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Figure 42 : Strate de variation

climatique et choix aléatoire

d’un transect pour son

exploration botanique (Haut- Languedoc). Le transect (ligne pleine en noir) est orienté par

la plus forte variation

climatique (cf. fig. 40 ci-

dessus) (Source : ALEXANDRE et

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climatique n’a pas encore partout été effectuée, indirectement en Afrique de l’Ouest où les publications sur le climat ont été très nombreuses, notamment autour des longues années de sécheresse que le sous-continent106 a connues. Je n’ai, de fait, plus guère travaillé la question climatique depuis une dizaine d’années et ce paragraphe est plutôt là pour rappeler que la démarche, pour produire tous ses résultats, doit être menée dans son ensemble, pour dire aussi ma conviction qu’il y aurait encore intérêt à poursuivre une méthode simple et peu coûteuse (sinon en temps) d’envisager l’étude dynamique du climat. J’y ajouterai simplement aujourd’hui la nécessité d’envisager en complément le changement du climat par une étude des longues séries statistiques de mesures du climat.

La méthode sur laquelle s’appuient les études climatiques lorsqu’elles ont été menées fait largement appel à une analyse « à la main », un par un, de centaines de bulletins quotidiens d’informations météorologiques. Le codage manuel des types de situations quotidiennes apparaît aujourd’hui lourd et un peu désuet. Il peut surtout lui être reproché son caractère qualitatif. D’autres pistes s’appuyant sur la classification automatique des types de temps existent pour mener de façon plus objective une étude de climatologie dynamique, mais elles demandent un investissement plus fort et donc de travailler en équipe avec des climatologues, ce qui est évidemment souhaitable. Elles ont permis de reconstituer de façon beaucoup plus fine les champs climatiques en fonction notamment de la topographie, et ce dès les années 1980 pour la France (BENICHOU, 1983, 1985, BENICHOU et LE BRETON, 1987), ce qui n’est toutefois possible que s’il existe un réseau suffisamment dense de stations de mesure.

La méthode manuelle garde l’avantage de ne pas perdre de vue les mécanismes météorologiques, de garder par son caractère typologique une plus grande souplesse, ce qui conduit à un résultat honorable, certes au prix d’un travail plutôt fastidieux mais à la portée d’un non- spécialiste. Au fond, je ne retirerai pas grand-chose de ce que j’écrivais dans ma publication de thèse (1996) :

« Lorsque les mesures sont trop peu nombreuses et aléatoires comme c'est le cas en ce qui concerne les données aérologiques dont la liste des paramètres n'est pas close et où la hiérarchie des facteurs n'est pas vraiment fixée, le choix d'une typologie qualitative est défendable. Les systématiques quantitatives comme celles de DUBAND

(1974), de DER MEGREDITCHAN (1975) ont, c'est vrai, une valeur prédictive plus grande mais, comme le souligne LECOMPTE (1986), les typologies qualitatives réalisent "déjà un certain niveau de synthèse dans l'explication des phénomènes climatiques" ce qui, de fait, répond mieux aux objectifs [de la phytoclimatologie]. »

« Les taxinomies aérologiques quantitatives butent, par ailleurs, sur un certain nombre de difficultés. Selon la métrique utilisée, les résultats peuvent manquer de stabilité. Les classes se recoupent souvent et les cas sont fréquents où des individus sont plus proches d'individus de classes voisines que du centre de gravité de leur classe. Certaines classes établies à l'aveugle pour le problème étudié peuvent manquer d'intérêt. Finalement, l'approche visuelle-synthétique reste supérieure, en l'état actuel des outils statistiques. »

L’objectif étant de parvenir à une restitution convenable de champs climatiques régionaux (échelle de la centaine de kilomètres), le protocole suivi s’appuie donc sur l’analyse de la succession quotidienne des types de temps ayant régné sur une région et la mise en relation de ces types de temps avec les paramètres climatiques mesurés (précipitations, températures) en différentes stations de l’espace régional. A partir de l’examen de plusieurs années de bulletins météorologiques quotidiens, il peut ainsi être arrêté un certain nombre d’informations pertinentes codifiables par référence à quelques types simples. Pour exemple, la typologie utilisée pour ma thèse (1994, publ. 1996) et celle, jumelle, d’Alain GENIN (1996, publ. 1997) : mise au point et utilisée par Michel LECOMPTE et DELANNOY (1980) au Maroc, puis par Josyane RONCHAIL (1980) dans les Alpes, et par DERRAZ (1993) et EL ALAMI (1993), de nouveau au Maroc. S'appuyant sur un nombre limité de critères,

