• Aucun résultat trouvé

Infinitif

Le verbe à l’infinitif peut être substantivé à l’aide d’un déterminant dans des expressions à valeur circonstancielle : a l’arriver f.71, 230v et 257, a leur arriver f.402, a l’anuyter f.205, a l’assembler f.307v, a leur assembler f.35v, a l’aproucher f.217v, au monter f.71v, au trebucher f. 200. Mais le déterminant est absent dans l’expression en combatre de glaive 75v.

Les pronoms personnels

Quand un pronom personnel sujet est suivi d’un pronom personnel COD, celui-ci n’est pas toujours exprimé (ce qui est beaucoup plus rare dans le ms 8266). Dans tous les cas, ce pronom COD étant déjà une reprise d’un nom ou groupe nominal de la même phrase, sa présence n’est donc pas considérée comme indispensable par le copiste : il <le> fist trebucher f.23 ; laquelle <le> traicta loablement f.32v ; il <l’> en enmena f.96 ; il <l’> avoit fait amener f.61; il <l’> envoia querir f.64 ; il <l’> eust mis f.214v ; quant il <le> veit, f.241v, ilz <le> desiroient veoir f.354… Cette omission peut aussi concerner les pronoms personnels COI : il fut [lui] répondu f.76v. Le lecteur averti pour lequel est faite cette copie est susceptible de comprendre le sens de la phrase sans la présence des référents anaphoriques.

Le complément du nom

En ancien français, le complément du nom est la plupart du temps construit sans préposition. Cette construction tend à évoluer (filz du duc Candor f.81, les faitz du roy Hoel le Grant f.81v, Ysembart neveu de Loÿs de France f.82), mais le manuscrit conserve souvent cette tournure ancienne pour désigner les liens de parenté entre les personnages : la mort son père f.81v, deux filz Mordret f.81v, le filz Cadvan f.82v…

Le texte est fortement influencé par la syntaxe latine et l’emploi dominant de propositions subordonnées (complétives, circonstancielles, relatives et participiales) donne à la phrase un rythme particulier défini notamment par la longueur de la protase, dans laquelle l’auteur met en place des repères par le procédé de la reprise lexicale.

Quand une complétive est interrompue par une proposition incidente (notamment une circonstancielle d’hypothése), la conjonction de subordination est le plus souvent répétée : lequel dist au roy que, si les Bretons voulloint user de hardement, que legiere chose leur seroit f.66v ; dist que, si par tel titre comme il avoit dit il alloit conquerir les Romains, que il ne doubtoit point f.75v ; si savoit bien

que, s’il emprenoit celle chose, que le roy Phelipe de France, oncle dudit missire Charles, aideroit la partie de son neveu f.182v…

Si une proposition incidente sépare le sujet de la principale de son verbe, le sujet est souvent repris par un pronom : lequel Fulco, quant il regarda ces choses, il fut grandement esmerveillé f.130 ; lequel Doecritus, comme il regardast sans reverence celui corps precieux, il devint soubdainement sourt et mut f.105 ; le sire

de Cliczon, quant il entendi ces parolles, il fut grandement effroyé f.330v ; et le feu des maisons ardantes, il fut lors tellement soufflé de tous vents f.156v…

En revanche cette même conjonction n’est pas répétée quand deux subordonnées ayant le même sujet sont coordonnées : quant le comte et la

comtesse eurent longuement attendu et ilz virent que le terme se passoit f.184…

Les propositions participiales sont nombreuses dans le manuscrit et en particulier en construction absolue où elles fonctionnent avec leur propre sujet. Elles sont construites avec un participe passé (laquelle chose comparue f.63 ; Uter, ouies les parolles Merlin, incontinent se transporta f.66 ; celles transmutacions faictes f.67v ; l’injure leur faite f.171v ; au terme leur assigné f.249) ou avec un participe présent (voyeans touz les François, les Saxons et Allemans f.128v ; Brembro… trebucha mort sur le champ, veant le duc de Lancastre f.246v). Dans ce cas le participe présent est considéré comme un adjectif verbal et s’accorde le plus souvent avec le sujet : une petite abbaye appartenante a l’eglise Sainct André f.124v, madamme la duchesse… pensante que f.194v ; tenante un petit filz que elle avoit appellé Jehan f.194v…

Si le procédé de la répétition permet de se repérer dans les phrases, il n’empêche pas toujours les ruptures syntaxiques. Tout d’abord, un sujet présent dans une subordonnée placée devant la principale n’est pas toujours exprimé dans celle-ci : si advint que, ledit missire Henry estant en ung chastel dont les dessus

dictz chevaliers missire Tanneguy et missire Yves eurent cognoessance, s’en

allerent audit chastel 227v. De plus, la coordination de deux propositions se fait parfois par deux constructions différentes, provoquant ainsi une dissymétrie entre les deux termes : mais d’autre part fut le duc de Lancastre pour la perte d’iceulx dolent et couroucié, et de ce que ses adversaires les avoient conquis f.245v ; Quelle chose ouyans les Bretons, aprés l’occision de ceulx de la ville et qu’ilz eurent touz leurs biens et avoirs convertiz en pillage, allerent ledit chastel assaillir f.237 ; après la desconfiture desqueulx et que ceste grosse et forte bataille fut rompue f.264…

