• Aucun résultat trouvé

Afin de répondre aux interrogations qui font l’objet de ce travail doctoral, nous nous appuyons sur des sources de diverses natures, rédigées en grande partie en langue japonaise, mais aussi en langue anglaise et française. Bien que cette étude ne s’inscrive pas dans une démarche comparative à proprement parler, le recours à des sources occidentales décrivant des systèmes politico-administratifs divergeant du modèle nippon, rend possible la mise en

124 On parle plus précisément de « néo-institutionnalismes ».

125 Voilà déjà vingt ans que HALL et TAYLOR invitaient à un décloisonnement des différents néo-

institutionnalismes dans un article devenu classique. Voir HALL Peter A., TAYLOR Rosemary C. R., « La science

politique et les trois néo-institutionnalismes », Revue française de science politique, vol. 47, n°3-4, 1997, p. 469- 496. Dix années plus tard, Yves SUREL et Bruno PALIER apportaient des pistes pour analyser les politiques publiques selon une approche combinant les différentes tendances dégagées par les trois néo-institutionnalismes. Voir PALIER Bruno, SUREL Yves, « Les "trois I" et l’analyse de l’État en action », Revue française de science politique, vol. 55, janvier 2005, p. 7-32.

42

perspective de ce dernier. Cela permet en effet de constater que de nombreuses problématiques parfois perçues au Japon comme des spécificités propres à ce pays, sont en réalité tout à fait universelles. En outre, cela permet de relativiser certaines analyses japonaises qui considèrent parfois encore, que l’introduction de mécanismes inspirés de modèles étrangers serait la solution aux maux du système politico-administratif japonais, quand bien même ces mécanismes reçoivent de nombreuses critiques dans leurs pays d’origine.

A. Littérature scientifique

Comme nous avons pu l’exprimer précédemment, le sujet que nous abordons est relativement classique en sciences politique et administrative. Aussi disposons-nous d’une abondante littérature scientifique sur laquelle nous ne pouvons faire l’impasse. Nous nous sommes appuyés sur des travaux universitaires réalisés en langues occidentales principalement pour les cadres théoriques qu’ils proposaient et les éléments de comparaison qu’ils apportaient. Concernant la littérature secondaire rédigée en langue japonaise, nous nous sommes référés à de nombreux ouvrages scientifiques et articles publiés dans des revues spécialisées. Parmi toutes les sources que nous avons consultées pour cette étude, la littérature scientifique japonaise est sûrement celle sur laquelle nous nous sommes le plus souvent appuyés.

B. Littérature journalistique, ouvrages de vulgarisation, et articles de presse

Nous avons également fait appel à des ouvrages au caractère plus journalistique que scientifique. Malgré les limites que présentent ces derniers (mises en scène, exagérations, sensationnalisme et manichéisme parfois), ils apportent en général des informations extrêmement intéressantes sur le déroulement de certaines prises de décisions en interne, sur l’existence de tensions entre différents acteurs et institutions, ou encore sur l’état d’esprit de certains protagonistes. Ces ouvrages, particulièrement nombreux au Japon, peuvent être rédigés par des journalistes, dont l’appartenance à des clubs de presse leur assure des accès

43

privilégiés aux témoignages des acteurs concernés, ou bien par des universitaires, dans une démarche de vulgarisation. Ils peuvent encore être directement produits par les acteurs eux- mêmes (ministres, hauts fonctionnaires,…), qui malgré leurs biais, nous procurent des informations de première main en revenant sur leurs expériences.

Outre les multiples témoignages qu’ils apportent, les articles de presse nous permettent de mieux mesurer le traitement médiatique de certains phénomènes et de certaines réformes à des instants précis. Les nombreux sondages d’opinion qu’ils réalisent constituent en outre des pistes pour mieux capter l’évolution de l’état d’esprit des citoyens autour des questions qui nous intéressent.

