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1. PORTRAIT RÉGIONAL

1.4. C ARACTÉRISTIQUES SOCIO - ÉCONOMIQUES ET TOURISTIQUES

1.4.1. Démographie

En 2001, la population régionale s’élevait à 38 575 personnes, soit 12 629 Cris, 9 632 Inuits et 16 314 Jamésiens (tableau 6). Les courbes démographiques des nations crie et inuite affichent une tendance fortement ascendante. En effet, de 1981 à 1996, alors que la population crie a connu une augmentation de 60 %, la population inuite, quant à elle, a presque doublé. Entre 1996 et 2001, la croissance démographique dans ces communautés fut respectivement de 14 % et 11 % (Statistique Canada, 2002). Chez les Naskapis, on note une croissance plus faible mais tout de même nettement supérieure à la moyenne québécoise de 3,5 %, soit 20,2 % entre 1992 et 1996 (Statistique Canada, 1997). Le village naskapi de Kawawachikamach qui comptait 487 résidents, en 1996, a connu une augmentation de 11 % de sa population pour s’établir à 540 résidents, en 2001 (StatistiqueCanada, 2002). Le taux de natalité au sein de ces nations est très important de sorte que la population est très jeune. Malgré un taux de natalité plus élevé que la moyenne québécoise, la population jamésienne a décliné de 30 %, entre 1981 et 1996, en partie à cause de la fin des grands travaux de construction d’Hydro-Québec et de la fermeture de plusieurs mines. Ce phénomène a entraîné des vagues de migration vers d’autres régions provoquant même la fermeture de certaines localités, comme Joutel par exemple (Ministère des Régions du Québec, 2001).

Nord-du-Québec

Figure 1 : Pyramides d’âge de la population du Nord-du-Québec et du Québec en 1996. (Statistique Canada, 1997).

3000 2000 1000 0 1000 2000 3000

0-4

Population en 1996 (en m illiers)

H

F F H

400 300 200 100

Tableau 6 : Répartition de la population du Nord-du-Québec selon les groupes ethniques et les communautés, en 1996 et 2001. Le chiffre entre parenthèse indique le nombre de résidents non autochtones par communautés.

Nations Localités Population 1996 Population 2001

Inuite Kuujjuaq 1 726 (451) 1 932

(14 villages) Inukjuak 1 184 (59) 1 294

Puvirnituq 1 169 (134) 1 287

Salluit 929 (59) 1 072

Kangiqsualujjuaq 648 (38) 710

Kuujjuarapik 579 (84) 555

Kangiqsujuaq 479 (29) 536

Akulivik 411 (16) 472

Kangirsuk 394 (24) 436

Umiujaq 315 (20) 348

Ivujivik 274 (14) 298

Quaqtaq 257 (17) 305

Tasiujaq 191 (11) 228

Aupaluk 159 (9) 159

Somme partielle 8 715 (965) 9 632

Crie Chisasibi 3 251 (221) 3 467

(9 villages) Mistissini 2 334 (109) 2 597

Waskaganish 1 548 (68) 1 699

Waswanipi 1 085 (50) 1 261

Wemindji 1 013 (48) 1 095

Whapmagoostui 626 (26) 778

Eastmain 527 (27) 613

Némiscau 487 (27) 566

Oujé-Bougoumou 478 (28) 553

Somme partielle 11 349 (604) 12 629

Naskapie Kawawachikamach 487 (2) 540

(1 village) Somme partielle 487 (2) 540

Jamésienne Chibougamau 8 664 7 922

(5 municipalités) Lebel-sur-Quévillon 2 416 3 236

Matagami 1 143 1 939

Chapais 2 030 1 795

Baie-James* 1 978 1 422

Somme partielle 18 331 16 314

TOTAL** 38 395 38 575

Source : Statistique Canada, 2002.

* Inclus les localités de Radisson, Valcanton et Villebois de même que les hameaux de Desmaraisville, Miquelon et Rapide-des-Cèdres.