La parataxe est également présente, alors qu’elle est plus rarement employée en prose qu’en poésie, mais, quand elle n’est pas la conséquence d’erreurs de plume, reste d’un usage restreint par rapport à l’hypotaxe. Elle se manifeste surtout dans les passages au style indirect ou dans les expressions de la pensée intérieure d’un personnage, ce qui donne un effet plus dynamique à l’expression du point de vue. Ainsi la conjonction que de la proposition complétive n’est pas toujours

exprimée (et dira l’on <qu’>il abandonna f.242) et la présence du subjonctif peut suffire à la sous-entendre : si louait <que> celle bataille fust mise f.239v ; mais, dist le connestable, < qu’ilz> nous rendent le chastel de Brest f.281v ; je ne dis pas il n’eust bien cause f.290v.

De même les propositions infinitives, dont l’usage s’amplifie au XVe, ont valeur d’indépendantes : commanda faire venir le bourreau f.283v ; il avisa chaicun jour ses forces amoindrir f.78v ; mettre fin par occire l’une des parties f.264v ; deffendeist le royaume de France au mieulx et plus justement appartenir a Lothaire que a Othes 128v ; ilz apperceurent que celui seul chevalier defaillir de leur nombre f. 125v…

L’ellipse du verbe est parfois effectuée quand il s’agit de la copule estre : quant ils trouvoient que iceulx roys et prince <estoient> au règne f.106 ; et qui <estoit> de plus droit estoc f.116v : de toutes pourveances <qui estoient > leurs necessaires f.205 ; ouquel an le pardon general <estoit> a Rome f.398v, devant laquelle <fut> mis en sepulture f.404. Au f.302v une proposition relative ne présente pas le verbe avoir comme attendu : en laquelle il pouait bien <avoir> mil hommes d’armes.

Accord singulier et pluriel

Un groupe nominal sujet s’accorde parfois au pluriel quand le complément du nom désigne un ensemble constitué d’unités de même valeur : l’ost de saxons arriverent f. 59 ; chaicun des chevaliers se tindrent f.224v. C’est également le cas quand le sujet renvoie à un collectif : la garnison d’icelle … grandement dommageoint ceulx de leur partie 202v ; grant multitude qui abandonnerent f.369v ; s’estoient la pluspart f.212v ; chaicun portoient et soubstenoient 336v. Ce qui a parfois une incidence sur les référents pronominaux comme dans un ost de gens d’armes, lequel il envoya et leur commenda f.323.

Dans le cas où l’adjectif a une valeur de pluriel l’accord peut être soit au singulier (mainte lance brisee f.212v) soit au pluriel (la greigneur partie y demourerent f.235).

Quand deux termes sont associés l’accord n’est pas toujours au pluriel, ce qui était déjà le cas en latin. Il peut se faire uniquement avec le premier terme, notamment dans les listes de noms propres : le sire de Montauban et de La Hunaudaye f.402 ; le corps de saint Judicael … et de saint Meen abbé f.127 ; gastant le paÿs de Normandie et du Maine et d’Anjou f. 379 ; la tour de Chartres, Blois et Canion f.130. Quant au verbe, il s’accorde parfois avec le sujet le plus proche, qu’il soit ou non postposé : mourut madamme la daulphine et sa mere f. 380 ; fut le duc et pluseurs autres f. 343 ; fortresse, chastel, ville appartenante au duc f. 386 ; Quant le duc et son armee fut f. 389v.

Accord du participe passé

L’accord du participe passé avec le sujet ou le COD est encore très variable dans le manuscrit de la fin du XVe siècle. Il est considéré comme un adjectif dans un temps composé qui signale l’accompli.

Avec l’auxiliaire être l’accord avec le sujet est globalement respecté, à l’exception de certaines occurrences, notamment quand le sujet est postposé: fut appellé Guytonie f.25 ; fut donné sentence f.358 ; estoit demouré une tour f.129 ; fut tué la plus grande partie f.222 ; est démontré par disposicion la noble Eglise brette

où le sujet est antéposé : icelle transchee trespassé f.123 ; sans requeste lui en estre fait f.120v, en la maniere que dessus est touché 403v…

Avec l’auxiliaire avoir, l’accord du participe passé est beaucoup plus hésitant. Il peut se faire quand le COD est placé après l’auxiliaire : Il eut finie la dicte prophécie f.61, il eut rangees ses batailles f.62v, qui avoit ravie Helene 76v, eut mises les duchez 401v. Et il n’est pas toujours fait quand le COD est placé avant : leurs monasteres que le roy Grallons avoit fundé f.52 ; les engins que les crestiens avoient drecé f.169v ; tous les soubdoiers qu’ilz y avoient trouvé f. 203…