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Contexte historique et situation sociolinguistique au Liban

1.1 Le Liban, une passerelle entre l’Orient et l’Occidentl’Occident

1.1.4 Liban : pays du c` edre

Ce pays minuscule est connu pour ses c`edres mill´enaires. Le C`edre est L’em-bl`eme national du pays et est pr´esent au centre du drapeau libanais, symbole d’´eternit´e et de saintet´e. D’ailleurs, la Bible fait souvent r´ef´erence aux c`edres du Liban. Le Liban est cit´e 103 fois dans le testament alors que la m´etaphore «pays du c`edre» est cit´ee 74 fois dans la bible. Alfred Guilder4 souligne que «Le Livre saint dit que ces arbres majestueux ont ´et´e plant´es par Dieu lui-mˆeme, d’o`u leur long´evit´e ´eternelle.»

Jadis, les c`edres recouvraient une grande partie du territoire libanais mais pour plusieurs raisons (comme par exemple, la d´eforestation et les incendies), il n’en reste malheureusement que quelques forˆets qui se trouvent dans la r´egion de Bcharr´e, dans le Chouf, `a Tannourine et `a Jeij.

1.1.5 La vie politique au Liban

Sur le plan politique, le Liban est une r´epublique parlementaire cr´e´ee en 1943 selon une loi constitutionnelle promulgu´ee en 1926. Cette constitution s’inspire de celle de la France ´etablie en 1875. L’article 95 de la constitution libanaise pr´ecise que les fonctions civiles et politiques sont r´eparties selon l’importance des commu-naut´es religieuses. Dix-sept communaut´es religieuses coexistent au Liban dont les plus importantes sont au nombre de sept : les maronites, les sunnites, les chiites, les grecs-orthodoxes, les grec-catholiques, les druzes et les arm´eniens. Le pays est r´eparti en six pr´efectures (mohafazat), chacune d’elles est subdivis´ee en arrondis-sements (qada). Au Liban, la religion et la politique sont intimement li´ees l’une `a l’autre, dans la mesure o`u les postes principaux de l’´Etat libanais se r´epartissent

4. Alfred Gilder. « Le Liban dans la francophonie ». Dans : Confe´erence au congr`es de la pneumologie libanaise (2013). url :http://efpneumo.org/files/Beyrouth.Gilder.pdf.

en fonction de l’importance d´emographique des communaut´es religieuses.

Ainsi selon la loi, le pr´esident de la R´epublique doit ˆetre un chr´etien maronite, celui du Conseil des ministres un musulman sunnite, et celui de la Chambre des d´eput´es un musulman chiite. Le Liban ´etant un pays lib´eral, l’article 9 de la constitution de 1926 d´ecr`ete la libert´e totale de culte. En outre, l’arrˆet´e n 60 du Haut-commissariat du 13 mars 1936 reconnaˆıt `a son tour les dix-sept communaut´es religieuses du Liban, ainsi que le droit d’organiser leur juridiction et d’adopter leur l´egislation de statut personnel.

Le Liban renferme un grand nombre de partis politiques dont la majorit´e rel`eve d’une confession (Le courant du futur, les Forces libanaises, Hezbollah ou le parti du Dieu, le Courant el-Marada, le Courant patriotique libre, les phalanges libanaises, etc.).

1.1.6 Le Liban trait d’union entre Charq et Gharb

En outre, les Libanais d´eclarent avoir contribu´e `a la renaissance de la langue et de la culture arabes au XIX`eme si`ecle ; ainsi qu’`a la modernisation de l’Orient grˆace aux relations entretenues avec l’Occident au fil des ann´ees (par exemple les liens entretenues entre les prˆetres maronites et l’Italie de la Renaissance et la France de Louis XIV).

Depuis la p´eriode ancestrale, des liens s´eculaires se sont tiss´es entre l’Orient et l’Occident par l’entremise du Liban. Le Mont-Liban a ´et´e le province arabe de l’Empire Ottoman et fut ouvert plus tˆot `a l’influence culturelle de l’Europe au XIX. De plus, l’´emigration des Libanais `a partir du XIX vers l’Europe vient accentuer cette influence culturelle. Alors que l’Empire Ottoman s’affaiblit `a la fin du XIX et du d´ebut du XX, les puissances europ´eennes viennent jouer un rˆole

actif en imposant leur supr´ematie sur les provinces balkaniques et arabes.

