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Quelles références pour l’élevage sahélien et ouest-africain : diversité écologique et potentialités zootechniques

V ALORISATION ET DYNAMISATION DU

2. Vision régionale du développement de l’élevage : potentiels et vocations par zone

2.1 Quelles références pour l’élevage sahélien et ouest-africain : diversité écologique et potentialités zootechniques

Il existe un fort différentiel de productivité entre les races élevées dans les pays tropicaux et en Afrique subsaharienne (ASS) en particulier, comparées à celles des pays tempérés du Nord, et ce pour toutes les espèces domestiquées. Les valeurs typiques de paramètres de productivité pour les bovins dans les systèmes traditionnels sont indiquées au tableau 5 par type de système de production. Ces valeurs sont moyennes à l’échelle de l’ASS, et ont certainement connu des évolutions. Pour les bovins, les petits ruminants, les porcs et la volaille, le niveau des paramètres décrits reste valable et applicable aux systèmes d’élevage pratiqués dans l’ensemble des pays du champ d’action du CSAO.

Chez les bovins en moyenne, le poids à la naissance d’un veau dans les pays industrialisés est d’environ 40 kg contre 15 à 25 kg selon les races de zébu dans les pays du SAO. Le poids adulte d’une vache laitière dans les pays industrialisés est compris entre 550 et 750 kg contre 250 kg pour la plupart de zébus ouest-africains et 300kg pour l’Azawak en zone sahélienne. Qui plus est, chez les races africaines, l’âge à la première mise bas survient autour de 45 mois, mais étant relativement plus élevé dans les systèmes pastoraux traditionnels (49 mois) et court dans les systèmes agropastoraux en zone subhumide (39 mois). Par comparaison l’âge à la première mise bas est de 24 à 30 mois dans les pays tempérés. L’intervalle entre mises bas étant également plus long (17 mois en moyenne contre 13 en Europe), les performances globales de reproduction sont nettement affaiblies et les taux de mortalité sont en général très élevés dans les élevages traditionnels, en moyenne 22 % pour l’ensemble des systèmes pastoral et agropastoral.

Dans les systèmes traditionnels pastoraux et agropastoraux, la productivité pondérale est de 7 à 14 kg par an pour les bovins, 3 à 6 kg pour les petits ruminants (Touré, 1996).

La productivité du travail, exprimée en Unité Bétail Tropical (UBT) par main-d’œuvre, peut tomber à 3 en zone aride. Elle se situe à environ 8 en Mauritanie, 12 en Somalie alors qu’elle est de 80 dans les ranches modernes du Botswana et de 300 à 800 en Australie (Brokken et Senait, 1992).

Paramètres

Mortalité de veaux (%) 23,1 20,7 22,3 21,1

Mortalité de vaches (%) 8,2 6,2 6,4 4,2

Age à la première mise bas (mois) 49,0 47,4 48,4 39,4

Taux de vêlage (%) 61,0 58,2 60,0 57,4

Intervalle entre vêlages

Production laitière/Lactation (kg) 251,0 282,0 218,0 233,0

Taux d’exploitation (%)c 11,7 10,2 9,0 6,9

Poids vif vache adulte (kg) 246,0 239,0 256,0 205,0

Poids vif taureau (kg) 322,0 326,0 324,0 Nd

Note : Valeurs de paramètres corrigées pour refléter ceux des systèmes d’élevage dans les pays du a.

SAOb. Proportion de la production exploitée par rapport à la production totale à une date donnée. A b. l’échelle du troupeau, i s’agit de sorties nettes commercialisables (ventes, dons, abattages d’urgence

moins les achats, et dons reçus)

Source: adapté de Otte et Chilonda (2002), Livestock Information Sector Analysis and Policy c.

Branch, FAO 2002.

Tableau 5. Quelques paramètres de productivité des bovins dans les systèmes d’élevage traditionnels en Afrique subsahariennea,c.

Ainsi les systèmes pastoraux traditionnels africains sont exigeants en travail ; la main-d’œuvre est abondante, mais sa rémunération est faible. Tout ceci conduit à une pro-ductivité numérique globale faible même si en partie elle est compensée par une plus grande longévité des animaux en milieu tropical (le taux de réforme chez les femelles est souvent moindre en milieu tropical comparativement au milieu tempéré).

Mais, c’est sur le plan de la production laitière que l’écart est le plus considérable : par exemple en France, la moyenne de production pour la race Prim’Holstein se situe à 7 340 kg de lait par lactation alors que les productions enregistrées chez le zébu africain oscillent entre 200 kg et 1 600 kg (Touré, 1996 ; Meyer et Denis 1999). Il existe cepen-dant une forte variabilité d’un pays à l’autre.

Pour les petits ruminants, il existe déjà un différentiel en termes de productivité entre les systèmes pastoraux et agropastoraux en fonction de la disponibilité fourragère dans les différentes zones agroécologiques1. Pour les ovins, l’âge à la première mise bas varie de 11,5 à 13 mois chez les brebis Djallonké en zones humides et subhumides, et en moyenne de 16 mois en zone soudano-sahélienne, caractérisée par une grande variation saisonnière de la biomasse des parcours naturels. L’intervalle moyen entre mises bas est légèrement plus court chez les brebis en zones humides et subhumides (8,4 mois) que chez celles des zones soudano-sahéliennes et sahéliennes (10,1 mois). Les taux de fertili-té varient de 68 % à 167 % chez la brebis Djallonké et de 103 % à 109 % chez la brebis

1 Ces données sont extraites principalement du Rapport final du PROCORDEL (2005)

Oudah. Par rapport aux brebis de races sahéliennes, on accorde aux brebis Djallonké une plus grande fécondité : 101 % à 131 % vs 82.5 % à 116 % pour les Oudah.

