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Principe de l’argument

Dans le document Analyse Complexe (Page 70-77)

l’un des plus formidables triomphes d’Euler. Mˆeme le cas PÙk% fut une ´enigme pour Leibniz et Joh. Bernoulli pendant un demi-si`ecle (plus pr´ecis´ement: de 1673 `a 1740).

La formule (6.7) peut ˆetre justifi´ee de la mˆeme mani`ere. Pour la fonction ú_ûUü“ý* %=9¶'· H ü (voir la formule (6.8)) on a des pˆoles d’ordre et le Th´eor`eme de Mittag-Leffler donne

%

En utilisant la formule (6.16) pour % et

H %=9

J

, les termes constants s’annulent et on retrouve la formule (6.8). La formule (6.9) peut aussi ˆetre v´erifi´ee de cette mani`ere.

III.7 Principe de l’argument

A l’aide du th´eor`eme des r´esidus nous d´emontrons ici le c´el`ebre “principe de l’argument”. La` premi`ere application de ce principe est due `a Riemann (1859, Werke p. 148, pour estimer le nombre de z´eros de sa “fonction ^ ”), une deuxi`eme par E.J. Routh (1877, dans un travail sur la stabilit´e d’un syst`eme).

Th´eor`eme 7.1 (Principe de l’argument) Soit z un domaine ´etoil´e et b la courbe ferm´ee par-courant {|z dans le sens positif. Si ú°ûPü“ý est m´eromorphe dans un voisinage de l’adh´erence

zž¤z~s{|z et sans z´ero ni pˆole surb , alors

%

:Qƒ[ ] ú n û^Qý

ú°û^oý

”_^a¤úbûPúmýé.4”ûUúmý (7.1)

o`u úwûUúmý et 4”ûUúmý sont, respectivement, le nombre de z´eros et le nombre de pˆoles de ú°ûPü“ý `a

l’int´erieur deb , compt´es avec leur multiplicit´e.

D´emonstration. La fonction ú n ûUü“ý'9‘ú°ûUüåý est m´eromorphe et poss`ede des pˆoles l`a o`u ú°ûPü“ý est soit z´ero soit infinie. `A l’aide de (4.2), on voit que

si ú°ûPü“ý\ûUüm.‡þý

Le th´eor`eme des r´esidus pour cette fonction donne l’affirmation (7.1).

Interpr´etation g´eom´etrique du principe de l’argument. Le quotient ú n ûUü“ý'9‘ú°ûUüåý est la d´eriv´ee

deµ8XûUú_ûUü“ý ý . Aussi longtemps que la valeur deú_ûUü“ý reste dans un domaine o`uµ8X5 est d´efinie et

analytique, on a trouv´e une primitive deú n ûPü“ýˆ9‘ú_ûUü“ý et par cons´equent on a

]76

g=< d´enote une partie de la courbeb . Si on veut appliquer cette formule `a la courbe

enti`ereb , il faut interpr´eter µ8X> comme fonction multi-valu´ee. N´eanmoins la partie r´eelle de

µ8X> (qui estµ2X

-

-) est le mˆeme pouruBú°û“b û&%Æýý2ú_û“b û

ý ý (la courbeb est ferm´ee). Ainsi

Singularit´es et fonctions m´eromorphes 65

0 2 4 6

2 4

−2

b_£

b B b H

b_‹ ?

FIG. III.8: Le principe de l’argument pour la fonction ú°ûUüåýž¶'· ûUü892“ýˆ9Sû

? Å

.0Ó-ý

] ú n û„^oý

ú°û^Qý

”…^a!µ8X ú°ûdb$û&%Æýý .›µ8X ú°û“b û

ýý [ V8W'XûPú°û“b û&%Æýý ý/.V8W'XûPú°û“b û ýý ý

7

(7.3) Ceci est un multiple entier de =Qƒ[ et compte le nombre de tours qu’effectue le vecteurú°ûUü“ý , quand

ü parcourtb dans le sens positif.