1.2 Le Liban : de l’histoire conflictuelle `a l’´

emer-gence de nouveaux statuts des langues

1.2.1 Le Liban : foyer des civilisations

De par sa position g´eopolitique au confluent de l’Orient et de l’Occident, le Liban constitue un lieu de brassage culturel et linguistique par excellence. ´ Evidem-ment, d’autres raisons li´ees `a son histoire `a la fois riche et complexe ont particip´e au fa¸connage d’un Liban aux multiples facettes culturelles. Pays de montagnes, il a ´et´e depuis toujours une terre favorite pour les r´efugi´es opprim´es de tout bord. En effet, les traces de ces derniers et celles issues de nombreuses conquˆetes persistent jusqu’`a nos jours au Liban, sous formes de sites arch´eologiques et de vari´et´es lin-guistiques. C’est cette influence vari´ee qui a fait la richesse culturelle du pays. D’ailleurs, les langues occidentales pratiqu´ees de nos jours au Liban ainsi que la multitude des confessions incarnent la diversit´e culturelle v´ecue profond´ement au Liban. Ces langues tr`es pr´esentes sur la sc`ene libanaise jouent un rˆole consid´ e-rable `a cˆot´e de l’arabe, langue officielle du pays. Malgr´e la propagation fulgurante de l’anglais, le fran¸cais reste une langue tr`es ancr´ee au Liban dans la mesure o`u elle est inscrite dans les us et coutumes libanaises. Une ´etude fran¸caise cit´ee par l’Universit´e Laval du Qu´ebec,5 affirme qu’en 2001 : 28,51% sont de vrais bilingues arabo-fran¸cais au Liban et 14% de bilingues. En revanche, 73% des bilingues arabo-fran¸cais pratiquaient ´egalement l’anglais.

5. Jacques Leclerc et Jacques Leclerc. L’am´enagement linguistique dans le monde. Tr´e-sor de la langue fran¸caise au Qu´ebec (TLFQ), Universit´e Laval., 1999.

Diverses raisons d’ordre religieux, politique et culturel ont favoris´e l’implan-tation de la langue fran¸caise qui s’enracine davantage sous le mandat fran¸cais, o`u plusieurs mesures ´etaient prises pour favoriser son expansion sur presque la tota-lit´e du territoire libanais. Un survol de l’histoire de la France au Liban nous paraˆıt indispensable afin de mieux comprendre la relation harmonieuse et peu conflic-tuelle qui se tisse entre ces deux pays au fil des ann´ees. Cette pr´esentation rapide nous permettra d’expliquer les motifs pour lesquels le fran¸cais a ´et´e introduit au pays du c`edre ainsi que les raisons pour lesquelles la culture et la langue fran¸caises sont ancr´ees de fa¸con aussi pr´egnante au Liban.

1.2.2 Aper¸cu historique du Liban

Nombreux sont les auteurs libanais qui ont relat´e l’histoire du Liban dans leurs ´ecrits ainsi que la relation originale nou´ee au cours des ann´ees avec la France, qualifi´ee souvent de «m`ere tendre». D’ailleurs, le bilinguisme arabe-fran¸cais dont Abou (1962) a parl´e dans son fameux ouvrage Le bilinguisme arabe-fran¸cais, n’est que le fruit de cette amiti´e ancestrale entre ces deux pays. Il est important pour nous de pr´eciser que cet aper¸cu historique est ´elabor´e `a la suite des lectures de plusieurs ouvrages dont : Le fran¸cais au Liban : essai socio-linguistique de Ab-dallah Naaman (1979)6; Statuts, emplois, fonctions, rˆoles et repr´esentations du fran¸cais au Liban de St´ephane-Ahmad Hafez(2006)7 et enfin Le Liban, pivot de la Francophonie au Moyen-Orient de Claudia Chehade-Zaatar (2008)8.

En effet, l’amiti´e s´eculaire entre le Liban et la France remonte `a l’´epoque des croisades quand le Pape Urbain II, de Rome a pris l’initiative de la pr´edication

6. Abdallah Naaman. Le fran¸cais au Liban : essai socio-linguistique. Editions Naaman, 1979.

7. St´ephane-Ahmad Hafez. Statuts, emplois, fonctions, rˆoles et repr´esentations du fran¸cais au Liban. l’Harmattan, 2006.

