Chapitre 2 : Cadre et références théoriques
V. Des schèmes à la symbolisation
Tisseron a étudié le rapport entre le corps et la pensée. Il propose la notion de schèmes
d’enveloppe et de schèmes de transformation qui viennent jouer un rôle primordial dans la
constitution des images mentales. Ces schèmes sont des schèmes de base du fonctionnement
psychique. Leur source est perceptivo-motrice. Les schèmes de transformation renvoient aux
opérations mentales d’union et de séparation et les schèmes d’enveloppe aux notions de
contenance.
« Quand je parle de schèmes d’enveloppe et de transformation, je désigne par là des
opérations psychiques de base. Elles sont de deux types, d’enveloppement et de contenance
d’un côté, et de transformation d’un autre côté. Ces schèmes sont innés, mais frayés par un
certain nombre d’expériences structurantes précoces. Mais ce frayage n’est jamais terminé. Il
continue toute la vie, dans nos relations avec les personnes, mais aussi, pour moi, dans nos
relations avec les images. » (Tisseron, 2010).
On retrouve dans les travaux de Tisseron un concept proche de celui de signifiant de
démarcation (Rosolato 1985) ou encore de signifiant formel (Anzieu 1987). Pour Tisseron les
sensations et les actions du corps de l’enfants’inscrivent dans la psyché et viennent organiser
les schèmes de base, les signifiants formels, l’image du corps et les représentations de soi. Les
schèmes de transformation et d’enveloppe vont permettent l’activité de symbolisation. On
retrouve ici la fonction sémiotique de Piaget. Ces schèmes vont organiser les transformations
psychiques et ainsi aider à métaboliser la séparation avec la personne secourable. Ils vont
aussi organiser la contenance des matériaux psychiques et ainsi apporter la délimitation entre
l’enfant et la personne secourable. Cependant il peut exister des écueils dans ce travail des
schèmes. Il en découle la création dans le psychisme de l’enfant d’images de schèmes qui
« correspondent aux mises en scène des mécanismes psychiques eux même » (Tisseron 1993
cité par Claudon 2006 p 100). L’image de schèmes correspondrait à une solution défensive du
moi qui lui permettrait de reconvoquer les expériences primitives psychiques et somatiques.
Cela arrive lorsque le sujet est atteint dans sa sécurité psychique de base. Ainsi l’appareil
psychique de l’enfant peut construire des images spécifiques liées au mouvement corporel.
Ces images motrices vont être reconvoquées afin de négocier les dynamiques
narcissico-objectales. Le tout se déroulant dans les premiers temps de vie mais aussi plus tardivement.
On peut donc penser le geste troublé chez l’enfant dyspraxique comme une boucle entre le
corps et le psychisme. La production d’un geste troublé entrainerait une image motrice, une
représentation d’action, qui elle-même produirait un trouble de la séquence d’exécution d’un
geste. Cela expliquerait l’inscription de ce trouble dans le fonctionnement global de l’enfant,
mais aussi dans la construction de sa personnalité. Cela expliquerait aussi l’aspect répétitif du
trouble et sa majoration dans les situations mettant en jeu le narcissisme et la relation d’objet
(à travers la séparation ou l’autonomisation par exemple). Le geste et sa convocation
psychique permettraient donc de palier à un processus de symbolisation défaillant. Le geste,
et ce qu’il convoque, aurait donc une fonction contenant d’un matériel psychique non
symbolisé. Ces troubles du geste ne posséderaient donc pas de réel but (agressif, autoérotique
par exemple) mais viendraient aider à la symbolisation.
On peut donc penser qu’il existe un déficit de symbolisation chez l’enfant dyspraxique. Ce
déficit de symbolisation pousserait le psychisme à trouver un substitut dans le corps en
mouvement, donnant le trouble du geste. Il y a un trouble entre le passage de la
symbolisation primaire et secondaire. La symbolisation primaire est un travail qui consiste à
passer des choses psychiques brutes, la matière première, les signifiants archaïques, à leurs
représentations primaires. Le signifiant archaïque est transformé en symboles primaires
(représentation de chose). La symbolisation primaire permet à l’enfant de renoncer. Pour
représenter il faut renoncer à retrouver une identité de perception. La représentation permet
d’acquérir une identité symbolique, c’est-à-dire une identité de pensée. L’absence et la
rétention d’énergie sont doncau cœur de la symbolisation primaire.
