• Aucun résultat trouvé

Prolongement analytique et th´eor`eme de l’image ouverte

Dans le document Analyse Complexe (Page 49-55)

Le th´eor`eme d’unicit´e, pos´e comme “Exercice” par Abel dans le Crelle Journal, vol. 2, p. 286, a

´et´e postul´e pour les fonctions holomorphes sans preuve rigoureuse par Riemann [1851, p. 28]. La d´emonstration facile suivante d´emontre, une fois de plus, la grande utilit´e des s´eries enti`eres.

Th´eor`eme 9.1 (unicit´e) Soient Ž

Å

„?Š et Ž

ü

„¼:Š deux fonctions holomorphes dans un ouvert > et

soit Ž

D´emonstration. D’apr`es le Th´eor`eme 6.1, les deux fonctions sont analytiques dans un voisinage de’ . Apr`es une translation, nous supposons que’¦€¶ et nous consid´erons la diff´erence

Ž Å

Nous devons d´emontrer que Ÿ

5

¦|¶ pour tout‹ . Supposons, par l’absurde, que ceci n’est pas vrai et soitŸ

5

le premier coefficient non nul. Alors

Ž Å

Le prolongement analytique est un principe, “vu” par Riemann, qui est devenu un point central de la th´eorie de Weierstrass. Il permet, entre autres, d’´etendre le th´eor`eme de l’unicit´e `a tout le domaine> .

Th´eor`eme 9.2 (prolongement analytique) Soient

Ž Å

„:Š holomorphe dans l’ouvert >

Å

et

Ž ü

„:Š

holomorphe dans l’ouvert >

ü

. Si l’intersection>

Å°¯

> ü

est connexe et si

Ž Å

„:Šñ¦

Ž ü

„¼:Š dans un

disqueE V „’6Š±?2>

ÅG¯

> ü

, alors (voir Fig. II.8)

Ž Å

„¼:Š¬¦

Ž ü

„¼:Š pour tout V#W>

ÅG¯

> ü È (9.3)

D´emonstration. Soit

¡

un point quelconque de >

Ų¯

> ü

. Par connexit´e, il existe un chemin

›œžÄ¶

reliant’ avec

¡

, c.-`a-d.,›„¼¶JŠ¬¦|’ et›„†…OŠe¦

¡

. Comme dans la d´emonstration du Th´eor`eme 8.2 nous posons”

9

%׶ existe car

Ž Å

ne peut pas ˆetre plus petit que … . Par cons´equent,

” 9

FIG. II.8: Prolongement analytique; `a droite une illustration du cours de Riemann

44 Calcul int´egral et th´eorie de Cauchy Une situation typique du prolongement analytique est la suivante: soit Ž „¼:Š donn´ee par une s´erie dans un disqueE V „ƶJŠ ; par exemple,

Ž

„:Š¦x…¬‡‡ ü ‡

B

‡ÈEÈÈ . Nous prenons un point

’‚#£E V „¼¶:Š et nous consid´erons la s´erie de Taylor de

Ž

„:Š d´evelopp´ee autour de ce point (voir

le Th´eor`eme I.6.3). La s´erie Ž „?Š¦ ’

’CŠü ‡˜ÈEÈÈ ainsi obtenue converge

certainement pour

ޏ µ ’ Þ

Ô³H

µ ޒ Þ

. Mais, il est possible que le rayon de convergence de la nouvelle s´erie soit plus grand queH

µ ޒ Þ

et converge donc dans un domaine plus grand. Pour la fonction de notre exemple et avec ’Ѧ

µ

¶ÀÈ*´ , la nouvelle s´erie poss`ede un rayon de concergence

H}¦é…Eȵ´ .

La fonction Ž „:Š a ´et´e prolong´ee en dehors du disque initial, et ceci de mani`ere unique. Ce proc´ed´e peut ˆetre r´ep´et´e plusieurs fois et permet de remplir un domaine de plus en plus grand, jusqu’`a arriver, ´eventuellement, `a un bord naturel. L’unicit´e est garantie seulement si l’intersection du domaine >

Å

o`u la fonction est d´ej`a d´efinie avec le nouveau disque est connexe (un contre-exemple est le logarithme apr`es un contour de l’origine). Voir la Fig. II.8 pour un dessin historique illustrant ce phenom`ene.

