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Secteur important par son potentiel zootechnique

DE L’ELEVAGE DANS L’ECONOMIE OUEST

2. Secteur important par son potentiel zootechnique

Le potentiel zootechnique ouest-africain est important numériquement et très varié dans sa composition raciale. Par rapport à l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, l’Afrique de l’Ouest compte environ 25 % de bovins, 33 % d’ovins, 40 % de caprins et 20 % de cha-meaux (Camara, 2005 ; FAOSTAT, 2005) D’autres herbivores (camélidés), des animaux à cycle court (porcs, volailles) et plusieurs autres espèces utilisées comme animaux de trait (chevaux, ânes) complètent le stock animal du SAO. A cela s’ajoutent les animaux des élevages non conventionnels, de plus en plus importants dans la région, même si les statistiques sont rares en la matière.

Le tableau 1 présente les données approximatives sur les principales espèces élevées et concernées par les échanges commerciaux dans la région SAO. Il indique que les pays sahéliens sont plus dotés en ruminants que les pays côtiers. Cependant par ses effectifs, le Nigeria à lui seul garde un poids énorme par rapport aux producteurs sahéliens pour les ruminants. En revanche, les pays côtiers et le Nigeria sont mieux dotés en cheptel de monogastriques que les pays sahéliens. Alors que la contribution des pays sahéliens au cheptel de ruminants a augmenté entre 1985 et 2005, celle des pays côtiers, et du Nigeria en particulier, a diminué.

Au niveau de la volaille, les pays côtiers autres que le Nigeria et les pays sahéliens ont accru leurs effectifs, pendant que le Nigeria perd de plus en plus sa place prépondérante

Années198519891994199920042005 Bovins SAO (têtes)39 276 55542 814 76647 629 92553 824 40759 032 60560 064 158 Sahel (% SAO)44,2544,6445,5247,7349,6750,05 Côtiers (% SAO)22,8922,7623,2424,2124,5824,64 Nigeria (% SAO)32,8632,6031,2428,0625,7525,31 Petits ruminants SAO (têtes)84 518 555104 245 376114 511 179140 389 954159 049 712160 355 449 Sahel (% SAO)48,9247,5549,7250,5851,3551,52 Côtiers (% SAO)18,8418,4616,6616,2916,5816,68 Nigeria (% SAO)32,2433,9933,6233,1232,0731,80 Poules SAO (1000 têtes)239 720280 952300 512348 737400 317404 608 Sahel (% SAO)27,7427,6728,5329,8729,5529,86 Côtiers (% SAO)30,6129,5230,8833,9935,4735,54 Nigeria (% SAO)41,6542,8140,5936,1334,9734,60 Porcs SAO (têtes)5 587 9197 382 1968 566 4039 429 22412 569 81112 857 658 Sahel (% SAO)18,6714,8118,0423,4724,5925,79 Côtiers (% SAO)52,6944,5535,3925,0622,8222,49 Nigeria (% SAO)28,6340,6446,5751,4752,5951,72

Tableau 1. Evolution des effectifs d’animaux exploitables au Sahel et en Afrique de l’Ouest Notes : 1) SAO = Sahel et Afrique de l’Ouest ; Côtiers= pays de la côte sans le Nigeria 2) Les données statistiques de ce tableau sont sujettes au réajustement ; les enquêtes sur le cheptel n’étant pas régulièrement menées dans tous les pays, exception faite du Mali, Niger et Burkina Faso. Source : calculé à partir des données de FAOSTAT (accédé le 22 Septembre 2006)

de 1985. Pour les porcs, les pays côtiers ont progressivement perdu leur suprématie sur les pays du Sahel et le Nigeria1.

D’une façon globale, les effectifs des animaux élevés dans les pays du SAO ont connu des évolutions contrastées (Figure 1). Les taux de croissance les plus forts des effectifs sont observés sur le porc avec une moyenne quinquennale de 23 % entre 1985 et 2005, soit un taux moyen annuel de croissance de 4,58 %, supérieur au taux mondial sur la même période. La croissance a été plus forte au Burkina Faso (8,49 %), au Cap Vert (7,94 %) et au Nigeria (6 %). Les petits ruminants représentent la seconde espèce à forte croissance d’effectifs (3,45 % par an en moyenne). Les effectifs de poules ont enregistré un taux de croissance de 2,75 % par an entre 1984 et 2005. Enfin, les effectifs de bovins ont accru en moyenne de 2,14 % par an.

On note également que la croissance des effectifs n’est pas régulière alternant des pério-des de baisses et de hausses. La situation pério-des porcs est assez illustrative : un taux de crois-sance quinquennal de 32 % entre 1984 et 1989 qui passe à 16 % entre 1989 et 1994,

1 En l’absence d’étude récente, on peut formuler quelques hypothèses et examiner les facteurs susceptibles d’expliquer cette forte baisse du cheptel porcin dans les pays côtiers. D’abord au niveau des pays sahéliens, il peut s’agir d’une amélioration dans la collecte de statistiques qui a permis de mieux cerner l’importance de cet élevage. En outre, on peut noter que l’intérêt pour l’élevage des monogastriques au Sahel date des années 80, et que d’importants projets d’amélioration de l’élevage de porcs ont pu être développés. Du côté des pays côtiers, les épidémies ont contribué à la baisse du cheptel porcin, car ces pays pratiquaient déjà un élevage amélioré avec des races moins rustiques que les races locales. Par ailleurs, la concurrence des pays sahéliens a pu démotiver les éleveurs côtiers quand leurs parts de marché se sont rétrécies.

