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Influence du mouvement et forme des dunes

Dans le document Morphogenese et Dynamique des Barchanes (Page 80-87)

Un autre int´erˆet de l’exp´erience ”aquarium” est de pouvoir faire varier les conditions de ”vent apparent” vues par une barchane. En particulier, nous disposons de deux param`etres de contrˆole, τγ et Vc, qui permettent de d´efinir diff´erents d´eplacements du chariot, comme

le montre la Fig. A.2. Changer le mouvement du plateau a naturellement une influence sur le transport de grains (voir AnnexeA) et donc le mouvement de la plaque doit aussi avoir une influence sur la forme et/ou la dynamique des structures barchanique sous marines.

Fig. 2.24 –Diff´erents mouvements possibles du chariot. Suivant les cas, on peut choisir de conserver l’ac- c´el´eration constante, ou la vitesse finale constante, ou encore simplement le temps pendant lequel le plateau acc´el`ere. Les lignes repr´esentent la commande impos´ee au moteur, les points repr´esentent le mouvement effectivement suivi par le plateau.

Fig. 2.25 –Influence de Vc. Les d´eplacements du barycentre des barchanes sont repr´esent´es en fonction

du temps efficace, pour diff´erents mouvement de chariots. Vca une influence consid´erable sur la vitesse de

propagation des barchanes. Cependant, il apparaˆıt que la forme n’est pas trop affect´ee par ces diff´erences de mouvement. (a1) et (a2) sont les contours des barchanes pour les deux vitesses extrˆemes de la plaque, prises au mˆeme endroit.

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Nous avons conduit plusieurs exp´eriences

Fig. 2.26 – Vitesse des barchanes selon le mou- vement de la plaque. La vitesse des barchanes aug- mentent plus vite que la vitesse du ”vent”. −− c(Vc) ∼

V2

c(Vc− V∗) ; : c(Vc) ∼ Vc3.

`

a partir de la mˆeme masse de sable ini- tiale (6.5 g) d’une part avec des acc´el´era- tions constantes et des vitesses finales de plus en plus grandes et d’autre part avec une vitesse finale constante mais des acc´e- l´erations variables. La premi`ere ´etude, re- pr´esent´ee sur la Fig. 2.25 montre que dans tous les cas des barchanes apparaissent et que mˆeme si leurs dynamiques sont claire- ment diff´erentes, leurs formes restent com- parable. Cette fois les vitesses sont expri- m´ees par rapport au temps efficace de chaque mouvement. Le temps efficace ´etant d´efini comme le temps de la phase aller du cha- riot. Pour retrouver les vitesses caract´eris- tiques dont nous avons d´ej`a parl´e, il suf- fit de savoir que en ordre de grandeur, la phase aller dure 2 secondes pour 20 secondes de mouvement. Il y a donc un facteur 10 environ entre les vitesses efficaces et les vitesses construites sur le nombre d’aller-retour du chariot.

Naturellement, plus le chariot se d´eplace vite (γ ´etant constant) plus les dunes se d´e- placent rapidement. On retrouve donc l’id´ee simple que les barchanes vont plus vite par grand vent. Par exemple, un mouvement de chariot de 16.8 cm/s donne une vitesse de dune de l’ordre de 0.2 cm/mn alors qu’avec une vitesse de chariot `a peine deux fois plus rapide, Vc = 28.1 cm/s, la vitesse de la dune est bien plus importante : 2 cm/mn (ce qui

correspond `a la situation standard). Le d´eplacement des dunes dans cette exp´erience est donc tr`es sensible `a la ”force” du vent. En particulier, il est possible de d´eterminer par une r´egression de la forme c(Vc) ∼ Vc2(Vc− V∗) la pr´esence d’un seuil en vitesse et la compa-

tibilit´e entre la vitesse des dunes et un flux satur´e variant comme une puissance cubique de Vc par grand vent. Ces quelques mesures sugg`erent un seuil de l’ordre de 13cm/s ce

qui est beaucoup plus grand que les seuils de mise en mouvement des grains (de l’ordre de quelques centim`etres par seconde voir AnnexeA). Cette diff´erence peut s’expliquer par le manque de points exp´erimentaux pr`es du seuil n´ecessaires pour pouvoir contraindre sa d´etermination.