Comme chez les ovins, les chèvres des zones humides et subhumides sont plus précoces que celles des zones semi-arides et arides. L’intervalle moyen entre mises bas estimé à 9,9 mois est légèrement plus court chez la chèvre naine élevée en zones humides et subhumi-des que la chèvre naine élevée en zones semi-arisubhumi-des et arisubhumi-des. Les chèvres naines sont plus prolifiques que les chèvres du Sahel : 165,8 % vs 122 %. Le taux de fertilité varie entre 70 % et 125 % et le taux de fécondité entre 90 % et 180 % toutes races confondues.

Ce différentiel est encore plus perceptible pour les petits ruminants quand on compare les productivités africaines avec celles des pays du Nord. Ainsi, le poids d’une chèvre Djallonké d’Afrique de l’Ouest est globalement égal au tiers de celui d’une chèvre alpine et la production laitière insignifiante comparée aux 700 litres de la race française. Des chiffres comparables sont observés entre le mouton Djallonké et le Mérinos d’Arles par exemple.

Chez les porcins, un jeune de race Large White pèse à la naissance 40 % de plus qu’un porc africain. La femelle adulte pèse entre 4 et 10 fois plus. De même, les performances de reproduction (prolificité, intervalle entre mises bas) sont souvent inférieures d’un tiers voire de moitié à celles des races européennes.

En aviculture traditionnelle, la poule locale pond son premier œuf à l’âge de 19 à 25 semaines soit 4,5 à 6 mois. Cette hétérogénéité s’explique par la diversité et l’irrégularité des conditions d’élevage. Les performances de ponte de la poule locale sont aussi hétéro-gènes que leurs conditions d’élevage. En divagation, elle pond entre 40 et 50 œufs par an. En élevage amélioré, la poule locale peut pondre 80 à 100 œufs par an. Le ramassage systématique des œufs améliore l’intensité de ponte du fait de la perturbation du cycle ponte – couvaison – élevage (PCE) des poussins observé par la poule locale. La plupart des œufs pondus par les poules locales sont à coquille blanche « type Leghorn ». Mais, on peut trouver aussi des œufs à coquille blanc sale ou légèrement colorée. Leur poids augmente régulièrement avec les cycles de ponte, de moins de 20 g à plus de 40 g (32 g en moyenne). Le taux d’éclosion moyen qui est de 68 %, peut s’élever à près de 90 % en saison des pluies ou s’abaisser à moins de 50 % en saison sèche. Cependant, environ 10,7 % des poussins éclos meurent dans les 24 h pour diverses raisons dont les mauvai-ses caractéristiques des œufs dont ils sont issus. Il n’y a pas de sélection d’œufs avant la couvaison. Donc le poids des œufs et par conséquent celui des poussins qui en sont issus, est très variable : 21 à 30 g.

Pour l’ensemble des paramètres de productivité, décrits ci-dessus, il ne s’agit que de valeurs moyennes qui masquent de fortes variabilités intra et/ou inter–systèmes. Il n’en demeure pas moins qu’il existe globalement un écart de productivité considérable qu’on peut attribuer notamment à des facteurs génétiques, la pression de sélection pour une

production donnée ayant été toujours plus faible dans les pays de l’ASS, du fait du caractère multi-usage des espèces domestiques tropicales qui a prévalu pour le choix des reproducteurs. La pression sanitaire (parasitisme, grandes pathologies infectieuses, carences alimentaires) est en moyenne beaucoup plus forte dans les pays tropicaux. Le facteur limitant dans les systèmes pastoraux et agropastoraux reste l’alimentation.

Il est sans doute plus judicieux d’opérer sur l’ensemble des facteurs en visant non pas un niveau de productivité équivalent à celui des pays du Nord, mais plutôt l’acquisition d’un potentiel équilibré pour les espèces capables de produire suffisamment de viande, de lait et des œufs tout en valorisant mieux une alimentation pauvre et la résistance aux maladies et aux conditions climatiques. Autrement dit, il existe un potentiel d’amé-lioration de la productivité de l’élevage dans les pays du SAO qui reste actuellement

« étouffé » par un arsenal de contraintes écologiques, techniques, socio-économiques et de politique agricole. Des opportunités réelles de lever ces contraintes existent en tenant compte d’un certain nombre d’atouts pour chaque zone. L’alimentation restant le facteur limitant, la problématique à l’échelle du SAO doit l’intégrer en se posant des questions du genre de celle-ci : vaut-il mieux valoriser le tourteau de coton — ressource protéique rare — produit à Bobo-Dioulasso pour maintenir le cheptel extensif en saison sèche, pour produire du lait en bordure de Ouagadougou, pour faire du poulet intensifié en périphérie d’Abidjan ou du porc traditionnel au Ghana ?

2.2 Exploiter les avantages comparatifs de chaque zone : une nécessité pour la

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