8. Claudia Chehade-Zaatar. « Le Liban, pivot de la francophonie au Moyen-Orient ». Th`ese de doct. Bordeaux 3, 2008.

de la premi`ere croisade le 27 novembre 1095 dans le but de sauver les chr´etiens d’Orient. La relation qui s’est ´etablie entre la France et le Liban `a cette ´epoque ´etait donc d’abord d’ordre religieux. Durant la p´eriode des croisades, on assiste `

a la naissance des premiers contacts entre l’Europe et le monde arabe. Le temps des croisades ´etait connu pour ses combats cruels, mais con¸cu aussi comme une p´eriode de rencontre entre deux mondes extrˆemement diff´erents. Il en r´esulte des mythes, des repr´esentations concernant les coutumes et les traditions maintenus jusqu’aujourd’hui. Toutefois, cette amiti´e entre la France et le Liban s’est d´ evelop-p´ee initialement avec les chr´etiens notamment les maronites. D’ailleurs, Edmond Rabbath9 l’affirme (1973) : «l’Europe occidentale commence alors `a s’int´eresser au Liban, grˆace aux maronites, dont les relations avec Rome et l’Italie, plus tard, avec Fran¸cois 1er et Louis XIV, eurent tˆot fait de s’av´erer f´econdes dans l’´ elabo-ration d’une conscience typiquement libanaise»10.

Pendant la p´eriode du Moyen ˆAge les rapports commerciaux augmentent entre la France et le Levant. Ce qui a favoris´e ces ´echanges, est surtout le long s´ejour des crois´es comme celui de louis IX qui s’est install´e dans les forteresses du littoral. Il s’agit donc ici des relations commerciales qui commencent `a se d´evelopper entre la France et le Liban. Au XII`eme si`ecle, on parlait le franque en M´editerran´ee, cette langue ´etait proche de l’italien avec quelques mots fran¸cais, turcs, grecs et arabes. En effet, les missionnaires se sont ´etablis au Liban au XIII`eme si`ecle suite au d´epart des crois´es. C’est le Saint-Fran¸cois d’Assise qui a cr´e´e la premi`ere mission franciscaine `a Antioche en 1920. Cette mission s’´etablit plus tard `a Saint-Jean d’Acre en 1930, `a Tripoli, `a Beyrouth puis `a Sa¨ıda, `a Lattaqui´e et par la suite `a Tyr.

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A la mˆeme ´epoque, les Carmes cr´ee une mission en Palestine (1209), plus tard

9. Rabbath Edmond. « La formation historique du Liban politique et constitutionnel ». Dans : Publications de l’Universit´e libanaise de Beyrouth (1973).

10. Cit´e par (Walid Arbid. France-Liban : une n´ecessaire entente cordiale. 2002. url :

www.libanvision.com/image/France2.doc, p. 3)

elles s’´etablirent `a Alep, `a Bicharr´e (1634) `a tripoli `a Qubayyate et `a Iskenderun, puis viennent les Dominicains pour s’installer `a tripoli. Seulement les Francis-cains ont pu faire face `a J´erusalem apr`es l’effondrement des crois´es. Ensuite, les capucins sont venus s’installer `a Saida (1625), `a Beyrouth, `a Aintura (1628), `a tripoli (1629). Ces derniers ont fond´e des ´ecoles o`u ils enseignaient arabe, fran-¸cais et italien. Quant aux lazaristes, ils ont supplant´e les J´esuites `a Aintura en 1776. Cons´equemment `a la victoire sur les Mamluks, un nouvel empire fait son apparition et persiste pendant quatre si`ecles, de 1516 `a 1918 permettant ainsi aux Ottomans de dominer le bassin oriental de la M´editerran´ee. C’est grˆace au trait´e «r´egime des capitulations» sign´e entre le Sultan Soliman le Magnifique et Fran¸cois 1er en 1535 que la France acquiert le statut de « protectrice des chr´etiens d’Orient ». C’est la raison pour laquelle les chr´etiens sont tr`es attach´es `a la France et l’ont toujours consid´er´ee comme «m`ere tendre» ou «m`ere protectrice».

En effet, la France a ´et´e le seul pays europ´een qui a entretenu des relations diplomatiques avec les Ottomans. Durant cette p´eriode, la France devient tr`es pr´esente sur la sc`ene libanaise. De plus, elle s’est charg´ee aussi de la protection des r´esidents latins comme les marchands v´enitiens, g´enois et les missionnaires europ´eens qui venaient dans cette r´egion pour fonder des ´ecoles et des dispensaires. Ainsi, le consul a jou´e un rˆole in´eluctable entre les autorit´es ottomanes et les communaut´es chr´etiennes. De ce fait, la France a acquis des privil`eges en mati`ere de protection et devient ensuite la m`ere protectrice des autres chr´etiens d’Orient.

