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Un succès éditorial incontestable : la réception contemporaine du Persiles

La décision de Cervantès de se placer sous l’égide d’Héliodore, au moment de faire ses adieux à l’écriture, témoigne d’un désir de s’affirmer comme un auteur capable, après El

Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha, de se mesurer à un genre sérieux et unanimement

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PELORSON, Jean-Marc, El desafío de Persiles, Anejos de Criticón, 16, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2003, p. 23-24.

reconnu – tant par les lecteurs que par les théoriciens –. En effet, après des débuts littéraires marqués par le sceau de la tradition bucolique et des productions, reçues à l’époque, comme relevant du comique ou encore après avoir cultivé le genre bref – et donc mineur –, il apparaît indispensable à l’auteur de faire montre du caractère sérieux et de la légitimité de son entreprise littéraire : il convient, à présent, d’offrir aux lecteurs une création dont la grandeur assurera à Cervantès une place de choix dans la mémoire littéraire. Ce désir de s’illustrer dans un genre respectable et d’acquérir une reconnaissance s’exprime déjà, à demi-mots, dans le prologue du

Persiles – qui, du point de vue de la chronologie de l’écriture, est un épilogue – : la conversation

fictive entre l’étudiant et la figure de Cervantès s’engage d’ailleurs autour de cette notion de renommée et elle révèle les interrogations profondes de l’auteur quant à l’image qu’il laissera de lui à ses contemporains. Le passage se construit à partir de la mention du nom du créateur et développe un certain nombre de stéréotypes autour de l’auteur de La Galatée et du Persiles :

« Apenas huvo oído el estudiante el nombre de Cervantes cuando apeándose de su cabalgadura, cayéndose aquí el cojín y allí el portamanteo (que con toda esta autoridad caminaba), arremetió a mí y, acudiendo asirme de la mano izquierda, dijo: –¡Sí, sí, éste, éste es el manco sano, el famoso todo, el escritor alegre y, finalmente, el regocijo de las musas!

Yo, que en tan poco espacio vi el gran encomio de mis alabanzas, parecióme ser descortesía no corresponder a ellas y, así, abrazándole por el cuello (donde le eché a perder de todo punto la valona), le dije:

–Ése es un error donde han caído muchos aficionados ignorantes. Yo, señor, soy Cervantes, pero no el regocijo de las musas, ni ninguna de las demas baratijas que ha dicho. » 72

S’il est toujours périlleux d’interpréter le sens profond du discours de Cervantès (entre auto-dérision et protestation face à une image faussée du créateur qui se serait cristallisée avec la renommée acquise lors de la publication de El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha), l’émergence de la problématique de la renommée dans l’œuvre testamentaire de Cervantès n’en est pas moins significative. Conscient du danger de rester dans les mémoires comme un auteur léger et comique, l’auteur du Persiles présente sa dernière création comme la possibilité de nuancer ou de complexifier cette image d’un créateur plaisant et amusant que rappelle cette figure du lecteur incarnée par l’étudiant rencontré au hasard d’un voyage. Il est légitime de penser que le désir de reconnaissance constitue pour les créateurs une motivation et un puissant argument lorsqu’ils s’apprêtent à donner corps à un projet littéraire. Aussi, lorsque Cervantès se trouve face

au choix de la forme que prendra sa dernière expérimentation narrative, méditera-t-il sur cette image qu’il souhaite laisser à ses lecteurs et à ses contemporains.

