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Le premier chapitre parle de la naissance Brutus, et comme il navra son pere1 cuidant occire ung cerff, pour quoy il fut banny d’Itallie.

Le secund chapitre contient comme Brutus s’en fuit en Macedone et se fist chieff des Troyens qui estoient tenuz en servage.

Le tiers chapitre, comme Pandrasus, le roy de Grece, cuida a Brutus et aux Troyens courir seure, et comme il fut desconfit et Anacletus son frere prisonnier.

Le quart, comme Pendrasus assegea l’un des chasteaux Brutus, et comme Turnus2 secourit les enclos, desconfit les Gregeois et print ledit Pandrasus.

Le quint, comme le roy Pandrasus fut de prinson delivré parce qu’il donna sa fille Ynote a Brutus en mariage ; et comme Brutus et ses gens se partirent de Grece par mer et vindrent descendre en l’isle de Loegece, ou ilz sacriffierent a Dyane la deesse.

Le seixiesme, comme Brutus et ses Troyens passerent en pluseurs destroitz perilleux et trouverent Corineus sur mer, avecques lequel ilz se acompaignerent et assemblerent et vindrent3 descendre en Gaulle.

Le septiesme, comme Goffarius4 roy de Poitou cuida par armes chacer Brutus et ses Troyens hors de sa contree, mais il fut desconfit et s’en fuit aux autres roys de Gaulle.

L’ouictiesme, comme Brutus gasta le paÿs de Guienne et edifia ung chastel sur le fleuve de Laire, ou est a present Tours. Comme il descomfist tous les roys de Gaulle ensemble, puis transnagea en Albion.

Le neuffiesme, comme Brutus fut assailly par les geans qui par les Troyens furent desconfitz, et la luite de Corineus et de Geomagoth geans.

Le dixiesme, comme Brutus appella l’isle d’Albion Bretaigne et y funda la cité de Troye Neuve, et de sa mort.

L’onziesme comme les trois filz Brutus partirent entr’elx le royaume de Bretaigne, et come Locrius espousa Guendolene, fille Corineus.

[f.16v] Le doziesme, comme Locrius repudia sa femme Guendolene, pour

quoy elle vint contre lui en bataille ou il fut occis ; et de pluseurs roys qui en Bretaigne regnerent successivement.

Le treziesme, du roy Bladud et de Leir son filz successivement roys de Bretaigne ; et comme Leir fist esprouver l’amour que ses troys filles avoint a lui.

Le quatorziesme, comme le roy Leir fut estrangé par ses deux ainsnees filles et comme il vint en Gaulle a Cordeille la tierce, sa fille5.

Le quinziesme, come Cordeille o son ost gaulloys6 restabli Leir son pere en sa dignité royalle ; et de pluseurs roys qui regnerent en Bretaigne l’un aprés l’autre.

Le saziesme, de Brenius et de Belnius, roys et freres, et de la guerre qui entr’eulx seurvint.

Le dix septiesme, comme Brenius7, qui en Gaulle s’en estoit affuy, fut fait roy d’Alabre ; et come il transnagea en Bretaigne atout grant ost pour faire guerre a son frere, mais leur mere les mist a accord.

1

Var. il navra son pere a mort

2

Même erreur dans 8266. Il faudrait lire Brutus, comme c’est le cas dans la rubrique du chapitre IV (f.19)

3

Var. et assemblement vindrent

4

Gloffarius (correction d’après 8266 et les occurrences de ce nom dans le chapitre VII suivant)

5

Var. vint en Gaulle a Cordeille la tierce a reffuge

6

Var. ost de Gaulloys

7

Le dix ouictiesme, come Belnius et Brenius conquirent les Gaulles et les Italles en faesant les Romains tributaires, puis se transporterent en Germanie ; et come ilz embraserent la cité de Rome, pource que les Romains envers eulx leur foy mantirent, et XXIIII nobles romains firent pandre devant les portes de Rome.

Le dix neuffiesme, come Belnius s’en retourna en Bretaigne et de Brenius come il persevera.