Puis, sous le r`egne de Fakherddine II, le Liban a connu une p´eriode de pouvoir local autonome. Ce dernier a travaill´e pour la consolidation de l’unit´e libanaise et pour l’ouverture du pays sur le monde occidental, en nouant de multiples re-lations avec les puissances europ´eennes comme l’Espagne, Florence et la France. En 1608, il a sign´e un accord secret avec le duc de Toscane «Ferdinand 1er» dans le but de faire face aux Ottomans. Grˆace `a son alliance avec l’Italie, le Liban connaˆıt une prosp´erit´e sans pr´ec´edent notamment au niveau ´economique et

com-mercial. Fakherddine II qui ´etait connu en Europe sous le nom de Facardin, fait venir des moines capucins dans le Chouf, o`u ils fondent des couvents. Ensuite, les missions fran¸caises viennent remplacer les missions italiennes avec Fran¸cois 1er et ses successeurs qui s’´etablissent dans l’empire Ottoman. Au XVII`eme si`ecles, les missionnaires deviennent plus nombreuses, les J´esuites œuvrent `a la construction des ´ecoles et envoient `a Rome les ´el`eves brillants pour poursuivre leurs ´etudes au coll`ege oriental. Ainsi, ils ont contribu´e au rayonnement de la vie intellectuelle au Liban. ´Egalement, au XVII si`ecle, le roi de France et de Navarre Louis XIV a adress´e une lettre le 28 avril 1649 au Patriarche Youhanna Bawab dans laquelle il affirme le renouvellement de sa protection aux habitants de la montagne.

D’ailleurs Louis XIV et Louis XV garantirent cette protection par le biais des lettres ´ecrites et sign´ees d’eux-mˆemes. Pendant cette p´eriode, et jusqu’`a la guerre de 1914, les d´el´egations religieuses viennent en flux dans l’empire Ottoman, pour construire des ´ecoles dans les grandes villes ainsi que pour mettre en place des projets humanitaires. Ainsi, la langue fran¸caise a-t-elle remplac´e la «lingua franca» (l’italien).

L’arriv´ee de Muhammad Ali (1805) promet un destin florissant `a la langue fran¸caise dans la mesure o`u la France a obtenu une reconnaissance de protecto-rat sur les sanctuaires et les fid`eles, notamment les maronites. Ainsi, l’influence fran¸caise s’affirme-t-elle au d´ebut de XVII`eme si`ecle pour des raisons religieuses et commerciales. Deux si`ecles plus tard, le fran¸cais acquiert le statut de langue de la soci´et´e et des affaires.

En 1860, Napol´eon III a pr´epar´e une excursion men´ee par le g´en´eral Beaufort d’Hautpoul compos´e d’un contingent de 2000 hommes afin de sauver et prot´eger les chr´etiens opprim´es dans le Chouf (Mont-Liban). De ce fait, la France agit alors de mani`ere `a mettre en œuvre le protocole du 8 Juin 1861 qui a donn´e lieu au r´egime des Moutassarifiats. Grˆace aux maronites libanais, l’´economie fran¸caise a

connu une prosp´erit´e consid´erable entre 1880 et 1890. Cette prosp´erit´e est li´ee au dynamisme des relations commerciales et culturelles entre ces deux pays. La guerre de 1914-1918 met fin aux capitulations. L’av`enement de la France au Levant `

a l’aube de la Premi`ere Guerre mondiale et la constitution du Grand-Liban par le g´en´eral Gouraud le 1er septembre 1920, ont renforc´e davantage les relations franco-libanaises.

La puissance mandataire a contribu´e au d´eveloppement du pays pendant un quart de si`ecle en fondant des institutions, remaniant l’administration, d´ evelop-pant l’´economie, organisant la justice et en propageant la langue fran¸caise dans toutes les ´ecoles du pays. D’ailleurs, Victor Hachem (2008) dans son ouvrage Le fran¸cais et nous11 affirme que les Libanais ont eux-mˆemes revendiqu´e la France comme pays mandataire : «Ce sont d’ailleurs les libanais eux-mˆemes, dans leur majorit´e, qui ont souhait´e avoir la France comme pays mandataire. Entre nos deux pays s’´etaient tiss´es des liens de grande sympathie».

