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Chapitre 1 : « [P]endant 25 ans, l’Office du film a œuvré seul » : la gestion et l’administration des moyens

1.2. Le Service de Ciné-photographie de la Province de Québec : entre éducation populaire et

1.2.1. Le Service de Ciné-photographie sous le gouvernement Godbout : l’éducation populaire en

Dès sa création, le Service de Ciné-photographie provincial dispose de deux points de service: le bureau-chef de Québec, d’où officie le directeur Joseph Morin ; et le bureau de Montréal, chargé de la gestion des activités cinématographiques du Service pour l’Ouest de la Province. Jusqu’alors « cinégraphe » au Département de la santé de la Province, Gilbert Fournier joint les rangs du Service de Ciné-photographie en 1942151 et prend en

charge le bureau de Montréal à titre d’assistant au directeur.

Dans la gestion courante des activités, le directeur Morin correspond directement avec le premier ministre Godbout. Il transmet ses rapports, sauf à quelques exceptions, à son chef de Cabinet Alexandre Larue. Jusqu’en 1943, Morin fait état des activités du SCP à son supérieur à chaque mois. Ses rapports sont donc concis et centrés sur les statistiques de ces deux sections. L’année fiscale 1942-1943 voit le dépôt du premier rapport annuel du Service de Ciné-photographie, lequel coïncide avec « la fin de la première phase de la période d’organisation de ce service152, » écrit Joseph Morin.

On se souvient qu’en 1936, Joseph Morin, alors directeur du Service des vues animées et expositions du ministère de l’Agriculture, souhaitait des crédits annuels d’opération pour son Service de l’ordre de 42 mille

de Kamouraska en mai 1921. Voir Québec (Province). Ministère de l’Agriculture, Rapport du ministre de l’Agriculture de la Province de Québec, 1921-1922, Éditeur officiel du Québec, p. 6-7, et Québec (Province). Ministère de l’Agriculture, Rapport du ministre de l’Agriculture de la Province de Québec, 1923-1924, Éditeur officiel du Québec, p. 8.

151. Québec (Province). Assemblée législative, Comptes publics de la Province de Québec, 1942-1943, Éditeur officiel du Québec.

152. « Rapport annuel du Service de Ciné-photographie, 1942-1943 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33.

dollars, ce qui semblait pour le moins ambitieux puisqu’ils étaient jusqu’alors de 6 mille dollars. Pour les deux premières années fiscales d’opération du SCP, le gouvernement libéral de Godbout lui vote des crédits annuels de 50 mille dollars. En dépit d’un budget opérationnel qui n’augmente pas entre 1941 et 1943, Joseph Morin a donc toutes les raisons de se réjouir. Qui plus est, le gouvernement libéral se charge de lui fournir un personnel suffisant pour mener à terme ses activités. Pour l’année fiscale 1941-1942, les comptes publics indiquent 12 personnes à l’emploi du SCP, mais la moitié d’entre eux s’y sont joints en cours d’année fiscale153. Deux ans

plus tard, ce sont 31 personnes qui y occupent un poste. Les dépenses liées aux salaires passent ainsi d’un peu plus de 14 mille dollars à plus de 46 mille dollars ! Selon les pratiques électorales habituelles, les Libéraux de Godbout augmentent les crédits du SCP à plus de 69 mille dollars en 1943-1944, année préélectorale, mais les dépenses opérationnelles ne seront que de 46 mille dollars.

Jusqu’à la création de l’Office provincial de publicité en 1946, le SCP est composé de deux sections administratives : la Section de la cinémathèque — aussi officieusement appelée Section de la distribution — et la Section de production — qui intègre les activités de production cinématographiques et photographiques.

1.2.1.1. La Section de la cinémathèque : au centre de la première phase d’organisation du SCP

La Section de la cinémathèque est confiée à un homme tout désigné pour la tâche : Alphonse Proulx, ancien journaliste au Soleil puis publiciste en charge de la photographie Service de la Publicité du ministère de l’Agriculture. Au cours de la première année officielle d’opérations (1941-1942), Proulx s’affaire à rapatrier dans les locaux du SCP toutes les collections cinématographiques des différents ministères et services gouvernementaux. D’ailleurs, le premier catalogue des films du SCP, « un pas marquant dans l’organisation de notre Service154, » écrit Alphonse Proulx, est publié en septembre 1942.