La symbolisation secondaire est le temps où les processus secondaires peuvent venir
s’articuler aux représentations pour transférer dans le système préconscient conscient et dans
le Moi. Les représentations vont ainsi être liées au langage (représentation de mot).
Les travaux de Gibello s’inscrivent dans cette dimension. Il postule que la pensée se fonde sur
ces représentations mentales issues de la motricité et de l’ébauche du schéma corporel. Les
expériences motrices du début de la vie sont bien plus riches que les expériences sensorielles
(la vision et l’audition du nourrisson étant médiocres). Les représentations de choses se
fondraient donc essentiellement sur l’expérience motrice (la mémorisation des schèmes
d’actions) plutôt que sur les qualités esthétiques de l’objet. Gibello va donc distinguer dans
les représentations de choses deux aspects : les représentations de transformation et les
représentations esthétiques de la chose (Gibello, 1994 1995). Les représentations de
transformation sont les plus archaïques. Elles correspondent aux traces mnésiques de posture
et d’actions mises en place par le nourrisson pour obtenir la perception et le contrôle de
l’objet désiré. Les représentations de transformation se manifestent donc par des praxies. Par
la suite ces représentations de transformation se complexifieront en représentation de schèmes
d’actions donnant des structures logiques et des associations logiques quant à la causalité, au
temps et à l’espace. Cette relation motrice entre le nourrisson et l’objet est à double sens. Les
représentations de modification vont être modifiées par les effets que l’objet exerce sur le
bébé (l’objet est désirable, haï, rassurant, inquiétant, source de plaisir, de déplaisir).
De plus la création d’une représentation de transformation est en lien avec la notion de
rythmicité. Pour qu’une représentation de transformation se forme il faut un déroulement dans
le temps : une séquence avec un début, un milieu et une fin. Ainsi une fois inscrite dans le
psychisme du nourrisson, les représentations de transformation vont pouvoir apporter les
premières capacités d’anticipation. Le nourrisson va pouvoir anticiper les effets de son action
motrice. Il va se représenter les transformations physiques, émotionnelles et affectives qu’il
va produire pour l’objet et pour lui-même au cours d’une situation. Il va prévoir le
déroulement des événements et des conséquences :
« Cette faculté n’est pas innée, mais se développe durant toute la petite enfance, et bien au
-delà. L’anticipation est en effet nécessairement inscrite sur les processus mentaux qui
permettent de penser l’opération de succession. Elle se construit en accompagnant la
construction de l’espace, les théories de l’objet, la construction de l’objet en tant que
permanent, la découverte des relations de causalité, la découverte des attributs permanents
de l’objet. C’est le rôle des contenants de pensée cognitifs » (Gibello 2004).
Les apports de l’école de Lyon sur le champ théorique qu’ils nomment « formes primaires de
symbolisation » répondent à un besoin de conceptualisation pour penser ces deux nouvelles
cliniques, et donc cette psychopathologie qui nous demande de nous intéresser aux premières
expériences sensori-affectivo-motrices dans la relation à l’objet. Ces travaux, comme la
grande majorité des avancées conceptuelles en psychanalyse, trouvent leurs origines dans
ceux de Freud, en particulier lors du passage de la première à la seconde topique, ou
métapsychologie. Freud confronté à la problématique du narcissisme (le rapport du moi à
lui-même comme dans la mélancolie), va faire évoluer la métapsychologie en introduisant deux
concepts : la compulsion de répétition, et les différents niveaux de symbolisation.