Le vigntiesme, du roy Baptrus filz Belnius et de pluseurs autres roys bretons. Le vignt et uniesme, de Gorbanian, Artagalon et Elidure, enfans du roy Morvid, qui aprés la mort leur pere furent roys de Bretaigne.

Le vignt deuxiesme, du roy Elidure et de ses autres deux freres, enfans de Morvid ; et de pluseurs autres roys qui l’un aprés l’autre regnerent en Bretaigne.

Le vignt troisziesme, come au temps du roy Cassibellanus Jullius Cesar, consul romain, voult faire Bretaigne tributaire, et come il fut desconfit par les Bretons et s’en fuit en Gaulle.

Le vignt quatriesme, comme Julius Cesar, aprés ce qu’il eut apaisez aucuns discords, retourna en Bretaigne a grant ost ou il fut derechieff par les Bretons desconfit.

Le vignt cinquiesme, du debat qui seurvint entre Hyerglas et Cuelin par quoy la guerre s’esmeut entre Cassibellanus et Androgee son neveu, et comme Androgee appella Julius Cesar en son ayde, [f.17] par quoy Bretaigne fut faicte tributaire aux Romains.

Le vignt seixiesme, de la mort Cassibellanus et de pluseurs roys bretons ; et comme le roy Guidon ne voult poyer les tributs1 aux Romains, pour quoy Claudius lui livra bataille ou fut Guidon occis. Mais neantmoins fut ledit Claudius desconfit par Arviragus frere du roy Guidon.

Le vignt septiesme, comme la paix fut faicte entre Claudius et Arviragus parce que Arviragus print a femme la fille dudit Claudius ; et come ledit Arviragus, aprés le departement des Romains, ne leur voult tenir ses convenances, pour quoy Vaspasian fut par l’empereur en Bretaigne envoyé et, aprés griefves batailles, furent accordez ; et d’aucuns autres roys de Bretaigne.

Le vignt ouictiesme, de Lucius, le premier roy breton cristien.

Le vignt neuffiesme, de la discencion qui seurvint entre les Bretons parce que Lucie mourut sans avoir nulz enfans. De Severe le Romain et de Carausius le tirant.

Le trantiesme, come les Romains envoierent Electus senateur en Bretaigne qui s’en voult faire roy. Mais les Bretons ne le y vouldrent accepter, ains esleurent Asclepiodote duc de Cornouaille et persecuterent les Romains.

Le trante et uniesme, come Coel fist mourir Asclepiodote, et come Constans romain espousa Helene, fille dudit Coel, en laquelle il engendra Constantin, empereur de Rome2.

Le trante deuxiesme et derrenier chapitre parle come Octuant3, duc des Bissennoys, s’esleva contre les gardes que Constantin avoit en Bretaigne ordonnez et se fist roy sur les Bretons, et come il maria sa fille a Maximian, senateur de Rome et que4 depuis en fut empereur ; et des guerres qui a ceste cause advindrent entre Conan neveu Octuaire et ledict Maximian.

[Cy finent les rubriches de la seconde partie de ceste compillation]5.

1

Var. le tribut

2

Var. Constantin qui fut empereur de Rome

3

LIVRE II

CHAPITRE I1

[Le premier chapitre parlant de la naissance Brutus et comme il navra Silvius son père a mort, cuidant occire ung cerff, pour quoy il fut banny d’Itallie]2.