Exemple. Dans la Figure III.8 sont dessin´es les vecteursú°ûPü“ý attach´es au point ü pour la fonction

ú°ûPü“ýa ¶'· ûUü292‘ýˆ9Cû

? Å

.çÓý o`u Ú«%

7ÿ í et Ó}%8%

7L . Cette fonction poss`ede deux z´eros (üü

et üjG=Q ) et deux pˆoles (üÃëû$·mÓ-ýˆ98 etü»Ëû$·mÓ5á=[rQ_ýˆ98 `a l’int´erieur du cheminb . On peut

observer que l’entier (7.1) vaut pour les courbesb_£ ,b B etb

H

, il vaut.j% pourb_‹ et de nouveau pour la courbeb .

Ce th´eor`eme poss`ede d’innombrables applications, entre autres le “th´eor`eme de Rouch´e” et

uneùÁ5s% -`eme preuve du th´eor`eme fondamental de l’alg`ebre.

Th´eor`eme 7.2 (th´eor`eme de Rouch´e) Soient ú°ûUüåý et 3 ûPü“ý des fonctions m´eromorphes dans un ouvertz et soitb une courbe telle que le principe de l’argument peut ˆetre appliqu´e. Si

-ú°ûUüåý/.

3

ûPü“ý - -3

ûUü“ý

-pour tout ü"sb S (7.4)

alors

úbûPúmý/.@4”ûUúmý«úbû

3

ýé.4”û 3 ý 7

En particulier, quand ú°ûUü“ý et3 ûPü“ý sont holomorphes, alors elles ont le mˆeme nombre de z´eros `a l’int´erieur deb .

66 Singularit´es et fonctions m´eromorphes D´emonstration. En cons´equence de (7.4), les fonctionsú_ûUü“ý et3 ûUüåý n’ont ni z´eros ni pˆoles surb . Il existe alors un voisinage A de la courbeb o`u le quotient B ûUü“ýŠ@ú°ûUüåýˆ9

3

ûUüåý est holomorphe et

tel que

-B ûPü“ý/.u%

- % pour ü"CA

7

Ceci implique que la fonction LogûDB ûUüåýý est bien d´efinie dans A et qu’elle est une primitive de

B n ûPü“ýˆ9EB ûPü“ý . Pour la courbe ferm´ee b on obtient donc ] B n ûUü“ý'9EB ûUü“ý|”Qü€

. L’´egalit´e B n 9EB0

ú n9‘úÊ.

3 n9 3

et le principe de l’argument permettent de conclure.

Donnons encore quelques applications typiques de ce r´esultat:

F Une d´emonstration du th´eoreme fondamental de l’alg`ebre. Soitº ûUüåýž

÷

un polyn ˆome de degr´ee ù . Sur un cercle de rayon • (avec • suffisamment grand) on a

-º ûUü“ýR.ü

-. Le th´eor`eme de Rouch´e implique queº ûUü“ý poss`ede le mˆeme nombre de z´eros dans ÿ û ý que 3 ûPü“ýs

÷

ü=÷ (c.-`a-d., exactement ù z´eros, compt´es avec leurs multiplicit´es).

F Continuit´e des z´eros d’un polynˆome. Soit º ûPü SHG ý(

÷ ûG ý üO÷5

7O7O7 5!

B û G ý ü`5ž A£û

G ý un

polyn ˆome `a coefficients d´ependant continˆument d’un param`etre G . Si üÖþ est une racine deº ûPü SHG £8ý de multiplicit´e> , alors pour, et

-G . G £

-assez petits, le polyn ˆomeº ûPü SHG ý a>

racines dans le disqueÿJI ûPþŠý . Ceci suit du th´eor`eme de Rouch´e, car il existe un”() tel que

-º ûUü

Un ”ü) satisfaisant la deuxi`eme in´egalit´e existe, parce que les z´eros sont isol´es. La pre-mi`ere in´egalit´e est due `a la continuit´e des coefficients, siG est suffisamment proche deG £ .

