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Projets et programmes à envergure sous-régionale

PROFESSIONNELS DE L’ELEVAGE ?

Encadré 10. La Communauté économique du bétail et de la viande (CEBV) La naissance d’une institution de coopération économique

5.3. Projets et programmes à envergure sous-régionale

Il existe également d’autres acteurs institutionnels qui n’appartiennent pas forcement à ceux déjà évoqués. Il s’agit de projets et/ou programmes dont les modes de financement et d’exécution échappent souvent aux institutions nationales et/ou régionales, mais les objectifs de développement pour la région sont similaires.

(i) Le projet de renforcement des réseaux régionaux de systèmes d’information de marché et des organisations de commerçants en Afrique de l’Ouest (MISTOWA)

Il est financé par deux partenaires bilatéraux, le gouvernement américain à travers l’USAID et AGRITERRA (Pays-Bas). MISTOWA est piloté par le Centre international pour la fertilité des sols et le développement agricole (IFDC-Division Afrique). II vise à promouvoir le commerce agricole régional et à accroître la sécurité alimentaire. Il s’agit là d’un projet d’envergure régionale qui couvre l’ensemble de l’espace CEDEAO. Démarré en septembre 2004, le projet couvre actuellement plusieurs pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal et Togo). Ses actions visent à lier les systèmes et les services d’information de marché aux utilisateurs du secteur privé, et à travailler avec les partenaires régionaux pour étudier et réagir au feed-back des clients afin de s’adapter à leurs besoins. Le public ciblé concerne les organisation de producteurs (OP) et les organisations de commerçants (OC). Leur approche est basée sur les formations, à travers le réseau de plates-formes de concertation qui permet aux différents acteurs de s’informer suffisamment pour aider à la promotion de la production et du commerce dans la sous-région. Trois réseaux des acteurs directs du secteur élevage participent à ce projet:

Réseau des opérateurs économiques du secteur agroalimentaire de l’Afrique de

• l’Ouest (ROESAO) ;

Le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest

• (ROPPA) ;

La Fédération africaine des associations pour le commerce des intrants agricoles

• (FACIA).

(ii) Les ONG internationales

Les interventions des ONG internationales dans le secteur de l’élevage datent de la crise écologique qu’a vécu de 1968 à 1985 la ceinture saharo-sahélienne, de l’Atlantique à la mer Rouge, suite aux graves déficits pluviométriques qui ont entraîné famine et désastres économiques chez les agriculteurs et les pasteurs (Spittler, 1993 ; Piguet, 1998). Parmi les ONG dynamiques, on peut citer, ACORD et les agences qui en sont membres – tout particulièrement le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) ; German Agro Action (GAA), OXFAM, NOVIB (Nederlandse organisatie voor internationale ontwikkelingssamenwerking), VSF (France, Belgique et Suisse) (Oxby, 1990). Ces organisations ont surtout travaillé dans les États sahéliens et dans la Corne de l’Afrique avec les pasteurs, les agropasteurs et les ex-pasteurs parce que les sécheresses avaient dépouillé totalement certains groupes pastoraux qu’il fallait aider à reconstituer leur cheptel ou à les accompagner dans la conversion vers d’autres activités.

Notre analyse descriptive se limite à trois expériences : (i) « Heifer International » (HI) dont le siège est au Ghana à partir d’où, elle rayonne ; (ii) les « Services d’appui aux ini-tiatives locales de développement » (SAILD) bien que localisé au Cameroun, a fait tâche d’huile sur beaucoup de pays africains ; et (iii) OXFAM/Grande Bretagne.

Heifer International (HI)

Il s’agit d’une ONG qui couvre 41 pays dans le monde dont trois — Burkina Faso, Cameroun et Ghana — appartiennent aux pays du SAO. Son objectif est de lutter contre la faim et la pauvreté en s’appuyant sur le développement de l’élevage à travers un schéma de crédit bétail. L’approche elle-même est tirée par la demande sociale, c’est-dire que les communautés de base font leur choix sur la manière d’améliorer leurs conditions de vie. HI assure la formation des producteurs sur l’agriculture durable et écologiquement équilibrée. Elle promeut les échanges de connaissances entre les communautés rurales par les voyages d’études organisées pour les producteurs des différents pays où elle intervient. Enfin, HI facilite les échanges de ressources en important des reproducteurs des pays sahéliens vers les pays côtiers pour constituer le stock de démarrage de l’activité d’élevage.

