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Les types d’organisations des acteurs des produits animaux

PROFESSIONNELS DE L’ELEVAGE ?

3. Les types d’organisations des acteurs des produits animaux

Dans l’espace ouest africain, l’analyse de la structure des filières de productions animales a permis d’identifier une multitude d’acteurs et de produits mis à marché à travers divers circuits d’échanges. A chaque espèce animale, voire chaque produit, correspond une filière et des acteurs aux différents maillons. La spécialisation par produit est donc de règle comme le relève Renard et al. (2004). Un commerçant exportateur de bovins ne s’occupe pas de petits ruminants par exemple ; un boucher de bovins non plus.

Les acteurs des filières de productions animales peuvent être regroupés par rapport aux fonctions qu’ils occupent en leur sein. D’une manière générale, les filières agricoles com-prennent trois grands groupes de fonctions (production, commercialisation et/ou trans-formation) avant que le produit n’arrive au niveau de la consommation. Dans le cas des filières de productions animales en Afrique de l’Ouest, ces trois fonctions sont mises en œuvre par les acteurs, et bien que nommément différents, ils pratiquent en réalité plu-sieurs fonctions à la fois. Cependant, cette démarcation est faite pour faciliter l’analyse et simplifier la complexité organisationnelle des filières de productions animales.

3.1. Les producteurs : une organisation productive en mutation

L’organisation productive s’articule autour de l’élevage des ruminants et de celui des animaux à cycle court. Cette organisation productive est l’apanage des groupes ethniques Fulbé, Targui, Arabes et Toubous. A défaut d’enquêtes formelles, les informations obtenues au cours de cette étude font dire que les producteurs sont majoritairement des ruraux. Mais, on note depuis plus d’une dizaine d’années, d’autres formes productives beaucoup plus intensives dans le domaine de l’élevage ruminant où les acteurs sont urbains.

Cette nouvelle catégorie de producteurs que l’on désigne sous le vocable « éleveurs du dimanche » sont des producteurs laitiers périurbains qui, essentiellement, sont des hauts cadres des administrations, de grands commerçants notamment au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal, etc. Ils utilisent soit des races natives africaines (Goudali, Azawak) sur lesquelles ils pratiquent l’insémination ou la monte naturelle avec des races exotiques.

Certains ont importé carrément des ressources génétiques des pays européens ou de l’Amérique du Sud, le Brésil notamment1 .

L’élevage à cycle court est porté par deux catégories d’acteurs. Les agriculteurs et les acteurs nouveaux qui investissent de plus en plus dans l’élevage des volailles ou de porcs.

La pratique intensive de l’aviculture est beaucoup plus développée dans les pays côtiers du golfe de Guinée ou de la façade atlantique qui ont plus d’opportunités alimentaires

1 A titre d’exemple, le Service des Douanes et les DPRA du Burkina Faso ont enregistré en 2005 l’importa-tion de 1 872 ânes en provenance du Niger, 168 aulacodes du Bénin, 2467 bovins du Brésil, Mali et Niger, 145 ovins du Mali et Niger et 22 790 volailles en provenance du Ghana, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la France. Ces importations sont de plus en plus constatées soit pour un apport de sang nouveau dans les élevages (bovins et ovins), soit pour des élevages en race pure (aviculture moderne).

à exploiter. Les acteurs dans cette filière sont généralement des femmes comme en Côte d’Ivoire et au Sénégal notamment.

D’une façon générale les producteurs au Sahel et en Afrique de l’Ouest forment un groupe très hétérogène dans leurs caractéristiques socio-économiques. Cette hétérogé-néité affecte le pouvoir de négociation individuel des producteurs. La formation d’as-sociations, de groupement ou de groupement d’intérêt économique constitue l’unique moyen de renforcement du pouvoir des producteurs.

3.2. Les producteurs qui se fédèrent dans les pays pour être plus forts

Dans les pays du SAO, il existe plusieurs formes d’organisation des producteurs qui partent en général du niveau local (villages, provinces/départements/districts, régions) pour aboutir au niveau national par la fédération des unités locales et enfin régional par le regroupement des unités nationales. Dans le cadre de cette étude, une attention sera accordée aux regroupements du niveau régional, mais des enseignements pourraient être tirés des regroupements nationaux.