Au terme de son itinéraire dans l’univers de la narration, Cervantès se décide à entreprendre la rédaction d’un ouvrage qui répondra parfaitement aux critères théoriques de ses contemporains, en interrogeant un modèle admiré et applaudi de tous. Le Persiles, en se posant et en s’exposant comme une relecture de L’Histoire Éthiopique, paraît en mesure de combler les lecteurs et d’assurer à son auteur la respectabilité à laquelle il aspire. Le caractère sérieux attribué au dernier ouvrage cervantin n’a pas manqué d’interpeller les critiques et il a, d’ailleurs, suscité des divergences d’interprétation tant il est vrai qu’il marque un changement par rapport aux entreprises précédemment menées par le Manchot de Lépante. Or, cette volonté de conclure son œuvre par une création qui pourrait être qualifiée de sérieuse et qui s’inscrit dans un courant jouissant des faveurs d’un lectorat composé de lettrés et d’un autre groupe moins érudit, nous invite à nous interroger sur sa signification profonde : s’agit-il d’une décision incongrue de la part d’un Cervantès qui, à l’article de la mort, souhaite se garantir un succès littéraire à la mesure de ses attentes ? Doit-on y lire le signe d’un renoncement à une écriture antérieure et d’une rupture radicale, motivée par un constat d’échec ou par l’insatisfaction d’un auteur en mal de reconnaissance ? Une fois de plus, ce sont les éléments contextuels qui nous permettront d’apporter quelques éléments de réponses et qui nuanceront les lectures négatives souvent avancées pour interpréter les motivations du dernier projet de Cervantès. La principale piste, qui s’offre à nous pour comprendre le caractère sérieux du Persiles, tient, bien sûr, au statut du modèle retenu par Cervantès : le succès rencontré par L’Histoire Éthiopique et le prestige dont jouit alors Héliodore apparaissent comme autant d’explications plausibles incitant l’auteur du Persiles à s’inscrire dans cette vogue littéraire. Ils deviennent, de surcroît, des indices permettant de justifier le mode d’expression retenu par Cervantès lors de l’élaboration du Persiles. En effet, au vu de la toute-puissance héliodorienne, la rédaction d’un ouvrage s’inspirant de L’Histoire

Éthiopique paraît un choix particulièrement stratégique puisque l’engouement pour cette œuvre

semble pouvoir s’étendre aux autres créations qui en reprendront les traits essentiels. Revers de la médaille, la popularité d’Héliodore va écarter certaines modalités dans le rapport qui s’établit entre les créateurs et ce modèle : il semble, en effet, impossible d’adopter une posture qui consisterait à ridiculiser L’Histoire Éthiopique ou à en montrer les limites – ce que l’auteur de El

Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha s’était, en revanche, permis de faire avec les romans

de chevalerie –. L’ouvrage d’Héliodore étant reconnu de façon unanime, se risquer à critiquer ce qui est considéré comme un chef-d’œuvre reviendrait à s’élever contre le jugement dominant : une telle prise de position n’est évidemment pas tenable, même pour un auteur qui a déjà reçu l’aval du public au cours de ses précédentes entreprises de déconstruction générique – et c’est, bien sûr, le cas de Cervantès, qui a su s’attirer les faveurs d’un public en lui montrant les failles des romans de chevalerie ou en critiquant l’univocité de la création picaresque –. C’est pourquoi la relation entre le modèle héliodorien et le créateur qui prétend s’en inspirer va devoir se définir autour de la notion de respect : le regard critique dont Cervantès a auparavant fait preuve ne s’est certes pas éteint et n’a pas disparu, mais il doit s’exercer avec bien plus de nuances qu’il ne l’aurait fait face à un modèle archaïque ou désuet. Si le choix de s’inspirer d’Héliodore garantit, d’une certaine façon, la réception de l’œuvre à venir, il impose aussi une attitude à adopter aux auteurs et Cervantès ne fait pas exception. Pourtant, comme le souligne Stanislas Zimic :

« Al leer el Persiles, sin embargo, se insinúa repetidas veces la impresión de que la entrega al modelo bizantino por parte de Cervantes no fue ni completa ni dócil. En efecto, si por una parte se dice que el Persiles es la mejor novela española de tipo bizantino, por otra parte, se podría decir que es, simultáneamente, también una consciente e ingeniosa crítica de las debilidades más destacadas de aquel género literario; si por parodia comprendemos la crítica literaria en forma de ficción, se podría hasta decir que en el Persiles hay influencias paródicas directamente alusivas a la novela bizantina en general, incluyendo las imitaciones españolas, y a la Etiópica en particular, ya que ésta fue su declarado modelo. » 73

