettler et j'y suis resté jusqu'en 1975. Et puis j'en ai eu vraiment ras-le-bol de travailler. Ce n'était pas par fainéantise, non, non, pas du tout. Comprenez-moi bien. Je voulais être un homme libre et je voulais aussi que mon travail soit reconnu et récompensé. J'ai alors commencé à travailler pour mon compte en tant que vendeur de billets de loterie dans la ville de Munich. …/…

En 1982 ça a été le summum : j'ai reçu un courrier du centre des impôts qui disait… bon, ce n’était pas dit comme ça, mais en gros, que j'étais un criminel car je n'avais pas payé le montant correct de mes impôts. Mais ce n'était pas vrai,

précarités contemporaines / PUCA 12-2008 I 176

c'était une erreur, un mensonge. J'avais tout bien payé. Je n'ai jamais cherché à frauder de toute ma vie. À l'époque, il y avait 11 % de TVA. Et en fait, on recevait 7% et l'entreprise en gardait 4 %. Ou l'inverse, je sais plus, il faudrait que je regarde dans mes papiers, enfin… bref. Et ils ne le savaient pas ! Apparemment, je ne les avais pas déclarés et il fallait les rendre. Je leur devais 32 000 marks. J'étais complètement KO.

Mon mariage est très vite parti en fumée. Mon fils est né le 19 mars de cette même année et il est mort deux jours plus tard. J'avais toujours voulu avoir un fils ; c'est normal, les papas veulent des garçons… Ma femme est de nouveau tombée enceinte peu de temps après la mort de mon fils mort-né. Notre premier enfant, encore vivant aujourd'hui, est né en 1983, une fille. AÀ peine était-elle née que les disputes ont commencé dans la famille. Essentiellement pour des questions

d'argent. Depuis 2002 je vends le journal BISS dans la rue. À l'époque, j'avais plein de dettes, quasiment 11 000 €. J'ai pu en rembourser 5 000 assez vite. J'ai même réussi à ce qu'il ne reste plus que 4 500 puis 3 800 € mais je n'arrive pas à rembourser le reste. Simplement parce que la vie est très chère et que je gagne peu, je n'ai rien à cacher, je gagne 883 € nets par mois et je ne reçois que très peu de pourboires.

Et puis du côté de ma fille aînée plus rien, du côté de la plus jeune non plus. Elles ont coupé le contact. Pour elles, Papa est quasiment un clochard, avec son journal BISS . Je ne vois plus mes enfants depuis trois ans, du moins la plus jeune. Je ne sais même pas ce qu'elle fait. Ma fille aînée vient me rendre visite deux fois par semestre, surtout en octobre pour me faire signer ses papiers certifiant que je ne gagne rien pour qu'elle puisse toucher son BAFÖG … ».

Bundesausbilbildungsförderungsgesetz est un prêt étudiant accordé

par l'État allemand aux étudiants en difficulté sur des critères sociaux.

177 I précarités contemporaines / PUCA 12-2008 ---

6ème témoignage : ALLER-RETOUR EST/ OUEST : UNE PRÉCARITÉ D'ÉTAT

Hubert

H, polonais. 27 ans. Vit à Varsovie avec trois