Exemple 9.3 (fonction sans prolongement) Il existe des fonctions qui convergent dans un disque et qui ne permettent aucun prolongement en dehors de ce disque. L’exemple le plus simple est

Ž

ayant un rayon de convergenceH}¦º… . ´Evalu´e enC! œ¸ avec

ÌÔé… proche de … , cette s´erie donne pour la partie r´eelle (la figure montre la partie r´eelle au-dessus du disqueE

Å

etc. A part un nombre fini de termes, la s´erie devient` ¨ª„{Š¦

5ȼ

ne peut donc pas prolonger la fonction

Ž

„?Š en dehors du disque E

Å

„¼¶JŠ . Il paraˆıt paradoxal que

surtout les s´eries convergeant tr`es vite ont cette propri´et´e.

Le th´eor`eme suivant montre que pour une fonction holomorphe l’image d’un ensemble ouvert est ouvert (on dit que l’application est ouverte). Cette propri´et´e topologique a ´et´e d´ecouverte dans un cadre plus g´en´eral par L.E.J. Brouwer dans les ann´ees 1910, et d´emontr´ee de fac¸on ´el´ementaire par Sto¨ılow (1938) et H. Cartan.

Pour mieux comprendre cette propri´et´e, ´etudions d’abord la fonction

Ž œ ™š ü £ ™š ü de la Fig. II.9 (voir aussi [HW, p. 295]) qui est infiniment

™š

-diff´erentiable mais pas holomorphe. Pr`es de chaque point 

Å ¦ „¤•

Å “ – Å Š o`u la matrice jacobienne est inversible, l’application Ž est un diff´eomorphisme local. Par cons´equent, pour tout voisinage¼ de

Å

l’image

Ž

„P¼¸Š est un voisinage

de

Ž

„

Å Š . Examinons alors les points o`u la matrice jacobienne est singuli`ere : ces points forment une courbe2, le long de laquelle cette application forme un “pli”. Si on choisit un point

9

sur cette courbe, l’image d’un disque> centr´e en

9

sera pli´e `a cet endroit, et ne sera pas ouverte.

2Pour l’exemple de la Fig. II.9 cette courbe est donn´ee par la formule½D

{¾-¿ÀGÁV¾ŠÂ¿»ÃAÁVÄ-¿Å

Æ

Ç8{Èƾ-¿ÃmÁ

ȑ

Calcul int´egral et th´eorie de Cauchy 45

Th´eor`eme 9.4 (th´eor`eme de l’image ouverte) Soit> un ouvert et

Ž

„?Š une fonction holomorphe

qui est nulle part localement constante. Alors pour chaque ouvert¼:?2> l’imageŽ „P¼¸Š est ouverte (on dit queŽ est une “application ouverte”).

D´emonstration. Soit ¼³?Ë> et 

Å

#@¼ un point avec

Ž X

„

Å

ŠÌ(¦ . La fonction est localement biholomorphe pr`es de 

Å

(Corollaire I.7.7) et par cons´equentŽ „

Å Š est un point int´erieur de Ž „P¼¸Š . Il reste `a consid´erer les points 

9

„¼:Š n’est pas localement constante. Dans un voisinage d’un tel point, la fonction

Ž

„:Š

s’enroule, similairement `a la fonction  5 , que nous avons ´etudi´e dans le Chapitre I (voir Fig. I.5).

L’ensemble

Ž

„U¼½Š contourne totalement le point

Ž

„¼

9 Š (voir Fig. II.10) et est donc ouvert.

−1 1

FIG. II.10: Illustration de la preuve du Th´eor`eme 9.4, Í ¦ „Ñ‡˜¶ÀÈ*Î2„#…‡¾ˆ‹Š#Š„

µ  9 Š ü µ

La preuve rigoureuse utilise les s´eries : apr`es des translations, nous supposons 

9 ¦ et

suffisamment petit, …Y‡

¡ Å

v‡

¡ ü  ü

‡¾ÈEÈÈ peut ˆetre ´ecrite comme „†…¬‡’

Å

‡’

ü  ü

‡ÈEÈÈHŠ 5

(utiliser la s´erie binomiale) et la fonctionŽ „:Š de (9.5) devient

Ž

La fonction Ž „¼:Š est donc la composition d’une fonction biholomorphe¨m„¼:Š et de la fonctionÍÙ5 bien connue. Notre inspiration g´eom´etrique est donc v´erifi´ee et chaque point proche de

Ž

„

9

Šg¦€¶

poss`ede‹ pr´eimages de

Ž

„:Š qui sont proche de .

46 Calcul int´egral et th´eorie de Cauchy

II.10 Exercices

1. Consid´erons le demi-disqueÆ,¿·òjÛhôÁPÇPò ü á¬ô ü$Ð Ó,ÛôÑs,Ì . Donner un chemin continˆument diff´erentiable par morceaux qui d´ecrit le bord de cet ensemble.

