• Aucun résultat trouvé

Les sources de dunes dans le d´ esert et en laboratoire

Dans le document Morphogenese et Dynamique des Barchanes (Page 134-136)

Les exp´eriences pr´ec´edentes partent du principe que les barchanes apparaissent sur les plages, `a partir d’un lit de sable. Ce n’est pourtant pas le seul endroit o`u les barchanes se forment. En particulier, dans la r´egion de Tarfaya, de nombreuses barchanes apparaissent `

a cause d’un changement brutal du relief. Comme l’illustre la photographie a´erienne de couverture de ce chapitre Fig. 4 ou la Fig. 4.12, le sable peut ˆetre transport´e par le vent d’une zone basse (le fond de la sephra ”Tah” pr`es de Tarfaya par exemple) vers le plateau continental. En particulier, dans les zones d’acc´el´eration du vent comme par exemple des br`eches resserr´ees sur une falaise, le sable est transport´e depuis le bas de la falaise, jusqu’au plateau sup´erieur. La vitesse du vent retombant juste apr`es la falaise, le vent sursatur´e doit n´ecessairement larguer une grosse quantit´e de sable, et donc des zones d’accumulation de sable importantes nucl´eent. Mais ce n’est pas tout ! Cette zone d’accumulation est instable pour les mˆemes raisons que les barres de sable sont instables ! Cet amas relativement al- long´e se comporte alors comme une source de barchanes : il relargue des barchanes. Vue d’une image a´erienne (voir la figure

Fig. 4.12 – Principe des ”points sources”. Dans la r´egion de Tarfaya, il existe de grandes sephras, que l’on peut comparer `a une zone plate mais en contre- bas du plateau continental. Lorsque du sable traverse cette zone, il finit par s’accumuler au pied de la ”fa- laise” s´eparant les deux plateaux. Dans ce cas, `a la faveur de tempˆete, ou plus simplement de br`eche per- mettant l’acc´el´eration du vent le sable peut ˆetre trans- port´e du bas vers le haut. On remarquera ´egalement sur cette photographie a´erienne que la direction des couloirs n’est pas align´ee avec l’effet moyen du vent, traduisant peut ˆetre l’importance des vents locaux sai- soniers.

Fig. 4.13), les zones d’accumulation sont relativement concentr´ees et c’est pourquoi on parle de ”points” sources. Plus pr´ecis´e- ment sur cette image a´erienne nous distin- guons nettement des points sources (ronds oranges) et un syst`eme de dune en contre- bas, indiquant qu’il y a dans la sephra un apport de sable important. Le point rouge indique ce qu’on pourrait qualifier de ves- tige de couloir cr´e´e par un point source. En effet, on distingue bien une zone dense en barchanes et ´etir´ee dans la direction du vent, cependant, il n’est pas possible de ”remonter” jusqu’`a un point source d´efini, c’est `a dire jusqu’`a un amas de sable. Le point source, a semble-t-il cess´e d’ˆetre ali- ment´e en sable, et les barchanes ont conti- nu´e leur propagation. Il doit ˆetre possible de recr´eer des points sources `a l’aide de l’exp´erience ”aquarium”. Pour ce faire, nous avons simplement7utilis´e l’exp´erience ”aqua-

7. mille mercis `a Philippe Claudin, pour avoir sugg´er´e et motiv´e cette exp´erience; et pour ces quelques heures de manip exploratrices.

134 Les sources de dunes dans le d´esert et en laboratoire.

Fig. 4.13 – Points source dans la r´egion de Tarfaya. Les points oranges indiquent l’existence de point source : `a partir d’un d´epˆot de sable, un essaim de barchanes se d´eveloppe. Le point vert, indique, lui, que les barchanes sont d´etruites, puis reconstruites `a la travers´ee d’un passage {plateau vers sephra}. Enfin, le point rouge indique l’existence de quelque barchanes visiblement issues d’un ancien point source maintenant tari. c IGN Marocain.

rium” avec le mouvement standard en rajoutant un d´enivel´e sur la plaque mobile. Ce dif- f´erentiel d’altitude de 1 cm, est constitu´e de deux paliers de 5 mm, pour ´eviter d’ˆetre trop brutal. L’id´ee est alors la suivante : deux masses de sable (de 6 g ce qui correspond `a une barchane d’environ 3.5 cm de large) sont plac´ees juste en contrebas de cette ”falaise artificielle” et tout les 20 allers retour, une masse de 1 g est rajout´ee `a un tas, tandis que l’autre se voit augment´e de 2 g. De plus, comme les tas de sable ont naturellement tendance `a s’´etaler, ce qui r´eduit leur hauteur et donc la quantit´e de sable susceptible de passer l’obstacle topographique, nous les ”reconcentrons” `a chaque nouvel apport de sable grˆace `a un ”moule” en forme de ”U” de 3.5 cm de large. Apr`es 6 ajouts de sable (soit 120 aller-retours), le tas le plus aliment´e a g´en´er´e un d´epˆot de sable sur le plateau sup´erieur qui lui mˆeme s’est d´ecompos´e en plusieurs barchanes (voir Fig. 4.14), avec un processus a priori du mˆeme ordre que celui de la d´estabilisation d’une barre de sable. A l’inverse l’amas de sable le moins aliment´e ne donne pas de barchanes. Cette exp´erience, atteste ainsi l’hy- poth`ese que nous avions faite pr´ec´edemment : des barchanes peuvent nucl´eer `a partir d’un quantit´e importante de sable d´epos´e par le vent pour des raisons topographiques.

Fig. 4.14 – Couloirs de dunes cr´e´es `a partir du point source le plus aliment´e dans l’exp´erience ”aqua- rium”. On observe l’apparition de barchanes directement derri`ere l’amas de sable qui se cr´ee sur le plateau sup´erieur. L’image de couverture de ce chapitre provient de ce mˆeme couloir de dune en vue de dessus. Il ressemble particuli`erement aux corridors de dunes de la figure Fig. 4.13, mais `a une ´echelle centim´etrique.

Dans le document Morphogenese et Dynamique des Barchanes (Page 134-136)