En décembre 1941, la cinémathèque compte 240 films totalisant un peu plus de 500 pellicules ; au début de l’année 1943, ce sont 600 films totalisant plus de 1600 pellicules. La majorité de ces films proviennent justement de l’absorption par le SCP des multiples cinémathèques de l’administration provinciale. Un certain nombre sont acquis à des compagnies de production externes et d’autres sont le fruit de dons d’organismes privés et gouvernementaux tels que la National Film Society of Canada155 et l’Office national du film du Canada. Le travail

153. Six personnes affichent un « traitement partiel ». Voir Québec (Province). Assemblée législative, Comptes publics de la Province de Québec, 1941-1942, Éditeur officiel du Québec.

154. « Rapport pour l’année 1942 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33.

155. Fondée en 1935, la National Film Society regroupe plusieurs ciné-clubs formés de bénévoles qui veulent se servir du cinéma à des fins pédagogiques et culturelles. Elle établit des collaborations

fait en une seule année est considérable ! Freiné toutefois dans ses efforts par le manque d’espace des locaux qui lui sont impartis, le chef de la Section de la cinémathèque précise, dans son rapport annuel, qu’il « ne reste actuellement, en dehors de notre Service, que les films de la section protestante du Département de l’Instruction Publique156. »

La progression des activités de distribution entre 1940 et 1943 est pour le moins fulgurante. Les graphiques ci- dessous font état du nombre de séances données par le SCP, du nombre de films projetés [Graphique 1] ainsi que de l’assistance totale au cours de cette période [Graphique 2].

Graphique 1 — Volume annuel des projections cinématographiques du SCP, 1940-1943

avec plusieurs organismes, tels l’ONF et le SCP. Son importance croit avec les années. Elle devient le Canadian Film Institute en 1950 et crée en 1963 les Canadian Film Archives.

156. « Rapport de la cinémathèque pour l’année 1942 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33.

1270 7009 7517 5345 14077 20672 0 5000 10000 15000 20000 25000 1940-41 1941-42 1942-43

Volume annuel des projections cinématographiques du SCP, 1940-1943

Graphique 2 — Assistances annuelles aux projections cinématographiques du SCP, 1940-1943

En trois ans, le nombre de séances organisées par le Service de Ciné-photographie bondit de presque 600 pour cent, le nombre de films projetés de presque 400 pour cent et l’assistance annuelle totale de plus de 400 pour cent !

Le Département de l’Instruction publique — section française — est de loin le plus important client des services de distribution du SCP, que ce soit par les prêts de films aux maisons d’enseignement et aux commissions scolaires, ou encore par les projections organisées par le personnel du SCP dans les écoles. Pour l’année 1942- 1943, ce sont plus de 3200 séances de projection qui sont organisées dans le milieu de l’enseignement — 43 pour cent du nombre total de séances —, plus de 4600 films projetés — 23 pour cent des films projetés — totalisant une assistance de près de 400 mille personnes — 26 pour cent des assistances totales. Il faut nuancer ceci dit. Le directeur Joseph Morin explique que pour « illustrer un cours, par exemple, un professeur peut projeter trois ou quatre fois le même film devant le même groupe d’élèves. De là le nombre plutôt considérable de projections au crédit des maisons d’enseignement157. »

Certaines écoles empruntent également, parmi les collections du SCP, des films à vues fixes, les ancêtres des diapositives pour l’enseignement. La cinémathèque du SCP contient plus de 830 films à vues fixes différents, pour un total de 2300 copies. Au cours de l’année 1942-1943, la Section de la cinémathèque reçoit plus de 460 demandes de prêts à cet effet.

157. « Rapport annuel du Service de Ciné-photographie, 1942-1943 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33.

