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DE L’ITINÉRAIRE AU PAYSAGE VISIBLE

CHAPITRE 4 : SAISONS ET ROUTES ATLANTIQUES

4.1. Saisons atlantiques et fragmentation de l’espace

4.1.1. Saisonnalité et aire des vents sur l’Atlantique

On l’a vu, les hémisphères nord et sud atlantique s’organisent de manière relativement symétrique autour de l’équateur. Les vents y sont régis par les anticyclones subtropicaux (Açores et Sainte-Hélène) et la dépression d’Islande. Même s’il existe une certaine symétrie entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud, ces deux bassins se distinguent sur certains points du fait des différents centres de pressions et propriétés thermiques.

Les déplacements des centres de hautes et basses pressions entraînent des vents et états de la mer différents selon les latitudes, longitudes et les saisons. Mais ces variations saisonnières

montrent cependant une certaine permanence des aires de vent et des zones soumises aux coups de vent et vagues de plus de 12 pieds (Figure 28).

James Clarke153 distingue quatre périodes basées sur les déplacements des champs de pression, la force du vent et les vagues: de décembre à février, de mars à mai, de juin à août et de septembre à novembre.

L’Atlantique Nord est régi par l’anticyclone des Açores et la dépression islandaise, plus mobile que l’anticyclone, qui représentent des discontinuités mouvantes sur l’océan car variant avec les saisons. L’anticyclone de Sainte-Hélène organise les vents de l’Atlantique Sud. Son centre moyen se situe entre 28°S et 10°E en juillet et peut se déplacer vers 32°S pendant l’été austral (Clarke, 2005, p.34). Les anticyclones constituent une barrière aux vents et doivent être évités car les vents y sont faibles et irréguliers. L’anticyclone de Sainte-Hélène n’est pas aussi étendu que celui des Açores et, sur son axe Est-Ouest, la circulation des vents est davantage marquée en ses bordures.

- De décembre à février,

En hiver, la dépression d’Islande est en général centrée sur 60°N et 40°W, au Sud-Est du Groenland154. Elle engendre des dépressions avec des flux d’Ouest (entre 30°N et 60°N) qui se dirigent vers l’Est ou le Nord-Est et provoque donc une météo instable. Elle règne sur la circulation atmosphérique avec une pression qui est au plus bas. Le fort gradient de pression Nord-Sud entre 40°N et 60°N implique des vents violents à ces latitudes.

L’anticyclone des Açores se situe entre les Bermudes et la Péninsule Ibérique, avec un centre à 30°N et 35°W et remonte plus au Nord en été, à 35°N (Clarke, 2005, p.8). Au nord de 30°N, les vents sont variables en direction (Ouest et parfois Sud-Ouest ou Nord-Ouest). La péninsule ibérique constitue une exception : les vents sont principalement du nord et correspondent à ce qu’on appelle les « alizés portugais ».

Les alizés de Nord Est se situent entre 2°N et 25°N en hiver. Généralement orientés NNE, ils ont tendance toutefois à évoluer vers une direction Nord ou Est dans la partie ouest de l’Atlantique.

153 Clarke, J. (2005), Atlantic Pilot Atlas, London : Ed. Stanford marine.

154 Il existe parfois deux centres dépressionnaires entre l’Islande et le Groenland

Les alizés dans le Golfe du Mexique et au Nord des Caraïbes sont quant à eux interrompus entre novembre et mars, par des vents du Nord, les « Norther », vents forts rendant les conditions de navigation difficiles (Clarke, 2005 et Street, 1989)155.

Dans l’hémisphère sud, soit lors de l’été austral, l’anticyclone de Sainte-Hélène prend son ampleur et se déplace au Sud et à l’Ouest. Les alizés se situent alors entre l’équateur et 30°S et descendent plus au sud, à proximité de l’Afrique (35°S) (Clarke, 2005, p.34).

Fig. 28. Situation météorologique en janvier

Source: The United Kingdom Hydrographic Office (2004)

- De mars à mai

Dans l’hémisphère nord, le mois de mars constitue une période de transition avant la baisse des systèmes dépressionnaires en avril. La dépression d’Islande se déplace alors plus à l’Est (35°W) ; l’anticyclone prend peu à peu sa place sur l’Atlantique et constitue une barrière orientée Sud-Ouest Nord-Est156. Il se développe et se déplace à l’ouest (32°N-35°W) alors que la dépression se situe au niveau du cap Farewell. Les vents baissent d’intensité sauf au Cap Hatteras et au Cap Farewell.