[f.18] Ou temps que Obeth, le filz de Booz et de Ruth et ayeul de David le

preux roy de Judee, jugeoit Israel, Silvius l’ainsné filz de Ascanius, duquel a esté parlé ou derrenier chapitre de cest livre, en une noble damme extraicte de la royalle lignee de Laurence et niece de la royne Lavine, engendra ung enffant duquel comme celle damme en fust encore enczainte et que la cognoessance en venseist au roy Ascanius, pere dudit Silvius, il voult savoir de quel sexe estoit celui enffant que la damme en son ventre portoit et a ses astrologues commanda la verité diligeaument encercher et lui en donner respons, lesquelx lui signiffierent qu’elle estoit grosse d’un filz lequel occiroit son pere et sa mere ; et que aprés qu’il auroit par long temps maintes terres cerchees et par diverses regions esté en exil, il parvendroit a souveraine seigneurie. Si fut leur prenosticacion par temps acomplie, car, quant le terme que la damme devoit enfanter fut venu et qu’en ses costez eut son fruict neuff moys porté, elle se delivra d’un filz qui fut Brutus appellé, mais pour la doleur du grieff travaill qu’elle souffrit a l’enfanter mourir lui convint. Aux nourrices fut baillé Brutus l’enfant, qui en peu d’espace tresfort accreut et enforcza, et entre touz autres juvenceaux de son aage fut preux, hardi et de bonnes meurs. Et comme il fust parvenu en asge de adolescence et qu’il voulsist par touz temps de chacer oyseuse et en faitz honnorables employer sa jennesse, environ le quinziesme an de son asge [alla]3 avecques Silvius son pere en une forest chacer bestes sauvages. Lequel Silvius et Brutus, comme a la forest furent venuz, choaesirent lieu convenable pour adviser et veoir le deduit de la chace, et illecques repostement se muczerent en l’umbrage des rameaux et des arbres fueilluz. Et lors fut ung cerff par leurs vanneurs tellement contraint que pres d’elx le couvint passer, pour quoy Brutus, voyant que vers lui adressoit sa fuite, ung arc, quel tenoit4 en sa main, de toute sa force entaysa et ung transchant dart roydement lui cuida envoier. Mais par fortune et malle adventure ferit le dart contre l’escorce d’un gros arbre qui fist le coup glicer et la pointe en adrecer vers Silvius son pere, lequel fut tellement de ce coup navré que prouchainement versa mort a la terre, par quoy fut la prophecie acomplie quant a la mort des pere et mere Brutus. Si fut ledit Brutus a celle occasion banny d’Ytallie et lui couvint vuider la contree et s’enfuir en Grece, ou par long temps il fut en exil. Dempuis le partement Brutus d’Ytallie, poya Ascanius son ayeul le devoir naturel aprés ce qu’il eut fait ediffier sa cité d’Albe en son royaume XXXIIII ans possidé, et, comme dit est ou derrenier chapitre de la premiere partie de cest livre, a Jullius son filz en laissa la seigneurie.

CHAPITRE II

1

Un espace blanc est réservé pour une enluminure. Celle du ms 8266 représente la mort de Silvius tué par son fils Brutus.

2

Rubrique manquante, rétablie d’après 8266

3

Mot manquant, rétabli d’après 8266

4

[f.18v] Comme Brutus qui fuy s’en estoit en Grece, trouva en Macedonne les

Troyens qui detenuz y estoient en servage, desqueulx il se fist chieff.

En Grece ou royaume de Macedoine que possidoit le roy Pendrasus, trouva Brutus la lignie de Helenus, le filz au roy Priam de Troye, et autre peuple troyan qui aprés la destruction de Troye ladicte cité y avoit esté mené en captivité, comme il a esté dit en la premiere partie de cest livre. Et estoit ja la generation de celle lignie multipliee tellement que Brutus y trouva sept mil hommes robustes et fors, desirans leur servitude afranchir, sans y comprandre les femmes ne les enffans, desqueulx il ot assez tost acointance. Car ceulx pouvres Troyans, cognoessans la naissance dudit Brutus et oyans la renommee de proesse et largesse qui de lui par toute Grece courroit universelement de toutes les contrees d’icelle ou ilz estoint espars, a lui se venoient rendre et lui supplioient comme il voulseist leur delivrance emprandre, lui promettans qu’en celle querelle avecques lui vouldroient mourir et vivre. Et il les reconfortoit moult debonnairement, leur promettant que son pouair feroit de les exempter de celle subjection en quoy ilz estoient tenuz. De cest accord fut semblablement ung noble juvenceau appellé Assaracus, filz d’un hault sire de Grece et d’une noble damme de la lignie de Troye, auquel Assaracus son pere avoit donné la seigneurie de troys chasteaux, lesquelx ung sien frere grec de pere et de mere lui voulloit tollir par puissance. Et pour ce qu’il n’avoit assez pouair pour lui resister, appella il a son ayde Brutus et les trois chasteaux dessus dictz mist en sa main. Si establit Brutus a la garde d’iceulx trois cents de ses Troyans, et le seurplus de ses hommes et leurs femmes et enfans mena es destroictz des haultes montaignes et deserts et forests inhabitables. Puis manda au roy Pendrasus que chose non digne a lui estoit tenir en captivité et subjection la noble lignie troyenne, laquelle plus cher ayant vivre de racines et habiter les lieux sauvages que soubz le jou de servitude user de viandes delicieuses, s’en estoit fuye es deserts des boais et des montaignes. Si lui prioit qu’il la voulseist souffrir aller habiter en autres contrees sans empeschement et sans plus oultre son gré la tenir en tel servage.