Cervantès a bel et bien conscience du statut de l’œuvre qu’il défie, pour reprendre ses propres termes, lors de la rédaction du Persiles. Cependant – et Stanislas Zimic le relève avec finesse –, la relation que Cervantès entretient avec son modèle ne se fonde pas sur une admiration aveugle : toujours dans l’entre-deux, l’auteur du Persiles oscillera entre respect et critique, entre sérieux et parodie, même si celle-ci transparaît, de façon beaucoup moins évidente que dans El Ingenioso

Hidalgo Don Quijote de la Mancha, par exemple. L’écriture cervantine, en perpétuelle recherche

de l’expression la plus ajustée possible, explore ici un terrain délicat : elle tire, certes, parti de la reconnaissance du modèle qui lui permet de se déployer et de s’épanouir – cet Héliodore envers qui même les érasmiens ne tarissent pas d’éloge – mais n’oublie pas de le garder à distance. Le caractère sérieux souvent reproché au Persiles ne doit pas nous aveugler et il serait, par exemple,

73 ZIMIC, Stanislas, Cuentos y episodios del Persiles. De la isla bárbara a una apoteosis del amor

erroné de parler de rupture dans l’itinéraire poétique emprunté par Cervantès : le Persiles est une nouvelle réponse apportée par un auteur qui a su définir l’attitude convenable à adopter face à un modèle extrêmement valorisé. Cette dernière prise de position n’est pas synonyme de renoncement au regard critique et distancié qui a, jusqu’ici, caractérisé Cervantès et si les aspects parodiques et critiques de l’œuvre n’apparaissent pas toujours immédiatement à la lecture, ils sont pourtant bien présents et travaillent le Persiles en profondeur. Ces effets de distanciation sont volontairement moins visibles dans la dernière création cervantine que dans El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de

la Mancha, par exemple, car ils risqueraient de compromettre la réception de l’œuvre en faisant du Persiles la parodie – déplacée – d’un modèle bien trop apprécié pour faire l’objet de ce type de

jeux littéraires.

Cervantès a su garder à l’esprit son projet, celui de montrer à tous, lecteurs et critiques, qu’il était tout aussi apte à se mesurer à la modalité comique qu’à proposer une œuvre sérieuse : la reconnaissance littéraire à laquelle il aspire n’en sera que plus grande car il aura prouvé, de la sorte, sa capacité à s’adapter et à transcender tous les genres. Respectant le cursus honorum attendu pour les auteurs espagnols des XVIe et XVIIe siècles, Cervantès décide de clore sa recherche et son parcours créatifs en cultivant, cette fois, le genre le plus noble – l’épopée – et en adossant son entreprise à un nom bien connu de ses contemporains – celui d’Héliodore –, gage de qualité mais aussi d’innovation par rapport aux épopées de l’Antiquité. À ce propos, il convient de remarquer que, face à un Lope de Vega qui le précède pourtant dans ce travail et cette réflexion sur le genre épique, Cervantès se montre plus soucieux de répondre aux attentes de ses contemporains qui apprécient tant L’Histoire Éthiopique. Christine Marguet observait, en effet, que :

« Lope de Vega, rappelons-le, dans le Peregrino en su patria, se fixait le défi d’importer le modèle épique, en fait celui du roman d’aventures, en lui donnant une tonalité proche de ce que sera la nouvelle courtisane :

« Caso digno de ponderación en cualquiera entendimiento discreto que un hombre no acertase a salir de tantas desdichas desde Barcelona a Valencia y desde Valencia a Barcelona, peregrinando en tan pequeña parte de su patria España con más diversidad de sucesos que Eneas hasta Grecia, con más fortunas de mar, persecuciones de Juno, engaños de Circe y peligros de lotófagos y Polífemos. »

Cervantes lui emboîte le pas, en conservant toutefois un espace exotique, un espace-temps de l’éloignement. » 74

74 MARGUET, Christine, « Los Trabajos de Persiles y Sigismunda de Cervantes : origine et originalité », Pandora : revue d’études hispaniques, n° 3, 2003, p. 89.