Dans l’hémisphère sud, les vents de Sud-Est ont une forte consistance entre le Cap de Bonne Espérance et le Brésil (Clarke, 2005, p .36).

- De juin à août, dans l’Atlantique Nord, les dépressions sont en baisse et se déplacent vers

les plus hautes latitudes (Figure 29). L’anticyclone des Açores s’étend (du Sud-Est des États-Unis à l’Europe avec un centre au milieu de l’océan) et régit la circulation nord-atlantique. Il engendre une remontée des alizés entre 10°-30° N.

De ce fait, entre 20 et 40°N, les vents sont plus faibles au niveau de l’anticyclone des Açores. Les vents sont variables sur la moitié occidentale avec un fort pourcentage de calmes. Ils peuvent également virer Sud-Est s’ils sont peu établis ce qui correspond à la saison des cyclones.

Entre 35 et 60°N, les vents sont principalement d’Ouest à Sud-Ouest au lieu de Ouest ou Ouest-Nord-Ouest sauf au sein de la péninsule ibérique où le vent est de Nord-Est.

L’anticyclone de Sainte Hélène, quant à lui, se trouve à sa position la plus nord, ce qui implique des vents faibles au nord de 10°S et une remontée des alizés à 5°N-25°S.

- De septembre à novembre, le risque cyclonique de l’Atlantique Nord augmente car dans l’Atlantique sud, de juin à novembre, les vents alizés de Sud-Est remontent dans l’hémisphère Nord. Ce mouvement lié à la mousson du Sud-Ouest aura pour conséquence l’amorce de la saison cyclonique (Clarke, 2005, p.40).

La dépression d’Islande reprend peu à peu sa place (entre l’Islande et le Groenland). On assiste à une augmentation des coups de vent. Entre 40 et 60°N, les westerlies se réinstallent et reprennent d’intensité (force 4 à 6) et les vagues supérieures à 12 pieds deviennent plus fréquentes.

156 Centre localisé à 30°N 30°W

Entre septembre et novembre, l’anticyclone de Sainte-Hélène se positionne encore fortement à l’Est (Clarke, 2005, p.34 et 40). C’est pourquoi, au Nord de 30°S, surtout de novembre à avril, les vents soufflent de Sud-Est de la côte d’Afrique et de Nord-Est de la côte brésilienne. Les mouvements de ces centres de pressions engendrent un mouvement de la Zone de Convergence Intertropicale, zone de transition entre les deux hémisphères.

Fig. 29. Situation météorologique en juillet

Source: The United Kingdom Hydrographic Office (2004)

Zone de Convergence Intertropicale synonyme d’instabilité et de variabilité

La Zone de Convergence Intertropicale se situe entre 0 et 2° N l’hiver boréal. Elle peut atteindre 2-3°S en février puis remonte de mars à mai au nord de l’équateur pour se situer entre 5 -10° N en été boréal (juin à août) (Clarke, 2005). Sa largeur, en moyenne de 200-300

milles, varie chaque jour et est toutefois plus prononcée et plus au Nord, à l’Est de l’Atlantique (Clarke, 2005, p.8). Son instabilité s’y fait davantage sentir surtout dans les 300 milles près des côtes. C’est d’ailleurs là que prennent naissance les cyclones.

De juin à août, la mousson africaine provoque la remontée de la ZCIT et une incursion des alizés du sud-est dans l’hémisphère nord. (Météo France SHOM, 2003, p.8).

Malgré les variations de saisons, il subsiste toutefois certaines prédominances comme les zones de calmes et de vents variables. A ce titre, la partie orientale de l’Atlantique Sud (Clarke, 2005, p.40) est concernée notamment le Golfe de Guinée ainsi que les bordures sud de l’anticyclone des Açores et nord de l’anticyclone de Sainte-Hélène qui forment les

doldrums, zones de vents faibles. Enfin la bande alizéenne et celle des westerlies fluctuent en

force mais touchent peu ou prou les mêmes latitudes.

Des régions sont aussi identifiées comme étant plus dangereuses et considérées comme des obstacles à la navigation car soumises aux coups de vents et aux vagues de 12 pieds, aux cyclones et aux brouillards.

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