Pour nous rapprocher d’une th´eorie plus g´en´erale (s´eries de Fourier, Sturm–Liouville, polyn ˆomes de Legendre, fonctions sph´eriques, etc.), et pour simplifier la notation, consid´erons l’espace
î
ê[!{d¶$jïm'$Fð
ñ
íò
î
oóPòô!{d¶$jïm'ó ð
ñõ
ó Riemann-int´egrable sur !Ed¶$jïm'öp (7.1) avec la forme sesquilin´eaire semi-d´efinie positive (on dira “produit scalaire”)
÷
óÂ$eøò
î ù
ú
ó²êìë}í e±êìë}í
ëô (7.2)
On d´esigne par
û ó û < òî ÷
ó$jóø
î ù
ú
DEó²êìë}í2D
< ë (7.3)
la semi-norme correspondante.
88 S´eries de Fourier Pour un calcul avec cette semi-norme, on a les propri´et´es suivantes :
ü l’in´egalit´e de Cauchy–Schwarz D
÷
û ó û ; par suite, la convergence uniforme entraˆıne la con-vergence en moyenne quadratique;
ü sió ete sont perpendiculaires, c.-`a-d.,
÷
(Th´eor`eme de Pythagore);
ü restreinte aux fonctions continues, la semi-norme
û ó û <
est une norme; c.-`a-d.,
û ó û < î est
satisfaite seulement sió î .
D´efinition 7.1 (syst`eme orthogonal) Une suite de fonctions oÿ u p u dansî êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í forme un syst`eme orthogonal si
÷ ÿ u
$jÿÒø
î pour |$ý$ | ìî n
On a un syst`eme orthonormal si, de plus,
û ÿ u û < î
pour tout|+ . Exemple 7.2 a) Le syst`eme
o $ wmy
ü $ w 1 yü $ w < yü $ w 1 < yü $ w l yü $ w 1 l yü $ jjFp (7.4) forme un syst`eme orthogonal pour des fonctions dansî êÒ!{($ê û 'ö$ ñð í . Il est orthonormal si on divise les fonctions par G ê û . La suite des fonctions
o $
forme aussi un syst`eme orthogonal pour l’intervalle !{($ê û '.
b) Sur l’espaceî êÒ!{($ û 'ö$Fðñ í des fonctions d´efinies sur un intervalle de longueurû ,
o $
est un syst`eme orthogonal. Un autre syst`eme orthogonal sur le mˆeme espace est
o c) Le polyn ˆomes de Legendre
forment un syst`eme orthogonal dansî êÒ!
$
'ö$ ð
ñ í (voir le cours “Analyse Num´erique”).
Soit oÿ u p u un syst`eme orthonormal dans
î
ê[!{d¶$jïm'$ ð
ñ í (un syst`eme orthogonal peut toujours ˆetre normalis´e en divisant ÿ u par sa norme
û ÿ u û <
) et soit ó une combinaison lin´eaire finie de la forme ó î ðu s ? u ÿ u . En prenant le produit scalaire avec ÿ r et en utilisant l’orthonormalit´e du syst`eme oÿ u p u , on obtient la formule ? r î
÷
ó$jÿ
r ø pour le coefficients. Ceci est la motivation pour g´en´eraliser les s´eries de Fourier `a des syst`emes orthonormaux arbitraires.
D´efinition 7.3 Soit oÿ u p u un syst`eme orthonormal dansî ê[!{dÕ$kï¯'ö$ ð
ñ í et soit ó- î êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
s´erie de Fourier, et les ? u sont les coefficients de Fourier. On utilise la notation comme dans la D´efinition 1.1 pour indiquer qu’il s’agit d’une identification formelle.
S´eries de Fourier 89 Le r´esultat suivant montre que la s´erie de Fourier tronqu´ee poss`ede une propri´et´e d’optimalit´e.