** La population de la communauté naskapie est comptabilisée dans la région de la Côte-Nord et n’apparaît donc pas au total de la région du Nord-du-Québec.

Le taux de natalité dans le Nord-du-Québec est passé de 2,7 à 2,4, entre 1986 et 1996, alors que pour l’ensemble du Québec, ce taux passait de 1,5 à 1,6 pour la même période (Emploi-Québec, 2001). Cette forte natalité dans la région crée une pyramide d’âge

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(figure 1) très différente de celle du Québec. En effet, on remarque que les jeunes de 0-4 ans sont presque deux fois plus nombreux (11,2 % contre 6,4 %) et que les personnes de plus de 65 ans y sont trois fois moins nombreuses (3,8 % contre 12,1 %). La population du Nord-du-Québec est donc beaucoup plus jeune que la population québécoise en général. Les estimations pour l’année 2000 montrent les mêmes tendances qu’en 1996 (Institut de la statistique du Québec, 2001). À titre indicatif, l’âge moyen chez les Cris, les Inuits, les Naskapis et les Jamésiens est respectivement de 25, 23, 23 et 30 ans, alors que la moyenne d’âge au Québec est de 36 ans (Statistique Canada, 2001).

1.4.2. Profil de l’économie régionale 1.4.2.1. Le marché du travail

En 1996, la population active dans le Nord-du-Québec s’élevait à 18 260 personnes. Le taux de chômage était alors à 13 % et donc un peu supérieur au taux moyen du Québec qui se situait à 11,8 %. La majorité des travailleurs œuvre dans le secteur tertiaire au sein des services publics (services gouvernementaux, enseignement, santé et services sociaux) avec 5 800 travailleurs, soit 31,8 % de la population active, alors que le commerce au détail et les services d’hébergement et de restauration en regroupent 17,5 % (3 190 travailleurs).

Le reste de la population active du secteur tertiaire compte pour 19,3 % (3 525 travailleurs) et est distribuée dans les domaines des transports, communications, finances, assurances et immobilier ou autres services. Le secteur primaire (mines et forêts) regroupe 17 % de la population active avec 3 100 travailleurs. Les secteurs manufacturier et de la construction, quant à eux, comptent 2 630 travailleurs, soit 14,4 % de la population active (Statistique Canada, 1997). L’agriculture est marginale et concentrée dans le secteur de Villebois et Valcanton où on ne trouve que 23 354 hectares de terres agricoles. La pomme de terre, les bovins et la culture en serres constituent les principales productions. Une culture de pommes de terre a aussi débuté depuis peu dans le secteur de Chapais.

Au Nunavik, la chasse, la pêche et le tourisme fournissaient neuf emplois à temps plein et 273 emplois à temps partiel (en incluant les emplois saisonniers et occasionnels) (Lefebvre, 1999). Chez les Cris, c’est près de 2 800 personnes qui vivent de la chasse, de la pêche ou du piégeage, soit 22 % des membres des communautés cries (Office de la sécurité du revenu des chasseurs et des piégeurs Cris, 2000). Selon les données du recensement de 1996, une majorité de Cris travaillent dans l’industrie du service (secteur tertiaire) et très peu dans l’industrie manufacturière et la construction (secteur secondaire).

Le taux de chômage moyen en 1996 était cependant relativement élevé (15,7 %) dans les communautés cries comparativement à l’ensemble du Québec (11,8 %). Une grande variation dans le taux de chômage de chacune des communautés est cependant observée;

il peut en effet, passer de 6,8 % à près de 26 % (Statistique Canada, 2001). La communauté naskapie de Kawawachikamach semble encore plus touchée par le chômage affichant en 1996 un taux de 35 %. La quasi totalité des emplois occupés par les travailleurs naskapis concerne le secteur des services (Statistique Canada, 2001).

