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4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE DU TERRITOIRE ET DES POTENTIELS DE

4.2. L A FAUNE

4.2.5. L’avifaune

4.2.5.1. Description

Cette section traitera des oiseaux autres que ceux traités dans la section 4.2.3 sur la petite faune. Les oiseaux gibiers du Nord-du-Québec regroupent essentiellement les espèces de sauvagine (oies, bernaches, canards, bécassines et bécasses). Les autres espèces pouvant être chassées et prévues au règlement sont absentes du territoire nord-québécois ou à la limite de leur distribution. Ainsi, à toutes fins pratiques, seule la sauvagine est chassée dans la région.

Les oiseaux sont sans doute le groupe faunique le plus diversifié de la région. Toutefois, les connaissances sur la faune avienne du Nord-du-Québec sont encore fragmentaires. Outre les populations de sauvagine qui font l’objet d’un suivi par Environnement Canada, la plupart des connaissances sur les oiseaux nordiques proviennent des inventaires réalisés dans le cadre des études relatives aux grands projets hydroélectriques. Évidemment, ces études ne couvrant pas l’ensemble du territoire du Nord-du-Québec, la fréquentation par les oiseaux des secteurs plus au nord demeure moins bien connue. Par contre, il est tout de même possible de dessiner un portrait assez juste des espèces d’oiseaux fréquentant le Nord-du-Québec. Par exemple, dans la région visée par le projet Grande Baleine, on peut observer près de 80 espèces en période estivale ou en période de migration et plus d’une vingtaine en période hivernale (Poulin et Lefebvre, 1993). On peut facilement avancer que ces mêmes espèces sont également présentes sur le territoire de la Jamésie et au Nunavik, jusqu’à la limite des arbres.

4.2.5.2. Traits distinctifs régionaux

Les tableaux 19 et 20 regroupent des espèces d’oiseaux pouvant être observées au Nord-du-Québec sans toutefois distinguer les espèces abondantes des espèces plus rares ou peu communes, ni les espèces nicheuses des espèces migratrices de passage. La sauvagine est sans doute le groupe d’oiseaux le plus abondant et le plus répandu avec plus d’une vingtaine d’espèces nicheuses. Les oiseaux de rivage (limicoles) sont aussi abondants et près de la moitié des 23 espèces observables nichent dans la région. Les passereaux sont le groupe d’oiseaux le plus diversifié avec plus d’une cinquantaine d’espèces dont la majorité sont nicheuses.

Tableau 19 : Espèces d’oiseaux aquatiques et marins pouvant être observées dans le Nord-du-Québec.

Plongeon catmarin Macreuse à ailes blanches Sterne arctique Plongeon huard Harelde kakawi Sterne pierregarin Grèbe à bec bigarré Arlequin plongeur Grand héron

Grèbe jougris Eider à duvet Butor d’Amérique

Guillemot de Brünnich Eider à tête grise Marouette de Caroline Guillemot à miroir Fuligule à collier Pluvier argenté Cormoran à aigrettes Fuligule milouinan Bécasse d’Amérique

Cygne siffleur Petit Fuligule Bécassin roux

Oie des neiges Garot à œil d’or Bécassine de Wilson Bernache cravant Garot d’Islande Barge marbrée Bernache du Canada Harle huppé Grand chevalier

Canard noir Labbe parasite Petit chevalier

Canard colvert Labbe pomarin Chevalier solitaire Canard pilet Labbe à longue queue Bécasseau variable Canard souchet Goéland bourgmestre Chevalier grivelé Canard branchu Goéland arctique Bécasseau minuscule Sarcelle d’hiver Goéland argenté Bécasseau semi palmé Macreuse noire Goéland marin Phalarope hyperboréen Macreuse à front blanc Goéland à bec cerclé Pluvier bronzé

Macreuse à bec jaune Mouette de Bonaparte Tournepierre à collier

Source : Gauthier et Aubry, 1995; Peterson, 1994; Poulin et Lefebvre, 1993; Dignard et al., 1991; Société d’énergie de la Baie James, 1978.

Certaines espèces ont une importance culturelle pour les autochtones alors que d’autres sont rares ou possèdent un statut de conservation. La bernache du Canada mérite une attention particulière en ce sens en raison de son importance pour les autochtones. Cet oiseau qui possède la plus vaste aire de répartition en Amérique du nord niche en grand nombre dans la région. Des concentrations importantes de couples nicheurs fréquentent les côtes de la péninsule de l’Ungava et de la baie d’Hudson. Les marais et tourbières entourant le lac Bienville sont aussi très utilisés par la bernache du Canada. Notons que le Québec produit la presque totalité de la population migratrice de bernaches du Canada qui hiverne sur la côte est des États-Unis (baie de Chesapeake et côtes de la Nouvelle-Angleterre) (M. Laperle, comm. pers.)xiv. La chasse traditionnelle à la bernache du Canada est encore aujourd’hui un événement printanier majeur pour les communautés autochtones donnant lieu à des festivités.