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cette classification est apparue simple sans être pour autant simpliste, ce qu’ont pu contester certains climatologues. Ainsi, Jean-Pierre VIGNEAU (1986) estime-t-il, à l’inverse, que :

« … La disparité apparaît trop forte entre l'échelle des figures isobariques et celle de l'espace concerné ce qui rend médiocrement explicatives des combinaisons renvoyant à des styles par trop schématiques ».

L’examen des bulletins météorologiques sur un grand nombre de journées, ayant permis une bonne reconstitution des champs climatiques, infirme les inquiétudes exprimées par VIGNEAU. Sa propre

typologie reconnaît 46 classes pour les configurations d'altitude, 77 classes pour les situations au sol, 10 classes pour les flux régionaux et 10 classes pour les types de temps. Indéniablement plus précise, une telle classification, dans son emploi, bute sur deux difficultés. La première est que l'appréciation de certains critères nécessite la présence d'un observateur permanent, installé pour plusieurs années sur place. La seconde est que la multiplication des classes entraîne un nombre de combinaisons éventuelles - 46 x 77 x 10 x 10 dans le cas de la typologie de VIGNEAU - qui retire une grande partie

des possibilités de généralisation ; cela rend par ailleurs irréalisable l’analyse statistique.

La typologie de DELANNOY et LECOMPTE comportait à l'origine cinq groupes d'informations. La dernière de ces informations qui concernait le passage ou non d'un front au-dessus de la région pour une journée donnée a été abandonnée, cette information binaire se révélant peu discriminante dans l'espace. D'autre part, la lecture des résumés climatologiques montre que, en de nombreux cas, le dessin ou non d'un front sur les cartes synoptiques des champs de pression tient de la libre interprétation de la réalité météorologique par le cartographe ; les résumés signalaient en effet le passage de fronts qui n'avaient pas été cartographiés ... ou l'inverse.

Le premier groupe d'informations est la situation en altitude, classiquement analysée à partir des isohypses de la surface isobarique de 500 hPa dans l'optique de ROSSBY (PEDELABORDE, 1991, DURAND-DASTES, in DOLLFUS éd., 1990). Ce critère permet de mettre en avant l'effet déterminant du champ de pression de la moyenne et de la haute atmosphère : l'onde planétaire agit ainsi par résonance sur les basses couches de l'atmosphère. Les perturbations sont aggravées ou modérées selon que les deux champs de pression - en altitude et au sol - sont ou non couplés (phénomène de steering). Quoique l’importance de cette corrélation mécanique simple soit parfois remise en cause, elle existe dans un grand nombre de cas. Elle s’avère surtout déterminante dans certains climats en association avec d’autres facteurs aggravant ou modérant la situation : par exemple, le couplage entre un versant oriental de vallée dessinée sur la surface de 500hPa et une situation au sol méridienne de sud est responsable de la plupart des fortes averses qui atteignent la France méditerranéenne, les contrastes thermiques entre la base et le sommet de la masse d’air et entre la mer et la terre étant le facteur aggravant, surtout en automne. A titre d’exemple, les types retenus pour ce premier groupe d'informations étaient les suivants :

- marais barométrique ; - dorsale anticyclonique ;

- versant occidental de vallée barométrique ; - axe de vallée barométrique ;

- dépression d'altitude, goutte froide ; - versant oriental de vallée barométrique ; - flux rapide d'ouest.

