Mais on les écoute, on les lit religieusement Leur plume bien acérée, trempe dans le vitriol
M'SIEUR YVON
De nos jours, on entend parler d'sacrés personnages Entendez par là, de tristes sires de tout âge Des gens qui -comme on bâillerait- blessent et tuent
Comment peut-on accepter ? On s'y habitue ? ?
Zif
M'SIEUR YVON
« Monsieur Yvon » a chaussé ses charentaises Et il a mis ses verres-loupes sur son nez
Il se met dix minutes entre parenthèses Et va bouquiner dix pages de son Beigbéder
Qu'il soit mérité ou pas, ce temps de pause, Il s'en moque bien. « Monsieur Yvon » se repose !
Il s'est mis à pleuvoir, et aux bottes, la terre colle Il retournera plus tard dans l'domaine viticole Ses fils sont jeunes, mais ils reprendront le flambeau
Encore trois, quatre ans et ce sera l'complet repos Ça fait un demi siècle qu'il est à la tête de cette Maison
Beaucoup aimerait connaître sa recette, à « m'sieur Yvon » Savoir comment il fait pour avoir encore la pêche Dans c'métier pas facile de producteur / négociant Sans s'arrêter, ou presque. 14 heures sur la brèche !
Avec des envieux, des jaloux et d'autres titans
« Monsieur Yvon » a chaussé ses charentaises Et il a mis ses verres-loupes sur son nez
Il se met dix minutes entre parenthèses Et va bouquiner dix pages de son Beigbéder
Mais, s'arrêtera-t-il complètement un jour ? Ses enfants -et encore moins sa femme ! ne le pensent
Il s'aigrira devant les bouteilles de SON Saint-Amour Qu'il n'aura pas surveillé, dans SES « infernales tours »...
Sans doute « m'sieur Yvon » deviendra-t-il invivable Sans doute « m'sieur Yvon » deviendra-t-il imbuvable
Et si « m'dame Madeleine » devait partir avant lui Ce serait l'enfer et sûrement pas le paradis !
Il pense à ça, en lisant « 99 francs » Il s'en amuse. Un sourire lui vient du fin fond Ils ne vont pas rigoler tous les jours, soyons franc Mais bon. Un matin, son cœur lui fera faux bond...
« Monsieur Yvon » a chaussé ses charentaises Et il a mis ses verres-loupes sur son nez
Il se met dix minutes entre parenthèses Et va bouquiner dix pages de son Beigbéder
Zif
VULNERABLE
Il faut dire que Camille était vulnérable Son travail n'lui donnait aucune satisfaction Elle pleurait ; s'mettant dans des états lamentables
Aussi, quand elle l'a vu, elle a eu cette réaction...
Lui, un mètre quatre vingt dix, quatre vingts kilos A eu un beau sourire, en lui serrant la main
Camille, et ses ennuis, ont fondu aussitôt Elle n'avait qu'une envie... et tout d'suite, pas demain ! !
Xavier a lu dans ses yeux... Il a vite compris Sous un prétexte quelconque, ils sont sortis Ils sont montés dans la voiture, une Audi
Et déjà, sur le trajet, ça a bien failli... Elle et lui se sont retrouvés nus, sur le lit Et ils ont fait l'amour quasiment toute la nuit Un besoin d'oublier, un besoin d'tout casser !
De rompre la routine et de recommencer Camille et Xavier se sont trouvés au bon moment
Elle, si seule dans ce petit appartement Lui qui ne s'entend plus du tout avec sa femme Il pensait même qu'ça aurait pu finir par un drame...
Il faut dire que Camille était vulnérable Son travail n'lui donnait aucune satisfaction Elle pleurait ; s'mettant dans des états lamentables
Aussi, quand elle l'a vu, elle a eu cette réaction...
Peut-être dans un bain de sang, carrément ! Vu la tournure que prenaient les évènements Ce n'était plus que coups de gueule. Grosses colères
Poings fermés. Et ça ne datait pas d'hier ! Elle, son atelier périclite depuis un moment
Soucis avec ses ouvriers, et son associée Y n'sont plus sur la même longueur d'ondes depuis 2 ans
Camille était au bout du rouleau, avant Xavier ! Elle est divorcée d'avec Julien, sans enfant Elle ne fait de tort à personne en aimant Xavier
Xavier qui est tout seul en ce moment Sa femme est partie chez sa mère, dans l'Allier
Et leur fille est en vacances chez ses parents Tout tombe à merveille pour lui et pour Camille Il fallait qu'ils se rencontrent ainsi, pas autrement
Une parenthèse magique, un soleil qui brille !
Il faut dire que Camille était vulnérable Son travail n'lui donnait aucune satisfaction Elle pleurait ; s'mettant dans des états lamentables
Aussi, quand elle l'a vu, elle a eu cette réaction...
Ils auront passé trois journées merveilleuses A s'aimer un peu comme peuvent s'aimer deux lycéens A n'faire que l'amour ! Lui est heureux. Elle est heureuse
Pour un peu, ils en auraient oublié demain...
Il faut dire que Camille était vulnérable Son travail n'lui donnait aucune satisfaction Elle pleurait ; s'mettant dans des états lamentables
Aussi, quand elle l'a vu, elle a eu cette réaction...
Zif
Mme ERIGNAC (Pauvre femme)
Pauvre femme. Elle pleure son mari qu'on a supprimé Pauvre femme qui vante les mérites de son mari Pauvre femme qui ne comprend pas ; qui n'comprendra jamais
Pourquoi -en 98- on le lui a pris...
A-t-elle des désirs de vengeance dans la tête ? Se doute-t-elle qu'on veuille l'aider, cette femme ? Accepterait-elle qu'on le fasse ? Y est-elle prête ? Ne serait-ce qu'un soutien moral, après un tel drame...
Elle dévoile une plaque en mémoire du préfet Ses dernières paroles, elle les entend en boucle. Sans fin !
Elle n'attend plus guère qu'une chose : le retrouver Celui qu'on a abattu d'trois balles, comme un chien !
Elle sait pertinemment qu'ils se sont trompés d'cible Lui, là-bas, n'était qu'le représentant d'l'Etat
Mais l'éliminer lui, c'était plus simple, plus facile Pour qu'on s'intéresse à Ajaccio, Bastia...
Pauvre femme. Elle pleure son mari qu'on a supprimé Pauvre femme qui vante les mérites de son mari Pauvre femme qui ne comprend pas ; qui n'comprendra jamais
Pourquoi -en 98- on le lui a pris...
Aujourd'hui, 20 ans après, le corse en convient : Il a eu honte d'être corse, ce fameux jour S'il pouvait faire quelque chose, pour renouer les liens
Les liens, entre cette femme et lui, il serait pour Hélas, il sait bien que rien ne lui rendra Claude L'irrémédiable a eu lieu. Ce cauchemar dantesque
Et d'être là, silencieux, pour réprimer cette faute
Est sans doute le plus simple, mais aussi l'plus beaux des gestes Et cette pauvre femme va continuer de survivre
Avec l'image de son mari assassiné
Pauvre femme. Et cela même, si un jour on lui livre Le véritable tueur. L 'autre, n'étant qu'un bras armé...
Pauvre femme. Elle pleure son mari qu'on a supprimé Pauvre femme qui vante les mérites de son mari Pauvre femme qui ne comprend pas ; qui n'comprendra jamais
Pourquoi -en 98- on le lui a pris...
Zif