Une relation exceptionnelle liait le Liban au G´en´eral de Gaulle.12 Celui-ci a mˆeme affirm´e le 27 juillet 1941 que : «Les Libanais, libres et fiers, ont ´et´e le seul peuple dans l’Histoire du monde qui, `a travers les si`ecles, quels qu’aient ´et´e les p´erip´eties, les malheurs, les bonheurs, les destins, le seul peuple dont le cœur n’a jamais cess´e de battre au rythme du cœur de la France».

Le Liban a acquis son ind´ependance le 23 novembre 1943, mais les troupes fran¸caises ne s’y sont retir´ees compl`etement que le 31 d´ecembre 1946. Au XIX`eme si`ecle, les relations commerciales avec la France, l’intervention de l’arm´ee de Na-pol´eon III, les relations tiss´ees entre certaines familles libanaises maronites et la France, l’´emigration de nombreux intellectuels libanais `a Paris comme Chukri Ghanem ainsi que la visite de certains ´ecrivains fran¸cais comme Flaubert, Nerval,

11. Victor Hachem. Le Fran¸cais et nous. ALEPH, 2008, p. 168.

12. Evelyne Massoud. « France-Liban : Des ponts d’amiti´e s´eculaire ». Dans : La revue du Liban (2002). url :http://www.rdl.com.lb/2002/q4/3867/2.html.

Lamartine, entre autres, ont soud´e davantage les liens entre les deux pays. Paral-l`element, les missionnaires d´eploient leurs efforts pour construire des ´ecoles et des universit´es au Liban. Lesquelles ont jou´e un rˆole primordial dans la diffusion de la langue fran¸caise et ont assur´e un enseignement de qualit´e.

Depuis toujours, la France fait preuve de profondes affinit´es avec le Liban, en le soutenant dans des situations critiques et cela `a travers l’aide qu’elle lui apporte pour d´epasser ces p´eriodes difficiles. En 1996, lors de l’invasion d’Isra¨el au sud du Liban, la France a ´et´e la premi`ere `a venir en aide des Libanais sur le plan financier en essayant d’arranger la situation entre les deux pays. Il serait important de rappeler que la France a toujours appel´e `a la mise en application de la r´esolution 425 du Conseil de S´ecurit´e qui stipule le retrait de l’arm´ee isra´elienne du Sud-Liban. Toutefois, ce projet ne s’est concr´etis´e qu’en mai 2000. `A cet effet, la France a gagn´e ´egalement la sympathie des Libanais chiites dans la mesure o`u ils voyaient les leaders fran¸cais soutenir leur cause. Somme toute, une relation ´etroite lie le Liban `a la France depuis l’antiquit´e. Ces rapports libano-fran¸cais n’ont jamais ´et´e vraiment conflictuels comme c’est le cas dans les autres pays arabes, ce qui fait la singularit´e du pays.

D’ailleurs, l’influence fran¸caise se manifeste au Liban dans presque tous les secteurs : au niveau de la justice, de l’administration, de la politique, de l’ensei-gnement. Il importe de rappeler que c’est la France qui avait cr´e´e la constitution libanaise en 1926 ainsi que le syst`eme r´eglementaire d´eterminant le fonctionne-ment de la vie dans le pays. Cela atteste la forte pr´esence de la France au pays du c`edre et explique l’attachement des Libanais `a ce pays. Jusqu’`a nos jours, des liens affectifs lient ces deux pays que ce soit sur le plan culturel ´economique ou encore politique. Michel Edd´e dans la pr´eface de l’ouvrage Le «Fran¸cais» et nous de Victor Hachem (2008)13, met l’accent sur les relations ´etroites qui liaient le Liban `a la France :

13. Hachem,op. cit., p. 9.

[...] on ne peut que reconnaˆıtre qu’avant, pendant et apr`es le Mandat et jusqu’`a nos jours, le Liban n’a cess´e d’avoir les relations les plus ´etroites avec la Patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen. Tant au niveau de l’Administration, de la Justice, et des Forces arm´ees, qu’au plan politique, culturel et ´economique, la France a dot´e le Liban d’un dispositif l´egislatif et r´eglementaire qui a permis `a notre pays de b´en´eficier pendant 30 ans, de 1945 `a 1975, d’une stabilit´e lui permettant d’occuper le premier rang des pays arabes et lui a assur´e la prosp´erit´e `a laquelle il pouvait difficilement pr´etendre ´etant donn´e la faiblesse sinon l’inexistence de ses ressources