Les second et troisième groupes d'informations concernent la situation au sol, appréhendée à 0 heure et à 12 heures. Les types choisis prennent en compte plusieurs informations : le caractère perturbé ou non de la masse d'air (situation anticyclonique ou dépressionnaire ou marais barométrique), sa trajectoire générale (zonale ou méridienne) en liaison avec son origine lointaine (atlantique, continentale, ...). Dans le cas de l'Europe méridionale, ces phénomènes se développent à l'échelle du domaine ou concernent parfois des systèmes dépressionnaires de taille plus réduite

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positionnés soit sur le Levant espagnol ou le Golfe du Lion, soit sur le Golfe de Gênes ou l'Adriatique. Dix types de situation au sol avaient ainsi été retenus :

- marais barométrique ;

- situation anticyclonique méridienne de nord ; - situation anticyclonique méridienne de sud ;

- situation anticyclonique zonale à caractère atlantique ; - situation anticyclonique à caractère continental ; - cyclogenèse locale centrée sur le golfe du Lion ;

- situation dépressionnaire zonale d'ouest ou nord-ouest ;

- situation dépressionnaire zonale de sud-ouest ou méridienne de sud ; - situation dépressionnaire méridienne de nord ;

- cyclogenèse locale centrée sur le golfe de Gênes.

Le quatrième et dernier groupe d'informations est la direction du flux sur la région. Le vent régional influe sur l'évolution ultime de la masse d'air et détermine donc son incidence sur les volumes de relief du terrain. Les classes de ce 4e groupe étaient les huit directions principales de la rose des vents, plus le cas où le flux est faible ou nul : vent faible ou nul ; vent de secteur nord-ouest ; vent de secteur nord (codé 2) ; vent de secteur de nord-est (codé 3) ; vent de secteur est (codé 4) ; vent de secteur sud-est (codé 5) ; vent de secteur sud (codé 6) ; vent de secteur sud-ouest (codé 7) ; vent de secteur ouest (codé 8).

LECOMPTE (1986), évoquant jugeait que :

« … Par rapport à ses devancières, la typologie ici proposée présente l'intérêt de hiérarchiser les échelles de circulation, distinguant ainsi entre les influences proprement aérologiques d'origine lointaine et celles de la dynamique proche, au contact des reliefs ; cela donne, par enchaînement de ces influences, une explication progressive du climat ».

Vingt ans plus tard, il m’apparaît encore utile de continuer à procéder de cette façon (en adaptant bien évidemment la typologie lorsque l’on se situe sur d’autres terrains) pour répondre au type de questions posées dans ce volume. Ceci n’enlève rien à la nécessité de développer des approches complémentaires dans le cadre notamment de l’étude du (ou des) changement(s) climatique(s). J’y vois surtout une preuve supplémentaire de l’importance de mener les recherches en équipes pluri- disciplinaires : la climatologie en est souvent absente et on ne peut continuer à produire des études scientifiques ou des plans de gestion dans lesquels le chapitre climatique se réduit à un ou deux diagrammes ombrothermiques.

6.2.2 – La collecte de l’information botanique

(a)- Le terrain ne se réduit pas à la collecte raisonnée de l’information

Ma position vis-à-vis du terrain a déjà été évoquée ça et là dans le texte ; elle doit maintenant être précisée. Dans mon esprit, peut-être trop marqué par la vieille école (ou déformé par elle), le travail de terrain est capital, essentiel pour la collecte de données, mais il ne se réduit pas à elle. Je ne conçois ce qui vient d’être dit sur l’échantillonnage ou ce qui va être dit sur les choix en matière de relevé que comme l’étape centrale d’un processus qui débute par une prise de connaissance du pays ou de la région et se poursuit par une prise en compte du ou des territoires dans lequel (lesquels) ces informations s’inscrivent. Derrière le territoire, un ensemble de questions : qui l’a mis en valeur et comment ? Qui y agit aujourd’hui ? Qui y habite ? Qui le traverse ou le visite ? En somme, l’information collectée n’a d’intérêt que si elle est replacée dans son contexte tant physique qu’humain. Ce contexte est pour partie global, mais il reste aussi largement régional et la connaissance sensible du terrain, des acteurs sociaux qui y interviennent et, plus généralement, des

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hommes qui l’habitent et l’utilisent comme ressource est un élément essentiel du raisonnement, comme on le reverra dans la troisième partie de ce mémoire.