C. Textes législatifs et réglementaires, rapports officiels, débats parlementaires

Faisant de l’analyse des changements institutionnels une part importante de ce travail, notre corpus se compose aussi naturellement de nombreux textes juridiques. En ce qui nous concerne, ces derniers sont de nature constitutionnelle, législative (c’est le cas pour l’essentiel des textes que nous étudions), ou réglementaire. Nous nous sommes également grandement appuyés sur de multiples rapports officiels et comptes rendus de comités divers, produits par l’administration et généralement accessibles en ligne. Avec les débats parlementaires, cette littérature grise constitue une source d’informations cruciales pour analyser les motivations, l’évolution des idées des acteurs, ou encore les problématiques abordées au cours du processus d’élaboration des réformes politico-administratives. Les livres blancs de la fonction publique, publiés chaque année, nous ont procuré en outre de nombreuses données chiffrées que nous utilisons dans ce travail.

D. Données chiffrées et statistiques

Afin d’étayer certains de nos propos, nous avons récolté à partir d’annuaires biannuels de parlementaires et de hauts fonctionnaires (seikan yōran 政官要覧), d’importantes données quantitatives et qualitatives concernant les nominations aux postes gouvernementaux. À partir

44

des sites officiels des deux chambres de la Diète et de celui dédié aux débats parlementaires, nous avons aussi comptabilisé le nombre d’interventions orales des hauts fonctionnaires à la Diète dans le but d’y observer certaines variations. Ces données, qui ont été pour l’essentiel collectées manuellement puis mises en ordre par nos soins, nous ont permis de dégager des résultats inédits, qui tantôt confirment les analyses antérieures, tantôt les discutent.

E. Entretiens avec des hauts fonctionnaires

Enfin, dans le cadre de ce travail doctoral, nous avons eu l’occasion de réaliser en France et au Japon, cinq entretiens semi-directifs auprès de fonctionnaires d’État japonais. Ces entretiens, d’une durée variant en général entre deux heures et demie et trois heures, furent menés auprès d’une jeune fonctionnaire, de deux cadres et de trois cadres supérieurs (deux de ces derniers ayant occupé les fonctions les plus élevées de leur ministère). Afin de préserver leur anonymat, il ne nous est pas possible de donner davantage de détails quant à leur situation. Nous nous contenterons de noter que ceux-ci provenaient du ministère de l’Éducation, de la culture, des sports, de la science et de la technologie (MEXT, monbu

kagakushō 文部科学省), du ministère du Territoire, des infrastructures, des transports et du tourisme (MLIT, kokudo kōtsūshō 国 土 交 通 省), du MOF et de l’Autorité nationale du Personnel. Bien que quantitativement limités, ces entretiens nous ont procuré des informations de grande qualité, que seuls des personnels ayant réalisé une longue carrière dans la haute fonction publique peuvent apporter (à propos de l’évolution de pratiques informelles au sein des administrations, de l’état d’esprit des agents à travers les années par exemple). Les agents interviewés se sont tous montrés très ouverts lors de ces entretiens, répondant bien volontiers aux questions qui leur étaient posées, et nous n’avons ressenti qu’à de très rares occasions de la retenue de leur part. Ces entretiens nous ont été extrêmement utiles pour vérifier la véracité de certaines affirmations présentes dans la littérature scientifique et dans la presse, pour confronter les différents témoignages de hauts fonctionnaires sur certains sujets, et pour conforter certaines de nos intuitions. Trois de ces entretiens ont été enregistrés, les autres interviewés ayant préféré s’assurer une confidentialité absolue.

Outre ces entretiens, nous avons pu échanger à de diverses occasions mais de façon plus informelle, avec d’autres fonctionnaires notamment issus du ministère des Affaires étrangères

45

(MOFA, gaimushō 外 務 省), du ministère de l’Économie, du commerce et de l’industrie (METI, keizai sangyōshō 経済産業省), du ministère des Affaires générales (MIC, sōmushō 総務省), du MOF, ou encore de l’agence nationale de Police (keisatsuchō 警察庁).

À notre grand regret, les deux hommes politiques du PDJ (un membre de la Chambre des représentants et un membre de la Chambre des conseillers) avec lesquels nous devions nous entretenir n’ont pas pu se libérer à la date initialement envisagée, et il ne nous fut possible par la suite que de converser avec l’un d’entre eux et seulement de façon informelle.