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8. Présentation et analyse des résultats

8.2. Analyse détaillée

8.2.4. Sentiment d’appartenance négatif à l’école Elèves redoublants

Les cinq élèves qui ont un sentiment d’appartenance à l’école négatif et ont vécu un redoublement apparaissent plus cohérents et moins contradictoires que leurs camarades non doublants. La plupart d’entre eux (4 élèves sur 5) pensent que les collégiens n’ont pas tous les mêmes chances de réussite. Les quatre raisons qui expliquent leur opinion sont différentes : les inégalités existant entre les différents collèges dont le côté élitiste de celui (collège X) dans lequel les élèves se trouvent, la motivation et l’intelligence desquelles dépend la réussite scolaire. La personne qui ne partage pas le même avis n’a pas apporté ni explication ni justification.

Si nous nous focalisons sur l’item 22 « Quand j’obtiens de bons résultats, je pense que c’est généralement dû à : mes compétences et mes aptitudes, mon intelligence, mes efforts, la facilité de l’épreuve, la chance, la sympathie de l’enseignant, autre », nous pouvons comparer les réponses des élèves, lesquelles mettent en évidence l’importance de l’intelligence (les 5 élèves l’ont citée). D’autres causes apparaissent essentielles à la réussite scolaire, telles que les compétences et les aptitudes (4 élèves sur 5 ont coché cette réponse) et les efforts (3 élèves ont choisi cette réponse ; n=5). Nous pouvons aisément constater que la réussite est due à des facteurs internes aux élèves et, par conséquent, uniquement à leur propre mérite. Tous ces élèves ont redoublé et ont un sentiment d’appartenance négatif à l’école. Ainsi, lorsqu’ils obtiennent de mauvais résultats, nous voyons qu’ils s’attribuent beaucoup de responsabilité, avec des facteurs internes, ce qui n’est pas le cas des élèves ayant un sentiment d’appartenance positif à l’école : ceux-ci avaient tendance à attribuer la cause à des facteurs externes. La différence entre les élèves (S+) et (S-) est très parlante et indique qu’ils ont des attributions causales divergentes selon leur sentiment d’appartenance.

Aux items 32 et 33, trois élèves (n=5) pensent qu’ils obtiendraient de meilleures notes s’ils étudiaient dans un autre établissement car un élève dit qu’il investirait davantage d’efforts et un autre pense que l’accès à la réussite scolaire serait plus facile. Il y a néanmoins deux élèves qui ne pensent pas obtenir de meilleurs résultats dans un autre établissement.

Selon ces mêmes élèves, les facteurs qui les empêchent d’accéder à la réussite scolaire sont les suivants : le manque de travail (tous les élèves ont coché cette réponse en premier choix), la difficulté de certaines évaluations (4 élèves sur 5 ont choisi cette réponse en second lieu) et la sévérité des enseignants (3 élèves ont donné cette réponse en troisième choix). Nous relevons donc une majorité de causes (deux tiers) externes aux élèves, autrement dit les facteurs externes aux étudiants auraient une incidence sur l’obtention de mauvaises notes et donc sur la réussite scolaire. A nouveau, nous pouvons interpréter cela comme une stratégie de protection, tout en rappelant que la littérature met en évidence l’influence du climat scolaire et des pratiques d’enseignement sur la motivation de l’élève (Galand & Philippot, 2002).

Une contradiction apparaît lorsqu’il s’agit de répondre aux items 40 et 41 qui proposent aux élèves de réfléchir sur la question suivante : « Penses-tu que si tu avais été dans un autre établissement, tu n’aurais pas redoublé ? ». En effet, ils sont 4 élèves sur 5 à admettre les inégalités des chances entre les élèves et 3 élèves sur 5 à voir une possibilité d’obtenir de meilleurs résultats dans un autre établissement, ce qui représente une majorité à penser que tous les étudiants ne sont pas égaux face aux apprentissages, ni face aux chances de réussir d’un établissement à l’autre. Pourtant, ils ne sont plus que 2 élèves sur 5 à penser qu’ils n’auraient pas redoublé s’ils avaient étudié dans une autre école. Une raison fournie est que les enseignants d’autres écoles sont probablement plus tolérants que ceux de leur propre établissement. Cela montre que ces élèves pensent majoritairement que tous les étudiants n’ont pas les mêmes chances de réussite ; cependant, lorsqu’ils doivent donner leur point de vue quant à savoir s’ils auraient mieux réussi dans une autre école, ces mêmes élèves ne sont plus qu’une minorité à penser qu’effectivement, ils n’auraient pas redoublé ailleurs.