Cette exigence de terrain a longtemps été un point commun entre écologie et géographie, même si l’une et l’autre n’y cherchaient pas les mêmes choses. Elle n’a toutefois plus tant bonne presse aujourd’hui. Du côté des écologues, on reproche son côté pré-scientifique à une approche qualifiée de naturaliste, ce qui est, aujourd’hui, au mieux condescendant. Elle m’apparaît pourtant encore utile à la condition de ne pas lui faire dire plus qu’elle ne le peut. Le temps apparaît lointain où l’on pouvait justifier un plan d’échantillonnage seulement guidé par le « flair » et les connaissances accumulée par les naturalistes au fil de leurs cheminements. Ainsi de Marcel GUINOCHET (1973) pour la phytosociologie :

« M. GODRON (1971) a passé en revue les diverses méthodes employées par les techniciens des sondages statistiques pour aboutir à la conclusion que, dans le cas de la phytosociologie, l’échantillonnage le plus simple est un échantillonnage stratifié avec analyse d’un nombre égal de parcelles dans chaque strate. […] C’est au fond une systématisation de ce que font intuitivement les phytosociologues classiques qui, en outre, font appel, en premier lieu aux connaissances que l’on a concernant la distribution géographique des espèces dans le territoire qu’ils se proposent d’étudier. »

Dans cette logique, la connaissance intime du terrain servait ensuite pour la généralisation spatiale des résultats, y compris pour produire une carte. Le rapport très particulier au pays qu’établit le naturaliste ne se dissocie pas de l’approche scientifique :

« Les associations végétales d’un territoire ayant été définies et décrites à l’aide de relevés floristiques complets […], il est ensuite relativement aisé de les reconnaître au simple coup d’œil107 sur le terrain. Le procédé mental est le même que celui du systématicien qui n’a pas besoin de se remémorer chaque fois toute la diagnose d’une espèce pour en nommer un spécimen dans la nature. » (GUINOCHET, op. cit.)

Mon point de vue est plutôt que la connaissance sensible et intuitive que les naturalistes ont du terrain est une première étape qui permet de poser les bonnes questions et de construire convenablement son échantillon. Cette première étape gagne à être découplée de l’étude systématique qui s’en suivra. Elle peut ensuite servir pour une interprétation correcte des résultats.

Du moins les naturalistes ont-ils conservé un pouvoir certain, sinon dans l’université, du moins dans la société où leur connaissance du terrain continue à être déterminante pour la conservation des espèces et la protection des espaces qui vont de pair : ainsi le guide méthodologique des plans de gestion des réserves naturelles (LIEDERMANN et al., 1991) rappelle-t-il que celles-ci sont « des sites qui ont attiré l’attention des naturalistes », ce qui donne une juste mesure de ce pouvoir légitimé par la connaissance du terrain. Du côté des géographes, l’importance de la « tournée » de terrain est renvoyée à des temps plus anciens (1890-1945) et à l’héritage contesté de Paul VIDAL DE LA BLACHE et d’Emmanuel DE MARTONNE :

« Dans la dernière décennie du XIXe siècle, Paul VIDAL DE LA BLACHE a installé la géographie dans l’Université française et insufflé à ses premiers étudiants un nouvel esprit disciplinaire. […]Il s’agissait principalement d’une appréhension visuelle directe des milieux humanisés, qui était ensuite méthodiquement abstraite et vulgarisée au moyen de généralisations descriptives et graphiques privilégiant l’échelle régionale. Dans la genèse du Tableau de la géographie de la France de Vidal de la Blache, le parcours effectif et personnel du terrain étudié et sa soumission à la vue directe ont constitué la première des postures de recherche. » (MENDIBIL, in ROBIC et al., 2006)

Marie-Claire ROBIC et Marie-Vic OZOUF-MARIGNIER (in BAUDELLE, ROBIC, OZOUF-MARIGNIER éds., 2001) souligne le côté initiatique qui était alors accordé au terrain, apprentissage indispensable pour une discipline ancienne mais qui s’est tardivement imposée dans le domaine universitaire :