Services d’appui aux initiatives locales de développement (SAILD)

Le Cameroun est l’un des pays dont la filière avicole a souffert du dumping des dé-coupes de poulets. Au Cameroun, l’importation des poulets congelés est passée de 978 tonnes en 1998 à 22 154 tonnes en 20031 . Cette situation a mis à mal la filière mo-derne, plusieurs aviculteurs dont des femmes ont mis la clé sous le paillasson. Avec l’aide de SAILD, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC) en tant qu’acteurs de la filière, les productrices et les producteurs de volailles ont réussi à faire fléchir les pouvoirs publics Camerounais qui ont mis fin aux importations des découpes de volailles qui constituaient une concurrence déloyale pour la production nationale. En effet, les découpes (ailes, croupions, pattes, cuisses, etc.) sont des résidus qui sont récupé-rés traditionnellement par les industries qui fabriquent les aliments pour le bétail et ont peu d’intérêt pour les consommateurs occidentaux qui préfèrent les parties blanches.

OXFAM/Grande Bretagne

Le combat engagé par ACDIC au Cameroun a eu des effets « tâches d’huile ». Le Sénégal et la Côte d’Ivoire se sont inspirés de cette expérience. Le Sénégal par exemple avant l’invasion des découpes mettaient sur le marché de consommation nationale des poulets de chair pour une valeur de 10 milliards de FCFA/an par an et 18,7 milliards de FCFA/

an pour les œufs de consommation (Duteurtre et al, 2005). La filière avicole moderne au Sénégal s’est effondrée entre 1998 et 2002. Le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest d’OXFAM Grande-Bretagne a accédé à la demande des organisations de la filière avicole moderne en organisant avec les acteurs une campagne nationale. A l’instar du Cameroun, la plateforme ainsi constitué comprenant, les ONG sénégalais, des groupes scolaires et universitaires, les principaux syndicaux, des associations de consommateurs, des radios, des groupements de femmes ainsi que des pouvoirs publics locaux ont exercé une forte pression. Le gouvernement sénégalais qui a bien reçu le message des acteurs de la filière mit fin à l’importation des découpes de volailles

En conclusion, deux grandes préoccupations se dégagent au niveau des acteurs institu-tionnels du secteur élevage: une insuffisance de concertation et un déficit de communi-cation interinstitutionnelle. Dans ce cadre, la CEDEAO a mis sur pied depuis 2000, sur instruction des chefs d’État et de gouvernement, une « Task force ». C’est une instance technique de réflexion et de proposition qui devrait élargir ses prérogatives au delà des questions de la transhumance transfrontalière et s’atteler à l’élaboration d’un document global sur les acteurs directs et indirects des filières des productions animales dans tous les États membres.

Bien que plusieurs institutions nationales, régionales et les ONG fassent des efforts pour l’autonomisation des acteurs et différents professionnels, on note que le poids politi-que des professionnels reste encore faible dans l’élaboration des politipoliti-ques nationales et

1 Collectifs d’organisations non gouvernementales : CCFD/CFSI/GRET

régionales dans le domaine de l’élevage. Cette situation s’explique par l’atomisation des acteurs qui, tout en étant un signe de développement démocratique, n’en est pas moins une cause de faiblesse en ce qui concerne la cohésion des efforts.

Dès lors, Il faut aller vers un autre modèle organisationnel. Celui-ci devra favoriser l’organisation des acteurs des différentes filières de production animales en collège.

L’ensemble de ces collèges se réunit pour désigner dans chaque pays une sorte de Conseil national des professionnels du secteur de l’élevage. Si ces conseils nationaux fonctionnent normalement parce qu’ils sont représentatifs de l’ensemble des acteurs sans distinction, la question de la mise en place d’une instance régionale comme moyen de pression n’est pas une nécessité. Dès lors, il est beaucoup plus important de disposer d’un observatoire régional avec des antennes dans les différents pays et dont l’animation relèvera directement des fédérations nationales.

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