340 760 865 411 1 510 172 0 200 000 400 000 600 000 800 000 1 000 000 1 200 000 1 400 000 1 600 000 1940-41 1941-42 1942-43

Outre le Département de l’Instruction publique, viennent dans l’ordre d’importance des clients du SCP les ministères de l’Agriculture, de la Santé et des Terres et Forêts. Les données compilées par la direction regroupent aussi bien les séances données à la demande de différents services du ministère concerné, que celles à la demande d’associations ou groupements extérieurs, tels que les cercles d’agriculture, les Jeunesses agricoles catholiques (JAC), les cercles de fermières ou les clubs 4-H.

Fait intéressant à noter, dès les premières années d’opération, la Section de la cinémathèque du Service de Ciné-photographie se charge de développer son réseau de distribution non seulement dans toute la province, mais également du côté des États-Unis. Jusqu’au printemps 1942, une entente conclue avec le studio Associated Screen News (ASN) de Montréal, une compagnie qui produit surtout des films à caractère touristique et géographique, mais également des films industriels et d’actualité, permet au SCP de distribuer annuellement ses films touristiques 35mm dans plus d’une centaine de cinémas américains. Au cours des seuls premiers mois de 1942, l’ASN organise près de 800 séances de projection au sud de la frontière pour le bénéfice de plus de 140 mille spectateurs américains.

À partir de 1942-1943, le SCP met fin à son contrat avec l’ASN, remplace ces films au format 16mm et organise lui-même sa distribution américaine, dans le but de sauver des coûts d’opération, via des organismes spécialisés établis à divers endroits : à Austin au Texas — University of Texas —, à Boston au Massachussetts — Boston University —, à Atlanta en Géorgie — University System of Georgia —, à Chicago en Illinois — Bell & Howell Co —, à Richmond en Virginie — State Board of Education —, à Durham dans le New Hampshire — University of New Hampshire —, et à New York dans l’État du même nom — par l’entremise du Bureau du tourisme de la Province de Québec158.

1.2.1.2. Une production… photographique

Quant à elle, la Section de production est dirigée par Paul Carpentier, photographe de métier, appelé occasionnellement à faire des prises de vues. Les opérations courantes se répartissent en six catégories : les travaux de chambre noire, les prises de photographies, les travaux de classification, la préparation de pellicules cinématographiques, les travaux administratifs et les consultations techniques. Dans les faits, le secteur de la production cinématographique est pratiquement inexistant au cours des premières années. C’est plutôt le secteur photographique qui occupe son personnel. Tel que le précise l’historien Pierre Véronneau :

Il faut préciser ici que son secteur photo est au départ mieux outillé et plus développé que son secteur cinéma et que cette activité sera toujours très importante au sein de l’organisme gouvernemental.

158. « Rapport annuel du Service de Ciné-photographie, 1942 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33, dossier 4.

L’activité cinématographique du SCP est alors monopolisée par la distribution ou plutôt par la diffusion. En effet le service a pour philosophie de ne pas passer ses films à tout venant mais de les confier à un utilisateur-propagandiste (agronome, enseignant, prêtre, etc.) qui pourra jouer un rôle d’animateur. […] Aucun cinéaste n’y travaille (si l’on excepte Paul Carpentier […]) aucun producteur.159

Dans les Comptes publics de la Province de Québec, on ne trouve effectivement aucune dépense liée à la réalisation et à la production de films, ni même à l’achat de matériel cinématographique — pellicules, appareils, etc. — avant l’année fiscale 1944-1945, ce qui tend à confirmer les propos de Véronneau.

Les travaux de chambre noire et les prises de photographies, en majeure partie exécutés pour les ministères provinciaux, comprennent les prises de photographies faites à l’extérieur et les développements de films, les impressions et agrandissements de photo ainsi que la production de transparents.

Les travaux de classification sont menés sur les négatifs documentaires acquis par le SCP depuis sa fondation. En 1942-1943, ils sont au nombre de 11 mille. Ils visent à numéroter chacun des négatifs et à y inscrire des légendes en vue d’une classification définitive par sujet.