Nous constatons de plus que mˆeme si les dunes sont plus ou moins rapides, elles conservent approximativement la mˆeme forme si nous les comparons apr`es la mˆeme dis- tance parcourue. En effet, les temps caract´eristiques des barchanes ´etant diff´erents puisque les fluxs de sable sont diff´erents, une comparaison `a un instant donn´e n’a pas de sens. Changer la vitesse n’influe donc pas sur la forme des barchanes aquatiques de mani`ere significative6 (voir Fig. 2.25). Cette ressemblance de forme implique en particulier que si le flux de sable satur´e augmente, le flux de sortie augmente ´egalement, puisque dans tous les cas, apr`es avoir parcouru la mˆeme distance, la taille des barchanes est identique. Le flux de sortie des dunes est donc ´egalement fonction de la vitesse finale de la plaque, ce

6. nous distinguons cependant une l´eg`ere diminution du rapport w/l quand la vitesse de la plaque augmente.

qui est parfaitement coh´erent avec l’existence d’une saturation du flux sur la dune. L’influence de l’acc´el´eration du plateau, γ, doit ´egalement jouer un rˆole important dans la dynamique des barchanes, puisqu’elle contrˆole pour une bonne partie le d´eplacement des billes de verre. Les r´esultats sont en r´ealit´e particuli`erement surprenants, comme le montre la Fig. 2.27. Les dunes ne se d´eplacent plus `a vitesse constante, mais acc´el`erent ou d´ec´el`erent. Dans le cas d’une acc´el´eration de la plaque brutale (τγ = 75 ms, Vc = 28 cm/s),

la vitesse de la barchane est de l’ordre de 5 cm/mn et celle ci n’est plus du tout dans un r´egime quasi-stationnaire. Son volume diminue tellement que la dune a compl`etement disparu avant de quitter la plaque c’est `a dire apr`es avoir parcouru seulement une dizaine de fois sa taille. Le flux de sortie de la dune est alors beaucoup plus important que ce que nous avions d´etermin´e dans le cas ”quasi-stationnaire” du mouvement standard.

Qout'

mini

40minutes ' 2.5 mg/s (2.3)

`

a comparer pour la mˆeme masse initiale avec le r´egime quasi stationnaire o`u Qout '

0.5 mg/s. Ainsi, le ratio (flux de sortie/flux efficace) qui compare la perte de masse au flux servant `a transporter la dune est une grandeur qui diminue fortement lorsque γ augmente. Ce dernier r´esultat n’est absolument pas trivial et il doit ˆetre tr`es important pour am´eliorer la compr´ehension du transport s´edimentaire dans les ´ecoulements acc´el´er´es! La Fig. 2.29 pr´esente l’´evolution dans le temps de cette barchane particuli`ere. Quand l’acc´el´eration diminue nous passons `a la situation inverse o`u une dune d´ec´el`ere en se propageant, ce qui est pour le moins ´etrange. Le graphique Fig. 2.27 pr´esente les diff´erents d´eplacements des barchanes obtenues pour diff´erentes acc´el´erations du plateau. La forme des barchanes est cette fois ci fortement affect´ee par les changements d’acc´el´eration, conform´ement `a la variation du rapport entre flux de perte et flux de transport avec l’acc´el´eration du plateau. Bien entendu, nous retrouvons pour le mouvement standard l’´evolution quasi stationnaire avec une vitesse de propagation constante et une faible variation de la masse de la barchane.

Fig. 2.27 – Influence de l’acc´el´eration du mouvement sur la forme et la dynamique des barchanes. Toutes les exp´eriences sont conduites `a partir d’une mˆeme masse de 6.5 g. Les changements de forme et de dynamique sont particuli`erement visibles, montrant que c’est la phase instationnaire du mouvement du plateau qui engendre la plus grande variabilit´e dans le transport s´edimentaire.

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Fig. 2.28 – Evolution dans le temps d’une masse conique m = 6.5 g pour un mouvement de plateau tr`es acc´el´er´e. τγ = 75 ms, Vc = 28 cm/s, γ = 3.7 m.s−2. La largeur initiale est de 3.5 cm, et il y a 20

aller-retours entre chaque image, soit 40 s de mouvement effectif et 400 s de dur´ee d’exp´erience. L’exc`es d’´erosion est particuli`erement visible au niveau de la perte de sable par les cornes.