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Même si plusieurs autres espèces de sauvagine sont chassées, la bernache du Canada reste de loin la plus recherchée par les autochtones. En 1989, l’estimation des captures à des fins d’alimentation était de 80 000 bernaches, 29 000 oies des neiges et plus de 40 000 canards (D’Auteuil, 1989).

Aussi, le Québec accueille la totalité de la population de grandes oies des neiges en période de gagnage. Elles ne sont que de passage dans le Nord-du-Québec, lors de la migration printanière vers les îles de Baffin et Bylot dans l’arctique. Toutefois à l’automne, les grandes oies des neiges peuvent séjourner dans la péninsule de l’Ungava durant quelque temps, dépendant des conditions climatiques et de la présence de nourriture, avant de continuer leur migration vers les aires d’hivernage dans l’est des États-Unis (Service canadien de la faune, 2003).

Autre espèce d’intérêt au Nord-du-Québec, l’eider à duvet occupe toutes les côtes du Nunavik jusque dans la baie James. Toutefois, on y observe deux races ou sous-espèces, soit la race septentrionale (Somateria mollissima borealis) et la race de la baie d’Hudson (S.m. sedentaria).

Il s’agit du plus gros canard de mer d’Amérique du Nord. Il est reconnu pour la qualité de son duvet qui soutient une activité économique dans plusieurs pays où l’espèce est présente. Les Inuits peuvent récolter et vendre le duvet d’eider et ce sont principalement les communautés de la baie d’Ungava qui se livrent à cette activité. La population d’eiders à duvet (S.m. borealis) du Nord-du-Québec fait l’objet d’une chasse commerciale au Groenland ce qui crée une pression importante sur l’espèce. On estime que près de 100 000 couples nicheurs pourraient fréquenter les côtes du Nunavik.

Tableau 20 : Espèces de rapaces et de passereaux susceptibles d’être observées dans le Nord-du-Québec.

Épervier brun Pic à dos noir Paruline rayée

Autour des palombes Pic tridactyle Paruline jaune Busard St-Martin Moucherolle des aulnes Paruline obscure Buse à queue rousse Moucherolle à ventre jaune Paruline verdâtre Buse pattue Alouette hausse-col Paruline à calotte noire Pygargue à tête blanche Pipit d’Amérique Paruline des ruisseaux Aigle royal Hirondelle bicolore Quiscale rouilleux Balbuzard pêcheur Hirondelle de rivage Bruant lapon Faucon émerillon Grand corbeau Junco ardoisé Faucon pèlerin Mésangeai du Canada Bruant des neiges Faucon gerfaut Mésange à tête brune Sizerin flammé Chouette lapone Sitelle à poitrine rousse Sizerin blanchâtre Hibou des marais Roitelet à couronne rubis Durbec des sapins Grand-duc d’Amérique Merle d’Amérique Gros-bec errant

Harfang des neiges Traquet motteux Bruant à gorge blanche Nyctale de Tengmalm Grive à joues grises Bruant des marais Chouette épervière Grive à dos olive Bruant hudsonien Martin pêcheur d’Amérique Grive solitaire Bruant fauve

Pic mineur Pie-grièche grise Bruant de Nelson

Pic flamboyant Jaseur boréal Bruant de Le Conte

Source : Société d’énergie de la Baie James 1978; Poulin et Lefebvre, 1993; Peterson, 1994; Société de la faune et des parcs du Québec, 2002.

Le Nord-du-Québec abrite huit espèces d’oiseaux en péril. Deux espèces, le pygargue à tête blanche et le faucon pèlerin, sont d’ailleurs sur le point d’être désignées vulnérables au Québec.

De plus, la liste québécoise des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables regroupe six de ces espèces, soit l’arlequin plongeur, le garrot d’Islande, l’aigle royal, le hibou des marais, le bruant de Nelson et le râle jaune. Également, le Comité sur les espèces en péril au Canada (COSEPAC) en classifie cinq dont seul le faucon pèlerin (sous-espèces anatum) possède le statut d’espèce menacée. Les autres, soit l’arlequin plongeur, le faucon pèlerin (sous-espèces tundrius), le garrot d’Islande, le hibou des marais et le râle jaune possèdent le statut d’espèces préoccupantes.

Ainsi, plusieurs secteurs se révèlent avoir une importance pour les espèces en péril du Nord-du-Québec. Par exemple, les baies de Cabbage Willows et Boatswain abritent trois de ces espèces, soit le râle jaune, le bruant de Nelson et le hibou des marais. En outre, les rivières de la côte est de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava offrent des sites de nidification de l’arlequin plongeur dont la population de l’est de l’Amérique du Nord demeure réduite à près de 2 000 individus. Les garrots d’Islande mâles se rassemblent également dans la baie d’Hudson pour la mue après l’accouplement. Dans le cas du faucon pèlerin, la plupart des sites de nidification sont situés dans les falaises de la côte ouest de la baie d’Ungava (Comité de rétablissement du faucon pèlerin au Québec, 2002) mais des données suggèrent que des couples nichent également dans le secteur du projet Grande Baleine (Poulin et Lefebvre, 1993).