Freud, en 1920 va donc au-delà du principe de plaisir en étudiant le sens de la compulsion de
répétition qui n’apporte pas de satisfaction. Pour penser ces phénomènes de répétitions,
Freud, à la fin de sa vie va parler des expériences les plus précoces (expériences avant le
langage) qui semblent être les plus sensibles à la répétition, et l’existence d’une faiblesse de
la synthèse du sujet lors de la survenue de ces expériences précoces. L’idée freudienne est
donc que la répétition touche la non-intégration d’expériences antérieures au langage et que
son but est l’intégration de ces expériences par la répétition: c’est une compulsion à
l’intégration. Ce que Roussillon va développer comme compulsion à la symbolisation
(Roussillon, 1991). Le langage verbal va donc jouer le rôle de processus d’intégration
psychique de ces expériences archaïques. A. Brun et R. Roussillon (2014) complètent
l’avancée freudienne avec l’idée que «pour s’inscrire après coup dans les formes du langage
verbal, les expériences précoces doivent s’inscrire dans des formes pré ou non verbales de
langage » (Brun et Roussillon, 2014 p 150). C’est là tout l’apport de l’école de Lyon dans la
théorisation de la symbolisation. Si nous reprenons le rôle de la symbolisation, nous
comprenons que celui-ci n’est pas de relier un objet à sa représentation, mais de relier des
représentations ou traces psychiques d’un objet entre elles. En fonction de la quantité et de la
qualité des traces psychiques à relier entre elles, on obtient plusieurs niveaux de
symbolisation.
Freud dans la lettre à son ami Fliess du 6 décembre 1896 explique que la mémoire présente
différentes caractéristiques : il y a les traces mnésiques perceptives correspondant à
l’inscription psychique des traces de perception. Il y a les traces conceptuelles correspondant
aux représentations de choses et qu’il place dans l’inconscient. Et enfin il y a les
représentations de mot, que nous pouvons appeler représentations préconscientes. Freud
théorise donc trois traces à différents niveaux de l’appareil psychique. Freud théorise dans un
premier temps le passage des traces mnésiques de perception aux représentations de choses
sous l’angle économique: c’est-à-dire que c’est une question de quantité d’investissement. Si
la quantité d’investissement de la trace mnésique de perception est grande, il va y avoir
production d’une identité de perception, c’est-à-dire une activité hallucinatoire, comme nous
l’avons vu pour la faim par exemple. Si la charge est restreinte, l’activation de la trace
mnésique de perception produit une simple représentation : une représentation de chose. C’est
donc la quantité d’énergie investissant la trace mnésique de perception qui va donner une
identité de perception ou une identité de pensée. C’est donc la réduction de la quantité
d’énergie qui va faire passer de l’identité de perception à l’identité de pensée. Le rôle du par
excitant est donc majeur dans les processus de symbolisation. Nous le verrons plus loin.
La question du deuil et de la mélancolie va amener Freud à développer cette vision basée sur
le domptage d’un quantum d’énergie dans la symbolisation. Effectivement pour faire le deuil
d’un objet il faut pouvoir le symboliser pour en conserver une représentation interne. Or pour
pouvoir le symboliser, il faut pouvoir en avoir fait le deuil : c’est-à-dire créer une
représentation de l’objet absent que l’on ne cherche pas à rendre présent à travers la mise en
place d’une identité de perception. Ce que l’on cherche dans le travail de deuil, c’est donc une
symbolisation de l’objet absent. Il faut donc séparer la représentation interne de l’objet de sa
perception pour pouvoir accepter que l’objet soit absent. Il y a donc deux formes de
symbolisation : celle qui va rendre l’absence de l’objet tolérable, et celle qui est rendue
possible par l’absence de l’objet. Il y a donc une symbolisation en présence ou en l’absence
de l’objet et une symbolisation qui symbolise le mode de présence de l’objet et le mode de
rencontre qui se met en place lors de la présence de l’objet.
C’est en cela qu’A. Gibeault définit la symbolisation : « [La symbolisation] est avant tout le
résultat d’un processus qui suppose autant la capacité de représenter un objet absent qu’un
sujet capable de savoir que le symbole n’est pas l’objet symbolisé » (Gibeault, A 1989). La
représentation est donc la correspondance intrapsychique, dans un espace interne, d’un objet
appartenant au monde extérieur et donc origine possible d’une perception. Lorsque l’objet est
absent du monde extérieur, que la perception est absente, il peut y avoir évocation interne de
la représentation et le sujet sait que l’objet est absent et non en lui. Sinon il s’agira d’une
hallucination c’est-à-dire une représentation qui se fait passer, ressentir pour perception.