2. Donner deux param´etrisations ´equivalentes mais diff´erentes de l’ellipse

¿·òÛhô.ÁjÇ ò ü

Ê ü á ô ü

ü

¼‡Ó p

3. D´emontrer en d´etail que la longueur d’une courbe est ind´ependente de la param´etrisation (consid´erer des chemins qui sont continˆument diff´erentiables par morceaux).

4. Calculer la longueur d’arc de la cyclo¨ıde á ¿à Á ¼‡¿ à ÉùëXïð à Á<áóí%¿Ó É1éhê,ë

à Á pout Ð à Ð

àÑ

. Dessiner cette courbe.

5. Int´egrer la fonction¾¿ÀÁ?¼ i \ sur les deux cheminsá

Å ¿à

6. SoitÒÔÓ le bord (avec une param´etrisation qui est continˆument diff´erentiable et orient´ee positivement) d’un ensemble compactÓ=Õ Ø× . Son aire est donn´e par

aire¿ÓîÁù¼ àÓ

í

ŠÖ

À

Àp (10.1)

D´emontrer ce r´esultat d’abord pour un triangle et ensuite pour une union finie de triangles (par exem-ple, un rectangle).

7. `A l’aide de la formule (10.1) calculer l’aire de l’ensemble fini limit´e par la courbe á ¿à Áw¼ÇR.¿ à Á i ³ (pour Ð à Ð

àÑ

) o`u R.¿à Á?¼™ÓKá U ëvïð à . Faire un dessin.

Quel aire repr´esente l’in´egrale ¿

à

í%Á!ÄÅ ð À À si l’on int`egre sut tout l’intervalle Ú

àÑ

Ý. 8. En vous aidant du calcul de

ð À

Indication. Montrer que¾¿ÀÁ ¼‡¿ÀKá}Ê^Á!ÄÅ poss`ede une primitive sur le disqueÎWV¿),Á avecRþ¼ÏÈÊÈ. 9. En utilisant les techniques famili`eres pour le calcul dans+- , calculer les primitives pour:

À i \ h Û À i \ Û À ü

ëvïð ¿<ÀÁp

10. Siá est l’arc de courbe de l’´equation ô ¼ ò B É U òü5áÏ<,òîÉ`Ó joignant les points ¿Ó,ÛÜÓ,Á et ¿

à Û U Á, trouver la valeur de

ð Ó à À ü á}<,í%À

12. En utilisant la formule de Cauchy pour l’int´egrale ð À ÄÅ À o`uá et le contour d’une ellipse, montrer la formule

Calcul int´egral et th´eorie de Cauchy 47 13. En s’inspirant du calcul des int´egrales de Fresnel (Exemple 4.3) d´emontrer que

7

Indication. Utiliser la substitutionò1¼ à ü dans l’int´egrale de l’exercice 13.

15. Soit Ê ¼ ò

Consid´erons une courbe ferm´eeá autour du segment ÚÊ^Û=Ý, orient´ee positivement, et satisfaisant les conditions pour pouvoir appliquer la formule de Cauchy. Pour une fonction¾¿ÀÁ qui est holomorphe dans l’int´erieur de la courbe et dans un voisinage de la courbe, d´emontrer que

Û?D¿·òÁ Ô#¼

est un polynˆome de degr´e~ qui satisfaitÛ?D¿·ò

5

ÁV¼H¾¿·ò

5 Á pour3s¼˜,ÛÜÓ,Û-p-p-pvÛZ~ (polynˆome

d’inter-polation; voir le cours “Analyse Num´erique”).

16. Soit¾¿ÀÁ holomorphe dansÎ V ¿),Á et soitá ¿à Á ¼¸Ë i ³ , Ð à Ð

en d´ependance de la position deÊ et par rapport au cercleá .

17. Soitý‡Õ Ø× ouvert et ý . Si ¾¯ÔýßÖ Ø× est continue dansý et holomorphe dansý Ù Æ Ì , alors

¾¿ÀÁ est holomorphe dans toutý .

Indication. D´emontrer que la fonctionÿ ¿À[ÁwÔ#¼H¿ÀVÉ

Á¾¿ÀÁ est Ø× -diff´erentiable en et donc aussi

dansý . Appliquer ensuite le Th´eor`eme 6.1 `a la fonctionÿ ¿À[Á. 18. Soit¾¿ÀÁ holomorphe dansÎ V ¿),Á avecRþÒ‡Ó . Calculer les int´egrales

ð

Ý de deux mani`eres diff´erentes et en d´eduire les formules

Ó

19. Les nombres de Bernoullij

5

sont les coefficients de la s´erie

À

En utilisant le Th´eor`eme de Cauchy–Taylor et le r´esultat de l’exercice 17, d´emontrer que le rayon de convergence de cette s´erie estRÕ¼

