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4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE DU TERRITOIRE ET DES POTENTIELS DE

4.2. L A FAUNE

4.2.1 La faune aquatique

4.2.1.2. Saumon atlantique et ouananiche

La région du Nord-du-Québec abrite quatre rivières à saumon qui sont toutes situées dans la partie nord de l’aire de distribution de l’espèce, soit les rivières aux Feuilles, Koksoak, à la Baleine et George. Ces rivières se déversent toutes dans la baie d’Ungava (figure 7). Elles se distinguent des autres rivières à saumon du Québec par une courte période de croissance estivale. En effet, les hivers à ces latitudes sont très longs et les rivières ne sont libres de glace que quelques mois par année. À titre de comparaison, on y compte moins de 100 jours de croissance par année alors que les régions méridionales du Québec en ont approximativement de 140 à 170. Elles se caractérisent aussi par la taille particulièrement importante de leur bassin versant. À titre indicatif, le bassin de drainage du complexe Koksoak couvre près de 156 000 km2 et les aires de reproduction sur la rivière aux Mélèzes, un embranchement majeur de la rivière Koksoak, se situent à environ 480 kilomètres de l’estuaire. Encore à titre d’exemple, en juin, le débit moyen enregistré à la station des chutes Hélène sur la rivière George est de 3 095 m3/sec pour un bassin de drainage de 35 200 km2. Ce débit équivaut à environ 30 % du débit annuel du fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Sorel.

Figure 7 : Localisation des rivières à saumon du Nord-du-Québec.

Les connaissances biologiques des populations de saumons de ces rivières sont très fragmentaires. En effet, aucune information pertinente n’existe concernant les montaisons d’adultes. De plus, les méthodes d’évaluation du potentiel salmonicole pour les rivières du sud du Québec ne sont pas transposables dans le nord en raison de la grande dimension des bassins versants. Enfin, contrairement aux autres rivières à saumon du Québec, les rivières de l’Ungava contiennent une grande variété d’espèces de poissons autres que le saumon atlantique comme l’omble de fontaine, l’omble chevalier, le grand corégone, le ménomini rond, le touladi, le grand brochet, les meuniers, la lotte et les chabots visqueux et tacheté. Le saumon doit donc partager son habitat avec plusieurs autres espèces.

Au début des années 80, la rivière Koksoak et certains de ses tributaires importants comme les rivières aux Mélèzes, Delay et Du Gué ont fait l’objet d’études particulières dans le contexte de la mise en eau du réservoir Caniapiscau. Ces études décrivent la population de saumons du complexe Koksoak comme un phénomène unique en Amérique du Nord. On y compte pas moins de quatre patrons différents de croissance du saumon. En résumé, il y a des saumons de type marin (anadrome), comme ceux que l’on retrouve au Québec méridional. De plus, la rivière Koksoak abrite des saumons de type estuarien, dont la croissance post-smolt s’effectue dans l’estuaire de la rivière et de type mixte dont la croissance post-smolt se fait alternativement en mer puis dans l’estuaire. Finalement, on observe la présence de ouananiche, un saumon de type d’eau douce caractérisé par l’absence de smoltification. Les saumons estuariens et anadromes représentent au-delà de 80 % du stock. Les saumons estuariens sont toutefois plus petits que les saumons anadromes. De plus, les femelles de différents types ne contribuent pas toutes de façon égale à la ponte. L’apport de chacun des types de saumons à la dynamique de la population doit être considéré dans une saine gestion. Les études ont aussi fait ressortir que le saumon migre pour la première fois en mer à l’âge de cinq à neuf ans comparativement à deux à cinq ans pour les rivières à saumon du Québec méridional.

Ainsi, il appert que la gestion des rivières à saumon du Nord-du-Québec est complexe et compte tenu du manque de connaissances sur ces populations, elle s’effectue essentiellement en fonction du suivi des récoltes.

L’exploitation du saumon au Nunavik s’est longtemps faite selon trois types de récoltes, soit la pêche de subsistance et la pêche commerciale pratiquées par les Inuits ainsi que la pêche sportive. Ainsi, entre 1984 et 1988, on récoltait en moyenne annuellement 6 500 saumons sur les quatre rivières dont 42 % provenant de la pêche de subsistance, 32 % de la pêche commerciale et 26 % de la pêche sportive. À partir de 1989, apparaît une diminution importante des récoltes sportive et commerciale. La récolte moyenne annuelle, entre 1992 et 1997, a donc chuté à 3 400 saumons dont 79 % provenait de la pêche de subsistance, 9 % de la pêche commerciale et 12 % de la pêche sportive. À l’instar des populations mondiales de saumon, celles du Nord-du-Québec ne font pas exception et ont subi des baisses importantes d’effectifs.