La préparation des pellicules cinématographiques regroupe les prises de vues des films qui sont réalisés par le personnel du Service de Ciné-photographie. Au cours de l’année 1942-1943, le personnel a terminé les prises de vues de deux films : le premier portant sur les insectes et maladies des vergers, le second sur l’Exposition missionnaire du Tricentenaire de Montréal. Ils ont également amorcé des prises de vues de deux autres films, sur la production du lait et sur les activités du Service forestier160.

Les travaux administratifs comprennent la préparation des réquisitions de films, la réception du matériel et des demandes de services, de même que la préparation du matériel mis à la disposition des ministères et services. Les consultations techniques enfin regroupent les diverses consultations offertes aux ministères et aux services de l’administration provinciale au sujet de l’usage et du fonctionnement d’appareils photographiques, des dispositifs d’éclairage et des procédés de prises de vues. Il s’agit là d’activités marginales. Joseph Morin précise qu’il lui est « impossible de fournir des statistiques à ce sujet, mais [qu’]un temps assez considérable est employé, chaque semaine, à cette fin161. »

159. Pierre Véronneau, « Le cinéma gouvernemental », Copie Zéro, no 11, 1981, p. 7.

160. « Rapport annuel du Service de Ciné-photographie, 1942-1943 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33, dossier 5.

161. « Rapport annuel du Service de Ciné-photographie, 1942-1943 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 33, dossier 5.

1.2.1.3. La Campagne d’éducation civique par le film de l’ONF

Un des événements marquants de la période pour le Service de Ciné-photographie implique sa liaison avec l’Office national du film du Canada. Dans le but de soutenir l’effort de guerre, l’ONF lance, à partir de février 1942, sa première Campagne d’éducation civique par le film (CECF), dirigée par Don Buchanan, responsable alors des circuits de diffusion communautaires à l’ONF. Cette initiative a cours jusqu’à début de l’année 1944. Le plan d’action de l’organisme fédéral repose sur la présentation de films de propagande gouvernementale aux cultivateurs à travers un réseau de circuits ruraux. Puisque la Province de Québec est alors la seule dans tout le Canada à disposer d’un service cinématographique compétent et capable d’appuyer cette initiative fédérale, l’ONF fait appel au SCP pour diriger sa campagne au Québec, ce qui s’avère un choix tout à fait stratégique. Tel que Pierre Véronneau le relate,

Le SCP croit que sa mission d’éducation populaire va trouver là un terrain idéal et accepte d’administrer, malgré ses faibles moyens, les circuits de l’ONF au Québec. Rapidement, […] le goût des Québécois pour le cinéma fait en sorte que le Québec prend la tête du peloton des provinces pour ce qui est de la fréquentation, suivi de la Saskatchewan, de l’Alberta, du Manitoba et des Maritimes. À titre d’exemple, le Québec rassemble trois fois plus de personnes que l’Ontario qui, proportionnellement, vient au dernier rang (et cela malgré le fait que tous les films diffusés au Québec ne soient pas présentés uniquement en français)

Un peu plus d’un an suivant le déploiement de la première CECF, dans le but de faire le point sur les activités menées un peu partout au pays, l’Office national du film organise, au Camp MacDonald de l’Université McGill en août 1943, une série d’entretiens avec ses partenaires, dont le Service de Ciné-photographie. Alphonse Proulx, chef de la Section de la distribution au SCP, est mandaté à titre de représentant officiel. Dans un rapport au directeur Joseph Morin, Alphonse Proulx formule de sérieux griefs à l’endroit des organisateurs de l’ONF quant aux méthodes de diffusion employées :

[L’ONF] présente dans les paroisses rurales des programmes cinématographiques où les films de propagande de guerre l’emportent, dans une forte proportion, sur les films documentaires ou d’intérêt général. Un projectionniste, qui va d’une paroisse à l’autre, déroule ces films qui ne laissent chez le spectateur que l’impression du moment, parce qu’on ne réussit pas à en faire un objet d’étude et de discussion pour le bénéfice des assistances. On peut même assimiler cette formule d’éducation par le

film à une sorte de “suralimentation intellectuelle” où c’est le plus grand nombre possible de films montrés au plus grand nombre possible de spectateurs qui fait foi de tout.162

