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Statut du fran¸ cais dans les ´ etablissements scolaires et universitairesscolaires et universitaires

Statuts des langues et politique linguistique au Liban

4.7 Statut du fran¸ cais dans les ´ etablissements scolaires et universitairesscolaires et universitaires

4.7.1 Naissance et d´eveloppement du syst`eme ´educatif

Le bilinguisme scolaire arabo-fran¸cais remonte `a l’´epoque du mandat fran-¸cais o`u on imposait l’enseignement bilingue arabe-fran¸cais dans toutes les ´ecoles nationales suivant la promulgation de la loi du 21 aoˆut 1924. Au lendemain de l’in-d´ependance, l’article 10 de la constitution libanaise vot´ee le 23 mai 1926 a d´eclar´e

47. Monin,op. cit.

un enseignement libre `a condition que cela ne porte pas atteinte aux communaut´es religieuses48 :

L’enseignement est libre, tant qu’il n’est pas contraire `a l’ordre public et aux bonnes mœurs et qu’il ne touche pas `a la dignit´e des confessions, [...] «il ne sera port´e aucune atteinte au droit des communaut´es d’avoir leurs ´ecoles, sous r´eserve des prescriptions g´en´erales sur l’instruction publique ´edict´ees par l’´Etat».

Il en r´esulte une multiplication et une diversification des institutions scolaires, et `a partir de cette p´eriode, on commence `a ´etablir une distinction entre le secteur priv´e du secteur publique dont chacun est dot´e de centaines d’´etablissements. De plus, l’article 9 de la mˆeme Constitution ´enonce que49 :

La libert´e de la conscience est absolue. En rendant hommage au Tr`es-Haut, l’Etat respecte toutes les confessions et en garantit et prot`ege le libre exer-cice `a condition qu’il ne soit pas porte atteinte `a l’ordre public. Il garantit ´egalement aux populations, `a quelque rite qu’elles appartiennent, le respect de leur statut personnel et de leurs int´erˆets religieux.

C’est grˆace `a cet article que les missions ´etrang`eres et les ´ecoles de mission-naires catholiques et protestantes ont pu multiplier leurs ´ecoles et contribuer alors au d´eveloppement de l’action ´educative au XX`eme si`ecle. Bien que la constitution libanaise ait subi des modifications en 1990, ces deux articles sont rest´es intacts. Il serait int´eressant de noter que la fondation du premier coll`ege enseignant r´ eel-lement le fran¸cais «Antoura»50 ´et´e cr´e´e en 1834. Ensuite, A¨ın Warka, le brillant ´etablissement scolaire a vu le jour en 1792. Outre le fran¸cais, on y enseignait plu-sieurs langues comme l’italien, le grec, le latin, l’arabe et le syriaque. De leur cˆot´e, les j´esuites ont fond´e un s´eminaire en 1843, transform´e plus tard en 1875 en la fameuse Universit´e francophone Sait-Joseph. Ainsi, les ´ecoles enseignant le fran-¸cais commencent `a se multiplier `a tire d’aile sur presque tout le territoire libanais. Cependant, celles g´er´ees par les missionnaires ´etaient les plus actives.

D’ailleurs, le Liban est en pleine ´evolution et r´ealise des r´esultats tr`es

ho-48. Naaman,op. cit., p. 82.

49. Marc Baronnet. Code Libanais. 2010. 50. Hachem,op. cit.

norables du point de vue de scolarisation. Salim Daccache s.j., ancien recteur du Coll`ege Notre-Dame de Jamhour, Doyen de la Facult´e des sciences religieuses – USJ, nous communique lors d’un colloque51tenu en Juin 2010 des chiffres concer-nant le taux de scolarisation au Liban. Ainsi, il affirme que le taux de scolarisation chez les jeunes atteint le 89.9% pour le cycle primaire et 77.4% pour le secondaire. Quant `a l’enseignement sup´erieur, le nombre des institutions se sont multipli´ees `

a tire-d’aile, on n’en comptait qu’une dizaine en 1990 alors qu’aujourd’hui nous disposons de 44 institutions qui re¸coivent environ 150.000 ´etudiants. La majorit´e de ces universit´es pour ne pas dire toutes, revˆetent un caract`ere confessionnel et politique. En effet, le syst`eme ´educatif au Liban est bilingue ou multilingue en ce sens que les mati`eres scientifiques sont donn´ees dans la premi`ere langue ´etrang`ere adopt´ee par l’´ecole en question, soit en anglais soit en fran¸cais. Il existe 65% de col-l`eges francophones pour 100 coll`eges libanais. Certainement, ce bilinguisme voire plurilinguisme constitue un atout pour les Libanais au niveau personnel comme au niveau professionnel.

