“îïð$ñoò&ó
, partie” et “î ò&ñoô õï, forme” (Dictionnaire Grec Franc¸ais, Hachette) Les fonctions m´eromorphes sont des fonctions qui ont presque (en partie) la forme des fonctions holomorphes. Plus pr´ecisement on a:
D´efinition 6.1 (Briot–Bouquet 1875) Une fonction ú°ûUüåý est m´eromorphe dans un ouvert z , si elle est holomorphe dansz sauf en des points isol´es o`u elle peut avoir des pˆoles.
Les fonctions m´eromorphes dans un domaine z peuvent ˆetre additionn´ees, multipli´ees et d´eriv´ees sans sortir de l’ensemble des fonctions m´eromorphes. L’avantage par rapport aux fonc-tions holomorphes est que les foncfonc-tions m´eromorphes peuvent aussi ˆetre divis´ees entre elles.
Th´eor`eme 6.2 Siú°ûUüåý et3 ûUüý sont m´eromorphes dans z , leur quotientú°ûUüý'9 3 ûUüý est aussi m´ero-morphe. L’ensemble des fonctions m´eromorphes dansz forme alors un corps.
D´emonstration. Les singularit´es deú°ûPüý9 3 ûPüý sont les pˆoles deú°ûPüý et3 ûPüý et les z´eros de3 ûPüý . Pour un tel point þ on aú°ûUüåým£ûUü<.|þý q ú B
ûPüý avec>ö et ú B ûPþý; et3 ûUüåýÁìûUü6.cþýø÷
3 B
ûUüý
avec ùÄ"Gúhú et3 B ûUþý ; . Le quotient ú°ûUüý'9 3 ûUüýÊ ûPü.:þý q @ ÷ú B ûUüý'9 3 B ûPüý poss`ede en þ une
singularit´e supprimable (si>
1 ù ) ou un pˆole d’ordreùÙ.> .
Exemples. Toutes les fonctions holomorphes, mais aussi les fonctions rationnelles ainsi que les fonctionsûÇV8·ü¶&·ü89´=µ8¶Lü ,´=µ:û ü´=µ2¶Lü89¶'·®ü ,ú_ûUüý2ü89Cû
?
.!%Æý , etc., sont m´eromorphes.
D´ecomposition en fractions simples.
Pour les fonctions rationnelles, la d´ecomposition en fractions simples est souvent tr`es utile. Nous reprenons un exemple de [HW, p. 119–120]:ú°ûPüý
n’a plus de pˆole en ü % . Nous d´eveloppons cette fonction en s´erie de Taylor et obtenons le d´eveloppement de Laurent (qui converge pour(
et similairement pour l’autre pˆole (cette fois pour(
Id´ee: Si on d´enote les “parties principales” de ces d´eveloppements par
B
ûPüý n’a plus de pˆole et, par le Th´eor`eme 3.1, est holomorphe dans
. Comme( ú_ûUüý , il suit du Th´eor`eme II.7.2 de Liouville que cette diff´erence est z´ero et
ú°ûUüý (cf. [HW, formule (II.5.11)]).
Rappelons que ú°ûUüåý poss`ede un pˆole d’ordre> enþp
exemple, un polyn ˆome de degr´e> poss`ede en
un pˆole d’ordre> .
Singularit´es et fonctions m´eromorphes 61 Th´eor`eme 6.3 Si ú°ûUüý est une fonction m´eromorphe sur ~ , alors ú°ûPüý ne poss`ede qu’un nombre fini de pˆoles et est une fraction rationnelle.
D´emonstration. Comme les singularit´es (ici le point infini est inclus) d’une fonction m´eromorphe sont isol´ees, il existe ) tel queú_ûUüý ne poss`ede pas de singularit´e `a l’ext´erieur de $û ý (sauf
´eventuellement enüa ) et seulement un nombre fini dans û ý . Soientþ B S
qui est holomorphe dans tout
. Par la remarque suivant le Th´eor`eme II.7.2 de Liouville, la fonction3 ûPüý est un polyn ˆome de degr´e au plus> 5> B 5
7O7O7 5a>Ù . Par cons´equent,ú°ûPüý est une fonction rationnelle.
Cas d’une infinit´e de pˆoles.
Soit, par exemple,ú°ûUüý!´:µ:û üa!´=µ8¶Lü29¶&·²ü . Il y a des pˆoles simples aux points ü¤P Q ,P"¥úhú , avec ResûUú S PRQ°ýi% . La formule analogue `a (6.5) serait ici´:µ:û ü
formule trouv´ee par Euler, `a l’aide de son produit pour¶'·®ü (voir Introductio 1748, Chap. X,! 178).
Voici d’autres exemples :
%
62 Singularit´es et fonctions m´eromorphes Notre but est de d´emontrer ces formules. Tout d’abord remarquons que les s´eries (6.6) et (6.7) ne convergent pas sans autre pr´ecision (s´erie harmonique). Pour donner une sens `a ces formules il faut grouper ensemble les termes ûUü5PRQ_ý
@CB
52ûPü6.0PRQ_ý
@CB
!oü89CûUü
H
.P H Q H ý .