Ces mots du chef de la Section de la cinémathèque font foi du fossé qui existe entre la façon préconisée par la direction du SCP de mener les activités d’éducation et de propagande par le film et celle des dirigeants de l’Office national du film du Canada. En effet, Proulx critique à la fois la prédominance des films de propagande de guerre et la façon dont les organisateurs de l’ONF se servent du film à cette occasion. Son point de vue témoigne de la rupture entre la vocation éducative du film défendue par le SCP et celle d’un instrument de propagande politique revendiquée par l’organisme fédéral. Plus qu’un simple outil publicitaire, croit-il, le film a fonction d’animation sociale et d’habilitation citoyenne. Dans le même rapport d’ailleurs, Alphonse Proulx ne manque pas de vanter la supériorité, à ses yeux, des méthodes préconisées par « la Ciné-Photographie provinciale [qui] fait une distribution rationnelle des films, pour des fins bien déterminées d’éducation et de propagande. Une personne autorisée sera presque toujours là pour que l’assistance puisse tirer une leçon pratique des films qui lui sont offerts. De là la supériorité de notre formule sur celle d’Ottawa163. »

Comme Pierre Véronneau le constate,

Cette pratique du cinéma éducateur développée par le Québec aurait dû intéresser [le directeur de l’ONF] Grierson et ses collaborateurs. Mais l’ONF croit que sa formule plus souple et moins directrice est valable et peut satisfaire tout le monde à la grandeur du Canada. Justement le Québec déplore ce point de vue d’uniformisation et de centralisation qui préside à l’action fédérale et revendique le droit à des structures propres d’éducation populaire et à des sujets propres quant aux films. Conséquemment, le SCP veut bien continuer à collaborer étroitement avec la Campagne d’éducation civique par le film, mais sans que cela ne devienne prioritaire et en demeurant très vigilant. La spécificité québécoise se heurte donc aux visées centralisatrices de Grierson et au fait que peu d’utilisateurs influencent la production.164

162. « Mémoire d’Alphonse Proulx préparé à la suite des entretiens qui ont eu lieu au Camp Macdonald, 9 septembre 1943 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 32, dossier 11.

163. « Mémoire d’Alphonse Proulx préparé à la suite des entretiens qui ont eu lieu au Camp Macdonald, 9 septembre 1943 », BAnQ-CAQ, fonds MCC, série Office du film du Québec, sous-série Documents audiovisuels, versement 1983-04-000, boîte 32, dossier 11.

164. Pierre Véronneau, « Résistance et affirmation : la production francophone à l’ONF, 1939-1964 », Les dossiers de la Cinémathèque, octobre 1987, http://collections.cinematheque.qc.ca/articles/les- francophones-et-leur-production-de-1939-a-1964/1-1939-1945-les-francophones-sinstallent-a- ottawa/#note-797-15 (consulté le 27 juin 2017).

La Campagne d’éducation civique par le film fait ainsi naître un premier accrochage de fond entre l’administration du SCP et celle de l’ONF, mais ce n’est pas le seul. Un second accrochage formel survient en 1944, alors que l’ONF en est à sa deuxième Campagne d’éducation civique. Ce litige concerne la diffusion d’un court métrage produit en 1942 par l’ONF, La Russie sous les armes, un film de la série The World in Action. Selon le synopsis officiel, ce film « révèle comment la Russie a pu déjouer les plans d'Hitler pour finalement gagner la guerre. Renforcée par la détermination de ses dirigeants, la Russie puise dans son immense capital humain et matériel pour se façonner un régime industriel et une armée moderne et ainsi résister aux assauts de l'ennemi165. » Taxé

de propagande communiste par les dirigeants du SCP, le film est néanmoins intégré dans les circuits ruraux de la CECF à partir de mars 1944. Le directeur du SCP Joseph Morin avait pourtant manifesté, en vain, ses