Fig. 2.29 –Evolution dans le temps d’une masse conique m = 6.5 g pour un mouvement de plateau tr`es acc´el´er´e. τγ = 600 ms, Vc = 28 cm/s, γ = 0.46 m.s−2. La largeur initiale est de 3.5 cm, et il y a 20

aller-retours de chariot entre chaque image, soit 40 s de mouvement effectif et 400 s de dur´ee d’exp´erience. La dune s’´etale, sa longueur et sa largeur augmentant tandis que sa hauteur diminue.

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Ces deux derniers comportements extrˆemes peuvent s’interpr´eter `a partir de la connais- sance que nous avons des dunes bidimensionnelle. Tout d’abord, la dune la plus rapide (cas du mouvement le plus acc´el´er´e) perd beaucoup de masse, donc sa taille diminue et elle acc´el`ere, conform´ement `a la loi de Bagnold c ∝ qc/h. Quoi de plus normal? Nous d´e-

couvrons donc simplement que l’acc´el´eration joue un grand rˆole sur la valeur du flux de perte. Cependant, pour le cas du mouvement faiblement acc´el´er´e, la dune s’´etale dans le temps. Ceci implique, par conservation du volume, que la hauteur diminue ´egalement dans le temps. On s’attendrait donc ´egalement `a observer une dune qui acc´el`ere! Une mani`ere d’interpr´eter le ralentissement de la barchane c’est de se rappeler que le flux de sable `a la crˆete qc d´epend en fait de la forme de la dune [83, 86]. En particulier, comme le flux de

sable est li´e `a l’influence de la forme de la dune sur l’´ecoulement, nous pouvons ´ecrire au premier ordre du rapport d’aspect h/l :

qc ∼ q0(1 + h/l) (2.4) d’o`u, c ∼ qc− q0 h ∼  q0 h l 1 h ∼ q0 l (2.5)

Cette relation est ´evidement valable dans toutes les exp´eriences que nous avons men´ees, sauf que dans le cas standard ´eolien d’une dune quasi stationnaire il n’est pas possible de faire la distinction entre les d´ependances en h et celles en l, puisque justement, h, l, et w sont reli´ees de mani`ere affine (voir chapitre 1). Le fait de se placer dans un cas, o`u la longueur et la hauteur ne suivent pas les mˆemes ´evolutions est donc r´ev´elateur de ce lien entre le flux de sable `a la crˆete et la forme des barchanes.

Nous pouvons v´erifier exp´erimentalement pour les deux situations extrˆemes le lien entre l’´evolution de la vitesse et de la longueur des barchanes (voir la Fig. 2.30). Ces deux quantit´es ´evoluent bien de fa¸con inverse l’une de l’autre montrant le lien entre c et 1/l dans le cas de cette exp´erience.

Fig. 2.30 – Evolution de l et c pour (a) τγ = 75 ms et (b) τγ = 600 ms. Les vitesses et longueurs sont

renormalis´ees par rapport `a leurs valeurs `a l’instant initial. On constate dans les deux cas, une ´evolution inverse de l et de c. Noter que les ´echelles de temps ne sont pas du tout les mˆemes.

Reste `a comprendre pourquoi la dune s’´etale dans cette derni`ere exp´erience! L’analyse que nous avons faite sur le mouvement des grains peut nous renseigner `a ce propos : quand l’acc´el´eration est faible, le seuil de mise en mouvement est atteint relativement tard, ce

qui tend naturellement `a ´etaler les structures. En effet, les grains au sommet de la dune, voient une vitesse plus ´elev´ee que ceux au niveau du sol, et de ce fait le sommet de la dune se d´eplace alors que le pied ne bouge pas. Ainsi, la hauteur diminue et en mˆeme temps la dune s’allonge. Le mˆeme type d’argument a ´et´e propos´e par Bagnold [10] pour montrer l’influence des vents de faible vitesse sur les morphologies dunaires. La dune a donc une forme beaucoup plus aplatie que dans une situation normale, o`u l’´ecoulement est partout au dessus du seuil de mise en mouvement des grains. Pour la suite de ce manuscrit, comme les dunes seront g´en´eralement consid´er´e `a l’´equilibre (sauf mention contraire), il ne sera pas n´ecessaire de faire cette distinction entre h et l.

86 Formation de barchanes en ´ecoulement continu

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