Pour une fonction m´eromorphe avec pˆole þ nous notons par ûPüý la partie principale dans le d´eveloppement de Laurent autour de þ (c.-`a-d., les termes avec indices n´egatifs). Pour une courbe ferm´eeb autour de l’origine, nous notons parûdb ý la distance deb `a l’origine et par#²ûb ý sa longueur.
Th´eor`eme 6.4 (Mittag-Leffler) Soit ú°ûUüåý m´eromorphe dans avec pˆolesþ B S þ H S þ²
S
7O7O7
(þ ; ).
Consid´erons une suite=b de courbes ferm´ees contournant l’origine et satisfaisant ûb ý
pour P et #²ûdbo6ý98ûdboý
, sur lesquelles
-ú°ûPüý
- É
pour ü"Ùbo et PG% S S S
7O7O77
(6.10) Alors on a
ú°ûPüý2ú°û
ý5+
Ç
%$ Intw] ¡ x
ûPüýè.
û ý 2ú°û
ý5
'
B
ûPüýè.
û ý (6.11) o`u Intûdb åý d´esigne l’int´erieur de la coubebo .
Si þ£# est un pˆole de ú°ûUüåý , il faut remplacer ú°û ý dans la formule (6.11) par £ûUüý plus le terme constant dans le d´eveloppement de Laurent autour deþ£m .
−2 2
−3π −2π −π 0 π 2π 3π
b B b H
FIG. III.6: Illustration de la preuve du “Th´eor`eme de Mittag-Leffler” pourú°ûPüý!´=µ:û ü
D´emonstration. Ce th´eor`eme est une version simplifi´ee du cel`ebre th´eor`eme de Mittag-Leffler, qui fut publi´e dans Acta Math. vol. 4, 1884.
Comme les singularit´es deú°ûUüý sont isol´ees, il n’y a qu’un nom-bre fini des pˆoles `a l’int´erieur de b (voir Fig. III.6). L’id´ee est d’enlever ces singularit´es et de consid´erer la fonction
ú_ûUüý/.
%$
Intw] ¡ x
ûPüý
qui est holomorphe dans un voisinage de Intûdboý (voir Fig. III.7). La formule int´egrale de Cauchy donne alors
ú°ûPüý§.
&$
Intw°] ¡ x
ûUüý
%
:Q[ ] ¡
ú_û^oýé.
'$
Intw] ¡ x û^oý
^m.ü
^ (6.12) pour ü dans l’int´erieur de b et diff´erent de pˆoles. Dans cette situation, la fonction 3 û^oý¾
û^oý9Sû^ .üý poss`ede les pˆolesü etþ avec r´esidus Resû3 S üý ûUüý et Resû3 S þ ýÁþ. ûUüý .
Singularit´es et fonctions m´eromorphes 63
FIG. III.7: Courbes de niveau pour la valeur absolue de ú°ûUüý!´:µ:û üm.
'
£
ûUüåý
Le th´eor`eme des r´esidus donne alors que
% et la formule (6.12) (appliqu´ee une fois pourü et une deuxi`eme fois pourüa ) implique que
ú°ûPüý/.ú°û
Nous majorons cette derni`ere int´egrale en utilisant (6.10)) et l’hypoth`ese surb , ce qui donne
ú°ûPüýè.)ú°û
l’infini pourP et la majoration dans (6.14) tend vers z´ero.
Dans le cas o`u l’origine est un pˆole de la fonction ú°ûPüý , on applique cette d´emonstration `a la fonctionú°ûUüý/. £QûPüý qui est holomorphe pr`es de l’origine.
Exemple 6.5 (formules d’Euler) Consid´erons la fonction ú°ûPüýj+´:µ:û ü (voir la formule (6.6)).
Pour la courbeb nous prenons le bord du carr´e avec sommetsûP65 %=92ýQ²û U % U [ý . On aûb ý
ûP`5!%=92ýQ
et#ûdb 6ýì8ûdb 6ý . La fonctionú°ûPüý peut ˆetre major´ee `a l’aide de
Sur les parties verticales de bo on a
-ú_ûUüý
- % et sur les parties horizontales
=Q92 . La formule (6.11) du Th´eor`eme de Mittag-Leffler implique alors que
ce qui justifie d’une part la formule (6.6). D’autre part, en multipliant cette formule par ü , la s´erie devient (avec 1
By@
64 Singularit´es et fonctions m´eromorphes Cette s´erie, compar´ee `a (I.9.5), donne les formules
l’un des plus formidables triomphes d’Euler. Mˆeme le cas PÙk% fut une ´enigme pour Leibniz et Joh. Bernoulli pendant un demi-si`ecle (plus pr´ecis´ement: de 1673 `a 1740).
La formule (6.7) peut ˆetre justifi´ee de la mˆeme mani`ere. Pour la fonction ú_ûUüý* %=9¶'· H ü (voir la formule (6.8)) on a des pˆoles d’ordre et le Th´eor`eme de Mittag-Leffler donne
%
En utilisant la formule (6.16) pour P % et
H %=9
J
, les termes constants s’annulent et on retrouve la formule (6.8). La formule (6.9) peut aussi ˆetre v´erifi´ee de cette mani`ere.