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4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE DU TERRITOIRE ET DES POTENTIELS DE

4.2. L A FAUNE

4.2.2. La grande faune

4.2.2.4. L’ours noir

4.2.2.4.1. Traits distinctifs régionaux

L’ours noir possède un statut mixte étant considéré à la fois comme gros gibier et comme animal à fourrure. Par contre, seuls les bénéficiaires des conventions nordiques peuvent le piéger. Les chasseurs sportifs ont toutefois le droit de le chasser dans les zones 16, 17, 23 et 24. Il est présent presque partout au Nord-du-Québec à l’exception de l’extrême nord. Des observations ponctuelles ont d’ailleurs été faites dans la région de Kuujjuaq et de Puvirnituq (Jolicoeur, 1987). L’état des populations d’ours noir dans la région est mal connu. L’estimation de la densité dans la zone 16 atteint 0,50 ours au 10 km2 ou 884 ours (Paré, 1997) alors que dans la zone 17, elle s’élève à 0,15 ours au 10 km2 ou 308 ours. Dans la zone 22, la densité estimée serait de 0,20 ours au 10 km2 ou 5 600 ours. Il semble cependant que cette population soit en augmentation. Dans les zones 23 et 24, la densité serait plus faible (0,10 ours au 10 km2) en raison du faible potentiel de croissance de ce milieu nordique. La population d’ours y serait d’environ 3 000 individus (Lapointe, 1997). Notons que les récoltes autochtones ne sont pas prises en compte dans ces estimations.

Au cours de la saison 2000, 90 % des ours abattus dans la zone 17 l’ont été au printemps soit 26 ours alors que dans la zone 16, la totalité des ours ont été récoltés durant cette saison (87 ours). Les autochtones prélèveraient annuellement, en moyenne, dans la zone 17 une dizaine d’ours mais seulement deux ont été déclarés en 2000. Le taux global de récolte de la zone 17 s’élève donc à 0,016 individus au 10 km2. Les chasseurs fréquentant cette zone sont essentiellement des résidents alors qu’en zone 16, les chasseurs non résidents sont majoritaires. L’objectif de récolte de 25 ours noirs dans la zone 17 établi par le plan de gestion 1998-2002 est relativement bien respecté; seule l’année 2000 montre un léger dépassement.

La population d’ours noirs semble bien tolérer le taux d’exploitation actuel dans cette zone (St-Pierre, 2001a).

Dans la zone 23, la récolte de 2000 s’élevait à 59 ours, la moyenne des dix dernières années étant de 66. La totalité de la récolte s’est faite à l’automne et les chasseurs non résidents ont abattu 54 ours, soit 92 % de la récolte. Il s’agirait de chasseurs de caribou qui profiteraient de leur séjour dans la région pour aussi, à l’occasion, chasser l’ours; cette chasse semble donc être une activité secondaire. La récolte autochtone est faible (un seul ours déclaré en 2000) et ne dépasse sans doute pas 15 spécimens par année. Le taux de récolte y est de 0,0018 ours au 10 km2. L’exploitation de l’ours noir dans la zone 24 est marginale et s’élève à peine à un ou deux individus par année (St-Pierre, 2001a). Le tableau 17 précise les objectifs de gestion prévus au plan. Notons que la récolte d’ours noirs en pourvoirie au cours de l’année 2001 s’élevait à 47 individus.

Tableau 17 : Objectifs de densité et de récolte prévus au plan de gestion de l’ours noir 1998-2002 pour les zones de chasse du Nord-du-Québec.

Zone Densité /10 km2 Récoltes

16 0,46 (800 ours) 60

17 0,15 (308 ours) 25

22 0,20 (5 600 ours) 280

23-24 0,10 (3 000 ours) Non applicable

Source : Lapointe, 1997; Paré, 1997.

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On constate aussi, selon les ventes de permis de chasse à l’ours noir enregistrées dans la région, que les chasseurs non résidents montrent un intérêt plus marqué pour cette activité que les chasseurs résidents. Les ventes chez ces derniers montrent cependant une augmentation depuis 1997 (figure 11). Il faut toutefois noter que le permis ne donne aucune indication sur la région où l’ours est chassé; il est donc difficile de corréler la récolte en fonction du nombre de permis vendus en région.

0 50 100 150 200 250

1990 1992 1994 1996 1998 2000 Années

Nombre de perm is Résidents Non-résidents

Figure 11 : Ventes de permis de chasse à l’ours noir dans le Nord-du-Québec, entre 1990 et 2000.

4.2.2.4.2. Principaux aspects réglementaires

La chasse sportive n’est permise que dans les zones 16, 17, 23 et 24, durant deux périodes, soit à l’automne et au printemps. La chasse printanière se déroule du 15 mai au 30 juin dans chacune de ces zones. La chasse d’automne se déroule du 15 septembre au 14 octobre dans la zone 17, du 25 août au 31 octobre dans la zone 23 et du 25 août au 30 septembre dans la zone 24. Il n’y a pas de chasse d’automne dans la zone 16.