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« Le contact avec la "réalité géographique", sur le terrain ou par ses substituts, est valorisé par le savoir voir, qui implique un coup d’œil, mais aussi un sens du placement et un art du déplacement sur les lieux. Le travail individuel de terrain et l’excursion collective sont les moments clés de cet apprentissage, car il existe bien un apprentissage du voir ou plutôt du "savoir regarder" et la dizaine d’années qui entoure le tournant du XXe siècle est pleine de témoignages sur la constitution de ces micro-techniques du regard et du déplacement. »

Micro-techniques qui étaient ensuite transcrites en un discours transmis aux étudiants lors des excursions au cours desquelles le maître se dirigeait vers tel ou tel point de vue démonstratif, la sûreté avec laquelle il s’y rendait étant un gage de sa connaissance du terrain. Celui-ci étant indissociable de l’école française de géographie régionale est-il frappé d’obsolescence à mesure du déclin de la démarche classique ? Doit-elle se réduire au strict minimum (levés, mesures ou relevés en géographie physique ; enquêtes auprès du public ou des acteurs en géographie humaine) ? Toute approche qualitative et sensible du territoire doit-elle être suspectée ?

Je le crois de moins en moins car le contexte nous impose plutôt de la prendre à nouveau au sérieux dans les termes que j’ai rappelés ci-dessus. Ma lecture de l’histoire de la géographie me conduit à ce constat : son évolution, singulièrement pour la géographie française, suit plus qu’elle ne précède les questions que la société se pose sur son espace et son environnement. Nous feignons souvent de penser que nous maîtrisons les évolutions de la discipline alors que nous ne faisons que coller à la demande sociale (ce qui, au final, est plutôt à notre honneur) : c’est le constat qui ressort d’un récent Géopoint (Groupe Dupont et UMR ESPACE, 2008). A partir des années 1960, la victoire de la « nouvelle géographie » a certes été difficile dans la mesure où des forteresses institutionnelles étaient à prendre, mais elle était inéluctable avec l’effacement des sociétés rurales et des territoires qui formaient la trame du récit régional de l’école vidalienne : ces petits pays, subtiles synthèses des caractères physiques du lieu et des genres de vie, et les régions naturelles qui les réunissaient. Leur connaissance s’établissait par le biais de cette approche par le terrain et l’analyse du paysage. Les années d’après-guerre où la planification (impérative à l’est, incitative à l’ouest) dominait, furent marquées par le grand tournant aménagiste de la discipline ; les années 1980 et 1990, durant lesquelles le reflux de l’idée qu’il put y avoir une géographie volontariste, furent celles où s’épanouit la lecture des effets spatiaux de l’économie « naturelle » (au sens d’Adam SMITH), tandis que la fin des idéologies amenait à démonter le fonctionnement spatial des sociétés comme le produit du jeu des acteurs. Au final, c’est par ce courant que les territoires sont revenus, se reconstituant comme lieux de vie ou comme espace de projet collectif.

Une cinquantaine d’années après le Tableau de la Géographie de la France de VIDAL DE LA

BLACHE (1904), les éditions Larousse publiaient, sous la direction de Daniel FAUCHER (1951), une sorte de chant du cygne de l’approche vidalienne qui s’y exprime jusqu’au maniérisme, au moment où la réalité qu’elle décrit au grand public s’efface (symboliquement, c’est le temps où le basculement entre population rurale et population urbaine s’opère au bénéfice de cette dernière) : les pays qui constituaient la mosaïque française y défilent un à un dans une minutieuse description de leurs traits physiques, des modes d’utilisation et des activités industrielles et artisanales diffuses dont les bourgs et petites villes sont le siège. D’où vient que la lecture d’un tel ouvrage me paraît redevenue utile aujourd’hui ? C’est que, à l’heure où la question environnementale et l’impératif du développement durable imposent un nouveau tournant à la géographie, l’échelle du pays et des régions, ainsi que le besoin de leur connaissance intime s’imposent à nouveau. La nouvelle vulgate nous dit « pensez global, agissez local » : finalement, tant mieux, elle impose au géographe de refaire du terrain. Il y croisera le naturaliste qui ne l’a jamais quitté. Leur connaissance du terrain et des personnes qui y