Si Lope de Vega souligne la filiation de son ouvrage avec les trois grandes épopées grecques et romaines qui ont marqué l’Antiquité et que les Espagnols des XVIe

et XVIIe siècles admiraient encore, l’auteur du Persiles semble aller plus loin en lançant un défi à un créateur plus proche, dont l’œuvre élabore et définit une formule bien plus adaptée aux goûts des contemporains de Lope et de Cervantès.

L’enjeu, qui consiste à proposer son interprétation du roman d’aventures et d’épreuves, est essentiel pour Cervantès et c’est pour cette raison qu’il a tant cherché à mettre en scène la parution de son dernier ouvrage qui occupe, de façon évidente, une place de choix dans sa carrière littéraire. Les références à la publication imminente de l’œuvre relèvent, il est vrai, du passage obligé dans les prologues – ces derniers se devant de rendre compte de la créativité des auteurs –. Pourtant, dans le cas du Persiles, le soin particulier à créer un effet d’annonce révèle l’importance de cet ouvrage pour Cervantès. Nous avons déjà fait référence au prologue des Novelas

Ejemplares où le défi à Héliodore est formulé. Cependant, le projet du Persiles n’est pas

uniquement évoqué à cet endroit. On le retrouve aussi présenté dans le livre IV du Viaje del

Parnaso, de façon intratextuelle cette fois-ci :

« Yo estoy, cual decir suelen, puesto a pique para dar a la estampa el gran Persiles, con que mi nombre y obras multiplique. » 75

L’allusion à un désir de reconnaissance se fait de nouveau sentir dans le dernier vers cité : le verbe « multiplicar » suggère, en effet, l’idée de croissance et d’expansion. L’augmentation envisagée par l’auteur semble pouvoir être de deux ordres : elle est concrète et matérielle – si l’on s’en tient à la quantité d’ouvrages où le nom de l’auteur apparaîtra –, mais elle pourra aussi être abstraite et métaphorique – la renommée de Cervantès va, elle aussi, croître avec cette nouvelle publication –. Le projet est, en tout cas, présenté de façon laudative par l’emploi de l’adjectif « gran » : l’œuvre à venir semble, déjà, avoir acquis un statut particulier aux yeux de son créateur qui ne manque pas de faire remarquer à ses lecteurs le caractère exceptionnel de cet ouvrage qu’il affirme mettre sous presse très prochainement. Enfin, dans la dédicace de la seconde partie de El Ingenioso Caballero

Don Quijote de la Mancha, en 1615, Cervantès annonce le terme imminent de la rédaction du Persiles :

« Con esto me despido, ofreciendo a V.E Los Trabajos de Persiles y Sigismunda, libro a quien daré fin dentro de cuatro meses, deo volente; el cual ha de ser o el más malo o el mejor que en nuestra lengua se haya compuesto, quiero decir de los de entretenimiento, y digo que me arrepiento de haber dicho « el más malo », porque, según opinión de mis amigos, ha de llegar al extremo de bondad posible. » 76

Malgré certaines fluctuations en ce qui concerne notamment le titre de l’œuvre (on passe, en effet, de « los Trabajos de Persiles » et du « Gran Persiles » en 1613, à « Los Trabajos de Persiles y

Sigismunda » en 1615), le projet de rédaction est rapidement explicité par l’auteur qui paraît

mettre en scène la naissance d’un chef-d’œuvre. Le travail de théâtralisation se révèle enfin dans l’insistance avec laquelle Cervantès évoque ce roman ainsi qu’à travers les choix terminologiques opérés pour qualifier l’œuvre à venir.