Enfin, l’aigle royal est présent dans le secteur de la Grande rivière de la Baleine et de la rivière George. Un plan de rétablissement de l’aigle royal est actuellement en préparation, en raison de sa désignation prochaine au statut d’espèce vulnérable. Ces sites fréquentés par les espèces en péril du Nord-du-Québec, comme d’autres sites, méritent donc une attention particulière.

Parmi les espèces identifiées aux tableaux précédents, certaines sont particulières aux milieux nordiques et constituent donc un intérêt ornithologique certain. Notons, entre autres, le harfang des neiges, le faucon gerfaut, le faucon pèlerin (tundrius), l’aigle royal, le guillemot de Brünnich qui forme d’énormes colonies au Cap Wolstenholme et sur l’île Akpatok, le garrot d’Islande, le cygne siffleur, la grue du Canada, le bruant lapon, le bruant des neiges, le sizerin flammé ainsi que le traquet motteux. Ce dernier est d’autant plus particulier puisqu’il s’agit d’un migrateur outre-mer. En effet, il niche dans la toundra mais hiverne jusqu’en Afrique et en Inde.

4.2.5.3. Principaux aspects réglementaires

La chasse aux oiseaux, autre que la sauvagine, est encadrée par la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et les règlements qui en découlent. Seules les espèces mentionnées dans le règlement de chasse peuvent être chassées. La chasse à la sauvagine est régie par le règlement sur la chasse aux oiseaux migrateurs découlant de la Loi de 1994 sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs (L.C. 1994, c. 22) administrée par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada.

Ainsi, pour chasser les oiseaux migrateurs, on doit obtenir le permis québécois de chasse au petit gibier et le permis fédéral de chasse aux oiseaux migrateurs. Le Nord-du-Québec correspond au district fédéral de chasse A. Pour la saison 2002, la période de chasse aux oiseaux migrateurs s’étendait du 1er septembre au 10 décembre pour les canards (autres que l’arlequin plongeur), les oies et les bernaches ainsi que les bécassines et bécasses. Les limites de prise par jour sont de 6 canards, 5 oies et bernaches, 20 oies des neiges, 8 bécasses et 10 bécassines, et les limites de possession sont de 12 canards, 10 oies et bernaches, 60 oies des neiges, 16 bécasses et 20 bécassines.

Les conventions nordiques s’appliquent aussi pour la chasse aux oiseaux migrateurs et permettent donc aux autochtones bénéficiaires d’exercer leurs droits d’exploitation.

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4.2.5.4. Potentiels de mise en valeur

La chasse à la sauvagine pourrait être favorisée en identifiant des sites et des accès. Il est évident que le couloir du Saint-Laurent reçoit de fortes concentrations de sauvagine à l’automne et, par le fait même, beaucoup de chasseurs. Ceci peut représenter un frein au développement de cette chasse dans la région mais le caractère naturel et isolé des sites de chasse nordiques pourrait être un produit d’appel vers une clientèle de chasseurs de sauvagine qui recherchent ces conditions. En outre, l’ouverture hâtive de la saison de chasse constitue un avantage pour la région.

L’instauration d’une journée de la relève dans le district A, à l’instar des autres districts de chasse du Québec, pourrait permettre aux jeunes de s’initier à la chasse à la sauvagine. Le district A est le seul au Québec où la journée de la relève n’est pas instaurée. Afin d’éviter de devancer la saison déjà hâtive, l’ouverture pour les chasseurs adultes pourrait être retardée d’une journée ou d’une semaine.

Les oiseaux gibiers ne représentent qu’une faible portion des oiseaux nicheurs du Québec.

Pour les ornithologues cependant, tous les oiseaux du Québec sont dignes d’intérêt. La promotion d’activités d’observation des oiseaux devrait être favorisée par la création de clubs d’ornithologie dans les villes de la région. L’aménagement de sites d’observation et de nourrissage avec interprétation pourrait susciter un intérêt auprès de la population et ainsi développer la pratique de l’ornithologie. La promotion de l’utilisation de nichoirs et de mangeoires à proximité des résidences est à encourager. On pourrait rendre disponibles des plans de fabrication de nichoirs et de mangeoires pour différentes espèces d’oiseaux, en plus de prodiguer des conseils sur les meilleurs emplacements. Aussi, le Nunavik est une destination qui gagnerait à être connue comme site ornithologique de grand intérêt, compte tenu des espèces particulières qu’on y trouve.

La protection de sites de nidification de l’arlequin plongeur devrait être favorisée.

L’augmentation de la population pourrait permettre de mieux faire connaître ce canard à l’allure unique aux amateurs d’ornithologie.

Enfin, la structuration de la récolte du duvet d’eider au Nunavik et sa transformation dans les communautés inuites pourraient créer une activité économique intéressante.