F Lemme de Hurwitz. Soit

÷

ûUü“ý

÷ Í B une suite de fonctions holomorphes dans z qui con-verge localement uniform´ement vers une fonction holomorphe ú°ûUü“ý (c.-`a-d., converge uni-form´ement sur chaque sous-ensemble compact dez ). Supposons queú_ûUü“ý ne s’annule pas sur le bord { ÿ ûPþŠý d’un disque. Alors, pour ù suffisamment grand, ú

÷

ûPü“ý et ú_ûUü“ý ont le

mˆeme nombre de z´eros dans ÿ ûPþŠý . Pour la d´emonstration de ce lemme on remarque que

-ú ÷

1. Calculer les limites suivantes dans K

L

(si elles existent)

M3N3O

2. Lesquelles des fonctions suivantes sont holomorphes dans un voisinage deP"ced :

P ‹ R P S V X R P

. Calculer sa projec-tion st´er´eographique Pnm `a partir du pˆole nord h

V V\Xol

sur le plan passant par l’´equateur. Calculer

´egalement sa projectionP%p `a partir du pˆole sudh

V V\"Xol

. Montrer que

Pnm0q Pnprc X Y

Ceci motive l’´etude de l’infini `a l’aide de la transformationPst Xou

P .

Singularit´es et fonctions m´eromorphes 67

.0.0

FIG. III.9: Fonction ? BED avec singularit´e essentielle; la valeur absolue `a gauche et les lignes de niveau avec valeursPRQ (P TSOU % SOU S

, d´emontrer par un calcul direct que pour toutxyzKLw{>|

o}

5. La fonction

vh

est holomorphe dans K

Lƒ{,|

V\"XoV\

}

. Calculer les trois d´eveloppements de Laurent: pour

"„†…

6. Les fonctions suivantes poss`edent une singularit´e au point‰ c . D´ecider s’il s’agit d’une singularit´e supprimable, d’un pˆole (quel ordre) o`u d’une singularit´e essentielle:

SŠR

:F , d´emontrer que les lignes de niveau de

… lemniscates (voir la Fig. III.4).

Rappel. La c´el`ebre “lemniscate” de Jac. Bernoulli est d´efinie par hj’ H R”“ H

l H

c‡•

H hj’ H “ H l

(voir [HW, p. 314, 315 et 329).

8. Pour chacune des fonctions suivantes d´eterminer les pˆoles et les r´esidus en ces pˆoles:

P R X

9. En utilisant le th´eor`eme des r´esidus calculer l’int´egrale

] Ž R Ž @

P ‹ — P

o`u˜ parcourt le bord du carr´e de sommets™

™

š

dans le sens positif.

10. Calculer l’int´egrale

‘

@ ‘ — ’

’ I R ’ H R X Y

11. D´emontrer que pour des entiers›

V)œ

Indication. Consid´erer le chemin de la figure.

68 Singularit´es et fonctions m´eromorphes 12. Soit¡¢h P l

un polynˆome de degr´ee

œ”£¤

. D´emontrer que la somme des r´esidus de la fonction

Xou

¡¢h

P l

est z´ero.

13. Par la m´ethode des r´esidus, montrer que

‘

14. Calculer l’int´egrale

‘

Indication. Utiliser les mˆemes id´ees que pour l’int´egrale du type (5) dans le paragraphe III.5.

15. D´emontrer que

‘

£ M ‘ ’

X R ’ H — ’ c Y

Indication. Prendre un chemin comme dans l’int´egrale du type (5) dans le paragraphe III.5 et une d´etermination du logarithme qui est une fonction holomorphe dans K

L

priv´e de la demi-droite d’argument

>uo

. 16. V´erifier la formule

‘

17. Calculer les int´egrales suivantes

‘

18. En applicant le th´eor`eme de Mittag-Leffler d´emontrer la formule

`abP"c

En d´eduire que

X

19. D´emontrer que toutes les racines du polynˆome vh P l cP«

‹ P ‹ R

Xo

sont situ´ees entre les cercles

…P … c X

et

…P … c

.

Indication. Appliquer le th´eor`eme de Rouch´e avec¬¢h P l c Xo

sur le petit cercle et avec¬¢h P l c‡P^«

sur le grand cercle.