Freud l’avait théorisé :
« [C’est] si quelque chose de présent dans le moi comme représentation peut aussi être
retrouvé dans la perception (réalité). C’est […] une question de dehors et dedans. Le non
réel, le simplement représenté, le subjectif, n’est que dedans; l’autre, le réel, est présent au
-dehors aussi » (Freud S, 1925 p 167).
Ainsi représentation et symbolisation ne se situent pas au même niveau structurel et
fonctionnel comme l’explique Perron R en 1989. Les représentations créent du lien entre
représentant et représenté. Les liaisons entre ces deux objets sont donc des traces mnésiques.
Il y a traduction de la poussée pulsionnelle par ces traces mnésiques et lien des traces
mnésiques en représentation de la pulsion. La liaison ainsi créée peut émerger à la conscience
sous forme de figuration. La symbolisation, elle, établit des liens entre les représentations. De
plus la symbolisation s’adresse à quelqu’un. Ce quelqu’un est l’objet externe. En psychologie
clinique et en psychanalyse, on conçoit les représentations comme la création psychique
d’objets de la réalité externe, par le jeu d’introspection et d’identification. La symbolisation,
elle, touche au jeu des pulsions.
« La forme des représentations s’organise dans l’inconscient à travers des traits où les
perceptions et les hallucinations de l’objet interne s’égalisent, d’où le nom de représentation
de choses qui s’exprime dans le système dit primaire de pensée avec leurs condensations et
leurs déplacements » (Lebovici, 1990)
La représentation est donc un processus par lequel l’objet de la perception ou l’objet de
l’hallucination est transformé en objet de représentation. Le travail de symbolisation consiste
lui en un déplacement des pulsions sur des objets secondaires.
Ceci étant dit, arrêtons-nous maintenant sur les travaux de cette grande psychiatre
psychanalyste française, analysée par Lacan, qu’était Piera Aulagnier.
Piera Aulagnier remet elle aussi, à la source de l'activité psychique, la rencontre du sujet avec
lui-même et avec le monde extérieur. Elle explique que cette expérience va s'inscrire dans des
registres représentatifs différents. Elle en théorise trois : le premier étant l'inscription de
l'expérience dans le registre « originaire » (Aulagnier, 1975). Dans ses premiers temps de vie,
l'enfant inscrit les impressions sensorielles issues du contact avec un objet, ce sont les
pictogrammes. On est dans le temps des origines, dont l'exemple princeps est la rencontre
entre la bouche de l'enfant et le sein de sa mère, le tout dans un moment de tension psychique
et physique qu’est l’expérience de la faim. Cette rencontre, cette expérience, est vécue d'une
manière indifférenciée entre le corps de l'enfant -plus particulièrement la zone sensorielle
stimulée- et l'objet source d’excitations -le sein de sa mère-, se formant ainsi une unité de
duel : le corps de l'enfant et l'objet source d'excitations, qu’Aulagnier va appeler «l’objet
-zone complémentaire » (ibid, p.43).
Ces pictogrammes sont déjà des processus de symbolisation et de représentation. Ils
s'imposent au psychisme de l'enfant comme résultat de son propre travail de représentation.
On est dans un phénomène d'auto engendrement, dans un moment d'omnipotence
représentative. Comme la psyché de l’enfant est plongée dans son phénomène d'auto
engendrement, celui-ci va commencer à aborder le monde, et en particulier les objets qu'il
rencontre, de façon spéculaire. C'est-à-dire que l'enfant va aborder les objets comme étant le
reflet de lui-même, étant donné qu’ils s'imposaient à lui sous la forme de pictogrammes auto
engendrés. Aulagnier explique « [Le pictogramme correspond à cette première] mise en forme
d’un schéma relationnel dans lequel le représentant se reflète comme totalité identique au
monde » (ibid, p.59).