Elle est la meilleure approximation de ó pour la norme
û è û <
dans la classe de fonctions qui s’expriment comme des combinaisons lin´eaires deÿ u jusqu’au degr´eò .
Th´eor`eme 7.4 Soitoÿ u p u un syst`eme orthonormal dansî êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í , soit la fonctionó
En particulier, parmi tous les polynˆomes trigonom´etriques ·ðÈêìë}í î tut#v ð
uºw
yu ü
de degr´eò ,
celui pour lequel <
)
est la s´erie de Fourier tronqu´eeïð êìë}í .
D´emonstration. La diff´erence ó ðu s ? u ÿ u est orthogonale `a tous les fonctionsÿ r avec = ò ainsi qu’`a leurs combinaisons lin´eaires :
ó ð ce qui montre l’affirmation.
Th´eor`eme 7.5 Soitoÿ u p u un syst`eme orthonormal dans
î
êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í , soit la fonctionó Riemann-int´egrable sur !{dÕ$kï¯' et soit u ? u ÿ u sa s´erie de Fourier. Alors,
u s DE?
u D< = û ó û << (in´egalit´e de Bessel) (7.11) et en particulier la s´erie uFDE? u D
<
converge. On a
D´emonstration. En prenant u î dans l’´egalit´e de (7.10), on obtient
û ó û << î ó ð quel que soitò et l’in´egalit´e de Bessel est d´emontr´ee. L’´egalit´e de Parserval d´ecoule de l’´egalit´e dans (7.13).
Remarquons que l’in´egalit´e de Bessel fournit une nouvelle preuve du Lemme de Riemann.
90 S´eries de Fourier D´efinition 7.6 (syst`eme complet) On dira qu’un syst`eme orthonormaloÿ u p u dansî êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í
est complet (ou total) si pour toute fonctionóP î êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í on a
Propri´et´es de syst`emes complets.
a) Pour toute fonction ó
î
êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í , la s´erie de Fourier converge en moyenne quadratique vers ó (ceci est la formule (7.14) exprim´ee en mots), mˆeme si la s´erie ne converge pas point par point.
Si les coefficients de Fourier sont tous nuls, l’identit´e de Parseval implique que
û ó û < î . Par continuit´e la fonctionó est donc identiquement nulle.
c) Si oÿ u p u est complet, alors la s´erie de Fourier d’une fonction ó î êÒ!Ed¶$jïm'ö$ ð
ñ í peut ˆetre int´egr´ee terme par terme independamment de la convergence de la s´erie; c.-`a-d., si óêë}í
u}?
Des estimations ´el´ementaires et l’in´egalit´e de Cauchy–Schwarz donnent
ü ¥
Par definition de la compl`etude cette majoration converge vers z´ero pouròó ô . Th´eor`eme 7.7 (convergence en moyenne quadratique) Le syst`eme o
$
o`u? u sont les coefficients de Fourier de ó .
ê û
r
ó r r
ë r 1 : ë r
e²êë}í
D´emonstration. Dans une premi`ere partie nous montrons que pour tout; il existe une fonction continue et ê û -p´eriodiquee±êìë}í telle que
< ) Par hypoth`ese (voir aussi la d´emonstration du Lemme 2.2 de Riemann) il existe un partage / î od î ë ;ë
:
jjP ë ð î
ï¯p tel que pour la diff´erence des sommes de Riemann ïêO/í ,êO/í î ðr[s
Nous prenons poure±êìë}í une fonction lin´eaire par morceaux (voir la petite figure) qui prend au pointë r une valeur dans l’intersection !{ó r $j r '>!{ó r S
:
$j
r S : ' . Pour obtenir une fonction ê û -p´eriodique, nous remplac¸ons
óêê û í par óê¸(í (si n´ecessaire) et nous choisissonse±êO(í î e±ê ê û í dans !Eó;ð$jñðÕ'µ!Eó
:
$j
: ' . Ainsi, la fonction e±êìë}í est dans la partie grise de la figure et nous obtenons sur l’intervalle !ë r
1 :
$Òë r '
l’estimation DEó²êìë}í e±êë}í2D
<
=N·^êO
r ó r í . Nous en d´eduisons l’affirmation (7.15) avec î ·µ.