CHAPITRE III

Comme Pendrasus, le roy de Grece, voult a Brutus et aux Troyens courir seure et comme il desconfist luy et ses Gregeois, et Anacletus son frere demoura prisonier.

Quant Pendrasus eut entendu le mandement Brutus, il assembla sans demeure grant ost de Gregeois pour aller courir seure aux Troyens, et celle part qu’il entendit qu’ilz s’estoient retraiz fist courir son excercite. Mais Brutus qui en eut cognoessance, atout trois mil Troyans [f.19] secretement s’enbuscha es chasteaux Assaracus, car pres d’illec convenoit passer Pendrasus et son ost. Auxquelx, comme sur l’aguect de Brutus se furent enbatuz les Troyans, coururent seure soubdainement et si vigoreusement les envaÿrent que, pour ce qu’ilz furent seurprins en desarroy et sans leurs armes, convint au roy Pendrasus et a ses Gregeois tourner en fuite. Et d’eulx fut faicte grant desolation, car pluseurs furent occis par les Troyens qui les ensuyvaint, et les autres se precipiterent ou fleuve de Azalon, qui pres est du lieu ou fut la desconfiture. Anacletus, frere dudit roy Pendrasus, et Anthilogus, son compaignon, comme ilz virent la desconfiture de leurs gens, partie en rassemblerent qui aux Troyens vertueusement resisterent. Mais ilz furent par lesditz Troyans a force

enmenez es destroitz des boais ou ilz avoient leur refuge de seurté. Tresdollent fut le roy Pendrasus de sa malle aventure et au plustost qu’il peut rassembla grant numbre de Gregeois en armes, lesquelx, pour soy venger de Brutus, il mena asseger le chasteau ouquel s’estoit embusché quant il deconfist lui et ses gens, quar il cuidoit qu’il se fust retraict dedans celui chasteau aprés sa victoire. Mais il avoit laissé a la garde d’icelui seix cents chevaliers et s’en estoit retourné aux desers a ses gens.

CHAPITRE IV

Comme Pendrasus assegea l’un des chasteaux Brutus cuidant que dedans se fust retraict, et comme ledit Brutus secourut ceulx qui dedans estoint enclos, descomfist les Gregeoys et print ledit Pandrasus.