20. Soitvh P l

holomorphe sur le disque unit´e­¯®c € B h l

et continue sur l’adh´erence­ et supposons que

° h ­

­ . D´emontrer alors (`a l’aide du th´eor`eme du Rouch´e) quevh P l

c²P poss`ede exactement une solutionP

y­ .

21. Soitvh P l

une fonction holomorphe et supposons que le bord de l’ensemble

³ c | P

soit param´etr´e par un chemin˜·h¥

l

au sens positif. Rappelons que•ƒcº¹¸

˜»h

¥ l

est le vecteur tangent `a cette courbe et ¸

œ c

¹

˜·h

¥ l

le vecteur normal orient´e vers l’ext´erieur.

a) Expliquer pourquoi on a ¼ M

 ‘ …

vh

P l …u

¼¸

œw½

dans cette situation;

b) En utilisant les ´equations de Cauchy–Riemann pourM

 ‘ c) Montrer que a%‘

vh

P l

est strictement d´ecroissant lelong de˜ (d´erivervhj˜·h¥

l'l

Ce r´esultat est illustr´e dans la Fig. III.10 pour la fonction

vh

Singularit´es et fonctions m´eromorphes 69

žû$m.

Â

‘ý'9

J

=ûŠ5

Â

‘ýˆ9

J

FIG. III.10: L’ensemble Â0²oü("}

-ú°ûPü“ý

-)Ä%

pour la fonctionú_ûUü“ý de (8.1).

22. Dans la Fig. III.101sont dessin´es les vecteursvh P l

attach´es au pointP_c

˜»h

¥ l

sur la courbe qui d´ecrit le bord de l’ensemble ³ c | P

yÄK L”µ

…

vh

P l … ~ X }

(pour la fonction vh P l

de (8.1)). Uniquement en regardant cette figure, d´ecider combien de z´eros ou pˆoles sont dans chacune des composantes connexes born´ees de

³

et de

³

.

23. En utilisant le th´eor`eme de Rouch´e, d´emontrer le r´esultat suivant qu’on appelle aussi le “lemme de Zarantonello”: soit

…‰ … ~  

et soit¡¢h P l

un polynˆome de degr´e¨ satisfaisant¡+h'‰

l c X

. Alors, on a

O

a[

Ì Ì‡ …

¡¢h

P l … £  

…‰ … Y

Indication. Comparer la fonctionvh P l c h P u ‰ l ‚

¡+h

P l

avec¬¢h P l c h P u ‰ l ‚

.

1Cette figure est prise du livre “Solving Ordinary Differential Equations II” de Hairer & Wanner.

70 Singularit´es et fonctions m´eromorphes

Chapitre IV

S´eries de Fourier

La th´eorie de ce chapitre nous permet de mieux comprendre toute sorte de ph´enom`enes p´erio-diques. Elle a son origine au 18`eme si`ecle dans l’interpolation de fonctions p´eriodiques en as-tronomie, dans l’´etude de la cordre vibrante et du son avant d’entrer en force en sciences grˆace `a la Th´eorie de la Chaleur de Fourier (1822), voir le chapitre V.

Comme exemple, consid´erons la digitalisation d’un son (Fig. IV.1). On a enregistr´e 8 88 im-pulsions par seconde, dont% 8L sont dessin´ees (ceci correspond `a % 8LT9R8ÆÅ!L J

7í millisecondes).

Il n’y a pas de doute que ces donn´ees repr´esentent un ph´enom`ene p´eriodique. On est souvent int´eress´e par l’´etude du spectre d’un tel signal, par les fr´equences dominantes, par la suppression d’un bruit de fond ´eventuel, etc.

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000

FIG. IV.1: Digitalisation du son “o” prononc´e par Martin

A part la r´esolution de certaines ´equations aux d´eriv´ees partielles, on utilise aujourd’hui des s´eries de Fourier (sa version discr`ete FFT, voir le cours “Analyse Num´erique”; un des “Top 10 Algorithms of the 20th Century”) et des modifications (ondelettes ou “wavelets”) dans beaucoup d’applications en informatique (compression de sons, compression d’image, JPEG).

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