Le revenu moyen des particuliers dans le Nord-du-Québec s’élevait à 23 888 dollars approchant la moyenne québécoise qui atteint 23 198 dollars. Par contre, le revenu annuel moyen des ménages de la région s’avère nettement supérieur à la moyenne du Québec, soit 51 258 dollars contre 42 229 dollars. Les revenus proviennent en majorité des emplois (82 %) mais l’utilisation de programmes publics d’aide au revenu compte pour 7 % (Institut de la statistique du Québec, 2000). Ainsi, 3 238 personnes ont bénéficié de prestations de la Sécurité du revenu en 1998. Par communauté ethnique, cela représente 15,3 % de la population du Nunavik, 9,6 % dans les communautés cries et 4,4 % en Jamésie. Ces

données indiquent que les Inuits et les Cris semblent avoir plus de difficultés à intégrer le marché du travail (Proulx, 2000).

La répartition de la population de 15 ans et plus, selon le plus haut niveau de scolarité atteint, démontre que 61,9 % des résidents de la région ont une scolarité de 13 années ou moins, que 4,9 % ont fréquenté une école de métier, que 21,4 % ont effectué des études collégiales et que 10,4 % ont fréquenté l’université. Ainsi, la population du Nord-du-Québec est relativement peu scolarisée. Trois raisons expliquent cette situation : une structure de l’emploi ne nécessitant pas un haut niveau de scolarité, une migration très forte des moins de 30 ans regroupant les effectifs les plus scolarisés et l’absence d’établissements universitaires dans la région (Proulx, 2000).

Les femmes sont moins nombreuses que les hommes au sein de la population active dans le Nord-du-Québec et affichent un taux de chômage plus faible (11,3 % contre 14,3 %).

Cependant, le taux d’emploi chez les hommes est plus élevé soit 66,1 % comparativement à 52,9 % chez les femmes (Emploi-Québec, 2001). Cela indique que les hommes sont plus présents que les femmes sur le marché du travail.

1.4.2.2. Problématiques touristiques régionales

Le Nord-du-Québec est la région qui attire le moins de touristes au Québec avec 0,1 % (Tourisme Québec, 2000a). Ainsi, malgré un réseau routier et aérien de bonne qualité, la distance importante à parcourir et les coûts du transport aérien semblent nuire à l’achalandage. Pourtant, les localités du territoire offrent des services satisfaisants en ce qui a trait à l’hébergement et à la restauration ce qui permettrait de répondre à une augmentation de la demande. Cependant, la qualité de ces services peut varier d’un établissement à l’autre, entre autres dans les pourvoiries (Gestion Conseil J.P. Corbeil inc., 1996).

De plus, on note l’absence d’une structure d’accueil centralisée du réseau de distribution de l’information touristique. Chacune des entités administratives régionales (jamésienne, crie et inuite) possède son propre organisme de développement touristique ou son centre d’information touristique et chacune fonctionne de façon indépendante. Cela peut rendre complexe et difficile la recherche d’informations pour les touristes (Gestion Conseil J.P.

Corbeil inc., 1996). Notons également que le village de Kawawachikamach et la municipalité de Schefferville ne possèdent pas d’infrastructure de diffusion d’informations touristiques.

La facilité d’accès au territoire libre de pêche et de chasse de la Jamésie, grâce aux nombreux chemins forestiers, fait en sorte que bon nombre d’adeptes n’utilisent pas, ou très peu, les services en place (hébergement, pourvoiries, etc.). On note aussi une signalisation touristique déficiente (Gestion Conseil J.P. Corbeil inc., 1996).

Enfin, la plupart des sites naturels à fort potentiel touristique, comme le cratère des Pingualuit, le canyon Eaton, les monts Torngat ou certains secteurs de la réserve faunique des Lacs-Albanel-Mistassini-et-Waconichi, sont difficilement accessibles autrement que par avion et les tarifs du transport aérien sont particulièrement élevés.