Aprés ce que Pendrasus et son ost furent devant ledit chastel arrivez, ilz1 fermerent leur siege autour d’icelui et les enclos nuyt et jour incessaument [travaillerent]2 par assaulx greveux, a l’encontre desqueulx resistoient les Troyans de toute leur puissance et les Gregeois assaillans reboutoint, en eulx deffendant par subtilitez et machinations contraires [a leurs]3 envaÿes. Mais aprés ce qu’ilz eurent longuement tenu, ilz adviserent leurs forces de jour en autre amoindrir et les Gregeois leurs adversaires croistre en grant multitude. Ilz envoierent a Brutus leur seigneur supplier que secourir les voulsist ou ilz les convendroit rendre aux Gregeois eulx et leur fort, quar ilz ne le pouaient tenir plus longuement. Quant Brutus entendit la priere de ses gents qui secours lui demandoint, il fut tristes et angoesseux pour ce qu’il n’avoit pas assez chevaliers pour contre Pendrasus et ses Gregeois commettre bataille champestre. Si pencza que par subtilité lui failloit parfaire ce qu’il ne pouait acomplir par puissance et fist en sa presence amener Anacletus, frere Pendrasus, et Antilogus, son compaignon, auxquelx il certiffia mort trescruele leur estre prouchaine si a son voulloir acomplir ne se voulloint [f.19v] accorder. Lesquelx, pour doubte qu’ilz eurent de perdre la vie, lui jurerent fournir et acomplir tout ce qu’il leur vouldroit encharger par ainsi qu’ilz fussent certiffiez que mourir il ne les feroit. Pour quoy Brutus commanda lors a Anacletus que, la nuyt ensuivante en la secunde heure, se transportast vers le siege du roy Pendrasus son frere et que en deceust les guetes en la maniere qu’il lui divisa, c’est assavoir qu’il donnast entendre es guettes de son ost que lui et Antilogus son compaignon estoient eschappez des prinsons Brutus, mais que Antilogus estoit demeuré dedans ung fort boccage, repost secretement, pource que plus avant ne le pouait suivir obstant la pesanteur des chaynes en quoy il estoit lié, et leur priast que aider le voulseissent a le sauver en laissant Brutus4 du seurplus convenir. Cestes choses5 fournit Anacletus, et les guetes de l’ost du roy Pendrasus son frere avecques lui faintement mena en ung boccage, ou ilz furent par Brutus et ses gens, qui en aguet y estoient, tellement enclos et assailliz que mors ou prins touz demourer les couvint. Et aprés que celles guettes furent ainsi par celle cautelle a mort mises, se transporta Brutus atout ses Troyens au plus coyment qu’il peut en l’ost du roy Pendrasus et des siens, lesquelx parce que de leurs guettes ne furent aquiez, il assaillit si soubdainement et en despourveu que la plus grant partie des Gregeois furent occis en leurs litz dormants, et les autres, cuidant la mort evicter

1

lui (correction d’après 8266)

2

Mot manquant, rétabli d’après 8266

3

Mots manquants, rétablis d’après 8266)

4

Var. Brutus et les siens

5

perissoient doloreusement, quar les aucuns pour l’obscurté de la nuyt se plungeoient es fleuves parfons et les autres se debrisoient et defroessoint par le trebuchement des rochiers cornuz sur lesquelx ilz cuidaint monter pour soy1 sauver. Si que peu en eschappa qui mors ou prins ne fussent navrez, tranchez ou persecutez d’aucune infortune, quar pour agraver la misere des Gregeois chietiffs et doloreux, ceulx qui dedans le chasteau estoient enfermez issirent hors et de leurs ennemis firent grant2 occision. Pendrasus fut en sa tente saesi par Brutus son adversaire et aussi furent pluseurs nobles gregeois, lesquelx, aprés ce que les Troyens eurent a leurs voulloirs departies leurs despouilles et les armes des mors et leurs charoignes ensepulturees, furent aux destroitz des boays prinsonniers enmenez.

CHAPITRE V

Comme le roy Pendrasus fut de prison delivré, pource que donna sa fille Ynogena a Brutus en mariage, et comme ledit Brutus et ses gens se partirent de Grece par mer et vindrent descendre en l’isle Loegece ou ilz sacriffierent a la deesse Dyana.

Quant Brutus atout ses prinsonniers fut au destroit3 venu, il fut par le peuple de Troye honnoré, regracié et chery comme prince et seigneur qui les avoit de servitude et subjection exemptez [f.20] et remis a domination franche et liberalle. Et adonc fist Brutus devant lui convenir les plus grans de sa compaignie, ceulx principallement qu’il cognoessoit estre meulx pourveuz de conseill, auxquelx il enquist quelle chose estoit a demander au roy Pendrasus, car, considéré qu’il estoit subgict a leur puissance, ilz pouoint pencer qu’il obtempereroit a leurs petitions et requestes. Si eurent entr’eulx sur ce propos maintes oppinions, car les ungs louaient demander au roy Pendrasus qu’il souffrist sa lignie troyenne habiter une portion de Grece, et que les autres qui partir s’en vouldroient s’en peussent aller sans impeschement ou bon leur sembleroit. Entre lesquelx4 fut illec present ung juvenceau troyan, qui Menpricius estoit appellé, lequel respondit a Brutus que, si eulx ne leurs successeurs voulloint joïr de paix perpetuele, le mieulx leur estoit partir de Grece par