Le fait d’ˆetre en contact avec diff´erentes langues et cultures nous apprend `a accepter la diversit´e et d´eveloppe donc en nous les principales valeurs humaines dont la tol´erance. De plus, connaˆıtre plusieurs langues permet de s’ouvrir sur l’ext´erieur ainsi que de repousser nos horizons culturels et professionnels. Cepen-dant, mˆeme si le Liban est plac´e sous le signe de plurilinguisme, ce ph´enom`ene ne s’applique pas forc´ement sur tous les Libanais dont une partie reste monolingue pour des raisons socioculturelles. En effet, si le fran¸cais n’est plus un ´el´ement de s´egr´egation religieuse, il est malheureusement un ´el´ement de s´egr´egation sociale aussi.

51. Salim Daccache. « Le Syst`eme ´educatif libanais : un regard d’ensemble des r´ealit´es, des probl`emes et des d´efis ». Dans : Intervention au Colloque Fondation Oasis : Maison de la Montagne, Liban. 2012.

4.7.2 Les diff´erents types d’´ecoles libanaises

Le r´eseau scolaire au Liban se caract´erise par sa grande complexit´e dans le sens o`u les ´ecoles se r´epartissent sur les diff´erents secteurs d’enseignement. De ce fait, on a des ´ecoles publiques, des ´ecoles nationales priv´ees et encore des ´ecoles priv´ees ´etrang`eres et nationales conventionn´ees par la France. ´Evidemment, la qualit´e d’enseignement, la r´epartition des heures, le contenu des programmes scolaires, entre autres, ne sont pas les mˆemes dans tous les secteurs. En effet, dans les ´ecoles publiques on n’enseigne pas les langues ´etrang`eres au niveau du cycle maternel contrairement aux ´ecoles priv´ees qui commencent `a les enseigner `a partir des classes maternelles. Pour cela, le minist`ere de l’´education a d´eploy´e de multiples efforts afin d’encourager l’apprentissage pr´ecoce de la langue ´etrang`ere dans les ´ecoles publiques. En revanche, les ´ecoles fran¸caises et les grandes ´ecoles priv´ees n’enseignent que les langues ´etrang`eres dans le cycle maternel. Dans le secteur primaire52, on impose l’apprentissage de l’arabe d’environ sept heures par semaine, en plus, l’enseignement d’une premi`ere langue ´etrang`ere est ´egalement obligatoire `a raison de sept heures par semaine.

Au niveau du cycle compl´ementaire, une deuxi`eme langue ´etrang`ere vient s’ajouter `a l’enseignement de l’arabe et `a la premi`ere langue ´etrang`ere, pour une dur´ee de cinq heures hebdomadaires. Quant au cycle moyen, la situation ne change pas dans les ´ecoles publiques o`u les mati`eres scientifiques s’enseignent toujours dans la premi`ere langue ´etrang`ere, `a cˆot´e de l’arabe et d’une deuxi`eme langue ´etrang`ere. Tandis qu’au sein des ´ecoles priv´ees, une troisi`eme langue ´etrang`ere fait son apparition `a ce stade-l`a, comme : l’allemand, l’espagnol, l’italien. Il importe de mentionner qu’on distingue deux types d’´ecoles priv´ees au Liban, on a d’une part, les ´ecoles la¨ıques et religieuses qui ne sont pas forc´ement contrˆol´ees par l’´Etat, et nous disposons d’autre part d’´etablissements priv´es ´etrangers (l’anglais, le fran¸cais

52. Les informations concernant le nombre d’heures de langues enseign´ees par cycle scolaire sont tir´es du site de CRDP Liban.

et l’allemand). Par le fait que la France dispose d’une chaˆıne scolaire tr`es ´evolu´ee au Liban dont les ´ecoles de la mission la¨ıque fran¸caise qui jouissent d’une grande notori´et´e. Ces institutions ´etrang`eres enseignent la langue de leur pays en tant qu’une langue maternelle et initient aussi les ´el`eves aux examens officiels de leurs pays conjointement aux examens libanais. Ces ´etablissements sont soutenus par les missions culturelles ´etrang`eres.

4.7.3 Statuts de la langue fran¸caise dans le syst`eme