Notes : Pr = Petits ruminants

Source : Calculé et adapté de FAOSTAT, 2005 (accédé le 12 septembre 2006)

Figure 1. Evolution des taux de croissance quinquennale des effectifs du cheptel du SAO

puis à 10 % entre 1994 et 1999, avant de reprendre avec 33 % entre 1999 et 2004. Il en est de même des effectifs de poules. Les différentes épizooties qui affectent particulière-ment les monogastriques ont négativeparticulière-ment influencé la croissance de ces espèces. Le cas de la peste porcine de 1996 en Côte d’Ivoire est illustratif. La croissance des effectifs de bovins est faible (9,0 %) entre 1985 et 1989 à la sortie du dernier cycle de sécheresse ; mais elle atteint 13 % entre 1999 et 2004.

En termes de production de viande bovine, l’Afrique de l’Ouest contribue pour 23 % à la production du continent. Elle est estimée à 919 500 tonnes en 2005, soit 3,17 kg/

hab. Elle a presque doublé depuis 1961 avec un taux de croissance annuelle moyen de 2 %. Mais, la croissance de la production n’a pas été régulière sur la période 1961-2005, la région ayant connu une baisse de production entre 1971-1975 (-2,2 %) et entre 1986-1989 (-5,04 %) au rythme de l’évolution du cheptel. Le Nigeria produit 280 000 tonnes de viande, ce qui équivaut à 33 % de la production régionale en 2005, même si à l’échelle du pays, elle ne représente que 2,13 kg/habitant, une production per capita inférieure à la moyenne régionale. Dans les pays sahéliens, la production de viande bo-vine par habitant est plus importante qu’au Nigeria (8 kg au Burkina Faso, 7,23 kg au Mali et 6,0 kg au Niger).

Au niveau des petits ruminants, la production de viande est de l’ordre de 269 000 ton-nes pour les ovins (25 % de la production africaine) et de 351 000 tonton-nes pour les ca-prins (44 % de la production africaine). La moitié de la production africaine de viande d’ovins provient de l’Afrique du Nord. Outre les ruminants, il y a l’élevage monogastri-que qui compte beaucoup dans les économies des pays côtiers. A cet égard, on retient que l’Ouest africain est le premier producteur de porc en Afrique avec des pays phares comme le Nigeria, le Cameroun et le Burkina Faso. Cette production a connu un fort développement à partir de 1980 passant de 106 000 tonnes à 330 000 tonnes en 2005.

Au-delà de l’importance numérique des ressources animales, la région SAO est égale-ment connue comme un réservoir d’une grande diversité zoogénétique où l’élevage est multifonctionnel. Environ 13 races bovines de type taurin et 12 de type zébu ont été répertoriées. Leurs caractéristiques zootechniques sont variables. Ainsi, selon Missohou et Adakal (2004), les bovins taurins ont un poids vif adulte allant d’un minimum de 115 kg/animal chez la femelle de race Somba (Bénin, Togo), à 750 kg chez le mâle de race Kouri (Niger, Nigeria). Le poids vif adulte minimum chez les bovins zébus est estimé à 240 kg pour une femelle de la race Sokoto (Nigeria), et le maximum est de 660 kg/

tête pour le mâle de la même race. Au niveau de la production laitière, les données parcellaires (Gonçalves, 1995) démontrent le faible rendement (0,5 à 2 litres/jour) en fonction des races, de la conduite des animaux et du mode de traite, sans préciser les potentialités laitières. On admet généralement que les races produisant 0,5 litre/jour peuvent produire plus 2 litres/jour avec une amélioration de la conduite et de l’alimen-tation (Agyemang et al., 1997).

Les caractéristiques zootechniques intrinsèques des petits ruminants, de la volaille et des porcs sont faiblement documentées, mais leur diversité zoogénétique et les possibi-lités d’accroissement de leur productivité en viande et/ou lait pour les chèvres et ovins (Gbangboche et al, 2005) sont incontestables dans la région.

Le cas du Niger est assez illustratif de cet avantage naturel des pays du Sahel dans l’éle-vage des ruminants. Avec un cheptel estimé à prés de 7,5 millions d’Unités Bétail Tro-pical (UBT)1 en 2004 —toutes espèces confondues — pour une valeur totale de 706 milliards de FCFA et une production annuelle de 191,5 milliards de FCFA dégageant une valeur ajoutée de 155 milliards de FCFA, le Niger se présente donc comme un grand pays d’élevage2 (Voir aussi Encadré 1). En définitive, les pays du SAO possèdent un important potentiel numérique, génétique et zootechnique. Ceci contraste avec le faible disponible en viande et lait dans la région. La principale raison est l’insuffisance de la valorisation de ce potentiel tant au niveau des rendements qu’au niveau des politiques mises en œuvre qui ne tiennent pas compte des complémentarités entre zones.

3. Rôle de l’élevage dans la lutte contre la pauvreté en Afrique de l’Ouest et au

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