S´eries de Fourier 91 Par le Th´eor`eme 6.3 de Fej´er, les sommes de Cers`aro ðêë}í de la s´erie de Fourier poure±êìë}í convergent uniform´ement verse±êìë}í . Pourò suffisamment grand on a donc
< )
L’in´egalit´e ´el´ementaire D{d*-ïnD
<
< í donne alors
< )
Dans la norme
û è û <
, les sommes partielles de la s´erie de Fourier donnent la meilleure approxima-tion parmi tous les polyn ˆomes trigonom´etriques de degr´eò (voir le Th´eor`eme 7.4). Ceci implique
que û
et l’affirmation du th´eor`eme est d´emontr´ee.
Corollaire 7.8 Le syst`eme orthogonal o k ý |nëôp u o ýnþÿ |nëôp u
:
est complet dansî ê[!#$ê û '$j§¨í . Le syst`eme orthogonal o ` ý |nëôp u est complet dansî ê[!#$ û '$j§¨í .
Le syst`eme orthogonal o ýnþÿ |nëôp u
:
est complet dansî êÒ!{$ û '$k§¨í .
D´emonstration. La premi`ere affirmation est une cons´equence imm´ediate du Th´eor`eme 7.7. Pour la deuxi`eme, consid´erons une fonction arbitraire dansî ê[!#$ û 'ö$j§¨ýí . Nous la prolongeons en une fonction paire (voir la figure IV.4) et ensuite en une fonction ê û -p´eriodique. La s´erie de Fourier de cette prolongation est une s´erie en cosinus et, par le Th´eor`eme 7.7, elle converge vers ó en moyenne quadratique sur l’intervalle !#$ û '. Pour la troisi`eme affirmation nous prolongeons la fonctionói î ê[!#$ û 'ö$j§¨ýí en une fonction impaire.
Th´eor`eme 7.9 (Weierstrass 1885) Soit ó¾òô!Ed¶$jïm' ó ð
ñ
une fonction continue. Pour chaque
il existe un polynˆomeôêìë}í tel que
DEó²êìë}í
ôêë}í2D(=> pour tout ë"!{dÕ$kï¯'ö
D´emonstration. Apr`es un changement des coordonn´ees de la formeë! ó * ë nous pouvons supposer que Bdï íê û . Nous prolongeons ó²êìë}í de mani`ere continue etê û -p´eriodique sur tout§¨ . Pour cette fonction les sommes de Ces`aro de la s´erie de Fourier convergent uniform´ement
versóêë}í . Il existe donc un polyn ˆome trigonom´etrique ·ðÈêìë}í î tut#v ð ? unw yu ü tel que
Comme combinaison lin´eaire des fonctions exponentielles, la s´erie de Taylor de»ðêë}í poss`ede un rayon de convergence" î ô . En tronquant la s´erie de Taylor on obtient un polyn ˆomeôêë}í qui satisfait D»ðÈêìë}í ôêë}í2D(=> pour toutë "!#$ê
û '. L’in´egalit´e de triangle permet de conclure.
Corollaire 7.10 Le syst`eme orthogonal form´e par les polynˆomes u êìë}í de Legendre (7.8) est un syst`eme complet dans
î
ê[!
$
'$Fð ñ í .
D´emonstration. Comme dans la d´emonstration du Th´eor`eme 7.7 on peut se ramener au cas d’une fonction continue óêë}í . La mˆeme d´emonstration montre qu’il suffit de prouver l’existence d’un polyn ˆome ôêë}í pour lequel
û ó û <
est arbitrairement petit. Mais, ceci est une cons´equence imm´ediate du Th´eor`eme de Weierstrass.
92 S´eries de Fourier