Elèves non redoublants

Nous allons, tout d’abord, nous focaliser sur les quinze élèves non redoublants qui éprouvent un sentiment faible, voire négatif d’appartenance à leur établissement, puis observer quelle est leur opinion concernant leur école et dans quelle mesure celle-ci influence leurs apprentissages. Aux items 26 et 27, nous avons demandé aux élèves s’ils pensent que tous les collégiens ont les mêmes chances de réussite. Excepté un seul élève qui pense que, quel que soit l’établissement dans lequel on se trouve, on possède les mêmes chances de réussite que les élèves d’autres écoles et qui le justifie en expliquant

que le cadre d’étude est le même dans toutes les écoles, les 14 autres pensent le contraire.

Selon eux, la réussite dépend de nombreux facteurs : quatre élèves ont cité les capacités des élèves ; quatre autres ont évoqué le milieu familial ; trois élèves ont invoqué les efforts et le travail investis dans les tâches scolaires ; deux élèves ont mentionné la volonté ; un élève pense que c’est lié à l’intelligence et un autre prétend que cela dépend de la motivation ; trois élèves citent les professeurs : ces derniers contribuent également à la réussite des élèves, ce qui va dans le même sens que les apports théoriques présentés dans le paragraphe précédent. Un élève (du collège X) s’exprime quant à la réputation de son établissement : elle aurait des exigences très élevées ce qui serait également un facteur à prendre en compte. Tous ces élèves ont un sentiment négatif vis-à-vis de leur appartenance à l’école et ils ont évoqué de nombreuses raisons pour lesquelles tous ne sont pas égaux face à la réussite. Si nous prenons appui sur Draelants (2006), nous supposons que ces derniers fréquentent un établissement de bonne réputation, qui

« abrite » des hiérarchies d’excellence et sélectionne les élèves afin de maintenir la qualité au sein de l’école.

Il est intéressant de faire un lien avec les items traitant des attributions causales. En effet, nous retrouvons certains facteurs amenant les élèves à réussir, tels que les efforts (6 élèves sur 13 ont coché mes efforts en premier choix), les compétences et les aptitudes (6 élèves sur 12 ont coché mes compétences et mes aptitudes en second choix) et la troisième réponse la plus fréquente est la facilité de l’épreuve choisie par 5 élèves sur 8.

Selon ces élèves, la réussite est donc due d’abord à des causes internes à l’élève. Ayant trouvé le même ordre de résultats chez les élèves qui ont un sentiment d’appartenance positif à l’école, nous nous en remettons au détail de l’analyse effectué à ce moment-là.

La tendance s’inverse aux items 32 et 33 où nous demandons aux élèves s’ils pensent qu’ils obtiendraient de meilleures notes s’ils étudiaient dans un autre établissement. En effet, bien que 14 élèves sur 15 considèrent que les étudiants sont inégaux quant aux chances de réussite, il y a néanmoins 4 élèves (n=14) qui ne pensent pas qu’ils obtiendraient de meilleures notes dans une autre école. 2 élèves sur 11 jugent cette fois que les capacités et les conditions de travail sont identiques dans tous les établissements, puisque seuls les efforts, la volonté et la persévérance mènent à la réussite scolaire. Un élève prétend que les enseignants d’autres écoles risquent d’être plus exigeants encore et de pénaliser le manque de travail. Ensuite, 4 élèves sur 14 pensent qu’il est possible

d’obtenir de meilleurs résultats en fréquentant un autre établissement. En effet, 1 élève parmi eux admet qu’il aurait de meilleurs résultats s’il se sentait mieux dans son établissement. Quatre auteurs cités par David (1999), Goodenow (1993) et Ryan et al.

(1994), s’accordent à penser qu’un élève qui se sent appartenir à son école, valorisé par les acteurs scolaires qu’il côtoie et avec lesquels il a développé des relations amicales, de confiance et de sécurité éprouvera une grande motivation à apprendre. 2 élèves (n=11) pensent que la réputation de leur établissement rend l’école plus stricte et donc, les empêche d’obtenir de meilleures notes, alors qu’ils pourraient en avoir dans un autre établissement. Comme nous l’avons déjà mentionné (e. g : Draelants, 2006), la littérature va dans le même sens dans le cas d’une école de bonne réputation. 4 étudiants expliquent que la réussite dépend également de la sévérité des professeurs, affirmant que le contenu de la matière et la rapidité de la transmission des notions rendent les enseignants de l’école particulièrement sévères.

Revenons aux attributions causales mentionnées par les mêmes élèves. Bien que la majorité (10 élèves sur 14) semble croire que le changement d’établissement ne modifie pas les résultats scolaire et que la réussite est due essentiellement à des qualités qui leur sont internes, nous observons que, selon eux, l’obtention de mauvaises notes est le résultat premièrement d’un manque de travail (7 élèves sur 14 ont coché cette case en premier choix), deuxièmement de la difficulté de l’épreuve (choisie par 4 élèves sur 13) et troisièmement de la sévérité des professeurs (coché par 4 élèves sur 6). Nous avons relevé la similitude des réponses avec celles apportées par les élèves doublants ayant un sentiment d’appartenance négatif à l’école pour qui l’échec scolaire est dû à ces mêmes causes pour la plupart (deux tiers) externes aux élèves.