àÑ

. 20. D´emontrer que la fonction

¾¿ÀÁ?¼

est holomorphe dans le disqueÎWV,¿),Á avecRl¼d<

Ñ

. En d´eduire que les nombres de Bernoulli satisfont pour3 Öx ,

48 Calcul int´egral et th´eorie de Cauchy 21. Diff´erentiation num´erique d’une fonction holomorphe. Si¾¿ÀÁ est holomorphe dans le disqueÎWV[¿ Á

et si u Ë u R , on a que

¾ .5 0¿ Áó¼

3 0 àÑ

Ë 5 ü ‚

9

¾¿

á1Ë

i ³ Á i Ä 5

³À à p

D´emontrer que l’approximation num´erique

¾L.

5 0 ¿ Á à 3 0

á Ë 5 Û ÄÅ

l

8:9

¾¿

á1Ë i 

³ãâ

Á i Ä 5

³ãâ avec à l ¼

àÑ

n

á

donne le r´esultat exact siá Ò3 et si¾¿ÀÁ est un polynˆome de degr´eu 3wá á .

22. Pour la fonction¾¿À[Á ¼‡À ü áŒÀâÉŒÓ calculer le maximum de Ⱦ¿ÀÁ;È dans le disque ÈÀÑÈ Ð Ó . 23. Consid´erons la fraction rationnelle

-V¿ÀÁ ¼

ÓKá

Å

B À



üB

ÀKá

Å

w À ü p

En appliquant le principe du maximum sur un demi-disque Æ,ÀÐÇ ReÀ Ð ,ÛÐÈÀÑÈ Ð -VÌ avec un- tr`es grand, d´emontrer que

È-V¿ÀÁ;È Ð Ó pour ReÀ Ð »p

24. Soit¾¿ÀÁ holomorphe dansÎWV,¿),Á . Pour Ð Ë u R , on d´efinit

ä

¿·ËÍÁ Ô#¼Gñ!#c Ⱦ¿ÀÁ;ÈhÇÐÈÀÑÈC¼ Ë p

Montrer que la fonction˹ÞÖ ä ¿·ËÍÁ est continue et croissante. Elle est strictement croissante si et seulement si¾¿ÀÁ n’est pas une constante.

25. Soit¾¿ÀÁ une fonction holomorphe dans le disqueÎ

Å

¿),Á . Montrer qu’il existe un entier positif~ tel

que¾¿Ó o#~£Áe¼‡Ó o,¿~ á à Á .

26. Sur le disqueÎ

Å

¿),Á consid´erons la fonction d´efinie par la s´erie

¾¿ÀÁ?¼

7

58:9 3 ü ÀC5åp

D´eterminer le domaine maximal o`u¾¿ÀÁ peut ˆetre prolong´ee comme fonction analytique. Donner la valeur de¾¿

à Á de ce prolongement.

Indication. En d´erivant l’identit´e ¿ÓâɌÀÁ ÄÅ ¼°ÓKáŒÀâá}ÀÜüKá}À

B

áˆp-p-p deux fois, essayer d’exprimer

la fonction¾¿ÀÁ comme fraction rationnelle.

27. Soit¾¿ÀÁ ¼‡À ü É U À á

à

. Calculer explicitement les images¾¿ýŠÁ pour les disques ouverts

ý°¼‡Î

9Oƒ

`

¿Ó,Á et ý™¼™Î

Å

¿Ó»p

@

Áp

Montrer dans chacun des cas que¾¿ýÂÁ est ouvert.

Indication. Ecrire¾¿ÀÁ sous la forme¿ÀâÉ ÁüKá , et le bord deý sous la forme ásËP¿à Á i ³ . 28. D´emontrer le “principe du maximum” `a l’aide du th´eor`eme de l’image ouverte.

Chapitre III

Singularit´es et fonctions m´eromorphes

“Les singularit´es sont extrˆemement importantes car on peut en tirer quelque chose en analyse complexe, cette branche des math´ematiques qui ´etudie les fonctions d´efinies sur un domaine du plan complexep-p-p” (www.techno-science.net, Astrophysique) Des fonctions r´eelles avec des singularit´es nous sont famili`eres (cours Analyse I), par exemple,

…E»O• ,

¯

°Å±

•ž»O• , •

¯

°²±

„#…E»C•(Š , etc. Pour des fonctions complexes, l’´etude des singularit´es est tr`es

diff´erente et on peut obtenir des classifications int´eressantes qui ne sont pas possibles dans le cas r´eel. Les singularit´es jouent un rˆole important dans le calcul des int´egrales (r´esidus).

Dans le document Analyse Complexe (Page 49-55)