Jusqu’en 1992, la pêche sportive s’est maintenue à environ 3 000 jours-pêche par année mais depuis, l’effort de pêche s’est considérablement réduit (à près de 1 000 jours-pêche par année) et ne s’est jamais réellement amélioré malgré les efforts des pourvoyeurs pour attirer la clientèle. Les pêcheurs sportifs semblent attendre des signes d’amélioration des stocks.

La pêche commerciale s’effectuait sur la rivière Koksoak où le contingent était fixé à 2 500 saumons et sur la rivière à la Baleine où il était de 500 saumons. Ce type de pêche fait l’objet d’un moratoire depuis 1998, celui-ci vient à échéance en 2003. Il n’y a plus de pêche commerciale sur la rivière George depuis les années soixante. La pêche d’alimentation s’effectue essentiellement sur les rivières Koksoak et à la Baleine alors que la pêche sportive se pratique sur les rivières George, à la Baleine et Koksoak (tableau 16). La rivière aux Feuilles fait

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l’objet d’une récolte marginale, la population de saumons y serait relativement faible, et ce, malgré un bassin versant important. Il existe deux sanctuaires de pêche, soit un sur la rivière aux Mélèzes et l’autre sur la rivière à la Baleine.

Nos connaissances sur les populations de ouananiches sont encore moins importantes. Leur distribution est mal connue mais elles semblent plus présentes en rivières qu’en lacs. Les populations les mieux connues sont celles de la rivière Caniapiscau et de ses tributaires. Dans cette portion du territoire, la ouananiche cohabite avec l’omble de fontaine, le touladi et le grand brochet. Depuis la mise en eau du réservoir Caniapiscau, il semble que deux populations de ouananiches se soient développées en aval. Une population résidente qui occupait déjà le secteur amont et qui se déplaçait peu et une autre au comportement migrateur ressemblant davantage au saumon anadrome remontant les affluents du réservoir pour la fraie. Cette dernière montrerait une croissance plus rapide en raison du séjour en réservoir où la nourriture est plus abondante (Lévesque, 1996).

La récolte chez les pourvoyeurs de la région pour la saison 2001 s’élevait à 276 ouananiches et 168 saumons.

Tableau 16 : Récoltes sportives de saumons atlantiques dans les rivières à saumon de la baie d’Ungava, entre 1984 et 2002. Données à jour au 3 février 2003.

aux Feuilles Koksoak à la Baleine George Saison Récolte Effort

(j-pêche) Récolte Effort

(j-pêche) Récolte Effort

(j-pêche) Récolte Effort (j-pêche)

1984 111 228 156 491 906 2 118

1985 47 108 182 421 845 2 053

1986 110 245 234 478 1 160 1 963

1987 483 342 356 542 1 587 1 941

1988 846 641 181 448 1 409 1 802

1989 477 461 199 608 1 063 2 180

1990 9 24 198 369 141 395 1 053 1 797

1991 2 81 281 448 41 455 661 1 852

1992 0 0 137 264 41 170 199 1 181

1993 0 0 116 296 30 169 268 630

1994 0 0 118 203 35 202 258 1 062

1995 1 1 160 200 56 142 277 662

1996 0 0 142 40 271 210 835

1997 29 158 243 321 43 200 111 550

1998 30 272 375 45 258 145 325

1999 36 239 76 233

2000 75 300 150

2001 31 26 385 557 0 250 51 186

2002 32 29 275 383 25 91 416

Source : Société de la faune et des parcs du Québec, 2003.

4.2.1.2.2. Principaux aspects réglementaires

Il est permis de pêcher la ouananiche dans la zone 22 nord du 1er juin au 7 septembre et la limite de prise est de deux spécimens. Dans la zone 23 nord, il est possible de pêcher le saumon atlantique et la ouananiche du 1er juin au 7 septembre et la limite de prise est respectivement de un et quatre spécimens alors que dans la zone 23 sud, seule la ouananiche peut être capturée durant la même période (limite de deux). Il faut se référer aux règles de pêche du Québec pour plus de détails. Dans la zone 24, la période de pêche au saumon et à la ouananiche s’étend du 1er juin au 7 septembre et la limite de prise est respectivement de 1 et 4 spécimens. Dans certaines rivières à saumon désignées (à la Baleine et George), la période de pêche peut varier et la pêche à la ligne peut être permise. La pêche est interdite dans les sanctuaires des rivières aux Mélèzes et à la Baleine.

4.2.1.2.3. Potentiels de mise en valeur

Compte tenu des tendances observées dans l’état des stocks, il serait difficile de promouvoir davantage la pêche au saumon dans le Nord-du-Québec. Malgré tout, il est essentiel de maintenir l’image de marque de la région auprès des pêcheurs de saumon. La ouananiche de la rivière Caniapiscau semble également être exploitée à un niveau relativement élevé, ce qui limite le développement de la pêche à cette espèce dans ce secteur.