La limite de prise est de un ours par chasseur, par année. Les chasseurs non résidents doivent utiliser obligatoirement les services d’un pourvoyeur. Les engins de chasse autorisés sont l’arc et l’arme à feu.

4.2.2.4.3. Potentiels de mise en valeur

La chasse à l’ours noir est relativement peu populaire auprès des résidents du Nord-du-Québec et elle attire plutôt une clientèle non résidente, provenant principalement de l’Ontario et des États-Unis. L’ouverture d’une chasse sportive dans la zone 22, par le biais de pourvoyeurs autochtones, serait un incitatif à la pratique de ce type de chasse.

4.2.2.5. Le bœuf musqué

4.2.2.5.1. Traits distinctifs régionaux

La présence de bœufs musqués en sol québécois est le résultat d’une introduction car ce dernier n’a jamais colonisé le Québec à la suite de la dernière glaciation. Ainsi, en 1967, 15 jeunes bœufs musqués ont été capturés sur l’île d’Ellesmere (Prescott et Richard, 1996) et gardés en captivité dans une ferme d’élevage près de Kuujjuaq (Couturier, 1994). Le but de l’élevage était de produire de la laine (qiviut) et de la viande, toutes deux étant de grande qualité. Comme les effectifs de caribou à cette époque étaient relativement faibles, les promoteurs pensaient produire une alternative à la viande de caribou pour les Inuits (Couturier, 1994). Les premiers nouveau-nés ont vu le jour en 1971. Cependant, pour des raisons économiques et sociales, l’élevage cessa en 1983. Progressivement, durant la période de 1973 et 1983, on relâcha un total de 52 bœufs musqués en quelques endroits du Nord-du-Québec.

Ces individus se sont alors très bien implantés dans leur milieu, de sorte qu’en 1986, il a été possible d’en dénombrer 291 dans trois régions témoins (Couturier, 1994). Ces trois régions témoins sont le secteur du lac Diana, le secteur de Tasiujaq et le secteur du lac aux Feuilles.

Les densités rencontrées dans ces secteurs sont respectivement de 0,10, 0,44 et 0,65 individus au kilomètre carré. Cependant, deux sous-secteurs du lac aux Feuilles montrent des densités beaucoup plus fortes soit 2,16 individus au kilomètre carré pour la passe Algérine et de 1,21 individu au kilomètre carré pour l’anse du Comptoir (Couturier, 1994).

La population de bœufs musqués du Québec a été en forte croissance depuis son introduction et on estime qu’elle est encore aujourd’hui en augmentation. Cette population était évaluée à plus de 1 000 individus en 1994 (Prescott et Richard, 1996). Toutefois, la capacité de support du milieu est mal connue et il est préférable d’établir la densité maximale entre 1 et 1,5 individu au kilomètre carré afin d’éviter la détérioration de l’habitat (Couturier, 1994). Cette considération permettrait donc un certain prélèvement dans au moins un secteur (passe Algérine).

4.2.2.5.2. Principaux aspects réglementaires

La chasse sportive au bœuf musqué est interdite en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. De plus, comme cette espèce ne fait pas partie de celles faisant l’objet d’un niveau garanti d’exploitation en vertu des conventions nordiques, les autochtones ne peuvent l’exploiter. Précisons que le bœuf musqué peut être chassé occasionnellement par les Inuits, mais ces derniers semblent toujours respecter le moratoire sur la chasse de subsistance mis en place en 1987 pour protéger le jeune troupeau.

4.2.2.5.3. Potentiels de mise en valeur

Selon l’état de la population du bœuf musqué, la chasse sportive pourrait être ouverte sur un segment de la population qui a moins ou peu d’impacts sur la croissance démographique du troupeau, soit les mâles âgés de quatre ans et plus (Couturier, 1994). Ces bêtes constitueraient des trophées pour lesquels une forte demande existe. Certains chasseurs étrangers, entre autres, sont prêts à payer de grosses sommes d’argent pour récolter de tels trophées, ce qui créerait des retombées intéressantes pour les Inuits.

Les photographes animaliers ou les observateurs de la faune trouvent, au Nord-du-Québec, une région exceptionnelle pour observer le bœuf musqué dans son milieu naturel. Les autres populations naturelles étant situées beaucoup plus au nord. Le Nord-du-Québec devient donc une destination intéressante pour ce qui est des coûts de transport et d’hébergement.

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La récolte de la laine et sa transformation, par les artisans inuits, pourraient être des activités rentables compte tenu de la qualité de ce produit et de la demande pour les produits de luxe.