Ainsi, les producteurs impliqués dans les élevages modernes de volaille et de porcs sont organisés au sein de structures socioprofessionnelles (MDA, MPE). Ces structures contribuent de façon relativement significative aux fonctions de production de leurs membres à travers l’approvisionnement en intrants. Dans certains pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso, ces maisons sont assez opérationnelles. En effet, elles ont l’avantage de regrouper des catégories socioprofessionnelles généralement « ins-truites » et résolument tournées vers le profit, ce qui peut faciliter les actions communes parmi lesquelles les commandes groupées et la recherche des financements. Il faut noter cependant que dans ce domaine, ces structures restent encore inefficaces quand il s’agit d’appuyer leurs membres dans la constitution des dossiers de demande de financement.

Cela tient au fait que les Banquiers ne perçoivent pas encore l’intérêt d’adapter les crédits aux cycles de production de l’élevage. Par exemple un éleveur qui s’engage dans la pro-duction d’œufs ne pourra commencer à rembourser son prêt qu’après au moins 9 mois alors que les banquiers demandent souvent que les remboursements commencent dès le mois suivant la mise en place du crédit.

Cette situation concernant le crédit à l’élevage de volaille vaut aussi pour la filière bovine.

En effet, les emboucheurs indiquent que les banquiers exigent que le remboursement s’effectue dès le deuxième mois après l’octroi du crédit, alors qu’ils estiment mener au moins trois ateliers d’embouche dans une année ( 9 mois) avant d’être en mesure de rembourser1.

En dehors de ces catégories de producteurs, il y a les pasteurs qui sont les plus nombreux des acteurs dans la production dans la zone étudiée. On note la naissance dans certains

1 Entretiens avec des professionnels de l’embouche sur le terrain au Mali et au Burkina Faso

pays d’associations d’envergure relativement importante. C’est le cas de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en Savane (APESS)(voir encadré 8). Cette association qui est née au début des années 1990 financée par la Coopération Suisse intervient au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Sénégal, au Nigeria et au Cameroun.

Son siège est à Dori au Burkina Faso avec des bureaux dans les autres pays. On note un segment au Sénégal basé à Tambacounda, au Cameroun dans l’Adamaoua, au Mali dans le Delta et sur l’ensemble du Nord Nigeria où se trouve concentré l’élevage bovin de cette fédération1 . On citera aussi le Directoire des femmes en élevage (DINFEL) du Sénégal, engagé dans la production laitière. Il s’agit d’une association bien implantée sur l’ensemble du territoire sénégalais et qui fait partie des professionnels membres du Conseil national de concertation des ruraux (CNCR)2 .

Il est important de noter, sur la base des renseignements reçus, que les initiatives d’organisation en cours ne jouent pas de rôle particulier dans les fonctions de production de leurs membres, à cause de l’hétérogénéité de leurs activités de production zone rurale comme en zone périurbaine.

3.3 Les commerçants de bétail et de viandes mortes

Les commerçants d’animaux ou de produits d’origine animale (laits, œufs, cuirs et peaux) représentent le second groupe d’acteurs. On distingue alors deux sous-groupes de commerçants : les collecteurs et les commerçants proprement dits.

Les collecteurs parcourent les marchés à bestiaux dans les différents pays en vue de ras-sembler les ruminants (bovins, ovins, caprins) ou leurs produits (cuirs et peaux) et les autres espèces animales à cycle court et leurs produits (volailles, œufs). Ils sont en général commissionnés par certains commerçants proprement dits et perçoivent des commis-sions de leurs « employeurs ». L’appartenance à ce sous-groupe d’acteurs est cependant transitoire et se justifie par le manque de ressources financières suffisantes pour entre-prendre le commerce à leur propre compte.

Les commerçants d’animaux vivants, des produits d’origine animale et/ou des sous-pro-duits de la région ouest- africaine bien qu’ils aient des canaux de concertation qui datent de longtemps, dans le cadre du Projet de fluidification des échanges et rapprochement des politiques agroalimentaires (FERAP) soutenu par le CILSS entre 1990 et 1997, n’ont pas su encore définir des stratégies communes de mise à marché consensuelles no-tamment pour ce qui concerne les acteurs des pays fournisseurs de bétail (Burkina Faso, Mali, Niger). Les cadres nationaux de concertation (CNC) ont pratiquement tous jeté

1 Au Nigeria, l’APESS est dirigée par un ancien président de la Fédération du Nigeria qui appartient au groupe social Fulani.

2 Le Sénégal est le pays en Afrique de l’Ouest qui compte le plus grand nombre d’associations, de GIE et de fédération des professionnels de l’élevage.

Encadré 8. APESS

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