Ce schéma relationnel basé sur le spéculaire va entraîner l'enfant à penser comme identique et
réciproque la relation psyché corps, et celle de son soi au monde extérieur.
Mais cette expérience d'autocréation ne s'arrête pas au travail de représentation. Lors de la
relation « objet-zone complémentaire », l'affect est présent. Toujours sur un mode plaisir
déplaisir, Aulanier explique qu'il peut y avoir « une prime de plaisir » générée par la relation
objet-zone complémentaire. Cet affect suit le même trajet que le travail de représentation,
c’est-à-dire qu’il est vécu comme auto-créé par l’enfant. Aussi, l’enfant assimile
psychiquement l’expérience corporelle et y associe du plaisir ; se forme donc de cette
association corps/plaisir, un pictogramme, une représentation, permettant l’auto-intégration
d’une représentation comprenant l’objet cause d’excitation et la zone du corps qui y
correspond.
On est jusqu’à présent dans un processus que l’on pourrait rapprocher de l’introjection.
Effectivement Aulagnier explique que l’enfant, grâce à la création de pictogramme «
prend-en-soi ». Elle va théoriser un mouvement inverse, proche de la projection qu’elle nomme
« rejeter-hors-soi ». Ce processus intervient quand l’expérience d’ « objet-zone
complémentaire » est associée à du déplaisir et non du plaisir. Dans ce cas, il y a création d’un
pictogramme qui est rejeté par le psychisme. Le rejet de ce pictogramme entraine un rejet de
l’objet et un rejet de la fonction sensorielle qui lui est associée.
« La représentation que la psyché se donne d’elle-même comme activité représentante, elle se
re-présente comme source engendrant le plaisir érogène des parties corporelles, elle
contemple sa propre image et son pouvoir dans son engendré, soit dans ce vu, dans cet
entendu, ce perçu qui se présente comme auto-engendré par son activité. » (ibid p 75-76).
Ces protoreprésentations que sont les pictogrammes constituent ce que l’auteur appelle « le
fond représentatif » de la psyché. Ce registre originaire va coexister avec le niveau primaire
de l’activité représentative.
Le niveau primaire, lui, prend en compte un espace psychique et physique séparé, individuel,
entre la mère et l'enfant. L'enfant est sorti de son omnipotence représentative, de par la
présence/absence de l'objet, sa mère, et sort donc de l'illusion d’auto-engendrer son
environnement. Aulanier reprend les différentes théories que nous avons vues précédemment,
et explique que la mère tient un rôle de porte-parole envers son enfant. C'est elle qui va l'aider
à traduire, à mettre du sens, sur les éprouvés corporels qu’il vit. Cet apport est vécu par ce
dernier comme une « violence primaire ». Effectivement, par cette activité de traduction, la
mère impose à son enfant une identification à l'objet maternel. Ce dernier, qui était plongé
dans une omnipotence, une illusion d’auto engendrer son environnement, est obligé de tenir
compte de l'existence autonome de sa mère, ainsi que ses capacités de traduction. Aulagnier
va même plus loin dans la théorisation, en expliquant que non seulement la mère impose à son
enfant une activité de représentation, mais aussi et surtout son désir. En cela, la première
représentation du monde que la mère donne à son enfant, est une représentation libidinale, une
représentation du monde à travers le prisme de son désir, préexistant à son enfant. L’enfant se
trouve donc plongé, confronté, dans un avant, dans une place déjà prédéfinie dans le discours
de sa mère, dans son désir. Cet avant consiste en une représentation par la mère de son enfant,
tricotée par son désir.
« Précédant de loin la naissance du sujet, lui préexiste un discours le concernant : sorte
d’ombre parlée, et supposée par la mère parlante, dès que l’infans est là, elle va se projeter
sur son corps et prendre la place de celui auquel s’adresse le discours de la porte-parole. »
Dans le document
Étude clinique et psychopathologique de la dyspraxie développementale chez l'enfant
(Page 81-92)