La renommée de l’auteur semble dépendre de ce dernier ouvrage et Cervantès le signifie, sans ambages, à ses lecteurs qu’il pose en futurs juges. Le succès posthume rencontré par l’œuvre que le Manchot de Lépante annonçait à ses lecteurs dès 1614 prouve que le créateur a su s’insérer avec bonheur dans la vogue littéraire qu’il avait préalablement relevée et qu’il a, en outre, réussi à se faire connaître et reconnaître par ses contemporains comme un créateur polyvalent, capable de s’illustrer dans tous les modes et ayant suivi avec succès le cursus honorum. Pour les Espagnols de la première moitié du XVIIe siècle, le nom de Cervantès n’est pas seulement associé à un personnage, Don Quichotte, mais il est aussi estimé comme un auteur capable d’adapter la formule de l’épopée en prose élaborée par Héliodore. L’on pourrait presque utiliser un anachronisme, celui de « best-seller » pour rendre compte de l’engouement suscité par le Persiles et les chiffres dont nous disposons quant aux éditions réalisées du testament littéraire de Cervantès sont particulièrement éloquents. C’est d’ailleurs un aspect que Maurice Molho ne manque pas de souligner dans son introduction pour présenter le Persiles et pour en montrer le retentissement dans le panorama littéraire espagnol des Siècles d’Or :

« le livre parut à titre posthume, en 1617 par les soins de Juan de la Cuesta qui était l’imprimeur habituel de Cervantès. La même année six autres éditions virent le jour, et en 1629 on n’en comptait pas moins d’une dizaine, c’est-à-dire en douze ans autant qu’en avait connu en son temps le premier Don Quichotte. » 77

76 CERVANTES, Miguel de, Don Quijote de la Mancha II, Edición de John Jay Allen, Madrid, Cátedra, 2008, p. 30.

77

MOLHO, Maurice, Introduction, CERVANTES, Miguel de, Les travaux de Persille et

Sigismonde – Histoire septentrionale, traduit et présenté par Maurice Molho, Paris, Ibériques,

Le Persiles connut ainsi six éditions durant la seule année de 1617 et l’on en dénombre dix, en tout, au cours du XVIIe siècle. Ces données indiquent que la création de Cervantès a été un succès éditorial important et que, comme le prédisait le créateur dans le Viaje del Parnaso, elle a permis au nom de l’auteur de se multiplier. Les Espagnols ont accordé à cet ouvrage tout l’intérêt que l’auteur espérait et le Persiles semble susciter un engouement semblable à celui provoqué par

L’Histoire Éthiopique. Il convient, en outre, de rappeler, avec Jean-Marc Pelorson 78

, que cet ouvrage fait aussi l’objet d’un enthousiasme qui dépasse les frontières de la péninsule Ibérique : il est, en effet, traduit en français dès 1618, en anglais dès 1619 et en italien en 1629 et connaît ainsi un destin analogue à celui des chefs-d’œuvre qui font fi de ces notions de frontières ou de particularismes. Par son enracinement dans une tradition héritée de l’Antiquité et par l’intertextualité avec la création d’Héliodore, le Persiles est une œuvre que les lecteurs des nations voisines souhaitent aussi découvrir et qu’ils apprécient. Ce sont, au bas mot, seize mille exemplaires de l’œuvre qui sont diffusés dans le premier tiers du XVIIe

siècle et il faut souligner qu’une telle diffusion constitue un fait assez rare à l’époque.

Les données numériques que nous avons invoquées autorisent à tirer une première conclusion : le défi que s’était lancé Cervantès et dont il avait fait part à ses lecteurs, dès le prologue des Novelas Ejemplares, semble pleinement atteint puisque la reconnaissance littéraire – dont témoignent les multiples rééditions de l’œuvre – est immense et que la diffusion du testament littéraire surpasse celle de la création que nous considérons aujourd’hui comme son chef-d’œuvre, El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha. La renommée littéraire est garantie comme l’espérait Cervantès dans le Viaje del Parnaso et le duel avec Héliodore a été couronné de succès. Mais comment expliquer une telle réussite ? Cervantès, fort de son expérience antérieure, a remporté ce triple défi qui consistait à séduire le lectorat dit « vulgaire »